Carnet de Jean-Pierre Chevènement
C’est avec une profonde peine que j’apprends le décès de Pierre Mauroy qui restera dans l’Histoire comme le premier Premier Ministre d’un gouvernement de gauche au début du septennat de François Mitterrand de 1981 à 1984.
J’ai connu Pierre Mauroy très jeune, quand il était dirigeant du Syndicat National des personnels de l’enseignement technique et qu’il était secrétaire général adjoint de la SFIO de 1964 à 1968. J’étais alors un des animateurs du CERES. C’est ensemble et derrière François Mitterrand que nous avons refondé le parti socialiste au Congrès d’Epinay en juin 1971 et qu’à travers l’union de la gauche, nous avons permis la première vraie alternance sous la Vème République en 1981. Nous n’étions pas toujours d’accord, notamment sur le contenu à donner à la construction européenne. Mais cela n’a jamais empêché ni l’amitié ni même l’affection. Parmi toutes les mesures emblématiques liées au nom de Pierre Mauroy, restent bien sûr les lois sur la décentralisation et la retraite à 60 ans. Pierre Mauroy était le meilleur Premier Ministre que François Mitterrand pouvait choisir en 1981. Il avait naturellement le contact avec les milieux populaires. Il incarnait bien la sensibilité des militants socialistes de cette époque. L’homme dégageait un charme puissant. Je me remémore avec émotion tant de moments uniques, sa voix persuasive, les arabesques qu’il dessinait dans l’espace avec ses longues mains fines pour apporter à ses arguments le sceau de l’évidence. Avec Pierre Mauroy, c’est tout un grand pan du vieux parti socialiste qui disparaît, un parti populaire et sentimental auquel on ne pouvait qu’être attaché. A sa femme et à sa fille, j’exprime mes sentiments de profonde sympathie et de vive émotion.
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 7 Juin 2013 à 11:16
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Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat, lors du débat sur Livre blanc de la défense, mardi 28 mai 2013.
Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre Messieurs les ministres, Dans ces temps de grande disette budgétaire, nous apprécions que vous ayiez su obtenir du Président de la République le maintien à son niveau actuel de notre effort de défense, c'est-à-dire 31,4 milliards d’euros pour le budget de la Défense en 2014. Ce résultat est à porter à votre actif, M le Ministre de la Défense et du renfort que vous ont apporté tous ceux qui, au Sénat, avec le Président de la commission des affaires étrangères et des forces armées, ont aidé à éviter, au moins pour le moment, le déclassement stratégique qu’eût entrainé une baisse significative des crédits militaires. Le risque a été écarté aussi par l’éclatante démonstration d’efficacité qui a été faite par nos soldats, appelés à sauvegarder l’intégrité, la souveraineté et la liberté de la République du Mali. Le Président de la République a annoncé que nos forces armées disposeraient de 365 milliards d’euros sur la période 2014-2025, dont 179,2 pour celle couverte par la loi de programmation militaire de 2014 à 2020. Pour maintenir une France forte, le Président de la République a estimé ce chiffre réaliste. Il faudra faire avec. J’approuve par ailleurs le recentrage opéré par le Livre blanc 2013 sur l’Afrique, notamment sahélienne, de la définition de notre zone d’intérêts prioritaires. Je l’avais déjà réclamée, mais en vain, lors du débat du 15 juillet 2009 sur l’adoption de la loi de programmation militaire 2008-2013. Certaines orientations positives du Livre blanc de 2008 ont été confirmées comme l’accent mis sur la connaissance et l’anticipation. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de "Politiques" sur France 24 en partenariat avec L’Express et RFI, mercredi 15 mai. Il répondait aux questions de Roselyne Febvre (France 24), Frédéric Rivière (RFI), et Christian Makarian (L'Express).
A propos des accusations de laxisme adressées à Manuel Valls concernant les débordements du Trocadéro :
Les actes du colloque du 11 février 2013 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement au journal Le Pays, samedi 4 mai 2013.
Le Pays : Quel bilan tirez-vous de cette année de présidence marquée par la crise et la montée du chômage ?
