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Chevènement: pourquoi je suis encore candidat


Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Mediapart, publié mercredi 21 décembre 2011.


Chevènement: pourquoi je suis encore candidat
Mediapart: En étant candidat, vous voulez faire «bouger les lignes». François Hollande vient d'annoncer qu'il voulait renégocier le traité européen et fait un appel au «patriotisme industriel». Cela vous suffit-il?
Jean-Pierre Chevènement.
J'apprécie positivement la déclaration de François Hollande au terme de laquelle il renégocierait le traité européen. Ce traité ne répond pas à l'urgence, ne résoud en aucune manière le problème de l'endettement, ne peut manquer d'avoir des effets récessionnistes et d'enfermer l'Europe dans une spirale de déclin. Il porte atteinte à la démocratie et aux droits du parlement... Il y a là un ensemble de décisions qui inaugure l'Europe postdémocratique dont ont parlé Hubert Védrine et Jürgen Habermas.

Face à ce traité dont vous pointez les dangers, estimez-vous que la réaction de la gauche est suffisante?
Non, parce que j'ai l'expérience du pacte de stabilité, qualifié de super-Maastricht par Lionel Jospin avant les élections de 1997 et auquel nous nous sommes ralliés illico presto. C'était le 18 juin 1997 et je me suis à l'époque tourné vers le secrétaire général du gouvernement (Chevènement est alors ministre de l'intérieur) pour lui demander de bien vouloir inscrire au procès-verbal du conseil des ministres ma ferme opposition à la signature par la France de ce pacte.

Jacques Chirac avait à l'époque expliqué qu'il fallait respecter la parole de la France. Mais si le général de Gaulle avait respecté la parole de la France, nous serions toujours dans les structures de l'OTAN -d'ailleurs nous y sommes revenus. S'il avait fallu appliquer bêtement le traité de Rome, il n'y aurait jamais eu de politique agricole commune. Il n'y aurait pas eu de politique de la chaise vide. Il n'y aurait pas eu de droit de veto. On n'a jamais vu sur la scène internationale un gouvernement, démocratiquement élu, qui se sente lié par les engagements pris par son prédécesseur.

Faites-vous confiance à François Hollande pour ne pas reproduire Jospin?
C'est une bonne question... Je pense que cela va beaucoup dépendre de la configuration de forces dans un contexte politique radicalement nouveau. Car nous sommes entrés dans une crise profonde depuis 2008. Un gouvernement qui procéderait d'une majorité de gauche ne pourrait pas aller aussi durement et bêtement contre les aspirations de ceux qui lui ont fait confiance.

Confiance modérée donc?
Confiance modérée, oui, mais je fais confiance à la logique des situations.

Vous êtes, à cette élection présidentielle, le seul candidat déclaré à avoir participé à la fondation du PS d'Epinay, avant de le quitter. Quel regard portez-vous sur l'évolution de ce parti aujourd'hui, y compris sur les affaires touchant plusieurs fédérations?
Je n'ai pas tendance à idéaliser le passé. Le PS a toujours fonctionné sur un système de sections et de fédérations qui épousaient étroitement les fiefs électoraux de Pierre, Paul ou Jacques. Mais la sociologie du PS a beaucoup changé. C'était un parti de vieux ouvriers, d'employés ou de professeurs, et je ne conteste pas la rigueur et l'honnêteté de ces militants que j'ai connus jadis. Ils se rappelaient des querelles des années 1920 ou 1930 sur la prise du pouvoir ou sur la gestion du capitalisme. Est-ce le moment pour le PS de venir au pouvoir? Est-ce encore un parti qui a une doctrine? Même la SFIO se flattait encore d'en avoir une... Aujourd'hui le PS ne se pose plus ce genre de questions: le pouvoir est désirable en soi. Cela n'a jamais été vraiment ma conception: je reste de ce point de vue là un vieux socialiste.

Depuis cette époque, toute la gauche a été irriguée par le paradigme écologique. Vous semblez être encore le seul à y résister. Pourquoi?
Parce que je le replace dans un combat culturel qui structure toute l'histoire de l'Occident. la contestation des valeurs de la connaissance commence avec Eve qui dérobe la pomme sur l'arbre de la connaissance. Elle commence avec Prométhée qui a volé le feu aux dieux pour le donner aux hommes. J'éprouve une certaine méfiance à l'égard de cette soumission à une entité plus forte que l'homme, qu'on peut appeler Dieu ou la Nature. Je reste fidèle à la tradition cartésienne celle du doute méthodique.

C'est en Allemagne à la fin de la Seconde guerre mondiale qu'émerge une réflexion légitime sur les raisons ayant pu conduire à un déraillement complet de l'histoire allemande. C'est Hans Jonas qui écrit un livre intitulé Le principe responsabilité qu'il oppose au principe d'espérance d'Ernst Bloch. En fait, le principe de responsabilité, c'est le principe de précaution: on ne doit rien faire sans en avoir analysé toutes les conséquences. Ce principe n'a aucune valeur scientifique. Il nous ramène au proverbe de nos grands-mères: "Deux précautions valent mieux qu'une".

C'est un principe d'immobilisme, une idéologie de la peur dont je constate les ravages dans des domaines très divers. Cela concerne par exemple les nanotechnologies où les scientifiques sont conscients de travailler dans un contexte hostile. De même avec les OGM. Qui sait en France que la superficie cultivée en OGM dans le monde représente cinq fois la superficie de la France, et qu'on a d'ores et déjà mis au point des variétés beaucoup plus résistantes, qui peuvent se contenter d'une très petite quantité d'eau et peuvent, par conséquent, vaincre la malnutrition? Il y a énormément de préjugés.

Aujourd'hui, on est tout à fait à la mode quand on a une moustache et une pipe et qu'on s'inscrit contre des idées de ce genre! Et ce que je dis là vaut pour le nucléaire ou les ondes électromagnétiques. Il n'y a guère de domaine qui échappe à cette suspicion généralisée. C'est l'idéologie du déclin. Elle traduit les deux guerres mondiales et le doute profond qui s'est emparé de tous nos pays, notamment de l'Allemagne. Je me méfie de la technophobie, de l'idéologie anti-science.

