Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Dauphiné Libéré paru mercredi 7 décembre 2011
Dauphiné Libéré: Vous serez aujourd’hui à Grenoble pour une visite ciblée “recherche” dans le cadre de votre campagne présidentielle. Quel message comptez-vous délivrer aux chercheurs ?
Jean-Pierre Chevènement: Nous avons besoin aujourd’hui de relancer une grande politique de la recherche qui, même si elle n’a jamais été délaissée, n’a pas reçu les moyens nécessaires en crédits et en hommes pour se développer. Quant au “crédit d’impôt recherche”, que j’avais créé en 1983 lorsque j’étais ministre de la Recherche, je ne le remets pas en question, mais je serai plus attentif à son efficacité et à la manière dont les grandes entreprises l’utilisent effectivement à des fins de recherche. Grenoble est un haut-lieu des nanotechnologies. Quel est votre avis sur ce sujet, parfois polémique ? Jamais je ne remettrai en cause le principe de liberté de la recherche qui est primordial. Et honnêtement, je ne pense pas qu’il faille renoncer aux recherches sur les nanotechnologies. Si elles sont bien encadrées, elles peuvent mener à des avancées considérables, dans tous les domaines, notamment la santé. La peur ne doit pas triompher de la raison. Vous avez aussi une position bien nette sur le nucléaire. Remettre en cause cette filière serait une grave erreur pour la France. Il faut au contraire développer les recherches sur les réacteurs de 4 e génération, qui fabriqueront leur propre combustible. Le prix du kWh nucléaire restera considérablement plus bas que celui des énergies renouvelables, qui sont de surcroît des énergies intermittentes.
Rédigé par Chevenement.fr le 7 Décembre 2011 à 12:46
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Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité du matin sur France Info, mardi 6 décembre 2011. Il répondait aux questions de Raphaëlle Duchemin.
Verbatim express
Le contenu du nouveau traité européen annoncé par Mme Merkel et M. Sarkozy est très grave : c’est l’acte de naissance d’une Europe régressive et disciplinaire. L’adoption d’une règle d’or constitutionnalisée, en fait règle d’airain, proscrivant tout déficit budgétaire sous le contrôle de la Cour de Justice européenne, c’est la garantie de politiques restrictives et récessionnistes prolongées dans toute l’Europe. C’est « la décennie perdue » évoquée par Mme Lagarde à l’horizon 2020.
Des sanctions automatiques, à travers cette innovation juridique que serait l’institution d’une règle de majorité minorée, c’est la mise à l’amende des pays les plus en difficulté. C’est l’Europe disciplinaire. Rien en contrepartie sur le rôle de la Banque Centrale européenne. M. Draghi est seul maître à bord : les peuples n’ont le droit que de se taire. Sur le fond, M. Sarkozy et Mme Merkel se trompent : la crise de la monnaie unique ne vient pas du laxisme budgétaire des gouvernements mais de sa conception même : elle a juxtaposé des pays trop différents par leurs structures économiques, leurs cultures et leurs options politiques.
Tribune de Jean-Pierre Chevènement dans Mediapart, lundi 5 décembre 2011.
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