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"On promeut des réformes qui vont toujours dans le même sens: casser l'école publique"


Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Radio Classique et LCI, vendredi 5 juin 2015. Il répondait aux questions de Guillaume Durand.


A propos de la pétition (1) lancée contre la réforme du collège
  • Ce n'est pas seulement la réforme dite Belkacem : c'est une réformite permanente qui, exerçée sur la longue durée, par des gouvernements de droite ou de gauche, aboutit à rabaisser le niveau de l'école publique. La solution est de revaloriser l'école publique.
  • Une école publique forte, structurée, où on apprend des choses, c'est le recours pour les enfants des classes populaires. C'est le recours qu'ils ne trouveront pas ailleurs, en dehors de l'école.
  • Quand l'école publique va mal, les enfants des classes les plus favorisées se tournent vers les précepteurs, les cours ou les écoles privées, et je constate que ce qui est en train de se passer.
  • On promeut des réformes qui vont toujours dans le même sens : casser l'école publique.

  • Il faut toujours le rappeler : en France, l'école est une institution de la République.
  • Essayons de comprendre ce dont il s'agit : on va diminuer de 20% les horaires des disciplines pour les affecter à des programmes interdisciplinaires très vaguement définis. C'est tout et rien ! Cela veut dire qu'on va vers une interdisciplinarité chewing-gum. L'interdisciplinarité n'aurait de sens que si les savoirs disciplinaires étaient convenablement maîtrisés. Or on va affaiblir les horaires, et par conséquent l'exigence !
  • Il y a une tension interne à l'école entre l'exigence de démocratisation, que j'ai porté (j'ai lancé le mot d'ordre de 80% d'une classe d'âge au niveau du bac mais pas au bac, je ne voulais pas qu'on rabatte en quoi que ce soit le niveau d'exigence) et puis d'autre part il y a la qualité. Chacun doit pouvoir aller au bout de ses capacités !
  • Je suis contre cette affreuse démagogie populiste qui veut qu'il n'y ait plus de redoublement. Tout cela est absurde ! Quant un enfant n'a pas acquis la maîtrise élémentaire de la lecture et de l'écriture, il faut lui demander de l'acquérir.
  • Je n'en appelle pas à une « manif » : j'appelle au retrait du décret, au dialogue, à quelque chose qui permettrait de se comprendre. Il ne faut pas opposer l'objectif de démocratisation, qui est acquis, et celui de la qualité. L'école publique doit rester une école de la qualité.

    Sur la situation politique de la gauche
  • Une tendance est observable : dès lors que la gauche a renoncé à porter un projet social ambitieux – pour toutes les raisons que nous savons : Maastricht, la monnaie unique, le TSCG – à partir de ce moment là, on fait dans le sociétal, et on demande à l'école de remplacer un plan d'ensemble qui porterait à la fois sur l'activité économique, le logement, sur beaucoup d'autres choses ! On demande tout à l'école, on lui fixe des objectifs inaccessibles, donc on démoralise les enseignants et les élèves, et les parents d'élèves, qui croient que par l'école on peut tout résoudre. Mais ce n'est pas vrai.
  • Le PS a donné la priorité au sociétal sur le social, faute d'avoir su prendre toute la distance nécessaire avec la manière dont se faisait la construction européenne.
  • Le Président de la République, dans les institutions de la Vème République, est forcément légitime jusqu'en 2017. Le PS s'est mis au pas. Les frondeurs sont les très lointains héritiers du roi David, parce que leur fronde n'ira plus loin. Je regarde ce qui les différencierait du point de vue du logiciel de la majorité du PS, et il n'y a pas de différence. Donc ils ne peuvent pas faire de propositions réellement alternatives.
  • On ne sait pas si c'est la logique : le Président dira lui-même s'il se représente ou pas. Il a quand même multiplié les précautions. Il le dira à la fin de 2016. A ce moment-là il lui reste une autre possibilité, que je ne veux pas évoquer davantage.

    Grèce, Ukraine
  • Sur l'affaire grecque comme sur la crise ukrainienne, la France aurait une voix distincte à faire entendre, mais naturellement, dans le dialogue avec l'Allemagne.
  • Il faudrait expliquer que finalement, une sortie de la Grèce de la monnaie unique n'est pas catastrophique si elle est assistée, parce que la Grèce retrouverait des marges de compétitivité et de développement, et d'autre part sur la crise ukrainienne, ne faut-il pas constater que c'est Kiev qui bloque l'application des accords de Minsk II ?
  • Le volet politique ne s'applique pas parce que Kiev ne veut pas l'appliquer, et on tape sur les russes, on veut reconduire les sanctions... Ces sanctions sont dirigées contre nous, européens, autant que contre la Russie.
  • Je pense que il faudrait que la France se souvienne des leçons que lui a donné jadis le général de Gaulle : l'indépendance.

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    (1) Voir : "Pour un collège de l'exigence"


le Vendredi 5 Juin 2015 à 11:50 | Lu 4107 fois



1.Posté par Jules DUNORD le 05/06/2015 16:44
Il y a bien longtemps une de mes grand-mères me disait avoir entendu un pharmacien dans le Nord dire : « il ne faut pas donner de l’instruction aux enfants d’ouvriers, c’est source de problèmes».

Actuellement, les privilégiés essayent toujours d’appliquer ce principe mais ils savent qu’ils ne peuvent pas s’attaquer frontalement à l’école publique. Ils le font donc de manière sournoise en abaissant le niveau. Ils savent qu’ils ne seront pas touchés directement car ils envoient leurs enfants soit dans le privé, soit dans de grands lycées avec collèges, soit en ayant recours à des cours privés payés en partie par l’état car bénéficiant de réductions fiscales.

Le pire est qu’une pseudo gauche applique les même recettes que la droite décomplexée.

Le niveau baisse, les élèves ont du mal à suivre. De plus, pour une pseudo égalité, on ne redouble plus. Pour les nantis bobos, le problème est vite identifié : l’école demande trop aux élèves.

Solution : suppression de certaines matières, ajout de transversalité qui feront passer le temps.

Et par-dessus le marché, la ministre de éducation nationale, naturalisée Française à l’âge de 18 ans (dixit Wikipédia) se permet de dire ce qu’il faut ou non enseigner dans l’histoire de France.
Laxisme quand tu nous tiens !!

2.Posté par linkusama le 20/06/2015 22:35
En tant que professeur agrégé de mathématique, j'essaie tant bien que mal de faire mon métier.
Il est de plus en plus usant de voir dans chaque réforme un réduction des exigences! Le conseil supérieur de l'éducation doit également être démantelé! C'est elle qui participe à la destruction de l'école aidé des gouvernements.

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