« La politique de la France, disait fièrement le général de Gaulle, ne se fait pas à la corbeille ». Nous n’en sommes plus là depuis longtemps : sous les deux gouvernements qui se sont succédés depuis 2002, Péchiney (l’aluminium), Arcelor (la sidérurgie), Thomson (les téléviseurs), les Chantiers de l’Atlantique, c'est-à-dire tout ce qui reste de notre construction navale sont passés sous contrôle étranger. Triste bilan du « patriotisme économique » !
Mais aujourd’hui on fait mieux : c’est la corbeille elle-même, c'est-à-dire la Bourse de Paris, hier encore dominante dans Euronext, qui passe sous le contrôle de la Bourse de New-York (le New-York Stock Exchange). Cette offre publique d’achat se solde par un remarquable succès : 91 % des actionnaires ont apporté leurs titres à l’opération ! On en fait des gorges chaudes dans nos milieux financiers ! Ainsi, Wall Street a pris Paris. Jean-Paul Fitoussi parle ironiquement d’une simple délocalisation du NYSE à Paris, comme si Wall Street avait repris une vulgaire PME. Aucune réflexion sur les conséquences de ce hold-up, en particulier la primauté, désormais assurée, des règles boursières américaines sur lesquelles nous n’aurons plus aucune prise. Aucun débat, même et surtout pas en pleine campagne présidentielle : le sujet n’est pas grand public ou plutôt la question de l’Europe financière n’a pas été posée. On se souvient à peine d’un sommet franco-allemand en 2006, où Mme Merkel et Jacques Chirac avaient souhaité le rapprochement d’Euronext et de la bourse de Francfort. Celui-ci ne s’est pas fait. Et ce sont les mêmes qui parlent aujourd’hui de « relancer l’Europe ». Quelle meilleure démonstration que le vrai pouvoir, depuis longtemps déjà, leur a filé entre les doigts ? Quasiment pas de protestation. Triomphe de la finance mondialisée dans le silence assourdissant d’une opinion anesthésiée.
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politique industrielle
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 30 Mars 2007 à 13:33
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Interrogé par Marianne2007.info, Jean-Pierre Chevènement déclare : «Il semble que beaucoup de gens confondent la nation et le nationalisme. Ça n'a rien à voir. Le nationalisme est une maladie de la nation. Mais la nation, c'est le cadre de la démocratie, c'est une communauté de citoyens, c'est une conquête de la Révolution française. « Vive la nation ! », c'est le cri de Valmy.»Il m’est souvent arrivé de citer le nombre de policiers blessés en service quand j’exerçais les fonctions de ministre de l’Intérieur : 5000 par an. C’était dans les années 1997-2000. Or, j’apprends de source officielle que ce nombre a atteint 11000 en 2006.
Chiffre impressionnant qui correspond à presque 10% de l’effectif des fonctionnaires de la police nationale.
Qu’il y ait dans notre société une montée de la violence, c’est malheureusement une évidence comme le manifeste la montée continue des agressions gratuites ou crapuleuses exercées contre les personnes et bien sûr les policiers. Mais il y a une autre explication qui est dans la doctrine d’emploi de la police : en supprimant la police de proximité et en privilégiant la police d’intervention qui par définition ne connaît pas la population et interpelle souvent à l’aveuglette, M. Sarkozy a contribué à la montée des tensions urbaines. Son expression, à travers des mots qui portent une forte charge de violence, a aussi favorisé ce climat d’intolérance et de non-respect. ActualitésPolitique étrangère : priorités, Alain Dejammet, Note de la Fondation Res Publica, mars 2007.Jean-Pierre Chevènement est l'invité de Jean-Michel Aphatie sur RTL mardi 27 mars à 7h50.
L'émission est podcastée ci-dessous. Voir aussi son verbatim intégral sur le site rtl2007.fr et le billet de Jean-Michel Aphatie sur son blog.
Communiqué de Jean-Pierre Chevènement à l'AFP, lundi 26 mars 2007.
En faisant chanter la Marseillaise et en rappelant que le drapeau tricolore est celui du peuple français tout entier, Ségolène Royal reprend le terrain trop souvent abandonné par la gauche depuis des lustres à la droite et à l’extrême-droite. Elle ne vas pas « à la rencontre de leurs idées », comme se ridiculisent à le dire Sarkozy et Le Pen. Elle illustre en effet de la manière la plus claire une différence essentielle : elle affirme la valeur d’égalité, qui est au coeur du patriotisme républicain, contre les tenants des idéologies inégalitaire (Le Pen et Sarkozy) ou raciste (Le Pen).
Le ministre de l’Education Nationale qui a réintroduit en 1984 la Marseillaise dans le répertoire scolaire apprécie pleinement cette reconquête de la France par la gauche. Si cette reconquête est bien expliquée comme un retour aux sources de la République, elle marquera un tournant essentiel dans la campagne.
A lire Jacques Delors*, la manière dont s’est construire l’Europe n’est pour rien dans nos actuelles difficultés.
« Il faut sans cesse rappeler, écrit Jacques Delors, que l’essentiel de la politique économique, la politique de l’emploi, la sécurité sociale et la répartition des revenus sont de la compétence nationale ». De là découle l’ordonnance : [après la campagne présidentielle] « il faudra d’abord faire le ménage chez nous, pour faire face au triple défi de la démographie, de la mondialisation et la mutation technologique. » Libre-échangisme dogmatique, développement d’un capitalisme purement financier à travers la libéralisation des capitaux, boulimie de pouvoir de la Commission européenne, étiolement de la démocratique nationale, tout cela est allègrement passé à la trappe par l’ancien Président de la Commission européenne. « Faire le ménage » ? Jacques Delors ne peut ignorer que dans l’Europe d’aujourd’hui aucun gouvernement ne maîtrise plus ni la politique monétaire, ni la politique douanière, ni même – pacte de stabilité oblige – la dépense budgétaire. Même en matière d’impôts, la mise en concurrence des systèmes fiscaux réduit fortement la liberté d’action des gouvernements nationaux. Ne parlons pas de la politique industrielle, vidée de l’essentiel de sa substance par la jurisprudence ultralibérale de la Commission en matière de concurrence.
Jean-Pierre Chevènement dédicacera La Faute de M. Monnet le 25 mars à 16h00 au Salon du Livre - Porte de Versailles à Paris.
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