Vous n'êtes pas ébranlé par une catastrophe comme Fukushima ou par le rôle joué par des multinationales comme Monsanto dans la privatisation des brevets?
Je ne nie pas que les grands groupes ont des stratégies d'appropriation. Je suis aussi tout à fait contre la logique de sous-traitance dans le nucléaire. S'agissant de Fukushima, c'est un accident qui est dû à l'insufffisance des mesures de sécurité. La vague très haute est allée jusqu'à 23 mètres, alors que le mur de protection n'était que de 7 mètres. Tepco (le groupe nucléaire japonais) n'a pas pris les mesures de sécurité nécessaires, pas plus que l'autorité de sûreté qui est une émanation du ministère et qui est dans les mains du Medef japonais... Il faut tirer de Fukushima les leçons qui méritent de l'être.

Par ailleurs, on sait désormais que la réduction des zones contaminées prendra entre 10 et 20 ans. Cela ne veut donc pas dire qu'on n'y arrivera pas. J'ajoute que le nombre de morts dans l'industrie charbonnière oscille chaque année entre 2.000 et 3.000. Fukushima, c'est un mort ou deux -je parle de l'accident nucléaire, je ne parle pas du tsunami qui a fait 30.000 vicitimes. Il faut toujours raison garder. L'idéologie de la peur ne doit pas triompher.

Le nucléaire est une énergie qui n'émet pas de gaz à effet de serre et qui est bon marché. Le jour où les Français seront confrontés à une augmentation de 30% de leur facture d'électricité, je ne suis pas sûr qu'ils soient d'accord! J'ajoute que nous avons une balance commerciale avec 75 milliards de déficit. Or la fermeture d'un tiers de nos réacteurs aboutit à un alourdissement de notre balance commerciale de 12 milliards...

Mais le recours à la sous-traitance dans le nucléaire ou la privatisation des brevets sont le produit de décisions politiques. En ces temps de rigueur budgétaire et de déréglementation, quelles garanties pouvez-vous avoir que le contrôle sera suffisant?
En matière nucléaire, c'est très facile car on répercute dans le prix de l'électricité les précautions que l'on va prendre. Les Etats, et la commission de Bruxelles encore moins, ne reculent jamais devant les prescriptions relatives à la dépollution de l'eau, à l'accès des bâtiments publics par les handicapés... Tout cela coûte horriblement cher et j'observe que nous avons des autorités prescriptrices qui produisent constamment des normes, qui ensuite doivent être satisfaites dans des conditions de plus en plus difficiles par les collectivités. En matière nucléaire, le fait qu'on puisse incorporer dans le prix le coût du renforcement des normes règle le problème.

Quelles différences voyez-vous entre votre candidature et celle de Jean-Luc Mélenchon qui reprend certaines thématiques patriotiques, revendique le socialisme historique et appelle à une renégociation profonde des traités européens?
Ma démarche est plus enracinée dans le temps. Mélenchon a fait beaucoup de progrès, et je l'en félicite, depuis l'époque où il a voté pour le traité de Maastricht.

Mais il a voté "non" au référéendum de 2005 sur le projet de traité constitutionnel européen...
Il a beaucoup progressé depuis dix ans. Son chemin de Damas est relativement récent. Mais la principale critique que je fais à Mélenchon, en dehors de prises de position démagogiques comme la sortie du nucléaire ou la régularisation générale de tous les étrangers sur notre sol, est son approche de la souveraineté nationale. J'y vois, pour ma part, le point d'appui indispensable pour que la France puisse exercer un effet de levier dans l'Europe et dans le monde.

Si nous nous laissons emprisonner dans un réseau d'obligations juridiques ou de faits qui nous empêchent d'agir, nous ne pourrons plus agir dans le sens du redressement de la construction européenne ou du témoignage pour un monde qui s‘inspirerait des valeurs républicaines dont la France est l'héritière. Je pense que la France représente un patrimoine assez précieux pour ne pas être dilapidé. Je ne le dis pas par un patriotisme désuet, mais dans une perspective gramscienne.

Mélenchon, lui, peut être tenté de céder à une certaine phraséologie fédéraliste européenne, qui ne repose pas sur une analyse rigoureuse des rapports de forces. La souveraineté nationale, pour moi, c'est la condition d'une action politique internationale. Le patriotisme et l'internationalisme vont de pair. La souveraineté nationale peut très bien se conjuguer avec certaines délégations de compétences, dès qu'elle reste démocratiquement contrôlée. De ce point de vue, le conseil européen est un progrès par rapport à la commission car y siègent les gouvernements démocratiquement légitimes.

Vous qui avez été perçu par les socialistes comme un des principaux responsables du 21 avril 2002, quel regard portez-vous sur ces appels au vote utile lancés dès le début de la campagne de François Hollande?
Il y a là un relent de jospinisme. C'est faire totalement l'impasse sur le débat de fond. Quand on est candidat à la présidence, il faut que les Français sachent comment on voit l'avenir de la France. Je revendique pleinement la thématique qui était la mienne en 2002: la critique des marchés financiers. Ils ne sont pas l'horizon de l'histoire. Ce sont les peuples et les nations qui en sont les acteurs. Je propose de redresser l'Europe, d'élargir les missions de la BCE, de renouer avec une politique industrielle, de poser en tous domaines des repères fermes, dans l'éducation, la sécurité ou l'intégration des immigrés.

Une pensée de gauche doit être une pensée structurée, qui ne doit pas se dissoudre dans des formulations trop floues. Je n'aime pas cette conception du vote utile: la gauche doit avoir un discours articulé, elle doit élever la conscience des citoyens. C'est la raison pour laquelle je suis candidat. Et je pense être légitime pour le faire, étant donné l'ancienneté de mon opposition au tournant libéral, dès 1983, à la politique de la monnaie forte, à l'abandon de la politique industrielle, à l'application de l'acte unique à travers la libération des mouvements de capitaux, puis à la monnaie unique en 1992, qui m'a amené à quitter le PS. Il y a une certaine logique à mon parcours.

