Un texte de Jean-Pierre Chevènement paru dans "Politique Etrangère", la revue de l'Institut Français de Relations Internationales (Ifri), "L'Alliance atlantique 1949-2009", n.4/2009.
Il est vrai que, comme le font remarquer ses partisans, la décision prise par le Président de la République de faire rejoindre à la France la structure militaire intégrée de l’OTAN entérine certaines évolutions déjà anciennes, dont on pouvait à l’époque discuter l’opportunité mais qui sont, en quelque sorte, rentrées dans les mœurs.
La France a ainsi contribué à pérenniser l’OTAN, après la fin de la guerre froide, en acceptant qu’elle intervienne, en 1994-1995 en Bosnie-Herzégovine, puis en 1999, cette fois sans mandat de l’ONU, au Kosovo et plus généralement en Yougoslavie. Dès décembre 1995, la France a regagné le Comité militaire de l’OTAN. Nous avons accepté le « hors zone ». L’Alliance atlantique, à laquelle nous n’avions jamais cessé de participer, était au départ une alliance défensive, cantonnée à la zone euro atlantique. Elle est devenue, au fil des ans, et particulièrement depuis 1999 (Kosovo) et 2001 (Afghanistan), une alliance globale, engagée dans des opérations de stabilisation et de rétablissement de la paix. C’est un changement de nature. On nous présente l’OTAN comme un « bras armé de l’ONU ». Cela n’a pas toujours été le cas. Pendant la guerre du Kosovo et pour bombarder les villes yougoslaves, l’OTAN a agi en substitution de l’ONU et sans mandat du Conseil de Sécurité. Espérons que ce fâcheux précédent ne se reproduira pas. Constatons toutefois qu’il a ouvert la voie, quatre ans plus tard, à l’invasion de l’Irak par une « coalition de volontaires » regroupés autour des Etats-Unis et pour la plupart membres de l’OTAN, anciens ou nouveaux. La France, sur sa ligne d’opposition à l’invasion de l’Irak, était alors loin d’être majoritaire au sein de l’organisation que dominent les Etats-Unis aussi bien d’ailleurs qu’au sein de l’Union européenne.
Mots-clés :
afghanistan
barack obama
chine
dollar
défense
général de gaulle
livre blanc de la défense
occidentalisme
onu
otan
terrorisme
états-unis
Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le 18 Janvier 2010 à 16:11
|
Permalien
|
Commentaires (2)
Agenda et médiasPoursuite du programme de colloques de la Fondation Res Publica lundi 18 janvier 2010 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.
Avec la participation de :
Communiqué de Jean-Pierre Chevènement, lundi 11 janvier 2010.
Nos concitoyens de Guyane et de Martinique viennent de rejeter massivement le statut d’autonomie qui leur était proposé. Ils ont sans doute manifesté qu’ils comptaient plus sur la France et sur la République que sur leurs élus locaux auxquels ils veulent bien sous-traiter la gestion de leurs problèmes quotidiens mais pas les responsabilités qui sont celles de l’Etat.
Il y aurait des leçons à tirer de ces référendums locaux, comme du référendum de juillet 2003 en Corse. C’est le contraire qui est fait par le gouvernement avec le projet de loi de réforme des collectivités territoriales. Celui-ci importe en effet en métropole la possibilité de créer des collectivités à statut particulier sur le modèle de l’Outre-mer. Belle leçon que donnent nos concitoyens de Martinique et de Guyane aux sénateurs et aux députés avant que ne s’ouvre le débat sur la réforme des collectivités territoriales ! Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement avec Public Sénat, propos recueillis par François Vignal, paru sur Le Post, jeudi 7 janvier 2010.
L’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, ex-socialiste aujourd’hui président du Mouvement républicain et citoyen, éprouve « beaucoup de peine » après l’annonce du décès de Philippe Séguin. « J’aurais aimé que les Républicains des deux rives puissent s’unir pour proposer une perspective à la France face à la dérive libérale et européiste », dit-il.
Philippe Séguin était un fervent républicain, comme vous. Comme réagissez-vous à son décès ? Jean-Pierre Chevènement : J’éprouve beaucoup de peine. Nos chemins se sont croisés. Nous avons combattu ensemble le Traité de Maastricht au nom d’une certaine idée de la République et de la France. Il est dommage que nos chemins n’aient fait que se croiser. J’aurais aimé que les Républicains des deux rives puissent s’unir pour proposer une perspective à la France face à la dérive libérale et européiste à laquelle nous sommes confrontés. Quelles relations aviez-vous avec lui ? Nous sommes restés en contact jusqu’en 1995, quand il était Président de l’Assemblée nationale. Ensuite il a essayé de peser sur la campagne présidentielle de Jacques Chirac, avec le discours sur la fracture sociale. Mais Chirac ne l’en a pas récompensé, sauf avec une nomination tardive à la Cour des comptes, synonyme de fin de sa carrière politique. A ce moment là, sa voix a manqué à la France. Vous sentiez-vous parfois plus proche de lui que de certains camarades de gauche, notamment du Parti socialiste ? Philippe Seguin avait une fibre sociale, c’était un gaulliste de gauche. Sur beaucoup de sujets, nous nous étions trouvés. J’ai cherché à rassembler le plus largement autour du pôle républicain, lors de ma candidature à la présidentielle de 2002. Mais la vie politique est ainsi structurée qu’en de telles circonstances, nous ne nous retrouvions pas dans le même camp. C’est le lot du bipartisme largement factice. Recueilli par François Vignal Source : Le Post Dépêche AFP, 7 janvier 2010, 12h06.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyens (MRC), a salué en Philippe Séguin, mort jeudi, un "homme politique de grand talent", un "républicain et un patriote", tout en regrettant que "rien n'ait été possible entre les républicains des deux rives".
