Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "Pluriel" sur Radio Orient, vendredi 20 décembre 2013. Il répondait aux questions de Loïc Barrière.


"Tous les peuples ont le droit de maîtriser leur destin"
pluriel_jean_pierre_chevenement_20122013.mp3 Radio Orient - Pluriel  (41.27 Mo)

Verbatim express :

Leçons du XXe siècle
  • Le déclin de l'Europe n'est pas seulement le fait des deux guerres mondiales : c'est également la conséquence de la méthode employée pour construire l'Europe, la méthode Monnet, qui marginalise les nations.
  • Pour discréditer les nations, on prétend qu'elles sont à l'origine de la Première Guerre mondiale. Je combats cette thèse : je pense que les peuples étaient pacifiques, ne voulaient pas la guerre, que celle-ci résulte, au niveau de ses causes profondes, dans la première mondialisation libérale, et au niveau de son déclenchement immédiat, par les erreurs des élites du deuxième Reich allemand.
  • En comparant les deux mondialisations, je montre qu'elles aboutissent, l'une et l'autre, à une modification très importante de la hiérarchie des puissances. La première voit la montée de l'Allemagne impériale, la seconde, celle de la Chine, dont le PNB a décuplé en l'espace de vingt ans, à tel point qu'il va rattraper celui des États-Unis dans quelques années.
  • Il faut avoir une vue de ce que sera le XXIe siècle, et éviter autant que possible de reproduire les erreurs dans la deuxième mondialisation qui ont été commises dans la première.
  • Les peuples ne sont pas responsables des erreurs commises par leurs dirigeants.

    La situation géopolitique au Moyen-Orient
  • Je pense qu'il faut toujours bien examiner la réalité des faits allégués pour faire la guerre, qui peuvent être de simples prétextes, comme c'était le cas des armes de destruction massive en Irak, en 2003.
  • Il faut toujours regarder aussi s'il y a une proportion entre la cause alléguée et la guerre qui va être faite, ou s'il n'y a pas au contraire une disproportion manifeste, un refus d'emblée de la diplomatie, qui fait qu'on va ouvrir les portes de la guerre, et en même temps une boîte de Pandore dont on ne rattrapera pas les monstres qui s'en sont échappés.
  • La guerre d'Irak a ouvert la voie à l'Iran et à Al-Qaïda dans la région. Ce n'était peut-être pas l'objectif qui était recherché !

Jean-Pierre Chevènement était auditionné par la Commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale, mercredi 18 décembre 2013, en tant que représentant spécial pour la diplomatie économique avec la Russie. La vidéo de son intervention, et ses réponses aux questions posées par les députés, est disponible ci-dessous.



le 23 Décembre 2013 à 07:13 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'Institut Diderot mardi 3 décembre 2013, lors d'une conférence intitulée "L'avenir de la mondialisation". Il est revenu sur son livre "1914-2014 : l'Europe sortie de l'histoire ?" puis a répondu aux questions de la salle.


Première partie ci-dessus de la conférence donnée par Jean-Pierre Chevènement à l'Institut Diderot.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé au "Figaro Magazine", le 20 décembre 2013. Propos recueillis par Patrice De Méritens.


