Edmonde Charles-Roux était une grande dame. Engagée dès 1939 comme infirmière dans l’armée française, elle reprend du service en 1944 aux côtés du Général De Lattre de Tassigny. La Légion étrangère avait reconnu ses mérites en la faisant caporal d’honneur.

Elle s’est très tôt affirmée comme une figure majeure dans la Culture, dans la littérature de notre pays. Oublier Palerme lui avait valu le prix Goncourt et son œuvre lui a ouvert toute grandes les portes de l’académie Goncourt, qu’elle présidait encore il y a peu.

Mais Edmonde était aussi une grande figure de la vie politique. Edmonde avait de fortes convictions qui l’ancraient dans la meilleure tradition de la gauche : la liberté de l’esprit alliée à la générosité du cœur. Compagne de Gaston Deferre, qu’elle aimait et qu’elle admirait, et qui le lui rendait bien, elle a été l’inspiratrice d’une politique qui visait au rassemblement de toute la gauche. C’était aussi une patriote intransigeante.

Je n’oublie pas le soutien qu’elle m’a apporté en maintes occasions ni sa venue à Belfort où nous avions inauguré ensemble la rue Gaston Deferre en centre-ville.

Son influence en matière de politique culturelle n’a pas besoin d’être soulignée à Marseille et ailleurs. Elle a été une héroïne aux multiples talents, courageuse, curieuse de tout, à nulle autre pareille.

Je suis fier d’avoir été son ami.
Mots-clés : edmonde charles-roux

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 21 Janvier 2016 à 16:19 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Atlantico, dimanche 17 janvier 2016.


"Je me demande si beaucoup de ceux qui sont contre cette déchéance ne sont pas en fait d’abord hostiles à la nationalité française"
Atlantico : La loi sur la déchéance de nationalité occupe le débat depuis les attentats de novembre alors que pour la majorité des intervenants, celle-ci serait inefficace. Pourquoi, selon vous, s'attache-t-on ainsi à des symboles ?
Jean-Pierre Chevènement : La France depuis les attentats de 2015 est entrée dans une période nouvelle de son histoire. Il est malheureusement prévisible que ces attentats se reproduisent. Ils vont mettre la France à rude épreuve. Notre pays, jusqu'à présent, a réagi avec sang-froid et dignité. Il a montré beaucoup de résilience. Nos concitoyens, dans l'épreuve, se sont regroupés autour de la France, de la République et de leurs symboles et nous avons évité jusqu'à présent le piège de l'escalade qui est naturellement le calcul de Daesh. Celui-ci veut susciter des affrontements qui pourraient conduire à une guerre civile en France, eu égard au contexte politique tendu que nous allons connaître. Je renvoie à Gilles Kepel selon qui le Syrien Abou Moussab Al Souri a identifié l'Europe et la France comme le maillon faible du monde occidental. Le maillon faible n'a pas craqué jusqu'à présent. La tâche du Président de la République et du Premier Ministre est évidement très difficile. Leur prompte réaction a été salutaire.

S'agissant de la révision constitutionnelle, j'ai lu que le Président de la République envisageait d'y faire entrer la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature et le statut du parquet. Cela m'inquiète plutôt. La révision se justifie pour définir la place et les conditions du recours à l'état d'urgence. L'état d'urgence n'est pas une situation qui est faite pour durer. Cette révision constitue donc une garantie apportée à la liberté.

Les actes du colloque du 28 septembre 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Quel modèle territorial pour la République ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica
  • De l'esprit des lieux, par Stéphane Rozès, président de la société de conseils CAP et enseignant à Sciences-Po et HEC, ancien directeur général de l’institut de sondage CSA

Agenda et médias



Dans le numéro du Débat du mois de janvier, Jean-Pierre Chevènement consacre un long et passionnant article à François Mitterrand. L'ancien ministre choisit le tournant de 1983 pour tracer le portrait d'un homme politique secret et décidé, persuadé que le destin de la France ne peut se faire sans l'Europe. Le Figaro en publie de larges extraits.


