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Ecotaxe: "Une toute petite partie du problème posé à la Bretagne"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFM Business mardi 5 novembre 2013. Il répondait aux questions d'Hedwige Chevrillon.


Verbatim Express :

Ecotaxe et crise de la Bretagne
  • Je suis plutôt contre le démantèlement de l’État, s'agissant de la collecte de ressources destinées à remplir les caisses publiques.
  • La question de l'écotaxe n'est qu'une toute petite partie du problème qui se pose à la Bretagne.
  • La crise de la Bretagne aujourd'hui est la crise des deux industries sur lesquelles elle avait assis son expansion : les télécommunications et l'agroalimentaire.
  • Nous voyons où nous a conduit la vision de l'ancien patron d'Alcatel, Serge Tchuruk, d'une « entreprise sans usines ».
  • L'agroalimentaire est confronté à une concurrence déséquilibrée : on le voit par exemple en Allemagne où des ouvriers originaires des pays d'Europe centrale et orientale viennent travailler avec des contrats a des coûts très bas qui sont déséquilibrants pour l'agroalimentaire breton.
  • En même temps certaines restitutions de la PAC ne seront plus octroyées à partir du 1er janvier. C'est le cas du poulet, d'où la crise de Doux, qui met la clé sous le paillasson.
  • Il y a une faute des gouvernements qui ont accepté la fin des restitutions et qui n'ont pas préparé la diversification ou la reconversion des usines concernées.

Le redressement de la France
  • Il faut résister à la tentation d'un glissement vers le terrain de la contestation. Nous avons un président élu jusqu'en 2017 avec une majorité qui ne lui fait pas défaut. Mais il y a une ambiance assez délétère. Le pessimisme est professé à longueur de temps par tous ceux qui s'expriment.
  • Il faut étudier les moyens du redressement. Normalement l'industrie a maintenant touché le fond : il faut s'orienter vers la reconquête de parts de marché. Mais le cours de l'euro ne cesse de se réévaluer.
  • Il faut, au niveau européen, par le canal de la Banque centrale et de l'Eurogroupe, faire pression pour que le cours de l'Euro ne soit pas aussi élevé. C'est une des conditions du redressement. J'ai toujours été hostile à ce choix d'une monnaie trop forte.
  • S'il y a plus de cohésion dans la majorité, croyez-moi, ça ira beaucoup mieux.
  • On ne résume pas la politique à la fermeté. La politique c'est une vue d'ensemble.
  • Il y a une dévalorisation des nations européennes, qui fait qu'elles n'ont plus confiance en elles, c'est particulièrement vrai pour la France ! Et le politique a été transféré à des centres de décision sur lesquels nous n'avons pas barre.

    La réorientation de l'Europe
  • L'Europe est en pilotage automatique. La Commission veille à la concurrence. La Banque centrale lutte contre l'inflation – qui n'existe plus. La Cour de Justice fait respecter la loi européenne qui est essentiellement la codification de la concurrence. Tout cela nous échappe ! Et on s'étonne de voir un gouvernement démuni devant une affaire comme celle de la Bretagne ! Avec des gens qui manifestent qui sont des électeurs socialistes !
  • Il faut réorienter la construction européenne. L'un des axes de réorientation, c'est bien évidemment la politique monétaire.
  • Certains en Allemagne se posent la question d'une sortie de l'Euro. Ne faudrait-il pas substituer une dévaluation monétaire à ces déflations internes qui provoquent un chômage massif dans toute l'Europe ?
  • Le problème qui se pose aujourd'hui ne sont pas les « réformes », mot codé pour dire déréglementation, mais c'est de retrouver la croissance.
  • Si on transformait l'Euro de monnaie unique en monnaie commune, avec une dévaluation moyenne de 20%, nous retrouverions la croissance.

    "1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ?"
  • La thèse de mon livre c'est qu'il ne faut pas profiter du centenaire de la 1ère GM pour dévaloriser encore plus les nations européennes. Au contraire les nations émergentes ont confiance en elles ! Il n'y a qu'en Europe que l'on a cette sinistrose, et particulièrement en France.
  • Il faut redonner confiance dans la nation, et par conséquent dans le politique, parce que la démocratie, elle vit dans les nations, et il faut aller vers une Europe à géométrie variable, vers une grande Europe redimensionnée des pays du Maghreb à la Russie, pour peser dans le monde du XXIe siècle qui s'annonce dominé par les Etats-Unis et la Chine. Si nous voulons que l'Europe existe dans ce contexte, il faut aussi la penser autrement.
  • La Chine surgit dans la seconde mondialisation comme l'Allemagne impériale lors de la première mondialisation, et c'est l'inquiétude de la puissance hégémonique de l'époque, la Grande-Bretagne, qui a largement été à l'origine du caractère mondial de la guerre de 1914-1918.
  • Il y a une guerre de Trente ans entre 1914 et 1945 et on ne peut pas comprendre la guerre de 1914 si on ne l'inclut pas dans une vision plus large.
  • La France n'est pas forcément une puissance déclinante. Elle a une place très particulière, éminente en Europe, des atouts spécifiques. Mais il faut qu'elle les joue selon un plan d'ensemble, à partir d'une vision d'homme d’État, une vision longue à la fois étendue dans le temps et qui s'appuie sur une vision juste de ce qu'a été le passé.

    Mali
  • C'était une bonne chose de couper l'herbe sous le pieds des terroristes qui s'apprêtaient à prendre le pouvoir. Il faut maintenant aller vers une réconciliation en profondeur des Maliens. Le terrorisme ne peut être éradiqué que lorsqu'il est coupé de la population.
  • Le Mali doit être refondé sur des bases solides. C'est son intérêt, c'est l'intérêt de tous, de toute l'Afrique, au service de laquelle sont les forces de la France.

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    Découvrez le nouveau livre de Jean-Pierre Chevènement 1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire? (éditions Fayard)


le Mardi 5 Novembre 2013 à 16:10 | Lu 2262 fois



1.Posté par Carl GOMES le 10/11/2013 15:53
Bonjour

Je n'ai malheureusement pas lu le livre de M. Chevènement, ce que je compte faire!
Mais je ne suis pas d'accord avec la vision qu'il défend dans l'interview, où il s'étonne de l'inquiétude qui a lieu en France. Cela semble pourtant évident, c'est un pays qui est sur le déclin, où l'industrie a quasiment disparu, l'agriculture et l'élevage sont en difficulté (et va devoir subir les conséquences de l'écotaxe), qui ne compte plus que sur un secteur tertiaire moribond où les entreprises qui ferment les unes après les autres.
Et comme rempart, Mr Chevènement nous propose à nouveau, après l'avoir longtemps critiquée, l'Europe, mais avec remplacement de l'euro par une monnaie commune qui pour l'instant reste une solution très marginalisée. Il est regrettable que l'Europe ait été, et reste encore la seule idée des socialistes depuis Mitterrand, même au moment où on voit bien que ça ne peut pas fonctionner.

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