Dépêche AFP, mercredi 15 juin 2011, 18h44.
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a estimé mercredi que la "légalisation contrôlée" du cannabis, proposée par des députés socialistes dans un rapport, serait un "signal désastreux".
"Aujourd'hui, je pense que ce serait un très mauvais signal donné vis-à-vis de la jeunesse", a estimé M. Chevènement au cours de l'émission Preuves par 3, diffusée sur Public Sénat en partenariat avec l'AFP. Concédant qu'"une vue d’ensemble de ce que cela signifierait du point de vue des drogues dans notre pays" était nécessaire, M. Chevènement a toutefois jugé qu'"il y a des résines de cannabis qui sont aussi dures que les drogues les plus dures, et après le cannabis, nous aurions des trafics de cocaïne, d’héroïne, et vous ne changeriez pas les moeurs des trafiquants, des dealers qui empoisonnent nos cités". L'ancien ministre de l'Intérieur (1997-2000) a en outre estimé que "ce débat a déjà eu lieu à l’intérieur du gouvernement de la gauche plurielle. Il opposait Bernard Kouchner, ministre de la Santé, et moi-même". "Moi, comme ministre de l’Intérieur, j’ai toujours été hostile", a t-il rappelé. Après l'écologiste Stéphane Gatignon, qui a dénoncé le pouvoir mafieux de la drogue dans les "quartiers", la gauche a relancé mercredi le débat sur la dépénalisation du cannabis en prônant, dans un rapport parlementaire, une "légalisation contrôlée" de cette drogue. Afin de "sortir de l'hypocrisie", le groupe de travail du groupe socialiste, présidé par l'ancien ministre de l'Intérieur Daniel Vaillant, préconise la "légalisation contrôlée du cannabis" et la mise en place d'une véritable "filière nationale". Projet d’intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur le projet de loi constitutionnel sur l’équilibre des finances publiques, mardi 14 juin 2011.
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Cette vingt-cinquième révision de la Constitution, la troisième de la législature, va exactement à l’inverse du but proclamé par celle de 2008 de « revaloriser, nous a-t-on dit, les droits du Parlement ».
Depuis toujours le Parlement vote le budget et autorise l’impôt. C’est pour cela qu’il a été fait. Le présent projet de loi constitutionnel vise à soumettre la loi de finances et la foi de financement de la Sécurité sociale à une loi-cadre d’équilibre, nouvel instrument juridique supérieur, dans la hiérarchie des normes, aux lois financières et à la loi ordinaire. Le Conseil Constitutionnel sera systématiquement saisi de la conformité des lois de finances et des lois de financement de la Sécurité Sociale à la loi-cadre (article 9). Première observation : c’est transformer le Conseil Constitutionnel en gardien de la bonne gestion des finances publiques. Vision surréaliste : comment le Conseil Constitutionnel pourrait-il apprécier, à l’horizon de trois ans, la fiabilité des prévisions économiques et budgétaires nécessairement fragiles ? Ces neuf sages, qui n’ont pas la science économique infuse, à supposer qu’elle existe, pourraient déclarer les lois financières inconstitutionnelles si elles ne sont pas conformes aux lois-cadres d’équilibre ! On croît rêver ! Je fais observer, au passage, que ce projet de loi constitutionnel qui prétend figer pour au moins trois ans les équilibres budgétaires est profondément attentatoire aux droits de l’opposition et à l’idée même d’alternance. Nous avons des élections générales en 2012. Si la gauche devait l’emporter, prétendez-vous lui interdire d’appliquer le programme qu’elle aura défini ? Je ne parle pas du programme du parti socialiste, mais de celui, sûrement différent, qu’aura défendu le candidat qu’elle soutiendra devant les électeurs. Le projet de loi constitutionnel est non seulement une atteinte à la démocratie mais aussi au bon sens : si ce projet de loi constitutionnel avait été adopté en 2007, eussiez-vous pu faire voter, en 2008 un projet de loi pour venir au secours des banques, en 2009 un plan de relance pour lutter contre la récession, et en 2010 le lancement d’un grand emprunt pour impulser – insuffisamment d’ailleurs – les secteurs d’avenir ? On vous demande de voter ce projet « quia absurdum ». Parce qu’il est absurde ! Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité dimanche 12 juin 2011 de Soir 3 Politique. Il répondait aux questions de Francis Letellier et Jérôme Dorville.
Verbatim express
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était invité mercredi 8 juin 2011 par Ségolène Royal et Désirs d'Avenir à une "Université Populaire Participative" sur la France et la République. Il a pu exposer les grandes lignes de son livre "La France est-elle finie?". Voici le podcast de son intervention précédée d'un portrait par Ségolène Royal.
Verbatim Express :
Dépêche AFP, mercredi 8 juin 2011, 21h18.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), invité de Ségolène Royal pour une université participative, a affirmé mercredi soir à Paris: "Entre Ségolène et moi, le courant passe".
