Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Mediapart, publié mercredi 21 décembre 2011.
Mediapart: En étant candidat, vous voulez faire «bouger les lignes». François Hollande vient d'annoncer qu'il voulait renégocier le traité européen et fait un appel au «patriotisme industriel». Cela vous suffit-il?
Jean-Pierre Chevènement. J'apprécie positivement la déclaration de François Hollande au terme de laquelle il renégocierait le traité européen. Ce traité ne répond pas à l'urgence, ne résoud en aucune manière le problème de l'endettement, ne peut manquer d'avoir des effets récessionnistes et d'enfermer l'Europe dans une spirale de déclin. Il porte atteinte à la démocratie et aux droits du parlement... Il y a là un ensemble de décisions qui inaugure l'Europe postdémocratique dont ont parlé Hubert Védrine et Jürgen Habermas. Face à ce traité dont vous pointez les dangers, estimez-vous que la réaction de la gauche est suffisante? Non, parce que j'ai l'expérience du pacte de stabilité, qualifié de super-Maastricht par Lionel Jospin avant les élections de 1997 et auquel nous nous sommes ralliés illico presto. C'était le 18 juin 1997 et je me suis à l'époque tourné vers le secrétaire général du gouvernement (Chevènement est alors ministre de l'intérieur) pour lui demander de bien vouloir inscrire au procès-verbal du conseil des ministres ma ferme opposition à la signature par la France de ce pacte. Jacques Chirac avait à l'époque expliqué qu'il fallait respecter la parole de la France. Mais si le général de Gaulle avait respecté la parole de la France, nous serions toujours dans les structures de l'OTAN -d'ailleurs nous y sommes revenus. S'il avait fallu appliquer bêtement le traité de Rome, il n'y aurait jamais eu de politique agricole commune. Il n'y aurait pas eu de politique de la chaise vide. Il n'y aurait pas eu de droit de veto. On n'a jamais vu sur la scène internationale un gouvernement, démocratiquement élu, qui se sente lié par les engagements pris par son prédécesseur.
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Rédigé par Chevènement.fr le 21 Décembre 2011 à 09:27
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Entretien de Jean-Pierre Chevènement au magazine Causeur paru dans le numéro de décembre 2011
Élisabeth Lévy: Trois d’entre nous ont fait campagne avec vous en 2002, et nous revoilà dix ans après ! Votre candidature à la présidentielle de 2012 nous offre l’occasion de juger ce qu’il reste de nos accords et de nos désaccords.
Commençons par une mauvaise blague : j’ai récemment vu la marionnette de Jospin aux Guignols se plaindre de votre nouvelle candidature ... Vous voulez encore faire perdre la gauche, mon cher Jean-Pierre ? Jean-Pierre Chevènement: Cette question est réglée depuis longtemps. Il me suffit de rappeler mes thèmes de campagne de 2002 : je pense avoir été l’un des rares hommes politiques à dénoncer l’hubris du capitalisme financier, la logique à court terme des marchés et le risque inquiétant de leur omnipotence. Souvenez-vous de l’université d’été du MEDEF (septembre 2001) où j’ai critiqué la théorie de l’acquisition de la valeur par l’actionnaire, ou du discours de Vincennes (9 septembre 2001) où j’ai présenté mes orientations fondamentales, rappelant notamment que l’horizon de l’Histoire, ce n’étaient pas les marchés financiers mais les nations et les peuples. Je prônais déjà l’élargissement des missions de la Banque centrale, le redressement de l’Europe à partir des nations, la restauration d’une politique industrielle impulsée par un Etat stratège, sans compter quelques repères fermes dans des domaines comme l’école, l’immigration et la sécurité. Ma ligne actuelle reste fidèle à ces grands axes. Je n’ai que le tort d’avoir eu raison trop tôt. La crise ouverte en 2008 et plus encore la crise de l’euro auraient dû, en bonne logique, amener les socialistes qui m’ont transformé en bouc émissaire du 21 avril, à réviser leur jugement. Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors du Colloque France Algérie, samedi 17 décembre 2011.
