Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1 Nuit mercredi 23 octobre 2013. Il répondait aux questions de Emmanuel Faux.


Verbatim express :

Retrouver la mémoire du passé
  • Mon livre compare la mondialisation britannique avant la guerre de 1914, et la mondialisation américaine après 1945. J'introduis dans cette analyse la théorie de l'hegemon qui sert à expliquer les causes profondes du déclenchement de la 1ère GM : la rivalité pour l'hégémonie entre l'Empire britannique et la puissance montante, l'Allemagne impériale. De même aujourd'hui entre les USA et la Chine : cette rivalité structure le XXIe siècle.
  • Je donne un sens à la 1ère GM : non pas mort, décadence et repentance, tristesse, absurdité, mais au contraire, une épreuve pour une France dont la survie était menacée.
  • Je replace par ailleurs la guerre de 1914 dans le contexte d'une guerre de 30 ans durant jusqu'en 1945.
  • Il faut avoir cette vision pour renouer avec le récit national et en même temps comprendre que le déclin des nations européennes n'est pas irréversible. Il faut simplement retrouver la mémoire.

Jean-Pierre Chevènement était présent mardi 22 octobre 2013 dans les locaux de Twitter France, pour une séance de questions/réponses libre avec les utilisateurs du réseau social. C'était la première "tweetinterview" du genre en France pour un homme politique.


Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien "Le Figaro" du mercredi 23 octobre 2013. Propos recueillis par Charles Jaigu.


"A terme, la monnaie unique n'est pas viable"
LE FIGARO - Vous vous attaquez dans votre livre à l'idée que les nations sont les grandes responsables des deux guerres mondiales. Pourtant vous montrez aussi que c'est l'Allemagne qui déclenche l'incendie...
Jean-Pierre CHEVÈNEMENT - J'ai voulu mener une réflexion sur le déclin des nations européennes à travers les deux mondialisations dont la première, sous égide britannique, débouche sur la Première Guerre mondiale. Ce déclin fait contraste avec le dynamisme conquérant des nations émergentes, or ce discrédit des nations européennes n'est pas mérité. Paradoxalement, c'est un tout petit noyau de dirigeants de la puissance alors montante, l'Allemagne impériale, qui a pris en 1914 l'initiative d'une guerre préventive qui va entraîner successivement l'Empire britannique puis les États-Unis dans le conflit et se retourner contre eux.

Cela ne revient-il pas à dire que le nationalisme - allemand en l'occurrence - est fautif ?
Le peuple allemand n'a pas voulu la guerre : ses dirigeants, influencés par le discours pangermaniste, ont réussi, en 1914, à le persuader qu'il était menacé par la Russie. Les mêmes cercles dirigeants l'ont dressé contre le traité de Versailles parce qu'ils refusaient la défaite de 1918, contribuant ainsi à faire le lit du nazisme dont la cause principale est quand même la crise des années 1930 avec ses millions de chômeurs.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "Ca vous regarde - le débat" sur LCP mardi 22 octobre 2013. Il répondait aux questions de Arnaud Ardoin et débattait avec Benoist Apparu, Céline Bracq et Claude Weill.


Verbatim express :

Deux gauches
  • Je crois qu'il serait temps de tourner la page de cette affaire « léonardesque ».
  • Naturellement la gauche porte en son sein des sensibilités contraires sur ces questions.
  • Il y a une gauche républicaine, qui insiste sur l'application ferme de la loi, une gauche républicaine qui ne s'exprime pas souvent mais que représente bien Manuel Valls, que je soutiens.
  • Cela n'empêche pas d'appliquer humainement la loi : lorsque j'étais ministre de l'Intérieur, j'ai régularisé sur critères d'intégration 80 000 étrangers en situation irrégulière et rejeté 60 000 demandes.
  • Il y a une autre sensibilité, qu'on peut qualifier de victimaire-compassionnelle, ou de libérale-libertaire, et après tout il y a des gens qui sont très sensibles aux situations individuelles. D'ailleurs toute situation individuelle mérite considération, peut même être émouvante. Simplement, la loi est générale, et il faut l'appliquer.

le 23 Octobre 2013 à 00:09 | Permalien | Commentaires (0)

Vous pouvez me poser vos questions dès maintenant en utilisant le hashtag #livreJPC.
Je répondrai à vos questions mardi 22 octobre à 17h depuis le siège de Twitter France.