Le sénateur du territoire de Belfort, dit dans un communiqué avoir "appris avec beaucoup de peine" la mort de Philippe Séguin. "C’était un homme politique de grand talent, un orateur hors pair, un républicain et un patriote", affirme-t-il. Pour l'ancien ministre, également farouche partisan du non à Maastricht, Philippe Séguin "a symbolisé au moment du traité de Maastricht un projet et un destin républicains dans lequel la France aurait mieux trouvé son compte". "Son mérite est d’avoir essayé. J’avais voté l’exception d’irrecevabilité qu’il avait présentée devant l’Assemblée nationale. Je regrette que rien n’ait été possible entre les républicains des deux rives", affirme-t-il. "Depuis son retrait de la vie politique, Philippe Séguin a manqué à la France, il lui manquera hélas toujours", conclut M. Chevènement.
J’apprends avec beaucoup de peine le décès de Philippe Séguin. C’était un homme politique de grand talent, un orateur hors pair, un républicain et un patriote.
Il a symbolisé au moment du traité de Maastricht un projet et un destin républicains dans lequel la France aurait mieux trouvé son compte. Son mérite est d’avoir essayé. J’avais voté l’exception d’irrecevabilité qu’il avait présentée devant l’Assemblée nationale. Je regrette que rien n’ait été possible entre les républicains des deux rives. Depuis son retrait de la vie politique, Philippe Séguin a manqué à la France, il lui manquera hélas toujours. Entretien croisé entre Jean-Pierre Chevènement et Jean-Pierre Raffarin, L’Express, 24 décembre 2009, propos recueillis par Michel Feltin.
L'Express : Pour faire vivre ensemble des Provençaux et des Bretons, des Alsaciens et des Béarnais, la France a créé un Etat central fort. Cette unification a-t-elle abouti à l’écrasement des identités régionales ?
Jean-Pierre Chevènement : le grand historien Fernand Braudel disait : « la France a un nom : diversité ». Notre pays se situe en effet au carrefour des influences celtique, germanique et méditerranéenne. Plus qu’une donnée géographique, la France est donc une construction politique, qui s’est constituée à partir de l’Etat. Pour autant, je ne crois pas à la fable de l’uniformité française ! Notre pays reste panaché. Simplement - et heureusement ! - il y a des éléments d’unité. Comment ferais-je pour dialoguer avec M. Raffarin si nous ne disposions pas d’une langue commune ? Jean-Pierre Raffarin : Mon constat est le même : la France est incroyablement diverse. Quant à savoir si elle est un produit de la géographie, de l’histoire, voire un être moral - « une personne », disait Michelet - c’est une question ancienne. Personnellement, je crois qu’elle est un peu tout cela à la fois. Certes, la géographie est dominante. Certes, la monarchie, puis la République, ont recherché la centralisation. Mais j’observe surtout une succession de mouvements contraires, une alternance perpétuelle entre l’expression de la géographie - la diversité - et l’effet de l’histoire - l’unité. Agenda et médiasIl sera interrogé par Laurent Bouvet (professeur de science politique à l’Université de Nice et à Sciences Po), Pierre-Henri Tavoillot (maître de conférences en philosophie politique à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), président du Collège de philosophie) et Eric Mandonnet (journaliste à «L’Express»).
L'émission dure 55 minutes, peut être écoutée sur France Culture et est podcastée sur le blog ci-dessous.
Mots-clés :
1983
afghanistan
barack obama
belfort
bernard henri-lévy
climat
collectivités territoriales
couches populaires
cécile duflot
droite
décroissance
démission
europe
europe écologie
france culture
françois mitterrand
gauche
identité nationale
immigration
jacques delors
libre-échange
libéralisme
martine aubry
max gallo
nation
nationalisations
nicolas sarkozy
omc
otan
pakistan
palestine
parti socialiste
piere bérégovoy
république
ségolène royal
écologie
états-unis
|
Derniers tweets
Abonnez-vous à la newsletter
Dernières notes
Appel aux dons de la Fondation Res Publica
07/11/2024
Hommage à Jean-Paul Escande
19/10/2024
Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Laïcité : défis internes, défis externes"
09/09/2024
Hommage à Gérard Cureau
02/09/2024
Hommage à Louis Mermaz
19/08/2024
Derniers commentaires
Mots-clés des 30 derniers jours
|