Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "On n'est pas couché" sur France 2 samedi 9 novembre 2013. Il répondait aux questions de Laurent Ruquier, Natacha Polony et Aymeric Caron.


Verbatim express :

En réponse aux questions de Laurent Ruquier sur l'hypothèse de nommer Jean-Pierre Chevènement à Matignon
  • La situation va en s'aggravant depuis longtemps. Le précipice s'est rapproché. Il est possible que ceux qui font la même politique depuis des années s'avisent qu'ils pourraient en changer.
  • Il faut que cette idée fasse du chemin dans la tête de François Hollande, et pour le moment, je pense qu'il n'en est pas encore tout à fait là !
  • Je ne revendique rien. C'est un métier difficile. Et j'ai beaucoup de sympathie pour Jean-Marc Ayrault. C'est un homme courageux, qui dans les étroites limites qui lui sont laissées, fait ce qu'il peut.
  • Je pense qu'il faudrait faire un gouvernement qui donne le sentiment qu'on puisse changer de cap. Aujourd'hui ce n'est pas du tout le cas.
  • C'est un gouvernement assez monocolore, assez social-libéral. Avec peut-être une exception, Arnaud Montebourg. Il est l'exception qui confirme la règle.
  • Je me laisse une grande marge de choix, de façon à impressionner assez ceux avec lesquels il faudra négocier, pour sortir du piège dans lequel nous nous sommes mis il y a déjà très longtemps. Traité de Maastricht, monnaie unique : voyez le résultat !
  • Manuel Valls est un bon ministre de l'Intérieur. C'est une fonction délicate à exercer, surtout quand on appartient à un gouvernement de gauche. Je parle d'expérience !
  • Arnaud Montebourg fait du bon travail. Le « fabriqué en France », si vous permettez que je ne dise pas « made in France », c'est un bon thème. Quand j'étais ministre de l'Industrie, au début des années 1980, il y avait presque six millions de travailleurs dans l'industrie. Aujourd'hui, il en reste 3 millions. Je ne dis pas qu'il n'y avait pas des efforts de productivité à faire, mais quand même : ça interroge !
  • Comment redresser la situation ? J'ai quelques idées.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Journal du Dimanche le 10 novembre 2013. Propos recueillis par Laurent Valdiguié.


"La guerre de 14 s'est terminée en 1945"
Le JDD : Vous étiez à l'Élysée jeudi, comment avez-vous trouvé le discours de François Hollande lançant les commémorations de la guerre de 14-18?
Jean-Pierre Chevènement : C'était un discours rassembleur qui se voulait "au-dessus de la mêlée". Le Président a évité les aspérités, en renvoyant aux historiens et aux chercheurs le soin d'interpréter les origines, le déroulement et la portée de la guerre. Cette liberté laissée à la recherche me convient tout à fait.

Certains historiens sont choqués du mélange entre le poilu et le résistant, autrement dit du mélange des commémorations du centenaire de la Grande Guerre avec celles du 70e anniversaire du débarquement de 1944…
Moi non. On doit lier 1914 à 1945. J'estime même qu'on ne peut ni comprendre ni commémorer 1914 si on n'en fait pas le début d'une guerre de trente ans. L'armistice de 1918 n'a été qu'une trêve aux yeux de l'état-major allemand qu'inspirait l'idéologie du pangermanisme. La guerre s'est terminée en 1945 avec la capitulation sans condition de l'Allemagne.

Pourquoi tout commence en 1914?
Il y a une explication fondamentale, celle de la première mondialisation sous hégémonie britannique. Cette mondialisation d'avant 1914 s'est traduite par le remarquable essor de l'économie allemande qui a multiplié sa production par trois tandis que la Grande-Bretagne doublait à peine la sienne. Cette montée de l'Allemagne impériale, dans le domaine des armements navals notamment, a fortement inquiété les élites britanniques. L'erreur des dirigeants du IIe Reich est d'avoir voulu mener une guerre préventive contre la Russie et la France, en envahissant la Belgique dont l'Angleterre garantissait la neutralité. Ma thèse est donc que la Première Guerre mondiale n'est pas d'abord une guerre franco-allemande, mais un conflit d'hégémonie entre la Grande-Bretagne et l'Allemagne impériale. Chaque fois que je rencontre un dirigeant chinois aujourd'hui, je lui dis : "Vous qui allez dépasser les États-Unis, ne commettez jamais l'erreur des dirigeants du IIe Reich. Rappelez-vous le conseil de Deng Xiaoping : 'Soyez prudents, avant de traverser le fleuve, tâtez les pierres…'"

Entretien de Jean-Pierre Chevènement dans Nice Matin, vendredi 8 novembre 2013. Propos recueillis par André Fournon.