Tout d’abord, permettez-moi de remercier chaleureusement tous les intervenants pour leurs communications toujours pertinentes, souvent émouvantes et riches de propositions innovantes, et particulièrement M. Cherif Rahmani, ministre de l’Aménagement du Territoire, M. Ahmed Ghozali, ancien Premier ministre, et M. Lahkdar Brahimi, ancien ministre des Affaires Etrangères de la République algérienne démocratique et populaire, ainsi que M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre de la République française. Ma gratitude va à tous, écrivains, industriels, cinéastes, journalistes, responsables de grands organismes de recherche ou de grands groupes, anciens ambassadeurs de France en Algérie et particulièrement les intervenants qui ont fait le déplacement d’Alger et d’Oran à Paris. Je tiens à saluer très amicalement la présence de M. Sbih, ambassadeur d’Algérie en France, de M. Ouali, Consul général et des Consuls d’Ile de France, mais aussi celle de M. Xavier Driencourt, ambassadeur de France à Alger. Mes remerciements vont aussi à tous les participants.
Cette rencontre montre qu’il existe quelque chose de puissant, d’indéfinissable mais de palpable que j’appellerai « l’identité franco-algérienne » qui transcende nos appartenances nationales. Même en l’absence de traité, cette identité, plus forte encore que l’amitié, existe dans nos cœurs et par les liens humains si denses qui se sont forgés entre nos deux peuples au cours de l’Histoire et se vérifient dans la vie de tous les jours. 2012 est là, l’année du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie. Naturellement cet anniversaire sera célébré en Algérie. En cinquante ans l’Algérie a plus que triplé sa population. Elle a mis en valeur ses richesses. Elle a modernisé ses infrastructures. Elle a entrepris un effort éducatif considérable. Bien sûr, la décennie 1990 l’a montré, l’Algérie est encore à la recherche d’elle-même, quête normale pour un peuple jeune et pour un pays qui est d’ores et déjà un des grands « émergents » du XXIe siècle. Pour la France aussi, 1962 est une date marquante de son histoire. Certains ont vécu l’indépendance algérienne comme le signal d’un repli de la France sur l’Europe, dont la construction semble être devenue le dernier grand projet de ses élites. Mais beaucoup d’autres y voient non pas un désengagement mais le début d’une relation nouvelle, d’égal à égal avec l’Algérie et ne conçoivent pas l’avenir de la France sans le nécessaire équilibre entre les différents tropismes qui ont façonné son histoire, le tropisme continental et l’appel du grand large mais aussi le tropisme vers le Sud, la Méditerranée et l’Afrique. Dépêche AFP, mercredi 14 décembre 2011, 13h00.
Jean-Pierre Chevènement, candidat MRC à la présidentielle, a, dans une interview au Monde, mis en garde mercredi François Hollande contre un éloignement des couches populaires comme celui qui s'était creusé, à ses yeux, avec Lionel Jospin.
Comme le Monde daté de jeudi lui fait observer qu'il ménage beaucoup plus le candidat PS de 2012 que celui de 2002, le sénateur de Belfort observe, à propos de M. Hollande: "il tient compte d'une crise qui, malheureusement, a validé mes analyses de 2002". "Le plus grand danger pour lui serait de laisser se recréer la même distance qui s'était creusée avec les couches populaires", avertit-il. "Dix millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Beaucoup d'autres sont inquiets pour l'avenir de leurs enfants et aspirent à la sécurité sous toutes ses formes. Ces Français-là, on ne peut se contenter de les traiter de beaufs", argumente l'ancien ministre. Il assure avoir déjà réuni 300 promesses de signatures de parrainage, sur les 500 requises pour participer à la course présidentielle. Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien Le Monde, édition du jeudi 15 décembre 2011.