"Europe ? Hors des nations, point de salut !"
Le Figaro Magazine : Que vous inspire cette commémoration de 14-18 dont lecycle amorcé en novembre dernier se déroulera durant les mois à venir ?
Jean-Pierre Chevènement : Il faut la considérer avec la lucidité dont a fait preuve l’ancien ministre des Affaires étrangères allemand Joschka Fischer, lorsqu’il a dit qu’« il serait admirable qu’il y eût un dialogue européen sur le sujet, car là est le commencement de la tragédie européenne ». Si douloureux que soit un passé, il faut en parler en connaissance de cause, savoir démêler les mécanismes profonds des responsabilités immédiates, travail de pédagogie qui n’est absolument pas accompli ni par nos élites intellectuelles ni par nos dirigeants. A la première mondialisation sous domination britannique, qui dura jusqu’en 1914, succéda après 1945 une seconde sous égide américaine. Les deux mondialisations ont abouti à une profonde modification de la hiérarchie des puissances. Avant 1914, la montée de l’Allemagne impériale est un fait saisissant. Unifiée depuis 1871, adossée au Zollverein, experte en matière scientifique et technique, elle ne cesse, sur le plan économique, de creuser l’écart avec la France et l’Angleterre. L’Empire britannique se méfie de cette nouvelle venue qui se dote au surplus d’une puissante flotte de guerre. Ce conflit d’hégémonie est la véritable cause de la guerre. Les origines de la catastrophe sont occultées, on ne peut que déplorer, à l’instar de Joschka Fischer, cette « déshistorisation » des consciences, si bien que je ne serai pas grand clerc en prédisant que la commémoration de 14-18 sera instrumentalisée à des fins politiques. Au nom du « Plus jamais ça ! », il s’agira pour nos classes dirigeantes de réitérer leur défiance à l’encontre des nations, d’où viendrait tout le mal, et de justifier la mise en congé de la démocratie en Europe au prétexte de sauver cette dernière de ses démons. Or la voix de l’Europe est comme étouffée depuis plusieurs décennies. Comment est-elle progressivement sortie de l’Histoire ? Ce mouvement peut-il être inversé ? C’est à ces questions que j’ai voulu répondre dans mon livre, pour envisager ce que peut et doit être notre avenir commun au XXIe siècle.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France 3 Franche Comté, samedi 14 décembre 2013. Il débattait avec Alain Joyandet dans l'émission "La voix est libre", animée par Catherine Eme-Ziri et Jérémy Chevreuil.


(Retrouvez la première partie de l'émission ci-dessus, et la seconde partie en bas de l'article)

Verbatim express :

Sur Matignon
  • Je n'ai pas du tout envie de prendre la place de M. Ayrault. C'est une place qui n'est pas enviable, sauf si on a les mains pour faire une autre politique. Ce serait un cas de figure tout à fait différent. Mais je ne l'envisage pas, et je ne pense pas que ce soit dans les intentions de François Hollande, aujourd'hui, de changer franchement de cap.
  • Lorsque j'ai apporté mon soutien à François Hollande, les yeux ouverts, j'ai dit que j'excluais de redevenir ministre. Je l'ai été à cinq reprises pendant presque 10 ans, bien que j'ai démissionné trois fois.
  • Je considère qu'il y a une équation générale, qui est malheureusement erronée, depuis près de trois décennies. On a voulu substituer l'Europe à la nation, une dérégulation totale, un choix de monnaie unique qui juxtapose des économies profondément hétérogènes, et on le voit bien, ça ne marche pas.
  • Je ne me situe pas vraiment au niveau des partis politiques. J'essaye de regarder ce qui est conforme à l'intérêt du pays. Je m'exprime raisonnablement.
  • Je trouve qu'on ne se pose pas les questions de fond. François Hollande est là depuis longtemps. Il ne mérite pas le flot d'avanies dont il est accablé.
  • Dans mon dernier livre, j'essaye de prendre la mesure du siècle écoulé. Je compare deux mondialisations. Je vois qu'à l'intérieur de chacunes d'elles, il y a une modification profonde de la hiérarchie des puissances. Alors qu'on voyait monter l'Allemagne impériale, aujourd'hui c'est la Chine.
  • La montée fantastique de l'Allemagne impériale aboutit à la Première Guerre mondiale, dont je donne une explication rationnelle, alors qu'aujourd'hui un silence total prévaut, parce que le politiquement correct est immense.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de PolitiqueS sur LCP samedi 14 décembre 2013. Il répondait aux questions de Serge Moati.