En 2002, vous aviez fait appel aux "républicains des deux rives", provoquant des tensions au sein même de votre courant. Rediriez-vous la même chose aujourd'hui?
Oui. Y a-t-il une si grande distance entre ces deux rives? Entre ce que dit Dupont-Aignan et ce que je dis? Peut-être ai-je sur la monnaie unique un discours plus argumenté et plus fin, car j'ai bien conscience que la monnaie unique existe. Néanmoins, il y a un socle de valeurs sur lesquelles nous pouvons nous retrouver. Comme je le dis dans un de mes derniers livres, La France est-elle finie?, il y a des valeurs de transmission qui transcendent la gauche et la droite. La gauche est une notion relativement récente puisqu'elle date de la révolution française. Je la prends pleinement en compte mais la France a préexisté à la République, elle a même été la matrice de la République. On peut dire par exemple que l'édit de Nantes est quelque chose qui balise le chemin vers l'affirmation de la liberté de conscience, qui est proclamée par la déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen. Il y a un continuum à notre histoire.

Cela veut-il dire que, pour vous, la question sociale n'est plus suffisamment déterminante pour y voir une différence fondamentale avec Nicolas Dupont-Aignan?
Nicolas Dupont-Aignan se laisserait facilement amené sur des politiques qui reprendraient l'inspiration du Conseil national de la résistance. C'est un gaulliste de gauche.

Comment vivez-vous que certains nationaux-républicains qui vous soutenaient en 2002 nourrissent aujourd'hui les analyses de Marine Le Pen?
Il y a un cas, celui de Bertrand Dutheil de la Rochère. Un autre, Florian Philippot, se réclame de moi mais je ne le connais pas. Il prétend avoir été dans mes comités de soutien en 2002. J'ai obtenu 1,5 million de voix, je n'en suis pas responsable...

Mais il y a aussi Paul-Marie Coûteaux qui a participé à votre campagne en 2002...
Parce qu'il m'a rejoint. Il était député pasquaïen, il est reparti ensuite avec Philippe de Villiers. Cela fait partie des itinéraires complexes. Un candidat, en principe, ne refuse pas les voix qui appellent à voter pour lui. Mais je n'ai pas toujours suivi les avis que me donnait Paul-Marie Coûteaux: j'ai par exemple refusé d'appeler à un moratoire sur l'immigration. Je n'ai jamais été prisonnier de mes soutiens. Quant à l'entourage de Marine Le Pen, il n'y a que Dutheil de la Rochère dont la démarche me paraît suicidaire.

Mais comment l'expliquez-vous? Certains à gauche, y compris des anciens du MRC, explique ce basculement vers l'extrême droite par un abandon de la question sociale...
Ce n'est certainement pas le cas de Dutheil de la Rochère, qui était au Parti communiste. Son itinéraire est très particulier. Je dis souvent qu'entre la droite et la gauche, il y a 1789. Dutheil de la Rochère aurait quelques circonstances atténuantes pour l'avoir oublié, étant donné qu'un de ses ancêtres a probablement dû y perdre le chef.

Pour vous cela reste l'exception d'un parcours politique marginal?
Oui. Car il n'a entraîné personne.

Mais au-delà des rangs stricts du MRC, dans la mouvance national-républicaine, beaucoup de militants de Riposte laïque se sont rapprochés du Front national.
Je ne les connais pas.

Il y a pourtant Christine Tasin qui était au MRC, et qui est une des responsables de Riposte laïque.
Je ne la connais pas. Je suis président de l'association France-Algérie. Je crois qu'il y a une sorte d'entité franco-algérienne qu'il faut soigneusement préserver et qui est un grand atout pour la France et l'Algérie au 21e siècle. Ce qui ne veut pas dire qu'il faut oublier le passé. Il faut l'assumer.

En quoi votre politique d'immigration serait-elle différente de celle de Nicolas Sarkozy?
Je distinguerai davantage circulation et droit du séjour. Je l'ai fait comme ministre de l'intérieur avec Hubert Védrine (ministre des affaires étrangères de Lionel Jospin): nous avons considérablement élargi les possibilités de visa offertes. Sur le droit au séjour, je suis plus restrictif: nous traversons une crise économique grave et nous ne pouvons pas considérer que la France peut renoncer à réglementer le séjour. Je serais plus libéral que M. Guéant s'agissant des étudiants. Des étudiants peuvent travailler en France et ensuite mettre à la disposition de leur pays d'origine l'expérience acquise en France.

Donc vous êtes d'accord avec le durcissement des conditions du séjour mis en place par Nicolas Sarkozy, ou les quotas...
Non, on applique la loi, on ne fixe pas des objectifs a priori. Cela n'a pas de sens.

Et sur le séjour?
Je ne peux pas répondre en général. Mais moi, je n'ai pas peur de l'étranger. La France a une capacité d'accueil et d'intégration qui reste puissante, bien que je sois sensible à la montée des communautarismes. Je suis pour une politique d'intégration qui veut qu'on demande à ceux qui veulent acquérir la nationalité française de savoir quelques mots de français. Mais cela s'apprécie au cas par cas. Car si un grand scientifique demande à devenir français, même s'il ne le parle pas parfaitement, je serais tout à fait d'accord pour qu'on lui donne la nationalité. Je suis le ministre qui a ouvert le CNRS aux étrangers. Je ne dis pas cela pour les postiers, les cheminots etc. Une politique d'immigration intelligente consiste à attirer en France tous ceux qui peuvent servir son rayonnement.

La gauche peut-elle aujourd'hui renouer avec les milieux populaires, notamment avec cette France des déclassés qui touche les classes moyennes, souvent périurbaines et blanches, sans avoir un discours sur la laïcité ou l'immigration?
Je suis issu d'une famille d'instituteurs et d'ouvriers: je n'ai aucun problème à avoir un contact avec les Français de base. J'en suis un. Il faut tenir à ces Français qui vivent difficilement un discours qui les rassure, qui leur offre la sécurité qui leur manque en terme de pouvoir d'achat, d'emploi, de logement, d'école. Un discours de sécurité vis-à-vis de la délinquance au quotidien.

