Entretien de Jean-Pierre Chevènement au site Figarovox, propos receuillis par Alexandre Devecchio.


"Le nationalisme corse révèle le détricotage de l'État"
FigaroVox : Les nationalistes ont pris la tête de l'Assemblée territoriale de Corse ce vendredi. Que cela vous inspire-t-il?
Jean-Pierre Chevènement: C'est le résultat d'une politique de complaisance à l'égard du nationalisme corse. Complaisance de la gauche d'abord, notamment avec le processus de Matignon promulgué le 22 janvier 2002. Complaisance de la droite également avec le référendum de Nicolas Sarkozy de 2003 qui proposait notamment une fusion des deux conseils généraux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud au sein d'une collectivité territoriale unique. Une fusion qui avait été refusée par les Corses eux-mêmes. Qu'importe! On leur imposera dans deux ans la collectivité unique qu'ils rejetaient alors, dans le cadre d'une réforme territoriale sur laquelle ils n'ont pas eu à se prononcer. Rappelons que les nationalistes corses sont responsable d'une cinquantaine d'assassinats.

A l'heure où l'on parle d'union sacrée, existe-t-il un risque de fracturer l'unité nationale?
Oui, d'autant plus que dans le même temps, le préfet des Pyrénées Atlantiques prépare un projet de communauté de communes unique pour le Pays basque. Voilà qui devrait donner une caisse de résonance inespérée à l'ETA. Enfin, il faut ajouter à cela, la volonté du gouvernement de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Aujourd'hui la loi, dans notre pays, n'empêche ni l'enseignement ni l'utilisation des langues régionales. Mais alors que veut-on de plus? Appelle-t-on à une nouvelle conception de la République? Veut-on faire des régions le laboratoire d'un nouveau communautarisme avec les Bretons, Basques, Alsaciens ou Occitans «de souche»? Tout cela fait réfléchir.Veut-on le détricotage de l'Etat?

Source : Figarovox
Mots-clés : corse pays basque

le 19 Décembre 2015 à 08:58 | Permalien | Commentaires (11)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, vendredi 18 décembre 2015. Il répondait aux questions de Jean-Michel Apathie.


  • Certainement
[j’ai été choqué que le nouveau président de l’Assemblée de Corse prononce son discours en Corse]. Je me souviens qu’il y a 16 ans s’ouvrait le processus de Matignon. On avait renoncé à opposer le préalable de la renonciation à la violence aux nationalistes. Je rappelle quand même leur bilan : plus de 50 assassinats. Aujourd’hui, la co-officialité de la langue corse, que réclament les nationalistes, d’autres la réclament par ailleurs. Et si on votait cette charte des langues régionales et minoritaires, il faudrait que les actes de mariage, de décès, les successions, les contrats puissent être rédigés non seulement en Français, mais dans une soixantaine d’idiomes. Ce serait l’éclatement de l’espace national.

Dépêche AFP, vendredi 18 décembre 2015.


[AFP] Régionales: Chevènement choqué par le discours en corse de Talamoni
L'ancien ministre et président de République moderne, Jean-Pierre Chevènement, s'est dit "certainement" choqué vendredi par le discours en corse prononcé jeudi par l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni,
nouveau président de l'Assemblée de l'île.

A la question : "Avez-vous été choqué qu'il [Jean-Guy Talamoni, NDLR) prononce son discours en corse ?", qui lui était posée sur Europe 1, l'ancien ministre de l'Intérieur, en fonction au moment de la négociation d'un nouveau statut de l'île, a répondu : "Certainement".

"Aujourd'hui, la co-officialité de la langue corse, que réclament les nationalistes, d'autres la réclament par ailleurs. Si on votait cette charte des langues régionales et minoritaires, eh bien, il faudrait que les actes de mariage, de décès (...) puissent être rédigés non seulement en français mais dans une soixantaine d'idiomes. Ce serait l'éclatement de l'espace national", a-t-il jugé.

