1. Tout au long de cette année, j’ai beaucoup réfléchi et écouté. J’ai décidé d’être candidat à la présidence de la République en 2012, comme je l’avais annoncé, « pour faire bouger les lignes ». Pour mettre la gauche et la France à la hauteur des défis qui sont devant elles.
2. Nous sommes en effet à la veille de très fortes secousses. Avec la crise de l’euro, l’Europe se trouve dans l’œil du cyclone.
3. Ceux qui nous dirigent ou qui aspirent à le faire, pas plus que nos gouvernants de 1940, ne se sont préparés à y faire face. Or, dans cette période de tempêtes, il faudra maintenir le cap des intérêts de la France et de la République, qu’ils ont souvent perdu de vue depuis longtemps (cf.8). C’est pourquoi je suis candidat, pour aider à trouver un chemin.
4. La crise de la monnaie unique a, en effet, sa cause dans la monnaie unique elle-même, que nos dirigeants ont soutenue tous ensemble, à Maastricht, il y a vingt ans. L’erreur du traité que j’ai combattu a consisté à vouloir transférer à un aréopage de banquiers irresponsables la souveraineté monétaire de dix-sept pays très différents par leurs structures économiques, leurs langues, leurs cultures et leurs options politiques. Or, au lieu de converger, leurs économies ont divergé. L’écart s’est creusé entre l’Allemagne industrielle et excédentaire au Nord et les pays du Sud de l’Europe déficitaires et en voie de désindustrialisation rapide. La monnaie unique était censée unir. Elle divise. Les politiques de rigueur conjuguées conduisent à une récession généralisée.
5. Le sommet de Bruxelles n’a rien réglé. Il n’a posé que des rustines. Les ressources disponibles du Fonds européen de solidarité financière sont insuffisantes : 250 milliards face aux 3 400 milliards de dettes des cinq pays « sous tension ». Cette insuffisance ouvre la voie à l’ingérence extérieure. Après la Grèce, qui renâcle devant sa mise en tutelle, c’est le tour de l’Italie d’être attaquée et mise sous le contrôle du FMI. La rigueur s’impose par diktat. Au sommet du G20, à Cannes, la crise de l’euro a occulté le reste : la réforme du système monétaire international n’a pas progressé.