Déclaration de République Moderne, juillet 2015.
Notre pays vit une crise historique de longue durée. Cette crise s’est fortement aggravée avec la dérégulation néolibérale, le choix d’une monnaie unique viciée dans son principe même et l’inféodation qui résulte des traités européens de Luxembourg (1987), Maastricht (1992) et Lisbonne (2008). Avec un PNB stagnant depuis 2007, plus de cinq millions de chômeurs toutes catégories confondues, un parti d’extrême-droite à 25 % des voix, notre pays pressent que le gros des secousses est encore à venir.
Pourquoi République Moderne, maintenant ? On aurait pu espérer que ceux qui mènent la même politique depuis quatre décennies s’avisent d’en changer mais force est de constater qu’ils n’en prennent pas le chemin. L’extrême droite se nourrit de la désespérance du peuple mais ne propose aucune alternative crédible, bien au contraire. Son accession au pouvoir, ruineuse pour l’image de la France dans le monde, nourrirait le « clash des civilisations » que souhaitent les fanatiques et serait un mauvais coup porté à notre pays. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de TV5 Monde, mercredi 8 juillet 2015.
Verbatim express :
Jean-Pierre Chevènement était l'invité de BFMTV, mardi 7 juillet 2015. Il répondait aux questions de Nathalie Levy et débattait avec François de Rugy.
Verbatim express :
Première partie
Tribune de Jean-Pierre Chevènement paru dans Le Monde Diplomatique, écrite le 11 mai 2015.
La dissolution de l’Union Soviétique, décidée par Boris Ieltsine, Président de la Russie, et ses collègues ukrainien et biélorusse, s’est déroulée pacifiquement parce que son président, Mikhaïl Gorbatchev, n’a pas voulu s’y opposer. Mais elle était grosse de conflits potentiels : dans cet espace multinational, vingt-cinq millions de Russes étaient laissés en dehors des frontières de la Russie (144 millions d’habitants contre 300 à l’ex-URSS), celle-ci rassemblant au surplus des entités très diverses. Par ailleurs, le tracé capricieux des frontières allait multiplier les tensions entre Etats successeurs et minorités (Haut-Karabagh, Transnistrie – Ossétie du Sud – Abkhazie – Adjarie, etc.). Beaucoup de ces Etats multiethniques n’avaient jamais existé auparavant. C’était notamment le cas de l’Ukraine qui n’avait été indépendante que trois ans dans son Histoire, de 1917 à 1920, à la faveur de l’effondrement des armées tsaristes.
L’Ukraine, un Etat fragile L’Ukraine, telle qu’elle est née le 25 décembre 1991 est un Etat composite. Les régions occidentales ont fait partie de la Pologne entre les deux guerres mondiales). Les régions orientales sont peuplées de russophones orthodoxes. Les côtes de la Mer Noire étaient jadis ottomanes. La Crimée n’a jamais été ukrainienne avant 1954 et une décision de rattachement imposée sans consultation par Nikita Khrouchtchev. Coexistent en Ukraine de nombreuses minorités. La tradition de l’Etat est récente : moins d’un quart de siècle. Les privatisations des années 1990 ont fait surgir une classe d’oligarques qui dominent l’Etat plus que l’Etat ne les domine. La situation économique est très dégradée, l’endettement considérable. La question qui se pose à ses nouveaux dirigeants semble être de savoir si l’Etat ukrainien peut se créer pacifiquement ou seulement à travers un affrontement avec la Russie. L’avenir de l’Ukraine (adhésion à l’OTAN ou neutralité) est ainsi inséparable de la reconfiguration des rapports de forces à l’échelle européenne et mondiale. En 1998, Zbignew Brezinski écrivait déjà que le seul moyen d’empêcher la Russie de redevenir une grande puissance était de soustraire l’Ukraine à son influence. Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, lundi 6 juillet 2015. Il répondait aux questions de Wendy Bouchard et des auditeurs d'Europe 1.