C'est aussi ce que j'ai fait comme ministre de l'intérieur. On m'a reproché l'emploi de l'expression de sauvageons parce que les gens ne parlent plus le français. C'est un très vieux mot qui désigne un arbre non greffé, dont j'évoquais le manque d'éducation. Beaucoup de choses se ramènent à un manque d'éducation, de savoir-vivre, de politesse -toutes ces valeurs de transmission qui transcendent la gauche et la droite, mais que la gauche ferait bien de reprendre à son compte.

Vous vous êtes déjà expliqué sur votre logement parisien. Mais ne pensez-vous pas que cela puisse choquer l'électorat populaire?
Je savais qu'en étant candidat, je m'en prendrais plein la gueule. Cette affaire a éclaté trois jours après ma déclaration de candidature! A propos d'un logement que j'occupe depuis 28 ans... Je l'ai obtenu quand j'ai quitté le ministère de la recherche et de l'industrie, pour ne pas avoir à déménager et à changer d'école mes enfants qui étaient jeunes. A l'époque, je ne m'en suis pas occupé, c'est ma femme qui s'occupe de ces choses-là. Tout locataire qui est dans ses meubles depuis un certain nombre d'années ne paie pas le loyer de la spéculation, surtout dans des quartiers où elle est galopante. Et je n'appartiens pas au logement social comme mes adversaires essaient de le faire croire, mais au patrimoine libre de la Ville de Paris. Cela prouve jusqu'où va un certain esprit de vindicte. Tout cela est assez triste...

Certains parmi vos amis socialistes disent que vous êtes candidat pour obtenir des circonscriptions pour vos proches. On sait déjà que le PS en a réservé 4 ou 5 pour le MRC...
Vous me l'apprenez. C'est une initiative propre au Parti socialiste. Il n'y a aucun accord aujourd'hui entre le MRC et le PS.

Ces circonscriptions vous suffiraient-elles?
C'est assez dérisoire pour ce que nous représentons politiquement et historiquement. Sur le 1,5 million de voix qui s'est porté sur moi en 2002, je dois bien en avoir conservé quelques centaines de milliers. Je pense que ma parole peut avoir un poids pendant la campagne. Je ne suis candidat que pour des raisons totalement désintéressées.

Au Sénat, certains disent que votre candidature est aussi liée à la non-obtention d'une présidence de commission après la victoire de la gauche...
Jean-Pierre Bel (le nouveau président PS du Sénat) m'avait laissé entendre que je pourrais être président de la commission des affaires étrangères et de la défense. La décision a été prise dans des conditions qui me sont restées très opaques de donner la présidence à un de mes collègues. Mais il n'y aucune déception de ma part. J'aurais de toute façon été candidat à la présidence de la république.

A quelles conditions pourriez-vous retirer cette candidature dont vos proches disent eux-mêmes qu'elle pourrait ne pas aller au bout?
Il faut qu'on s'entende mieux sur ce que pourrait être la croissance à l'échelle européenne. Comment l'organiser? Comment peser sur l'Allemagne et sur sa psychorigidité en matière monétaire? Nous devons être plus fermes sur la souveraineté de la France et sur l'avenir de la dissuasion nucléaire, sur notre indépendance à la fois militaire et diplomatique. Nous devons avoir une vision plus réaliste et plus souple sur l'Europe. Bien évidemment, l'accord PS-Verts ne nous engagera jamais. Et nous souhaitons que le candidat se souvienne qu'il est candidat à la présidence de la République et non dans une négociation type gauche plurielle. Cette combinaison politicienne ne conduit nulle part.

Propos recueillis par Stéphane Alliès et Lénaïg Bredoux

Source: Mediapart


Rédigé par Chevènement.fr le Mercredi 21 Décembre 2011 à 09:27 | Lu 5061 fois



1.Posté par Marc VESIN le 21/12/2011 11:32
Bonjour Monsieur Chevènement,

Sur la plupart des sujets je partage votre analyse et apprécie votre positionnement en "pivot républicain" qui essaie de ramener le PS à la raison, tout en gardant une attitude ouverte vis à vis des autres sensibilités républicaines depuis Mélenchon à Dupont-Aignan.

Cependant, votre position sur les questions écologiques me semble trop extrême. Accepter la finitude des ressources de notre planète et sa fragilité me semble relever du réalisme et non de l'anti-science. Cela n'implique pas de renoncer au progrès, mais de bien distinguer avancée technique et progrès. Par exemple, il y a à mon sens suffisamment d'arguments pour dire que les OGM ne sont pas un progrès (ne serait-ce que socialement du fait de l'oligopole de quelques semenciers). D'autres solutions techniques (croisements, techniques de cultures) doivent exister dans le respect des humains et de la nature : trouvons les ! Sur le nucléaire aussi : nous en avons effectivement besoin pour au moins quelques dizaines d'années encore, il ne faut pas d'abandon précipité. Par contre nous devons dès maintenant chercher et développer des alternatives à un coût raisonnable et avec un risque moindre (et une filière industrielle Francaise qui va avec).

2.Posté par Judith ARDON le 21/12/2011 14:11
Bonjour,

Un accord avec le PS, dans l'état actuel des choses, n'aurait comme signification qu'un ralliement pour intérêt personnel. Le discours du PS est creux et nous assistons au bal des apparatchiks. C'est totalement déplorable. Mr Chevènement votre début de campagne est raté. Bayrou, lui, n'a pas raté son entrée. Devant la désolation au PS et le constat négatif Sarkozy, les français espèrent encore une solution. Mr Bayrou a prouvé qu'il ne méritait pas ces voix. Comment pouvez-vous faire pour incarner un espoir. Vous ne serez pas l'éminence grise du PS. Auriez-vous de nouvelles et saines alliance à créer pour rebondir?

Assez d'accord avec Mr Vesin. Il faut penser le monde autrement et pas seulement financièrement.

