Dépêche AFP, jeudi 4 juin 2015, 21h01.
Trois anciens ministres de l'Education, François Bayrou, Jean-Pierre Chevènement et Luc Ferry ainsi que trois intellectuels demandent le retrait de la réforme du collège et un "débat républicain", dans une tribune à paraître vendredi.
Cet appel "pour un collège de l'exigence" qui est publié vendredi dans toute la presse quotidienne régionale, est également signé par l'essayiste Pascal Bruckner, l'éditorialiste de Marianne Jacques Julliard et le philosophe Michel Onfray. Ils invitent les citoyens à signer leur texte sur internet. "Nous n'acceptons pas l'affaiblissement des disciplines au profit d'une interdisciplinarité floue, sans contenu défini, dont les thèmes sont choisis selon la mode et l'air du temps, imposés autoritairement et uniformément par le ministère, conduisant au +zapping+ pédagogique", écrivent-ils. "Nous n'acceptons pas que l'égalité des chances soit confondue avec l'égalitarisme niveleur et se résume à la suppression de tout parcours d'excellence", poursuivent-ils. Ils estiment que "les victimes de ce renoncement, ce seront d'abord les enfants de milieux populaires ou défavorisés pour qui l'école est le seul recours, car ils ne peuvent avoir accès aux cours privés et aux leçons particulières de leurs camarades plus favorisés". Ils défendent "la notion d'élitisme républicain pour que chacun puisse aller au bout de ses capacités".
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le 5 Juin 2015 à 12:43
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Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de Radio Classique et LCI, vendredi 5 juin 2015. Il répondait aux questions de Guillaume Durand.
A propos de la pétition (1) lancée contre la réforme du collège
François Bayrou, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Luc Ferry, Jacques Julliard, et Michel Onfray ont décidé de s'exprimer ensemble contre la régression qu’engage la réforme annoncée du collège. Ils vous invitent à soutenir cet appel pour obtenir le retrait du décret de « réforme » du collège.
Pétition adressée à M. le Président de la République
Professeurs, écrivains, anciens ministres de l’Education Nationale, citoyens d’options politiques et personnelles différentes, nous sommes engagés pour défendre et servir l’école républicaine. Nous décidons de nous exprimer ensemble contre la régression qu’engage la réforme annoncée du collège. Tous les élèves ont besoin d’une Ecole forte et structurée pour réussir. Ecole forte, parce qu’elle affirme sa mission de transmettre des connaissances et des valeurs. Ecole structurée, parce qu’elle donne toute sa place aux savoirs disciplinaires. Nous n’acceptons pas l’affaiblissement des disciplines au profit d’une interdisciplinarité floue, sans contenu défini, dont les thèmes sont choisis selon la mode et l’air du temps, imposés autoritairement et uniformément par le ministère, conduisant au « zapping » pédagogique. L’échange entre disciplines est fécond et mérite mieux que ces faux-semblants. Nous n’acceptons pas que l’égalité des chances soit confondue avec l’égalitarisme niveleur et se résume à la suppression de tout parcours d’excellence. ActualitésLes actes du colloque du 20 avril 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Tribune de Jean-Pierre Chevènement dans La Croix, vendredi 29 mai 2015.
Le rejet du projet de traité constitutionnel européen par le peuple français, par 55 % des suffrages exprimés, a exercé sur le gouvernement français un effet de tétanie jusqu’à l’élection présidentielle de 2007. Il est vrai aussi que le camp du non n’a pas su proposer une alternative sérieuse, faute que son candidat naturel, Laurent Fabius, se soit porté candidat à l’élection présidentielle de 2007.