Verbatim express :

Sur les différentes interventions internationales de la France
  • (A propos des interventions au Mali et en Centrafrique) Qui pourrait le faire si la France ne le fait pas ? Je ne vais pas souligner l'impotence stratégique de l'Europe. Elle est démontrée. Elle est incapable de réagir. D'autres pays pourraient intervenir, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, mais ils ne connaissent pas ces régions.
  • Je souligne que c'est à la demande de l'ONU, et dans le cadre d'une résolution, que la France intervient à des fins essentiellement humanitaires, et pour remettre ce pays sur les rails, ce qui est déjà beaucoup plus difficile.
  • La France n'est pas seule : il y a une force, la MISCA, qui regroupe les troupes du Tchad, du Congo, de la République démocratique du Congo, du Cameroun, du Gabon, et le président Hollande a annoncé la formation de 20 000 soldats africains par an, ce qui est un objectif extrêmement ambitieux.
  • La France intervient en accord avec l'Afrique, et ses organisations internationales, comme l'Union Africaine. Elle ne peut pas le faire autrement. C'est un point essentiel.
  • Si elle avait eu lieu, l'intervention en Syrie aurait été une très grave erreur, qui nous aurait entraîné dans une guerre que l'ONU n'aurait pas autorisée.
  • Cela aurait ressemblé à la guerre d'Irak. On en voit aujourd'hui le résultat. L'Iran est devenue la puissance dominante dans la région. On a aussi ouvert la voie à l'islamisme radical. Et cette intervention a été ressentie comme une guerre impérialiste, non seulement dans l'ensemble du monde arabe, mais aussi dans l'ensemble du tiers-monde.
  • La France ne doit pas supporter seule le coup de cette mission en Centrafrique. M. Von Rompuy au sommet africain a annoncé que l'Europe mettrait 50 millions d'euros. Ca ne suffira pas, mais c'est un début.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au quotidien Le Progrès, propos recueillis par Dominique Goubatian, jeudi 12 décembre 2013.


"La monnaie unique est une fausse bonne idée"
Le Progrès: Votre nouveau livre met-il en avant les défauts de l’Europe ?
Jean-Pierre Chevènement:
J’ai voulu comprendre comment l’Europe et la France en étaient arrivées là où elles en sont aujourd’hui. J’ai pris comme point de départ la Première Guerre mondiale. J’ai rapproché deux mondialisations libérales. D’une part, celle qui s’est développée sous égide britannique, dont l’issue a été la guerre de 1914-1918, et d’autre part l’américaine après 1945, qui a conduit à la crise du capitalisme financier et à la montée des pays émergents, au premier rang desquels la Chine.

Vous dites que l’Europe est sortie de l’histoire. Pourquoi ?
On voit bien que l’Europe actuelle ne marche pas. Élargie à 28, l’Europe a des divergences d’intérêts et des lenteurs de réactions qui génèrent une véritable impotence stratégique.

Pour quelles raisons êtes-vous critique sur la monnaie unique ?
La monnaie unique est une fausse bonne idée. Elle est viciée dans son principe car elle juxtapose en son sein des économies nationales hétérogènes. L’euro est une monnaie surévaluée. Il faut réformer l’euro afin de le ramener à un cours tolérable.
Mots-clés : 1914-2014 euro europe

Rédigé par Chevenement.fr le 12 Décembre 2013 à 22:46 | Permalien | Commentaires (3)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Activ' Radio mercredi 11 décembre 2013. Il répondait aux questions de Timothée Maymon.


"Dans la guerre des monnaies, l'Europe joue avec les bras attachés dans le dos"
activradio.mp3 Activ'Radio  (12.45 Mo)

Verbatim express :

  • Dans les commémorations du centenaire de 1914, il y a beaucoup de malentendus. On lit toujours le passé à la lumière du présent, mais on ne comprend pas ce qui s'est passé quand on essaye de discréditer les nations, comme si elles étaient à l'origine de la Première Guerre mondiale. Je crois que ce n'est pas le cas.
  • L'idée du livre est de comparer les deux mondialisations, la mondialisation britannique, avant 1914, et ensuite la mondialisation américaine, après 1945. Dans les deux cas, on voit se modifier profondément la hiérarchie des puissances. Les causes profondes de la Première Guerre mondiale sont là.
  • Les élites allemandes, pénétrées d'idées pangermanistes, ont pris tout une série de décisions inconsidérées, précipitant la guerre, donnant son caractère véritablement mondial à ce conflit.
  • Les historiens aujourd'hui s'intéressent surtout à l'histoire des mentalités. Ils ne cherchent pas à comprendre ce qui, au cours du siècle, a entraîné la marginalisation de l'Europe. Je tire de mon livre des réflexions pour aujourd'hui.
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