3.Posté par Stéphane GRIM le 21/12/2011 16:14
Monsieur Chevènement,
plutôt qu'un grand texte comme souvent, je vous adresse ces quelques remarques :

1 Pourquoi utiliser les formulations suivantes "Mélenchon a fait beaucoup de progrès, et je l'en félicite, depuis l'époque où il a voté pour le traité de Maastricht" ou "Il a beaucoup progressé depuis dix ans. Son chemin de Damas est relativement récent" ?
User des verbes féliciter ou parler de progrès, formuler les choses ainsi équivaut à se poser en professeur face à un élève. Vous le savez comme je le sais. Pardon car je ne souhaite pas être heurtant mais je pense que c'est inutile pour être constructif vu la gravité et c'est justement ce ton doctoral qui vous est reproché. Il suffit d'exprimer sa "joie de voir des convergences se nouer".

Je partage totalement votre raisonnement sur le choix du bon outil pour peser : la Nation. Je partage aussi votre analyse sur ce le tropisme de Jean Luc Mélenchon qui le fait hésiter, au moins tout autant que la peur d'ébranler ses troupes par certains rapprochements. Soit. Mais dans ce cas pourquoi ne pas aller au bout du raisonnement. Je m'explique...

2 Quelle alliance est possible, solide et réellement utile ? Vous faite confiance à la logique des situations.
Vous qui vous mettez en avant cet ancrage dans l'histoire longue, vous le savez comme moi, la logique des situations entraîne les hommes malgré eux et les enferme très souvent dans des choix suicidaires. C'est le débat Clémenceau Jaurès ; c'est surtout la spirale des années 30 dont Blum n'accepte de remettre en cause le choix de l'union à tout prix de la SFIO qu'une fois emprisonné ("A l'échelle humaine") ; et tant d'autres.
Non la logique des situations n'aboutit pas à la préservation, pas plus aux choix les plus rationnels ; les exemples sont légions. Vous le savez vous même qui rappelez ce qui se passa en 1997 dès l'arrivée de Jospin.
Alors quoi ? Hollande est pris dans des logiques intellectuelles, relationnelles, ces choix remontent à au moins trois décennies et ses interventions se contredisent selon les lieux où il les fait. J'ai été au PS, marier dans le discours la carpe et le lapin est une constante pour éviter l'implosion mais le choix stratégique est déjà largement acté et s'entend aux détours des propos du candidat. Faire une alliance avec le PS dans sa globalité (je ne parle pas de la gauche du PS) c'est tuer le débat et l'alternative. Ce n'est pas un allié, c'est un adversaire.
Actuellement le débat fait rage à la gauche de la gauche sur la question de l'outil. Le débat entre Lordon et Coutrot le montre ; la réunion Lordon, Todd, Sapir, Cassen aussi ; le différent Généreux Sapir idem (Sapir est le seul qui a soutenu dans une tribune une nouvelle alliance allant des néo gallistes à la gauche du PS sans le reste du PS). Tout ça est invisible pour la la plus grande partie de la population. Il faut aider à faire avancer.
Pour faire simple, ne reproduisons pas l'erreur des années 30 sur le plan de la politique intérieure, éviter la glaciation dont Burrin (l'historien) a montré la dangerosité ; il a fallu attendre l'invasion puis le basculement de juin 1941 pour que les clivages explosent et qu'une réelle alternative puisse naître. Le CNR correspond plus à la logique de situation et c'est cet arc (incluant une part de l'écologie), forcément de courte durée, qui permet de mettre la finance et certaines forces à terre.

3 Attendre un éventuel débat à la télévision est illusoire, d'autant que les outils existent ; bien sûr ils ne toucheront pas le plus grand nombre mais suffisamment pour que cela soit utile. Hollande refusera tout débat à l'évidence, en revanche, Mélenchon est en demande, Joly aussi, Dupont Aignant de même ; pourquoi ne pas proposer à la Télé de Gauche d'en organiser un ? Ou un autre média ? Média part, la Télé Libre, Arrêt sur Image ??

4 Vous dites, et je le comprends, que "le principe de responsabilité, c'est le principe de précaution: on ne doit rien faire sans en avoir analysé toutes les conséquences. Ce principe n'a aucune valeur scientifique".
Soit donc, mais vous glissez sous le tapis que le principe d'espérance est construit sur la même mécanique intellectuelle, la croyance, pas des faits.
Rien n'empêche d'affiner et de marier ces deux principes. Ainsi, une évolution technologique ayant un potentiel de destruction de masse pourrait se voir appliquer le premier tandis qu'une évolution ayant un potentiel de destruction réduit entrerait dans le deuxième cas. La question serait alors de poser le curseur et d'en définir les modalités pour obtenir un choix clair, démocratique et souverain.

Parmi ces risques se trouve l'hybris des puissances d'argent. Vous êtes conscient de la puissance des firmes internationales et vous avez même à diverses reprises fait quelques références au travail de Madame Lacroix Riz, dont les recherches font débat mais qui a l'immense mérite d'avoir une vraie démarche de retour aux sources (une réelle masse). Or l'un des axes de son travail est bien cette force écrasante du capital et les choix mortifères que ces puissances en réseaux sont capables de faire. Monsanto comme d'autres ferait il un choix de paix et de développement humain ? Cherche elle (la firme) a faire reculer la faim ? Ce n'est pas la logique de cette firme et les suicides de paysans en Inde ne la trouble pas le moins du monde. Elle n'est en rien différente de Schneider si active dans le démembrement de la Tchécoslovaquie et le transfert des forces militaires de ce pays aux nazis. Les logiques de politiques et de capital sont nouées.
Alors quoi, là aussi, il y a matière à débat.

Je vous avoue que je ne suis guère rassuré de voir la tournure des évènements, inexorablement aller à des tensions très graves internes aux Etats et entre Etats. Malgré le torrent de l'Histoire, l'action de certains hommes peut avoir un impact ; nous avons besoin de voir des gestes "publics" (j'insiste sur ce point majeur). Actuellement il n'y a pas de chemin, juste la crainte de devoir attendre l'évènement qui permettra une réorganisation d'alliance.

Bien cordialement

4.Posté par Jules DUNORD le 21/12/2011 23:28
Rassurez-vous, Judith, vous n’êtes pas la seule parmi les sympathisants à penser : « Mr Chevènement votre début de campagne est raté. ».