Mots-clés : 1914-2014 twitter

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 21 Octobre 2013 à 20:29 | Permalien | Commentaires (1)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, dans le cadre du débat sur la loi de programmation militaire au Sénat, le 21 octobre 2013


La France doit rester une grande puissance politique et militaire
Monsieur le Ministre,

I - Je veux d’abord saluer, en mon nom propre et au nom du groupe RDSE, l’effort qui a été le vôtre, tenace, courageux et en définitive couronné de succès, pour obtenir du Président de la République un arbitrage financier couvrant les six années de la Loi de Programmation militaire (2014-2019), à hauteur de 190 milliards d’euros en valeur 2013 – et non pas en valeur courante, rassurez-nous – de ressources totales dont 183,86 milliards de crédits budgétaires. Ce chiffre qui correspond à 1,5 % du PIB est sans doute la limite basse extrême de l’effort de défense nécessaire au maintien d’un outil de défense performant, au-dessus et même très au-dessus des esquisses dessinées par le Ministère de l’Economie et des Finances avant l’arbitrage présidentiel. Sans doute le Ministère de la Défense doit-il contribuer à l’effort de rigueur auquel s’astreint l’Etat en vertu des engagements européens auxquels il a souscrits. Mais la question se pose de savoir si ceux-ci sont à terme compatibles avec le maintien du rang stratégique et militaire de la France.

Nos armées viennent d’apporter encore une fois, au Mali, la démonstration éclatante de leurs capacités. Elles font l’admiration de tous, et particulièrement de ceux qui ont pu rencontrer sur place nos soldats. La France a fait la preuve de sa réactivité politique au plus haut niveau, de l’excellence de son outil militaire et des hommes qui le servent, et enfin de la capacité diplomatique que lui donne en particulier sa qualité de membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU.
J’apprends à l’instant le décès de Philippe Cohen. C’était un journaliste d’un courage hors pair, prenant tous les risques, un témoin qui faisait honneur à sa profession. C’est une grande perte pour la vie publique et donc pour la République.

Je m’incline devant sa mémoire et devant la douleur des siens auxquels j’adresse l’expression de ma profonde sympathie et de ma grande tristesse.
Mots-clés : philippe cohen

le 21 Octobre 2013 à 13:09 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Culture samedi 19 octobre 2013. Il répondait aux questions de Dominique Souchier dans "Une fois pour toutes".


"Les nations européennes ne voulaient pas la guerre, elles étaient pour la paix"
12578_19_10_2013_itema_20538566_0.mp3 France Culture - Une fois pour toutes.  (27.81 Mo)

L'entretien est podcasté sur le blog ci-dessus.

Verbatim Express

Sur l'affaire Leonarda
  • Il faut bien mesurer ce que cela signifierait si Leonarda revenait en France : il faudrait que sa famille revienne aussi, parce que c'est une mineure, elle a quinze ans. Cela voudrait dire que quiconque a un enfant scolarisé en France, peut y faire venir toute sa famille, peut y venir lui-même. C'est la porte toute grande ouverte à une immigration sans-contrôle.
  • Je ne connais pas de pays qui n'ait pas un droit régissant l'établissement sur son sol. Tout pays a le droit de déterminer qui peut séjourner sur son sol et qui ne le peut pas durablement.
  • Je pense que les Français sont très attentifs à la décision que le gouvernement va prendre. Moi je n'oublie pas que les classes populaires dans notre pays souffrent. Elles demandent à être protégées contre le chômage, contre la pauvreté, la misère, mais aussi contre la délinquance et contre une immigration qui, qu'on le veuille ou non, pèse sur le marché du travail. Car si l'immigration est libre, naturellement, on le voit bien dans le secteur des services, dans l'agro-alimentaire breton, tout cela a des conséquences : si on peut employer des gens en les payant pas très chers, tous les acquis sociaux sont évidemment menacés.
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