C'était François Mitterrand
La méthode du secret
J'ai rarement vu François Mitterrand hésiter. Je ne parle évidemment pas de la tactique, qu'il savait faire évoluer au gré des circonstances. Les grands choix - il y en avait peu -, il les faisait seul. Ensuite, il les imposait, à la faveur des événements, à ses amis comme à ses adversaires. Le secret était aussi sa manière d'être. Il contribuait à son charme puissant. François Mitterrand savait deviner les êtres et se les attacher. Il professait sur la fin de sa vie qu'en politique il n'y avait pas d'amis. Pourtant, toute sa vie et sa carrière politique ont été la démonstration du contraire : François Mitterrand a pu compter sur des fidèles, entièrement dévoués à sa personne.

Pour ma part, je n'ai jamais fait partie de ces mamelouks. Je lui avais offert les clés du parti d'Épinay avec le Ceres et cela nous autorisait à marquer clairement nos désaccords déjà dans l'élaboration du programme socialiste, puis ultérieurement, sur la guerre du Golfe et sur Maastricht, notamment. Mais ces désaccords, si fondamentaux qu'ils fussent, n'empêchaient pas cette « loyauté globale » sur laquelle, me dit-il un jour, il savait pouvoir compter et restaient contenus par la compréhension que j'ai toujours recherchée des raisons qui pouvaient être les siennes.

La méthode du secret réussissait à François Mitterrand là où il excellait, dans le maniement des hommes, aussi bien en politique intérieure que dans les affaires internationales. Il en allait différemment en économie, matière à laquelle il était étranger. Il ne croyait pas à la ridicule prétention de figer le réel en formules mathématiques. Sa culture était à l'opposé : un roman, un livre d'histoire lui ouvraient de vastes horizons. Les notes du Plan ou celles de la petite garde de conseillers qui, au lendemain du 10 mai 1981, s'était spontanément constituée entre l'Élysée, Matignon et la rue de Rivoli pour guider ses choix économiques lui tombaient des mains. Il les voyait venir. Sous l'habit du courtisan, il devinait les « rocardiens » qu'issus du même moule ils avaient toujours été.
Mots-clés : 1983 françois mitterrand

le 8 Janvier 2016 à 14:01 | Permalien | Commentaires (1)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Point, samedi 2 janvier 2016, propos recueillis par Emmanuel Berretta.


"Macron incarne l'élitisme républicain"
Le Point : Emmanuel Macron a été l'un de vos sympathisants au début de son engagement politique. Vous l'aviez croisé ?
Jean-Pierre Chevènement :
Non, j'ai eu beaucoup de sympathisants, et je ne m'en souviens pas. Mais cela me flatte ! Car il a des qualités rares en politique : la culture, la finesse. Il apporte beaucoup au gouvernement.

Aujourd'hui, il n'est plus sur votre ligne : il est libéral et européen, alors que vous êtes souverainiste. Et pourtant vous le soutenez...
Cette façon de présenter les choses est caricaturale. La souveraineté, c'est d'abord et avant tout la démocratie, soit le titre I de la Constitution. Or, Emmanuel Macron a le sens de l'État. Et c'est cela qui compte.

Sa loi Macron a fait polémique dans une partie de la gauche. Qu'en pensez-vous ?
Je ne pense pas qu'ouvrir les magasins le dimanche dans un certain nombre de zones touristiques soit la ligne qui sépare le jour de la nuit.

Vous qui avez côtoyé de très nombreux politiques, pensez-vous qu'il possède la carrure pour porter un destin national ?
C'est une perspective qui n'a pas de réalité politique à court terme. Macron a beaucoup de qualités. Il incarne l'élitisme républicain, que je respecte. Aussi, pour la suite, je ne dis pas non.

Valls et Macron, quelles sont leurs différences à vos yeux ?
Je ne veux pas les mettre en concurrence.
Mots-clés : emmanuel macron

le 2 Janvier 2016 à 13:00 | Permalien | Commentaires (7)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Parisien, samedi 2 janvier 2016, propos recueillis par Jannick Alimi.


"Les revendications des nationalistes auraient pour conséquence de faire sortir la Corse du cadre républicain"
Le Parisien: Est-ce que la victoire des nationalistes aux régionales vous inquiète ?
Jean-Pierre Chevènement: D’abord, je ne suis pas hostile au nationalisme corse : je défends avant tout l’Etat républicain, tant sur l’île que sur le continent. Je reste attaché à ce que l’Etat soit reconnu comme l’émanation de tous les citoyens français sans distinction d’origine, de couleur de peau ou de religion. Bien sûr, la Corse a son histoire, incarnée au XVIII e siècle par Pascal Paoli. Mais depuis le 14 juillet 1790, fête de la Fédération, la page est tournée. La Corse, qui y était représentée, fait partie intégrante de la nation et du Peuple français.

