Tribune de Jean-Pierre Chevènement, France-Soir, 24 mars 2007.
Le cinquantième anniversaire du traité de Rome sera, à coup sûr, l’occasion de faire, encore une fois, tonner les orgues de la bienpensance européiste.


Comme si une rupture fondamentale n’était pas intervenue entre l’union douanière à Six de 1957 et le gonflement de la bulle libérale à laquelle l’Europe s’est progressivement identifiée depuis le début des années quatre-vingt-dix.

L’Europe a été pour nos prédécesseurs et pour nous-mêmes un projet ambitieux, porteur de paix, de croissance, de prospérité. Mais, au long des quinze dernières années, l’ambition s’est diluée, les partis pris dogmatiques, les dérives bureaucratiques et les dysfonctionnements se sont multipliés. Les citoyens européens, et ce serait une illusion de ne s’arrêter qu’aux cas néerlandais et français, ne se retrouvent plus dans une institution éloignée de leurs préoccupations, mais envahissante et tatillonne.

Perte de sens
Cette dégradation traduit, en premier lieu, une perte de sens. Le modèle d’origine, un marché commun, comportant une dose de préférence, avec des politiques volontaristes et structurantes, dans les secteurs commercial et agricole par exemple, a permis une croissance forte des échanges intra et extra communautaires et la sauvegarde des intérêts de ses membres. Dans la dernière décennie, on a privilégié, au nom de la globalisation, une attitude combinant la résignation et le dogme de la libre concurrence, parfois contre l’intérêt des entreprises et des consommateurs. Sur leur écran de contrôle, les institutions européennes n’ont plus retenu qu’un nombre restreint de données : dérégulation, privatisation, lutte contre l’inflation s’agissant de la BCE. Tout effort d’harmonisation fiscale et sociale est apparu contraire au dogme, la croissance n’est plus qu’une résultante, l’Union est un espace ouvert à tous vents, alors même que nos concurrents les plus « libéraux » ne répugnent pas à protéger d’artifices divers leurs propres intérêts.

Rédigé par redaction Chevenement.fr le 24 Mars 2007 à 11:35 | Permalien
M. Monti, ancien Commissaire européen à la concurrence, publie aujourd’hui dans le Figaro un article intitulé « Ma vérité sur l’affaire Alstom », intéressant à plus d’un titre :

1) D’abord il confirme que ce n’est pas M. Sarkozy qui est à l’origine du « sauvetage d’Alstom » en 2003. Dans le gouvernement Raffarin, le ministre de l’Economie et des Finances est alors M. Mer et je suis bien placé pour savoir que l’impulsion venait du Président de la République lui-même que j’avais alerté le 23 mai 2003 sur la situation critique d’Alstom.

2) M. Monti développe une argumentation spécieuse concernant l’entrée de l’Etat au capital d’Alstom. Il reconnait d’abord que la Commission européenne doit rester « strictement neutre quant au régime de propriété des entreprises –publique ou privée- » mais il admet aussi qu’au nom de la « concurrence », il s’oppose d’abord à l’entrée de l’Etat au capital d’Alstom, entamant ensuite une négociation tracassière avec M. Mer et le PDG d’Alstom, M. Kron pour « réduire les désavantages concurrentiels infligés aux autres producteurs européens » (c’est-à-dire Siemens pour l’essentiel). C’est alors qu’au printemps 2004, M. Sarkozy, devenu entre temps Ministre de l’Economie et des Finances, et escorté de Cécilia, fait, selon M. Monti, « irruption dans le dossier ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 23 Mars 2007 à 18:32 | Permalien

Chevènement croque Monnet, Denis Sieffert, Politis, 22 mars 2007, p.9.
Le directeur de la publication de Politis recommande la lecture du dernier essai de Jean-Pierre Chevènement, La Faute de M. Monnet (Fayard, 2006).


Pour Politis, « Chevènement croque Monnet »
Extrait :
"Un court et brillant essai sur « l’inspirateur » de la construction européenne.
« L’Inspirateur » : c’est de Gaulle qui avait ainsi surnommé Jean Monnet. On imagine l’accent de dédain qui devait accompagner cette drôle d’allégorie. Les deux hommes se sont beaucoup détestés. Il est vrai que, pendant la guerre, Monnet a tout essayé pour décrédibiliser aux yeux des Américains le chef de la France libre. Jean-Pierre Chevènement le raconte dans un court et brillant essai qu’il vient de consacrer à Jean Monnet".

Pour lire la suite, acheter Politis en kiosques ou l'article sur le site Internet de Politis.
La présentation de La Faute de M. Monnet figure ici. L'ouvrage peut-être acheté ici.

Rédigé par Chevenement.fr le 22 Mars 2007 à 14:34 | Permalien

Nicolas Sarkozy se targue fréquemment d’avoir « sauvé Alstom » en 2004.


Outre qu’il oublie que l’initiative revient pleinement à Jacques Chirac en mai 2003, alors que lui-même n’était encore que ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy oublie de rappeler les conditions mises par le Commissaire européen à la concurrence, M. Monti, à la montée de l’Etat, à hauteur de 20 %, dans le capital d’Alstom : à savoir la cession de 1600 millions d’euros d’actifs d’Alstom à un repreneur extérieur. C’est ainsi que les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire – tout ce qui reste de notre construction navale – ont été repris par le norvégien Aker-Yards, qui se révèle n’être qu’un Tapie des mers.