Et pourtant JP Chevènement « mouille son maillot », on le voit dans les médias, sur le terrain, dans quelques usines, il écrit des articles intéressant sur son blog, il émet des idées qui devraient rencontrer l’adhésion du plus grand nombre. Mais alors, pourquoi l’alchimie avec le peuple n’opère-t-elle pas ?

Principalement parce qu’il donne l’impression d’être un homme seul. Aucune équipe de campagne ne l’entoure, aucune personnalité ne se réclame de lui.
Certes, il a un site de campagne « Chevenement2012 ». Mais, sincèrement, hormis la page Vrai/Faux dont l’accès n’est pas évident, qu’apporte ce site de plus par rapport au blog sur lequel nous dialoguons. Rien. Ce n’est qu’un résumé des articles du blog. Quand l’internaute y vient une fois, il n’a pas envie d’y retourner. Il ne peut même pas laisser de commentaires. On ne trouve pas les thèmes d’un projet de société : agriculture, environnement, sécurité, éducation ..

Il n’est pas suffisant, comme aurait dit le Général de Gaulle, de sauter comme un cabri en criant « l’Euro, l’Euro, l’Euro » pour mobiliser le peuple. Il est temps de se ressaisir et de commencer une véritable campagne pour l’élection présidentielle avec une véritable équipe.

5.Posté par Philippe MANET le 22/12/2011 00:09
je ne puis qu'approuver Mr GRIM, si bon nombre de positions de JPC gardent une forte pertinence, seule une réflexion collective encerclant le PS peut le pousser hors de ses retranchements. Cette réflexion doit évidemment englober le FG et de nombreux citoyens égarés dans divers mouvements faute de se reconnaître dans la « gauche » officielle, mais aussi une bonne part des écologistes de gauche.

Et à ce sujet, j'ai bien peur que les positions de JPC ressemblent plus à du scientisme qu'à de la science... Rappelons que l'écologie est une discipline scientifique !!! Ainsi, pendant des siècles, l'Académie des sciences a offert un prix à qui découvrirait le mouvement perpetuel, et les concurrents furent nombreux ; puis la thermodynamique a prouvé que c'était une illusion.

Il est assez amusant, quand on se souvient comment les analyses scientifiques des écologistes sur l'effet de serre étaient reçues par les électriciens et le ministère de l'industrie dans les année 70, de voire les mêmes utiliser 30 ans plus tard le bilan carbone pour défendre le nucléaire ; c'est même à mourir de rire, au sens propre bien entendu. Et à l'époque, les équivalents de JPC utilisaient les même termes vis à vis des écolos.

JPC démontre également sa totale méconnaissance du sujet quand il compare les morts du Tsunami et du nucléaire à Fukushima. Il n'a pas compris que ce qui caractérise la mort nucléaire, c'est qu'à part l'intoxication massive, les dégâts de l'irradiation mettent plus de 10 ans à commencer à tuer leurs victimes, et que le nucléaire continue à entraîner une surmortalité dans la population pendant des siècles. Le plutonium relargué par le MOX français de l'un des réacteurs a une demie vie de 26 000 ans ; on estime qu'il faut 10 demie-vies pour s'autoriser à négliger le problème, ce qui permettra d'en faire le bilan au mieux dans 250 000 ans. On voit bien l'inanité d'une telle comparaison en décembre 2011, alors que les chiffres de la radioactivité relâchée dans l'environnement ne sont pas connus et que les fonds de cuves continuent à fuir vers la mer... Il est fâcheux d'administrer publiquement la preuve d'une telle ignorance quand on pontifie sans cesse sur le sujet. JPC, sur le plan de l'écologie, vous n’êtes tout simplement pas crédible.

Vous feriez mieux de vous contenter de rester dans le domaine où votre compétence est reconnue, la citoyenneté républicaine et ses attributs, vous gagneriez en crédibilité auprès d'éventuels alliés et pourriez mieux contribuer au progrès de la société.

6.Posté par France RÉPUBLIQUE le 22/12/2011 14:23
le "patriotisme" de Mélanchon n'est que rhétorique : l'intéressé a d'ailleurs dit ouvertement qu'il réfutait cette appellation qui, je cite "ne rappelle pas forcément à quiconque connait l'histoire, de très bons souvenirs". Il a ensuite, dans cette même interview cité la fameuse phrase de Marx : "un prolétaire n'a pas de patrie".... qu'est ce à dire, Mr Mélanchon ferait-il cause commune avec les bobos et autres médiacrates inculturés pour clamer sa détestaion du fait National ? Mr le défenseur attitré des classes populaires a t-il oublié la phrase de Jaurès : "la Nation, c'est ce qui reste à ceux qui n'ont rien" ?
Mélanchon n'est donc qu'un bateleur de foire, qui n'a toujours pas compris que préserver notre modèle social dans la mondialisation passait par la préservation de la Nation

7.Posté par Algodème NILLA le 22/12/2011 17:48
L'heure n'est pas venue, en ces temps difficiles, de s'inféoder au Parti socialiste : les soubresauts qu'engendrera la crise de la zone € ne laisseront pas de "faire turbuler le système". Lorsque la tempête vient, celui qui gouverne ou est en mesure de le faire est désigné coupable, qu'il le soit actuellement ou non.
M. Chevènement espère orienter subrepticement le gouvernail du capitaine Hollande ; il ne sera qu'éclaboussé par les turpitudes sociales-libérales de ce dernier. Le temps est venu d'en finir avec le Parti socialiste, syndicat d'élus sclérosé. Encourageons le hollandais volant à saborder son vaisseau fantôme ! qu'il poursuive sa voie centriste !
Si, par le plus grand des hasards, la France venait à perdre son AAA alors qu'elle doit emprunter 37 Mds d'€ en décembre, 52 Mds en janvier, 35 Mds en février, si la France venait à entrer en récession, les deux principaux impétrants seront éliminés avant le premier tour. Oui, exit Sarkozy et Hollande !
Il s'agit alors de rassembler autour de la République et des valeurs sociales, il s'agit de fédérer les profondeurs de la France. Mais seul, M. Chevènement, vous n'y parviendrez pas. Nous abordons la sixième année de crise (2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2012), les Français sont délaissés. Il faut pourtant changer la vie !
Le politique est une nécessité ; les bisbilles politiciennes ne sont que contingence. Qu'attendez-vous pour vous unir avec le front de gauche, avec "Debout la République", avec les électeurs de la base du PS, avec les classes populaires étouffées, avec tous les opposants de "l'organisation de Bruxelles", républicains des deux rives ! Les Français ne veulent que cela et désespèrent d'attendre...
Il est encore temps de le faire ; je vous supplie de vous entendre, par tous les moyens, sur celui (ou celle) qui se présentera au nom du peuple français : accord à l'amiable, élection, et même tirage au sort ! Agissez, annoncez votre union, créez un rassemblement !
Je rejoins par ailleurs M. Stéphane Grim : c'est une nécessité impérieuse que de débattre, de dialoguer, de faire progresser les idées républicaines, le concept de souveraineté. Utilisez l'internet, discutez des alternatives : les intellectuels intègres se rallieront à votre cause.
Une dynamique s'enclenchera. Le premier tour sera le principal écueil, mais recueillir 20% des électeurs est possible. Le second tour verrait soit un affrontement avec Hollande ou Sarkozy (le peuple serait avec nous ainsi que la victoire), soit avec Le Pen (ce serait une formalité).