Europe 1 - Europe 1 midi (41.28 Mo)
Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au Figaro, vendredi 3 juillet 2015. Propos recueillis par Alexandre Devecchio.
LE FIGARO : Le premier ministre Alexis Tsipras va soumettre le plan d'aide à la Grèce à référendum. Que vous inspire cette décision ?
JEAN-PIERRE CHEVÈNEMENT : Cela me paraît être une décision démocratique et légitime. Le plan d'aide est très critiquable. Les institutions de Bruxelles auraient pu bouger sur au moins deux volets. D'abord, le volet financier : le premier ministre grec demandait qu'on allonge de cinq à neuf mois la durée du plan d'aide actuel. Cela était tout à fait raisonnable. Ensuite, sur le volet de la dette. Des Prix Nobel d'économie comme Joseph Stiglitz ou Paul Krugman, mais aussi en France le directeur de la recherche et des études de Natixis, Patrick Artus, qui n'a rien d'un gauchiste, s'accordent à reconnaître que la dette grecque, qui représente 177 % du PIB, n'est pas soutenable ni donc remboursable. Il y a une volonté punitive dans ce « plan d'aide » : on voulait par avance donner une leçon au Portugal, à l'Espagne, à l'Italie, voire à la France. Plus largement, il est le symbole de l'échec de la « règle d'or » imposée en 2012 à tous les pays d'Europe après avoir été adoptée par l'Allemagne dès 2009. Mais ce qui vaut pour l'Allemagne ne peut pas valoir pour tous les autres. On touche au vice originel de la monnaie unique qui juxtapose des pays très hétérogènes et fait diverger leurs économies au lieu de les faire converger. Par un mécanisme bien connu, les zones les plus productives ont vu leur production croître tandis que les zones moins compétitives ont vu la leur décliner et se sont donc appauvries. Il y a un défaut de conception au départ dont le résultat était tout à fait prévisible. Certains dirigeants européens se sont agacés de cette décision. Comprenez-vous cette réaction ? Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a dit : « Il n'y a pas de démocratie en Europe en dehors des traités. » Or le traité de Lisbonne reprend la quasi-totalité, la « substance » comme l'a dit M me Merkel, du projet de « traité constitutionnel » qui avait justement été rejeté par le peuple français en 2005 par référendum. Par ailleurs, M. Juncker ne me paraît pas le mieux placé pour mener le combat du oui au référendum grec. En effet, il a été un excellent premier ministre luxembourgeois mais du point de vue du Luxembourg qu'il a organisé, avec succès, comme un véritable paradis fiscal ! Cela ne le qualifie pas pour prêcher la solidarité. Carnet de Jean-Pierre Chevènement
Le dispositif antiterroriste centralisé qu’il a mis en place a montré son efficacité et n’a pas été remis en cause par la gauche.
C’est dans la loi de janvier 1995 sur la police qu’on trouve pour la première fois le mot de police de proximité. C’est ce que j’ai mis en œuvre en 1999-2000 mais que Nicolas Sarkozy a ensuite laissé dépérir. Charles Pasqua était taillé pour les situations difficiles. Ayant fait très jeune ses premières armes dans la Résistance, il a gardé de cette formation précoce quelques méthodes d’action qui lui ont été reprochées. Nul cependant ne lui conteste le talent et l’énergie. Il animait la scène politique. Je n’oublie pas non plus nos combats communs : il est dommage que nous n’ayons pu en 1992 enrayer la mécanique de la monnaie unique dont on voit aujourd’hui les résultats. Charles Pasqua était un patriote. Il a été un grand serviteur de la France
J’apprends avec beaucoup de peine le décès d’Evgueni Primakov, qui fut un grand serviteur de la Russie comme Premier Ministre et plus généralement dans les affaires internationales. Primakov est un nom que l’Histoire n’oubliera pas. A sa famille, à ses proches et au gouvernement russe, j’adresse mes condoléances attristées.
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