Candidat à l’élection présidentielle de 2007, Nicolas Sarkozy prétendait surmonter la difficulté par un « court traité ». En fait, le traité de Lisbonne, adopté en 2008 quand il fut élu président, a repris la quasi-intégralité du texte du « projet de traité constitutionnel », répondant ainsi au vœu exprimé par Angela Merkel d’en voir préservée « la substance ». Un Congrès fut réuni à Versailles pour adopter à la majorité des deux tiers la révision constitutionnelle nécessaire. Il faut le dire : ce véritable déni de démocratie n’a été rendu possible que par l’accord de l’UMP et du PS, et d’abord de leurs chefs. Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque "François Mitterrand et la Défense", Ecole militaire, mercredi 20 mai 2015.
I – La fin de la guerre froide [0]
Les positions de François Mitterrand, tout au long de la guerre froide, sont bien connues. François Mitterrand était hostile au communisme et à l’URSS mais pas à la Russie. Il appuie Kohl et l’OTAN dans la crise des euromissiles en février 1983, à la veille des élections générales en Allemagne qui opposent Kohl (SPD-Verts) à Oskar Lafontaine et à sa coalition pacifiste (SPD-Verts), ce qui renvoie à deux schémas de réunification de l’Allemagne très différents, au sein ou en dehors de l’OTAN. La chose à l’époque est passée inaperçue. Elle permettra la réunification-absorption de 1990. Mais, François Mitterrand va faire bon accueil en 1985, à Gorbatchev et à sa pérestroïka. Il fait le pari de la sincérité de Gorbatchev mais doute que le communisme soit réformable. Aussi va-t-il maintenir une posture de grande prudence sur le plan militaire vis-à-vis de l’Union Soviétique. Car qui peut savoir si Gorbatchev réussira et de quoi demain sera fait ? Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au quotidien Le Figaro, mardi 19 mai 2015. Propos recueillis par Caroline Beyer.
Le Figaro : Vous êtes opposé à la réforme du collège. Pour quelles raisons ?
Jean-Pierre Chevènement : L’école souffre depuis longtemps d’une incessante « réformite ». Pourtant, l’école a besoin de stabilité. Et les élèves issus de milieux modestes ont avant tout besoin d’une école structurée. Sa mission fondamentale est la transmission des savoirs et des valeurs républicaines. Cela ne va pas sans effort. Or, la « réforme » va toujours dans le même sens : le laxisme, au prétexte de l’ouverture et du « suivi personnalisé ». Cette réforme du collège diminue les horaires des disciplines pour promouvoir des enseignements pratiques interdisciplinaires. Or, il n’y a de véritable interdisciplinarité que sur la base de savoirs disciplinaires maîtrisés. Selon François Hollande, « il n’y a pas de raison qu’il y ait du statu quo à l’école, alors qu’il n’y a pas de statu quo dans les entreprises ». Que pensez-vous de cet argument ? François Hollande méconnaît la spécificité de l’école : c’est, en France, une institution de la République et non la juxtaposition d’établissements qui définissent eux-mêmes leur projet. Cette thèse, c’était celle de Luc Chatel. Le philosophe Alain voulait faire de l’école républicaine « un sanctuaire ». Nous en sommes loin !
L’entretien que M. Michel Lussault, président du Conseil National des programmes scolaires, donne au Monde du 14 mai dernier, m’inspire une réflexion spontanée : M. Lussault n’a pas l’air de savoir que l’Ecole, en France, est l’Ecole de la République et qu’à ce titre sa plus belle mission est de former des citoyens. Il a oublié la phrase de Michelet : « La France est une personne … » que les fondateurs de l’Ecole républicaine, eux, avaient bien comprise et que n’auraient reniée ni Jaurès, ni De Gaulle, ni Mendès-France. Qu’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore, le rejet de la nation est dans l’air du temps.
M. Lussault s’en prend d’emblée à « une hypothétique belle et bonne histoire de France ». « Faut-il, ajoute-t-il, un enseignement allégorique, enseignant une nation française mythique qui n’a jamais existé ? ». Et de s’en prendre au « roman national » : « Il y a quelque chose de dérangeant dans l’idée récurrente de vouloir faire de l’Histoire un « roman national ». Cela renvoie à une conception de l’Histoire qui ne serait plus un outil de lucidité ». |
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