"Remanier est inadapté à la situation actuelle. Ce qu'il faut, c'est un changement d'orientation politique"
Pourquoi ce livre à la veille des commémorations du centenaire de l’éclatement de la Première guerre mondiale ?
Je me méfie des commémorations. Celles auxquelles nous allons devoir participer seront avant tout marquées par le sentiment de deuil, ce qui est normal, de l’absurdité, ce qui n’est pas évident, et de la repentance, ce qui est idiot. Pourquoi devrions-nous nous repentir ? Nous avons été agressés en 1914, nous nous sommes défendus. Les Poilus sont les héritiers des soldats de l’an II.

Votre approche va surprendre.
Personne n’imaginait, au moment de la déclaration de guerre, qu’elle allait durer aussi longtemps et revêtir des formes aussi atroces. Elle a ouvert le siècle des totalitarismes, du communisme, du fascisme et plus encore du nazisme. Ce qui est peu compris, c’est que la Première guerre mondiale est le début d’une guerre de trente ans.

L’armistice de 1918 n’aurait donc pas marqué la fin de la guerre ?
Les milieux dirigeants allemands qui vont dominer l’Allemagne jusqu’à
Hitler et même au-delà, n’acceptent pas la défaite en 1918. Pour eux, l’armistice est une trêve. La crise économique des années 1930 va gonfler par millions le nombre de chômeurs et ébranler les fondements mêmes de la société allemande qui va se jeter dans les bras d’Hitler.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "l'Opinion" mercredi 6 novembre 2013. Il répondait aux questions de Nicolas Beytout.


Verbatim express :

  • La commémoration du centenaire de la 1ère GM peut prendre des sens différents. Je pense qu'on ne peut bien comprendre 1914 que si on l'inscrit dans une guerre de 30 ans qui va se terminer en 1945. Vouloir réduire la compréhension à 14-18, c'est manquer l'essentiel.
  • Deux mondialisations se sont succédées : la mondialisation anglaise de la fin du XIXe siècle, c'est une mondialisation libérale appuyée sur un État patron, un hegemon, l'Empire britannique. L'issue de cette première mondialisation c'est 1914, avec la guerre préventive bêtement déclenchée par l'Allemagne.
  • Après 1945 c'est la deuxième mondialisation, sous égide américaine, mais on voit maintenant émerger une autre puissance qui est la Chine.
  • La théorie de l'hegemon est la découverte que j'ai faite dans ce livre et qui explique très bien les conditions de l'éclatement de la 1ère GM.
  • Le PNB de la Chine va dépasser celui des États-Unis en 2020. Ça crée forcément des tensions, il faut une vigilance, et d'ailleurs il faut souhaiter que les dirigeants de la Chine soient parfaitement conscients des difficultés que cela pose.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 7 Novembre 2013 à 00:53 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était "l'Invité" de TV5 Monde mercredi 6 novembre 2013. Il répondait aux questions de Patrick Simonin.


Verbatim express :

  • L'opération Serval décidée par François Hollande était nécessaire. Il n'était pas possible de laisser le Mali devenir le fief de groupes djihadistes armés.
  • Il faut à présent qu'une réconciliation en profondeur ait lieu entre le Sud et le Nord du Mali.
  • La guerre pour déloger les terroristes a été gagnée dans un premier temps, mais le terrorisme ne peut être éradiqué que si la population ne le soutient pas. C'est très difficile, ça demande du temps.
  • Les deux guerres mondiales ont servi à discréditer les nations européennes, et la démocratie. Et on a confié tous les pouvoirs à une Haute Autorité qui est devenue Commission, qui légifère, demande des comptes, sans qu'il n'y ait une prise en compte suffisante des aspirations populaires.
  • Il faut redresser la construction européenne, sortir de cette conception de l'Europe. Il faut aller vers une grande Europe confédérale, une confédération de peuples libres, parce que le XXIe siècle sera dominé par la Chine et par les États-Unis.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFM Business mardi 5 novembre 2013. Il répondait aux questions d'Hedwige Chevrillon.


Verbatim Express :

Ecotaxe et crise de la Bretagne
  • Je suis plutôt contre le démantèlement de l’État, s'agissant de la collecte de ressources destinées à remplir les caisses publiques.
  • La question de l'écotaxe n'est qu'une toute petite partie du problème qui se pose à la Bretagne.
  • La crise de la Bretagne aujourd'hui est la crise des deux industries sur lesquelles elle avait assis son expansion : les télécommunications et l'agroalimentaire.
  • Nous voyons où nous a conduit la vision de l'ancien patron d'Alcatel, Serge Tchuruk, d'une « entreprise sans usines ».
  • L'agroalimentaire est confronté à une concurrence déséquilibrée : on le voit par exemple en Allemagne où des ouvriers originaires des pays d'Europe centrale et orientale viennent travailler avec des contrats a des coûts très bas qui sont déséquilibrants pour l'agroalimentaire breton.
  • En même temps certaines restitutions de la PAC ne seront plus octroyées à partir du 1er janvier. C'est le cas du poulet, d'où la crise de Doux, qui met la clé sous le paillasson.
  • Il y a une faute des gouvernements qui ont accepté la fin des restitutions et qui n'ont pas préparé la diversification ou la reconversion des usines concernées.