Invité à parler de "la France et la République" pour cette université populaire participative de son association Désirs d'avenir à la mairie du IVè arrondissement, M. Chevènement a assuré: "Entre Ségolène et moi, le courant passe". "Je partage avec elle une autre conviction, c'est que nous ne devons pas laisser la France, le patriotisme à la droite qui s'en sert, qui l'instrumentalise à ses fins et qui s'est souvent révélée si peu fidèle à la patrie", a-t-il déclaré vivement applaudi, s'exprimant devant un panneau tricolore. Mme Royal a été accueilie par des "Ségolène présidente!" fusant des quelque 400 personnes de l'assistance. "L'objet de cette réunion était un débat sur le projet, ce qui peut rassembler le peuple français", a dit après la réunion M. Chevènement, candidat possible à la présidentielle. Sa présence, un soutien à Mme Royal? "Chaque chose en son temps. On va regarder comment tout cela évolue. Je tiens essentiellement à faire passer des idées. C'est ce que j'ai fait modestement ce soir". Entretien de Jean-Pierre Chevènement au magazine l'Expansion, propos recueillis par Bernard Poulet, 6 juin 2011
Pourquoi les socialistes se sont-ils convertis au néolibéralisme peu après être arrivés au pouvoir, en 1981, se demande Jean-Pierre Chevènement dans son dernier livre, La France est-elle finie ? (Fayard, 315 pages, 19 euros). A l'approche de la présidentielle, l'ancien ministre socialiste explique pour L'Expansion les raisons de ce tournant dont ses anciens camarades ne sont jamais revenus. Au passage, il en étrille quelques-uns.
L'Expansion : Pourquoi pensez-vous que la gauche doit réévaluer l'histoire du tournant économique du début des années 80 ? Jean-Pierre Chevènement : A chaque étape, la gauche n'est repartie qu'en se mettant au clair avec elle-même. Or, en 1981, à l'instar de Christophe Colomb, la gauche française a cru découvrir les Indes - le socialisme -, et elle doit réaliser qu'elle a trouvé l'Amérique - le néolibéralisme. Même si l'environnement international n'était pas favorable, rien n'obligeait les socialistes français à opérer ce tournant néolibéral, ni à aller aussi loin : l'Acte unique européen, négocié par Roland Dumas, et la libération totale des mouvements de capitaux, y compris vis-à-vis de pays tiers, ou l'abandon de la clause d'harmonisation fiscale préalable qui figurait dans le traité de Luxembourg. Ou encore le Matif [Marché à terme international de France], créé en 1984, et la loi de libéralisation financière, en 1985. Tout cela était une manière de mettre Margaret Thatcher au coeur de la construction européenne, d'accepter d'abandonner l'Europe, pieds et poings liés, au capitalisme financier. En critiquant ces choix, je n'ignore pas l'existence du monde extérieur, mais on n'était pas obligé d'appliquer toutes les règles de la doxa néolibérale. On aurait pu maintenir quelque chose ressemblant à une économie mixte. L'Etat pouvait garder la maîtrise de quelques mécanismes de régulation essentiels. L'idéologie néolibérale a fait admettre comme vérité d'évangile que, grâce à la désintermédiation bancaire, les entreprises s'alimenteraient à plus faible coût sur les marchés financiers. L'entrée dans une mécanique irréversible en souscrivant à toutes les dérégulations prévues par l'Acte unique, la libéralisation des mouvements de capitaux, l'interdiction des politiques industrielles et des aides d'Etat, l'introduction de la concurrence dans les services publics, tout cela, personne ne nous le demandait vraiment.
La décision de sortir du nucléaire, que les Verts veulent imposer au PS, serait suicidaire pour la France. J’attends du candidat socialiste, quel qu’il soit, une fermeté exemplaire sur ce sujet qui concerne au premier chef l’intérêt national : celui de notre approvisionnement énergétique et celui d’une des rares filières technologiques d’excellence, où la France se trouve au premier rang mondial, bref un sujet-clé pour l’indépendance nationale.
Fukushima a d’abord été un accident naturel lié à la vague du tsunami qui a noyé les centrales de refroidissement. Aucune décision ne peut être prise en la matière sous le coup d’une émotion même légitime. Le choix de l’Allemagne est désastreux pour l’Europe et d’abord pour elle-même. C’est le charbon qui va remplacer le nucléaire. Bonjour le CO2 ! Je demande un débat républicain dans les deux chambres du Parlement sur ce sujet capital.
Il y a six ans, le peuple français rejetait par 55% des voix le projet de Constitution européenne. Il voyait clair.
Le traité de Lisbonne, voté en 2008 par la majorité UMP appuyée par une majorité de parlementaires socialistes a repris la substance du projet constitutionnel. Cette forfaiture à l’égard du Peuple français s’est doublée d’une erreur majeure : quand quelques mois plus tard, la crise fut venue, l’Europe se trouva fort dépourvue. La crise financière touche aujourd’hui le système de l’euro. Cette crise était contenue dans le vice de conception initial. Le traité de Maastricht a méconnu la réalité irréductible des nations en voulant leur imposer le carcan de la monnaie unique. Celle-ci était une mauvaise réponse à la réunification allemande. Le mark-bis qu’est l’euro convient à l’Allemagne. Il ne convient pas aux autres pays européens. Le traité de Lisbonne a persévéré dans l’erreur. On le constate aujourd’hui : l’attentat contre la démocratie a été doublé d’un contresens historique. |
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