Les nationalistes à la tête de la région ne revendiquent pas l’indépendance…
La plupart de leurs revendications auraient pour conséquence de faire sortir la Corse du cadre républicain. La reconnaissance de la nation corse, la co-officialité de la langue corse avec le français, le statut de résident fiscal qui remettrait en cause le principe de l’égalité de tous les citoyens devant l’impôt, sont des revendications inacceptables. La Corse est la collectivité la plus décentralisée de France. Sur certains sujets comme l’investissement, les liaisons entre l’île et le continent, il est normal de débattre. Mais il faut maintenir le principe de la souveraineté du Peuple français et d’une République une et indivisible.
Mots-clés : corse terrorisme

le 2 Janvier 2016 à 12:50 | Permalien | Commentaires (6)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Florent Peiffer sur iTELE, mercredi 30 décembre 2015.


  • La déclaration de Manuel Valls (« la Corse n’est pas une zone de non droit. L’Etat ne reculera pas ») est bienvenue. On aurait aimé l’entendre plus tôt car bien évidemment l’Etat ne peut plus reculer. Il est devant des exigences inacceptables que veulent les nationalistes installés à la tête de la collectivité territoriale. Ils veulent l’amnistie pour ceux qu’ils appellent les « détenus politiques ». C’est inacceptable: il n’y a pas de « détenus politiques ». Ils veulent un statut de « résident privilégié » du point de vue fiscal. La loi est la même pour tous sur toute l’étendue de la République. Troisièmement, ils veulent la co-officialité du corse et du français, mais on ne peut pas l’accepter en Corse, pas plus qu’ailleurs. Le Français est la langue de la République, sinon on va vers un système où les gens ne s’entendront plus puisque tous les actes de l’état civil pourraient être rédigés soit en français soit dans un idiome local.

  • J’ai le souvenir du processus de Matignon. On lui a offert le chemin qui l’a conduit là où il est, c’est-à-dire à la tête de l’assemblée de Corse. Disons que ce sont les reculades de l’Etat depuis des décennies et puis la liquéfaction de la classe politique locale, tant de droite que de gauche : M. Rossi, M. Rocca-Serra d’un côté, M. Giacobbi de l’autre. Cette classe politique s’est discréditée et effectivement la coalition des nationalistes et des autonomistes est arrivée en tête, mais je rappelle avec 35% des votants c’est-à-dire d’un tout petit tiers des inscrits, un quart sans doute.

Dépêche AFP, mercredi 30 décembre 2015.


[AFP] Déchéance: une mesure non dissuasive mais importante "du point de vue des valeurs"
L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement a jugé mercredi que la déchéance de nationalité pour les binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme était une mesure "symbolique" non dissuasive mais importante "du point de vue des valeurs".

"Si on prend la lutte contre le terrorisme, on peut dire qu'elle n'est pas nécessaire, parce qu'effectivement, les gens qui se font sauter au milieu d'une foule innocente ne se laisseront pas dissuader par la perspective du retrait de leur passeport", a déclaré l'ancien ministre de la Défense puis de l'Intérieur sur I-Télé, qualifiant les jihadistes de "sauvageons".

"Mais si on place dans la perspective de la réussite de l'intégration, (...) c'est important pour faire prendre au sérieux la question de la nationalité", a-t-il poursuivi.

"C'est une mesure symbolique, qui ne concernera que quelques dizaines de cas, mais les mesures symboliques ont une importance du point de vue des valeurs (...) Être Français, c'est un plébiscite de tous les jours", a-t-il dit, citant le philosophe et historien Ernest Renan, auteur du célèbre discours "Qu'est-ce qu'une nation?".

Le projet de réforme constitutionnelle adopté par le Conseil des ministres le 23 décembre, qui prévoit l'inscription de l'état d'urgence et l'élargissement de la déchéance de nationalité aux binationaux nés Français et condamnés pour terrorisme, sera examiné à l'Assemblée à partir du 3 février.

le 30 Décembre 2015 à 17:26 | Permalien | Commentaires (2)
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