Jean-Pierre Chevènement a par ailleurs qualifié d'"inadmissible" un passage du discours d'installation à la présidence de l'assemblée de Jean-Guy Talamoni. "Nous sommes arrivés ici avec tous ceux qui, comme nous, ont toujours combattu les autorités françaises sur la terre de Corse", a déclaré jeudi le dirigeant indépendantiste.

"Il y a eu pendant la guerre des résistants corses, il y a eu des combattants de la libération corses, il y a eu des gens qui se sont battus pour la France", a réagi M. Chevènement.

Les nationalistes ont pris le pouvoir jeudi en Corse avec l'accession de l'autonomiste Gilles Simeoni à la présidence du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale (CTC), le mini gouvernement de l'île, et l'installation de l'indépendantiste Jean-Guy Talamoni au perchoir de l'Assemblée de Corse.

C'est la première fois, depuis la création de l'Assemblée de Corse en 1982, que les nationalistes, qui ont nettement gagné les élections territoriales des 6 et 13 mars, dirigent les institutions insulaires.

le 18 Décembre 2015 à 19:35 | Permalien | Commentaires (0)

Communiqué de presse de Jean-Pierre Chevènement, Ancien ministre, Président de République Moderne, 17 décembre 2015.


Monsieur Jean-Guy Talamoni, intronisé il y a seize ans, dans le cadre du processus de Matignon, comme interlocuteur valable du Gouvernement, sans qu’il eût préalablement renoncé à la violence, est devenu aujourd’hui Président de l’Assemblée de Corse.

Dans le même temps, M. Gilles Siméoni, fils d’Edmond, sacré « héros du nationalisme corse » par le journal Le Monde du 18 décembre 2015 pour avoir été, en 1975, à l’origine des incidents sanglants d’Aléria, devient le Président de l’Exécutif Corse. Tristesse.

Voilà le beau résultat d’une politique de complaisance à l’égard d’un nationalisme corse (plus de cinquante victimes) dont les Corses, consultés par référendum en 2003, ne voulaient pas. Qu’importe ! On leur imposera dans deux ans la collectivité unique qu’ils rejetaient alors, dans le cadre d’une réforme territoriale sur laquelle ils n’ont pas eu à se prononcer

Dans le même temps, le Préfet des Pyrénées Atlantiques prépare un projet de Communauté de Communes unique pour le Pays Basque. Si le Gouvernement envisageait de détricoter l’unité nationale, il ne s’y prendrait pas autrement !
Mots-clés : corse pays basque

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 17 Décembre 2015 à 17:36 | Permalien | Commentaires (8)
Le club République Moderne dont le président est Monsieur Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, a organisé une première Rencontre autour de sa vice-présidente Madame Marie-Françoise Bechtel, députée de l’Aisne, de Régis Debray, philosophe, Alain Supiot, professeur au Collège de France, Jacques Mézard, sénateur du Cantal, président du groupe RDSE au Sénat, Pierre-Alain Muet, député socialiste du Rhône, Stéphane Rozès, politologue, et Coralie Delaume, essayiste.

Le thème de la Rencontre était : « De la souveraineté nationale à l’Europe européenne ». Des débats qui se sont tenus dans la salle Colbert de l’Assemblée Nationale, entièrement remplie, a émergé l’idée que pour rester une puissance mondiale la France devait promouvoir à la fois une politique étrangère indépendante et l’idée d’une Europe européenne, englobant tous les pays européens, y compris la Russie. Ce point est capital. Car seule une Europe européenne ainsi comprise peut éviter au XXIème siècle un monde bipolaire autour des États-Unis et de la Chine. L’indépendance implique la souveraineté populaire. C’est le peuple qui, en dernier ressort, consent ou révoque les délégations de compétences.

Communiqué de presse de Jean-Pierre Chevènement, Ancien ministre, Président de République Moderne, 14 décembre 2015.