Jean-Pierre Chevènement : Je pense que le cap fixé par le rapport Gallois, à savoir la reconquête de la compétitivité de l’économie française, est le bon. Mais les moyens pris sont insuffisants pour regagner les 15 points de compétitivité perdus sur l’Allemagne depuis le début des années 2000. Nous payons chèrement le choix de la monnaie unique et la divergence des politiques salariales entre la France et l’Allemagne depuis 2003. Bien sûr, il est injuste d’imputer particulièrement à François Hollande la responsabilité d’une crise qui vient de très loin. De bonnes décisions ont été prises sur la Banque publique d’investissement, les emplois d’avenir, les contrats de génération, l’école avec la priorité affichée à l’école primaire. Mais tout ceci n’enraye pas l’érosion de notre base productive. Nous souffrons d’un euro surévalué, toutes les autres monnaies pratiquant des dévaluations compétitives. Faut-il attendre beaucoup plus longtemps pour reconnaître l’impasse de la monnaie unique ? Justement, vos positions sur l’Europe ne sont pas forcément celles du gouvernement… J’ai en effet voté contre le TSCG (Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance) qui met l’Europe tout entière dans l’impasse. La récession économique qui en résulte entraîne des moins-values fiscales qui creusent les déficits et les dettes publiques. Soit il faut revoir fondamentalement les statuts de la Banque centrale européenne pour que celle-ci pratique comme toutes ses homologues une politique de création monétaire. Soit, si les Allemands s’y refusent, il faut négocier la transformation de l’euro, monnaie unique, en monnaie commune. Les monnaies nationales se retrouveraient à l’intérieur d’un SME bis (Serpent monétaire européen) selon des parités tenant compte des écarts de compétitivité. C’est la seule manière de faire si on veut que l’Europe renoue avec la croissance. Dépêche AFP, jeudi 2 mai 2013, 18h21
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC), s'élève contre le "Hollande bashing" de l'opposition, dans un entretien à paraître vendredi dans les "Echos", jugeant "impossible" de juger le chef de l'Etat au terme de sa première année de mandat.
"Il est impossible de juger François Hollande sur un laps de temps aussi court car il a fait le choix du long terme", fait valoir le sénateur du Territoire de Belfort, qui compte pourtant parmi les observateurs critiques de l'action de l'exécutif. A ses yeux, "imputer la crise particulièrement à François Hollande n'a pas de sens : elle est la responsabilité partagée des gouvernements de gauche et de droite depuis plus de vingt ans". Aussi l'ancien ministre de François Mitterrand et Lionel Jospin lance-t-il un "Halte au Hollande bashing!", souhaitant qu'il ne soit jugé "qu'à la fin de son mandat" de cinq ans. M. Chevènement dénonce en particulier les attaques visant la "personne" du président. "L'opposition présente François Hollande comme quelqu'un d'indécis or il a été capable de prendre une décision prompte, courageuse et justifiée sur l'intervention militaire au Mali", relève-t-il, constatant que le chef de l'Etat "sait faire preuve de persévérance, d'endurance et (...) démontrera sa capacité de rebond". Entretien au journal Les Echos, à paraître vendredi 3 mai 2013.
Les Echos : Quel bilan faîtes-vous de la première année de quinquennat de François Hollande ?
Jean-Pierre Chevènement : Il est impossible de juger François Hollande sur un laps de temps aussi court car il a fait le choix du long terme, et d’abord avec le rapport Gallois, pour reconquérir la compétitivité de notre appareil productif. Notre balance commerciale est en déficit depuis 2002. Nos concurrents ne sont pas qu’en Asie mais également en Europe : nous avons perdu 15 points de compétitivité sur l’Allemagne depuis le début des années 2000. La France subit une crise extrêmement profonde, celle du capitalisme financier, redoublée par celle de la zone euro. Quelles mesures a pris la droite pour corriger le déficit de notre balance commerciale, que l’on ne peut pas décemment imputer aux seules 35 heures ? Et si tel était le cas, qu’a-t-elle fait pendant dix ans ? Imputer la crise particulièrement à François Hollande n’a pas de sens : elle est la responsabilité partagée des gouvernements de gauche et de droite depuis plus de vingt ans. C’est pour cela que je dis : Halte au Hollande bashing ! François Hollande a été élu pour cinq ans ; il est légitimement le Chef de l’Etat. Dans l’intérêt de la France, il faut respecter sa fonction et ne le juger qu’à la fin de son mandat. N’est-ce pas le rôle de l’opposition que de contester la politique du Président ? Mais pas sa personne. L’opposition présente François Hollande comme quelqu’un d’indécis or il a été capable de prendre une décision prompte, courageuse et justifiée sur l’intervention militaire au Mali. Le masochisme national et le manque de patriotisme des élites françaises sont consternants. Ainsi la polémique sur la germanophobie supposée du PS serait risible si elle n’était pas d’abord pitoyable. François Hollande sait faire preuve de persévérance, d’endurance et il démontrera sa capacité de rebond.
La nécessaire réorientation de l’Europe, prônée pendant sa campagne par François Hollande, pose le problème des élites conservatrices en France. Elles s’appuient depuis trois décennies pour faire prévaloir leurs intérêts sur la complète superposition de l’idée européenne et du logiciel néolibéral mis en œuvre à partir de l’Acte Unique.
Pour réouvrir le débat européen, comme l’exige aujourd’hui la démocratie, il faut rompre avec cette confusion monstrueuse. N’en déplaise à Monsieur Juppé, parler de relance européenne quand le chômage bat tous les records, ce n’est pas faire de la germanophobie ! Parler de l’euro fort ou du rôle de la Banque Centrale européenne, ce n’est pas faire de la germanophobie ! Que dirait-on si j’incriminais M. Juppé de rechercher l’appui de l’Allemagne pour préserver, en France, l’ordre établi comme les élites françaises l’ont si souvent fait dans le passé ? Seul un débat serein et argumenté sur l’Europe est digne de la France et, j’ajoute, de l’Allemagne. Evitons s’il vous plait, les noms d’oiseaux ! |
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