Unissons nos forces !
dlg

8.Posté par Guillaume DELYE le 22/12/2011 22:48
Il faudrait faire bouger les courbes avant d'espérer faire bouger les lignes...

Les lignes ne bougent pas dans le bon sens et les courbes de sondage restent désespérément plates.

De fait, je pense que l'orientation de la campagne de M. Chevènement sur les thèmes de l'euro et de la dérive libérale du PS a peu de chances de déchaîner l'enthousiasme des foules. Il serait temps de revenir à des sujets qui parlent plus au Français :
1. L'emploi (les emplois jeunes,ça a marché et ça peut continuer, l'emploi public n'est pas l'ennemi de l'emploi privé mais au contraire son corollaire)
2. Une politique de relance doit être mise en oeuvre pour stimuler l'emploi parmi les quelques pays européens qui auraient conservé quelques rudiments de keynésianisme. Cette initiative de croissance devra être menée dans un cercle de coopération renforcée, regroupant un ensemble de pays (dans l'euro ou hors de l'euro) susceptibles d'adopter collectivement une nouvelle monnaie (l'euroBis) le jour où l'impossibilité d'infléchir l'orientation libérale des politiques économiques en Europé se confirmera. Cette politique de relance à plusieurs devra être accompagnée de la mise en place d'une TVA sociale assortie d'un allègement équivalent de cotisations sociales sur les entreprises des pays participants. Il faudra veiller à maintenir la progressivité des taux de TVA et négocier avec les entreprises un gel des prix pendant l'opération (qui par principe devrait être au total neutre sur les prix). L'adoption d'une TVA sociale est le complément indispensable d'une politique de relance puisqu'elle équivaut à introduire un droit de douane invisible qui permettra de ne pas sombrer dans le déficit commercial comme en 1983.
3. La restauration des droits sociaux et des services publics
La réduction des droits sociaux semble acceptée comme une fatalité par bon nombre de nos concitoyens. La moitié d'entre eux croient qu'il serait impossible de revenir à la retraite à 60 ans, lors même que nous produisons deux fois plus de richesses qu'au moment où elle a été instaurée avec des productivité par tête bien supérieures. La raison qui explique que nos concitoyens se résignent à un nivellement sur les pays à bas salaire se trouve toute entière dans le dogme libre échangiste qu'il est tabou de questionner. Je vais donc y aller au bazooka. Méline, Hawley Smooth ne portent pas la responsabilité des deux derniers conflits mondiaux. Ils n'ont fait qu'intervenir trop tard et maladroitement. La racine du mal est le libre échangisme lui même qui met aux prises des pays aux structures démographiques et économiques très différentes et finit par devenir insoutenable au point de susciter des guerres commerciales dévastatrices. Il est peut être encore temps d'intervenir de manière préventive pour proposer un cloisonnement tout à fait explicite et symétrique du commerce extérieur entre les pays qui maitrisent leur démographie ou qui se donnent les moyens de le faire et les autres, qui, sans rétablissement de barrières douanières seront être responsables du chômage de nos enfants. Il est urgent de faire chuter le paradigme libre échangiste dans les faits comme dans les esprits.
4. La sécurité
Je crois que la sécurité est une préoccupation sincère de bon nombre de nos concitoyens et qu'il ne s'agit pas d'un fantasme collectif. Les chiffres de la délinquance tout comme les enquête de victimation en rendent très mal compte et il faut donc aller au delà. La critique qui peut être faite à Sarkozy sur ce terrain est évidente : beaucoup de gesticulation à la télévision, rien dans la rue. (à part les contraventions routières et les sarkoflash). Les effectifs de police ont même été réduits et se trouvent par endroit à des niveaux ridiculement bas. Il faut sans doute installer plus de caméras de surveillances mais cela ne peut se faire au détriment des effectifs de police. JP Chevènement, en tant qu'ancien ministre de l'intérieur, a sur le terrain de la sécurité quelques atouts qu'il n'utilise pas. Dommage, ce ne serait vraiment pas de la démagogie !
5. Une politique de l'immigration orientée vers le développement des pays pauvres
L'immigration est aujourd'hui conçue sur le mode de l'exploitation capitaliste de la misère du monde mettant en concurrence les travailleurs pauvres des pays développés avec leurs homologues des pays sous développés. Il serait temps de concevoir une nouvelle politique de l'immigration qui fasse des immigrés des agents du développement de leur pays. Il s'agirait de définir une politique de partenariat avec les PVD pour former et mettre en poste sur un horizon de temps stable (7 à 10 ans) un certain nombre de leurs ressortissants pour leur apporter les compétences dont leurs pays ont besoin. Cela supposerait de réserver des emplois qualifiés à un certain nombre d'immigrés. Ce nombre méritera d'être débattu car lorsque les créations d'emplois se limitent à 180.000 par an comme en 2011 après plusieurs années d'hémorragie, la question des capacités d'absorption du marché du travail se pose, même si le développement harmonieux du monde mérite quelques sacrifices de notre part. Du sauve qui peut individuel, l'immigration deviendrait un instrument du développement collectif au service des pays. Un objectif avait été fixé autrefois visant à amener l'aide aux pays en voie de développement à 1% du PIB. Il serait urgent de le réactiver car la conception libérale de l'immigration nous coûte autrement plus cher.