La Cité des livres se poursuit le 12 novembre en accueillant, à 18h30 au siège de la Fondation Jean-Jaurès, Jean-Pierre Chevènement pour une rencontre-débat autour de "1914-2014: L'Europe sortie de l'histoire?" (Fayard, 2013). Venez nombreux !


Débat autour du livre de Jean-Pierre Chevènement à la Fondation Jean Jaurès
Présentation du débat par la Fondation Jean Jaurès :

L'Europe est-elle sortie de l'Histoire ? Dans son dernier ouvrage, Jean-Pierre Chevènement répond par l'affirmative. Pour démontrer ses propos, il rapproche deux mondialisations : la première, avant 1914, sous égide britannique, et la seconde, depuis 1945, sous égide américaine - chacune posant la question de l’hégémonie.

Outre ces deux conflits mondiaux, l'auteur explique surtout le déclin de l’Europe par la diabolisation de ces nations nécessaire à des institutions européennes qui ont permis leur progressive mise en tutelle par de nouveaux « hegemon ».

Afin de ne pas être marginalisée dans la nouvelle bipolarité du monde qui s’esquisse entre la Chine et l’Amérique, l’Europe a besoin de redevenir actrice de son destin à travers le projet gaullien d’une « Europe européenne », où la France et l’Allemagne pourront œuvrer de concert à construire l’avenir d’un ensemble allant de la Méditerranée à la Russie.

Actuellement président de la Fondation Res Publica et sénateur du Territoire de Belfort, Jean-Pierre Chevènement est ancien élève de l’ENA et Ministre d’Etat. Il est l’auteur, entre autres, de "La France est-elle finie?" (Fayard, 2011) et de "1914-2014: l'Europe sortie de l'histoire?" (Fayard, 2013).

Informations pratiques :
Mardi 12 novembre à 18h30
Inscription indispensable : citedeslivres@jean-jaures.org
La rencontre se tient au siège de la Fondation Jean-Jaurès, 12 Cité Malesherbes, dans le 9ème arrondissement de Paris (métro Pigalle). L'entrée de la voie privée se fait au niveau du n°59 de la rue des Martyrs.

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Découvrez le nouveau livre de Jean-Pierre Chevènement 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire? (éditions Fayard)

Rédigé par Chevenement.fr le 5 Novembre 2013 à 13:02 | Permalien | Commentaires (0)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien L'Opinion, propos recueillis par Béatrice Houchard, lundi 4 novembre 2013.


"Les peuples ont de plus en plus conscience que les gouvernements ne sont plus capables de rien décider"
Les faits - Jean-Pierre Chevènement n’a rien perdu de son enthousiasme, de sa combativité, de sa capacité d’indignation. Dans son dernier livre, 1914-2014, l’Europe sortie de l’Histoire? (éditions Fayard), il fait se croiser son analyse d’historien et sa vision d’homme politique pour décrire une Europe qui a entamé son déclin en 1914, et que les actuelles institutions condamnent, et les nations avec elles, à un risque post-démocratique. Loin de se contenter de préconiser l’euro comme monnaie commune et non plus comme monnaie unique, l’ancien ministre livre un regard toujours original sur une France dans la tourmente. Et appelle les Européens à ne pas disparaître, éclipsés par le nouveau “G2” sino-américain.

L'Opinion: Pourquoi êtes-vous si inquiet à l’approche de la commémoration de 1914 ?
Jean-Pierre Chevènement:
L'anniversaire de 1914 a de fortes chances d’être célébré comme étant synonyme d’absurdité et comme symbole du discrédit et de la faillite des nations européennes. On va présenter les combattants de la première guerre mondiale essentiellement comme des victimes pour mieux magnifier une construction européenne mal pensée qui aujourd’hui prend l’eau. On va dire que Verdun a été l’antichambre d’Auschwitz, alors que c’est parce qu’il n’y a pas eu un Verdun des démocraties avant 1940 que, selon moi, Auschwitz a pu se produire.

Parce qu’il y a eu, en fait, non deux guerres mondiales mais une guerre de trente ans ?
Il faut situer la guerre de 14-18 dans l’histoire longue : la première guerre mondiale n’est que le début d’une guerre de trente ans, qui se clôt en 1945. Elle est déclenchée par l’hubris des dirigeants du second Reich influencés par le discours pangermaniste, qui décident d’une guerre préventive pour desserrer ce qu’ils croient être un encerclement par la France et la Russie. Ils se jettent tête baissée dans une guerre destinée à mettre la France hors jeu. Mais en prenant le risque d’une guerre européenne en violant la neutralité belge, ils vont récolter une guerre mondiale.

Rédigé par Chevenement.fr le 4 Novembre 2013 à 22:13 | Permalien | Commentaires (2)
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