La première leçon des élections régionales tient au refus des Français de voir leur région identifiée au Front National. Ce qui vaut aujourd’hui dans les régions vaudra demain au niveau national. Le FN reste perçu comme un parti dangereux pour la France et pour son image dans le monde. On ne saurait cependant faire fond sur la permanence de ce réflexe : le FN est aux portes du Pouvoir.

Il faut donc entendre le message envoyé par 6,8 millions d’électeurs : il ne traduit pas seulement une colère aveugle mais un besoin de protection en tous domaines que les partis dits de gouvernement ne devraient pas négliger. Le chômage de masse et notre incapacité trop fréquente à intégrer les jeunes issus de l’immigration sont les deux grands défis historiques auxquels notre pays doit faire face.

L’alerte que représente le score élevé du Front National ne doit pas faire retomber nos dirigeants dans le même sommeil léthargique qu’après 2002. A ce niveau de puissance, le FN entraînera une recomposition du paysage politique français autour de lui, si les partis de gouvernement sont incapables de modifier radicalement leur logiciel.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 14 Décembre 2015 à 12:37 | Permalien | Commentaires (8)

Dépêche AFP, lundi 7 décembre 2015.


[AFP] Régionales: Chevènement appelle à un "gouvernement de salut public"
L'ancien ministre et président de République moderne, Jean-Pierre Chevènement, a appelé lundi à la formation "dans les temps qui viennent" d'"un gouvernement de salut public", tout en appelant d'abord à "partout faire barrage au Front national".
"Aucun des partis de gouvernement ne peut s'exonérer d'un examen de conscience approfondi", a estimé l'ancien ministre dans un communiqué au lendemain de la percée historique du Front national au premier tour des élections régionales.
"Il va falloir redresser le cap et ne pas renouveler les erreurs", a-t-il poursuivi à l'adresse de ces "partis de gouvernement".
Jugeant "raisonnable" le choix du PS de retirer ses listes dans trois régions, il a appelé à "voter au second tour pour les listes de gauche dans les régions où celle-ci peut encore l'emporter et à faire partout barrage au Front National".
Pour lui, "l'essentiel désormais est dans le changement de logiciel de la politique gouvernementale". "Il est temps de réfléchir à ce que peut être, dans les temps qui viennent et en tous domaines, un gouvernement de salut public", a-t-il conclu.

le 7 Décembre 2015 à 14:37 | Permalien | Commentaires (15)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Le vote Front National n’est évidemment pas la bonne réponse au défi du terrorisme djihadiste dont l’objectif est de radicaliser les affrontements au sein de la société française. L’étiage élevé du FN est le résultat d’une politique dogmatique qui, en trente ans, a creusé le gouffre du chômage et s’est désintéressée de l’intégration des populations immigrées. Le score du Front National interpelle tous les gouvernements successifs depuis des décennies : il a fallu en effet beaucoup d’erreurs accumulées pour en arriver là, la première et la plus décisive de toutes étant l’abandon de l’Etat-nation comme cadre de souveraineté, de démocratie et de citoyenneté.

Aucun des partis de gouvernement ne peut s’exonérer d’un examen de conscience approfondi. Car il va falloir redresser le cap et ne pas renouveler les erreurs qui, en tous domaines, ont fait le lit du FN. Un sursaut authentiquement républicain est nécessaire.

Le choix du parti socialiste de retirer ses listes dans trois régions pour empêcher le FN de s’y installer est raisonnable. C’est un choix républicain au bon sens du terme. J’appelle donc à voter au second tour pour les listes de gauche dans les régions où celle-ci peut encore l’emporter et à faire partout barrage au Front National.

L’essentiel désormais est dans le changement de logiciel de la politique gouvernementale. Il est temps de réfléchir à ce que peut être, dans les temps qui viennent et en tous domaines, un gouvernement de salut public.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 7 Décembre 2015 à 14:32 | Permalien | Commentaires (17)
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