Un mot de conclusion. Si faire bouger les lignes consiste à faire osciller François Hollande, alors l'entreprise sera vouée à l'échec. Si l'ambition s'élève à reformuler les interrogations des Français en propositions constructives et novatrices assises sur un projet "social-dirigiste", alors elle ira beaucoup, beaucoup plus loin. Il faut l'envisager sérieusement car notre pays ne se relèvera ni des thérapies de choc absurdes de Sarkozy, ni des politiques de compromis européens improbables à la Hollande.

9.Posté par Vincent GOMES le 22/12/2011 23:46
En réponse a Mr Philippe Manet, je signale que les autorités japonaises , après avoir réussi le refroidissement du reacteur , comptent petit a petit repeupler la zone située autour de la centrale de Fukushima, du moins pour les zones où la radioactivité est la plus basse. Même si la demi vie du plutonium est de 26000 ans, les particules radioactives sont diluées dans l'atmosphère, dans l'océan et dans les sols.Il existe par ailleurs une radioactivité naturelle (provenant du rayonnement solaire, des roches,...) et je ne pense pas qu'elle puisse causer de cancers. Je ne sous estime pas la dangerosité pour les personnes situées sous le passage d'un "nuage" radioactif ou l'entourage immédiat de la centrale.

10.Posté par Bernard DECOME le 23/12/2011 12:17
Contrairement à certains intervenants je considère que la campagne de JPC est très active, en tout cas plus qu'en 2002. Maintenant bien sûr, il pourrait faire encore mieux, mais à mon avis, c'est essentiellement lié au bon vouloir des médiats. Si JP CHEVENEMENT pouvait exposer ses propositions pour sortir de la crise aux heures de grande écoute sur les radios ou à la télé, je pense que les Français pourraient faire la différence entre le discours confus du PS et celui du style père fouettard de N.SARKOSY dont l'intention est de nous enfermer dans la crise et l'austérité pour des décennies.
Je voudrais dire aussi que je n'ai pas vu ni entendu de personnalités de la société civile prendre position pour les autres candidats sauf pour F.BEYROUD avec F.BERLEAND et Marine LE PEN avec G.COLLARD. Pour l'instant les Français ont d'autres soucis et je les sens très désabusés au sujet d’une élection présidentielle dont ils n’attendent pas grand choses.
On ne parle pratiquement que des ‘’grands candidats’’ tout au moins ceux des deux grands partis. Pour ce qui est de la grandeur –je veux parler de leur valeur bien entendu - comme tous les citoyens Français je doute. Pour NS on sait ce qu’il vaut, quant à FH il ne fait pas rêver.
Pour moi, depuis le début de la campagne le seul discours réaliste et clair est celui de JPC.
;

11.Posté par Judith ARDON le 23/12/2011 14:01
Pour passer aux heures de grandes écoutes, il faudrait qu'il y soit invité.
J'entends les journalistes. Ils sont méprisants vis à vis de JPC. Aucun de prendra le risque du retour de bâton. Le PS lui en veut pour 2002 (ils feraient mieux de se poser les bonnes questions plutôt que de trouver un bouc-émissaire). Effet boule de neige, les sympathisants PS lui en veulent aussi. Médiatiquement il part avec un très lourd handicap. Il doit trouver des alliances/soutiens pour porter son message. Seul il n'arrivera à rien. Ca va être difficile, même si c'est un des seuls discours cohérent.
La politique est devenue une grosse catastrophe. Il y a 30 ans ont se gaussait des E.U. avec leur acteur/président. Où en est on aujourd'hui? On a les politiques qu'on mérite. Alors soit on se bouge le cul, on éteint la télé et on va prêcher la bonne parole, soit on gobe et on la ferme.

12.Posté par Jacques POUZET le 24/12/2011 12:10
On n'a pas fini de discuter sur la place médiatique des discours politiques et s'il n'y avait que les candidats! Une simple observation sur les messages de Jean-Pierre Chevènement..
Le sérieux des sujets abordés avec le souci de mesure et d'objectivité dans la volonté de convaincre suppose quelques prérequis et de toutes façons n'est pas assez commercial pour que les bobos des grandes lucarnes passent en boucle ses interventions qui sont quand même assez nombreuses et en phase avec les sujets qui en valent la peine.

A partir de là , son audience est essentiellement le résultat de relais militants...où sont-ils?

Sans parler de ceux qui attendent son abandon de candidature pour foncer chez Hollande!

13.Posté par Yves MARCEL le 03/01/2012 17:05
Disons que la candidature de JPC n'est "pas en situation" de convaincre du fait que la préoccupation de la majorité des électeurs est d'être sûr d'en finir avec Sarkozy. Donc de voter utile dès le 1er tour en évitant le moindre risque de 21 avril et, à moins que Hollande soit très mauvais (ce que je n'imagine pas), il va vite s'imposer comme le seul capable de battre Sarkozy.. Comme en plus la situation du pays est difficile, le choix va aller vers le plus crédible en terme de réseaux, de compétence économique, de relation avec les milieux de le gauche européenne et là aussi je crois que Hollande s'imposera comme le plus capable. C'est pourquoi il me semble que la bonne stratégie est celle de l'UNION à gauche autour de Hollande pour peser dans le bon sens, car je crois que Hollande ne sera pas sourd non plus aux conseils avisés de JP Chevènement.

On a pu certes rêver mieux en 2002 mais c'est le vote populaire qui a le plus fait défaut à l'"autre chemin" que proposait le Pôle Républicain avec une campagne trop élitiste pour toucher une grande part de l'électorat. Ce ne serait évidemment pas mieux en 2012 avec manifestement un engouement 10 fois moins grand à la même époque (on parlaiit de 10% d'intention de vote pour JPC début 2002, où en est-on aujourd'hui ?

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