Le repreneur norvégien n’est qu’un financier assoiffé de plus-values. Il vient d’annoncer son intention de céder ses chantiers navals à des fonds de pension anglo-saxons, à commencer par ce fleuron que sont les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire. Après Péchiney, Thomson, Arcelor, ce sont les Chantiers de l’Atlantique qui s’ajoutent au long cortège des grandes entreprises françaises bradées au capitalisme financier mondialisé. Encore bravo M. Sarkozy !

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 21 Mars 2007 à 13:18 | Permalien

Jean-Pierre Chevènement est l'invité de l'émission Face à nous, animée par Michel Grossiord en partenariat avec le Parisien / Aujourd’hui en France, entre 18h45 et 19h30 sur Public Sénat.


Mots-clés : public sénat

Rédigé par Chevenement.fr le 20 Mars 2007 à 13:46 | Permalien
« Contre le communautarisme » de Julien Landfried, un livre symbole de la vivacité du républicanisme civique
En écrivant « Contre le communautarisme » (Editions Armand Colin, mars 2007), Julien Landfried a mis le doigt sur ce qui mine depuis le début des années 1980 « le républicanisme civique » et par conséquent la France : la substitution à la figure traditionnelle du prolétaire de celle de la « victime », les juifs bien sûr, mais à leur suite les immigrés, les musulmans, les Arméniens, les Noirs, les homosexuels, les anciens colonisés, et bientôt les « minorités ethnico-linguistiques », chacune de ces catégories bénéficiant ou cherchant à bénéficier d’une « loi mémorielle » particulière ou d’un dispositif de reconnaissance le mettant à l’écart de l’espace républicain.

Le jeune et brillant essayiste décrit fort bien la destruction de cet espace commun, sous les coups de boutoir d’« entrepreneurs communautaires », en fait peu représentatifs de leurs communautés respectives, mais encouragés par la veulerie des politiques et la francophobie de nos élites mondialisées.

La livre de Julien Landfried est une mine de renseignements précieux sur une dérive qui affecte malheureusement autant la gauche que la droite différentialistes.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 20 Mars 2007 à 13:33 | Permalien | Commentaires (11)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Le cinquantenaire du traité de Rome va, sans nul doute, être l’occasion de faire tonner les grandes orgues de la bienpensance « européiste » : j’appelle ainsi l’idéologie de ceux qui, au nom de l’idée européenne, ont en réalité mis bas tout ce qui pouvait permettre l’émergence d’un acteur européen stratégique pour le XXIe siècle :


  • suppression de fait du tarif extérieur commun ;
  • politique commerciale ultra libre-échangiste du Commissaire Mandelson qui est prêt à sacrifier notre agriculture à l’OMC ;
  • paralysie organisée de la politique monétaire qui fait de l’euro une monnaie surévaluée d’au moins 30 à 40 % par rapport au dollar, au yuan et au yen ;
  • inféodation à l’OTAN et acceptation unilatérale par la Pologne et la Tchéquie du bouclier spatial américain.

    A cet égard, M. Sarkozy fait une proposition très inquiétante : il veut reprendre dans un traité soumis au seul Parlement « le paquet institutionnel qui n’est contesté par personne ».

    Or, la création d’un « ministère européen des Affaires Etrangères » ne saurait, en l’état actuel des rapports de forces entre les vingt-sept, qu’enchaîner un peu plus la politique extérieure de l’Europe en gestation à la diplomatie de Washington. Cette proposition doit être rejetée. Elle est de plus inepte : si la France veut revoir les dispositions du traité intéressant la politique monétaire, économique et sociale, et notamment les statuts de la Banque Centrale européenne, il est totalement contreproductif de gaspiller par avance ses munitions en accordant d’emblée à l’Allemagne tout ce qu’elle souhaite, c’est-à-dire « la substance » de la Constitution, sans faire de la partie institutionnelle une monnaie d’échange avec la partie économique et sociale du traité. Politique de Gribouille. Seul un nouveau référendum peut nous préserver de ce type de dérive.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 19 Mars 2007 à 13:08 | Permalien

Chevènement : «Le monde a besoin de l’humanisme du Liban», L'Orient Le Jour, 17 mars 2007.


Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien libanais L'Orient Le Jour : «Le monde a besoin de l’humanisme du Liban»
L'Orient Le Jour : Quel regard portez-vous sur les relations profondes qui unissent la France et le Liban, et particulièrement depuis le 14 février 2005 ?
Jean-Pierre Chevènement :
Depuis des siècles, la France entretient avec la région du Levant des relations profondes, aussi bien culturelles, économiques que politiques, marquées notamment par les alliances conclues par François 1er et Louis XIV. Ces relations privilégiées, particulièrement avec le Liban, se sont poursuivies et développées au XIXe et au XXe siècle. Après un relatif effacement, la France a revivifié ces dernières années sa relation profonde avec le Liban, notamment en obtenant la tenue à Beyrouth du 9e sommet de la francophonie, événement qui a beaucoup contribué à la renaissance du rayonnement libanais.
Ce sommet a aussi permis d’affirmer avec force, au lendemain des événements du 11-Septembre, l’attachement des cinquante peuples rassemblés dans la francophonie à une vision du monde, le dialogue des civilisations, fondement essentiel d’une « certaine idée » de la France comme du Liban. La solidarité agissante de la France avec le Liban, face à l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et lors du conflit de 2007, exprime le caractère indéfectible du lien qui unit nos deux peuples.

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Mars 2007 à 10:20 | Permalien
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