Le Monde: En officialisant votre candidature, le 5 novembre, vous avez dit que celle-ci devait servir à "faire bouger les lignes". Un mois plus tard, les lignes ont-elles bougé?
Jean-Pierre Chevènement: Oui, mais pas dans le bon sens. Sur l'accord signé entre les socialistes et les Verts, j'observe certes que François Hollande a pris quelque distance. Mais je reste très inquiet sur les éventuelles fermetures de réacteurs qui, dans un contexte de crise économique gravissime, n'ont pas de sens. Sur la crise de l'euro, la plupart des candidats n'ont pas pris conscience qu'elle résulte du vice constitutif de la monnaie unique et des écarts croissants de compétitivité entre des pays très différents, et non pas seulement de politiques budgétaires laxistes. Nous avons un euro surévalué qui écrase notre compétitivité. Or, le compromis trouvé à Bruxelles ne dit rien sur la nécessité d'une politique de change qui ramènerait l'euro à sa parité de lancement. Que pensez-vous des récentes prises de position de François Hollande sur l'Europe? Il a évoqué le rôle que doit jouer la Banque centrale européenne i[[BCE]]i pour intervenir sur le marché de la dette et soutenir la croissance, ce qui est positif. Mais il ne s'est pas assez étendu sur les conditions qui permettraient un retour à la croissance, à savoir une vraie politique de change, un plan d'investissement à l'échelle européenne et une relance salariale qui tienne compte des écarts de compétitivité entre les pays. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de l'Interview Europe 1 Soir, mardi 13 décembre 2011. Il répondait aux questions d'Arlette Chabot et Nicolas Poincaré
Dépêche AFP, mardi 13 décembre 2011, 20h28.
Jean-Pierre Chevènement, candidat MRC à la présidentielle, a ironisé mardi sur la "concurrence démagogique" des responsables politiques sur le "produire en France", à l'occasion du déplacement de Nicolas Sarkozy sur le thème de la réindustrialisation.
"Je m'amuse aujourd'hui, et je pourrais dire que je m'indigne dans mon for intérieur, de voir tous ces hommes politiques qui étaient partisans, à l'époque, du franc fort puis de l'euro surévalué (...) et qui sont les responsables de la situation actuelle" prôner le "produire en France", a-t-il déclaré sur Europe1. "Je regarde la concurrence démagogique de tous ces hommes politiques qui ont une responsabilité écrasante et je dis, que pour sortir de l'ornière, il vaut mieux ne pas faire confiance à ceux qui nous y ont mis", a ajouté le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen, qui a souligné que lui-même "achetait français" et avait "une 308 Peugeot et une Clio Renault". "Une monnaie moins chère est la condition principale de la réindustrialisation de la France" de même qu'une "politique plus favorable aux PME", a ajouté M. Chevènement pour qui "c'est un travail sur 20 ans, 30 ans qui n'a pas été fait". Dépêche AFP, mardi 13 décembre 2011, 20h27.
Jean-Pierre Chevènement, candidat MRC à la présidentielle, a estimé mardi que François Hollande avait "tout à fait raison" de vouloir renégocier le traité européen prôné par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
"François Hollande a tout à fait raison, ce traité doit être renégocié parce qu'il est déséquilibré, parce qu'il donne comme perspective une Europe disciplinaire, avec l'austérité à perpétuité" et constitue "une grave atteinte à la souveraineté de la France", a-t-il déclaré sur Europe 1. "Il faut qu'il appuie sa demande sur la perspective d'un référendum et je pense que d'ailleurs, (puisqu'il) aura été élu président de la République, il (pourra) s'appuyer sur un référendum. Il faut amener nos amis allemands à faire preuve de moins de rigidité", a ajouté le président d'honneur du MRC. "L'euro est un mark bis (...) C'est une erreur, on ne le dira jamais assez", a dit M. Chevènement. |
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