Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Progrès, 6 avril 2011.
Le Progrès: Considérez-vous qu’à l’occasion des cantonales il y a eu une recomposition du paysage politique ?
Jean-Pierre Chevènement: Il y a certainement une montée du FN, certes à relativiser du fait de la forte abstention. Il y a une poussée de la gauche mais qui est plus due au Front de gauche et aux Verts qu’au PS lui-même. L’érosion assez forte de la majorité présidentielle est compensée par le maintien des divers droite. Le score de Marine le Pen rend possible que M. Sarkozy soit éliminé au premier tour de la présidentielle. Y a-t-il une droitisation de l’électorat en France ? La France vit depuis trente ans une crise profonde. La gauche, depuis le tournant libéral de 1983, a perdu de vue les couches populaires qui se tournent de plus en plus vers l’abstention ou vers les solutions démagogiques du FN. Celui-ci fait de l’immigration la source de tous les maux, exonérant la finance internationale de sa responsabilité, essentielle dans la crise du capitalisme financier. Du fait que la gauche n’offre pas une perspective réellement alternative, beaucoup de gens par désespoir se tournent vers les fausses solutions de Marine Le Pen. Que pensez-vous du projet socialiste ? Certaines propositions vont dans le bon sens, même si elles ne sont pas nouvelles, notamment les emplois jeunes et la réforme fiscale. Je réclame la création d’une banque nationale d’investissement depuis 1982 et je me réjouis de voir qu’elle est évoquée par le programme du PS mais quel sera son contenu ? Il y a déjà le Fonds stratégique d’investissement. Cependant les socialistes prétendent vouloir réduire la dette dès 2014. Mais, comment peut-on programmer beaucoup de dépenses supplémentaires, notamment des postes pour la justice, la police et l’Ecole, et en même temps réduire la dette ? Le PS est prisonnier du même logiciel néolibéral et européiste que celui qui l’a conduit à faire une politique aux antipodes des aspirations des couches populaires depuis les années 90.
Rédigé par Chevenement.fr le 7 Avril 2011 à 16:51
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Jean-Pierre Chevènement a reçu, samedi 2 avril 2011, le prix du livre politique 2011 pour "La France est-elle finie?" (Fayard, 2011).
La vidéo du discours de Jean-Pierre Chevènement lors de la remise de son prix est disponible sur le site de la chaîne LCP.
Extrait de la dépêche AFP : "Le prix du livre politique, qui fêtait cette année ses 20 ans d'existence, est organisé par l'association Lire la société (Lire la Politique avant 2009) présidée par Luce Perrot. Le jury du prix du livre politique, présidé par Jérôme Clément, président du théâtre du Châtelet, a couronné l'ouvrage de Jean-Pierre Chevènement "La France est-elle finie ?" parue aux Editions Fayard. Ce livre a devancé "La dictature de l'urgence" (Editions Fayard) de Gilles Finkelstein, et "Nous nous sommes tant aimés ou la chanson d'une génération" (Editions Robert Laffont) de Jean-Pierre Jouyet, ancien ministre des Affaires européennes et président de l'Autorité des marchés financiers (AMF)."
Mots-clés :
la france est-elle finie?
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de France24 jeudi 31 mars. Il répondait aux questions de Roseline Febvre.
Voir la première partie ci-dessus (et son verbatim sur le site de France24) et la seconde partie ci-dessous.
ActualitésIntervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat lord du débat PPL Action publique locale, mercredi 30 mars 2011.
La proposition de loi déposée par les sénateurs communistes et du parti de gauche nous donne l’occasion de revenir sur l’évolution de la fiscalité locale, suite à la suppression de la taxe professionnelle par la loi de finances pour 2010, et plus généralement sur l’insuffisance des mécanismes de péréquation entre les collectivités locales, compte tenu de l’écart de potentiel fiscal par habitant : celui-ci varie du simple au double pour les régions, du simple au quadruple pour les départements, et de un à mille entre les communes !
La péréquation devrait permettre de corriger les inégalités les plus choquantes. Or, l’insuffisance des recettes fiscales des collectivités locales après la suppression de la taxe professionnelle ne le permet guère. C’est le principal mérite de la proposition de loi qui nous est soumise d’abonder très significativement – 18 Milliards d’euros – le montant des ressources fiscales perçues par les collectivités locales. Sans doute le rapporteur de la Commission des Finances, M. Charles Guené, puis vous-même, Monsieur le Ministre, avez fait observer que cet alourdissement de la fiscalité des entreprises va à l’encontre de l’objectif recherché par la suppression de la taxe professionnelle. Certes, mais le montant de la taxe fixé à 0,3 % peut être ramené à 0,2 voire 0,1 % : cela représenterait encore 6 Milliards d’euros, beaucoup plus que les sommes que la loi de finances prévoit de consacrer à la péréquation. Poursuite du programme de colloques de la Fondation Res Publica lundi 4 avril 2011 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.
Avec la participation de :
Agenda et médiasOriginal en français de la tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans The Guardian, 26 mars 2011.
Deux grands choix qui ont modelé la politique étrangère française depuis soixante ans ont écarté la France et la Grande-Bretagne l’une de l’autre : celui de la construction européenne, selon la conception de Jean Monnet au lendemain de la seconde guerre mondiale, et celui de l’indépendance nationale voulue par le Général de Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Ces deux choix étaient d’ailleurs contradictoires : le premier, celui d’une Europe intégrée, n’est compréhensible que parce que la France, ayant failli périr deux fois dans la première partie du XXème siècle (en 1914-1918 et en juin 1940), en était arrivée à douter si profondément d’elle-même qu’elle a voulu faire de l’Europe un substitut à la nation (1). Or la Grande-Bretagne ne pouvait accepter de s’effacer ainsi dans une « Europe supranationale ».
Ce n’était d’ailleurs pas non plus la conception du Général de Gaulle qui ne croyait pas à la supranationalité, mais voulait bien faire « l’Europe des nations ». Au-delà, il définissait son objectif comme étant l’émergence d’une « Europe européenne », actrice de son propre destin. C’est là que le bât blessait avec la Grande-Bretagne attachée à sa « relation spéciale » avec les Etats-Unis d’Amérique. Les cartes sont en train d’être rebattues : La crise de la monnaie unique aujourd’hui, reflète l’impasse de l’Europe supranationale. L’Allemagne se disait fédéraliste à l’époque où elle était divisée. Le projet français de noyer la réunification allemande dans une Europe fédérale (c’était l’objet du traité de Maastricht), a aujourd’hui fait long feu. Cela était prévisible depuis longtemps. Curieusement, c’est le moment historique qu’a choisi le Président Sarkozy pour faire réintégrer la France à l’organisation militaire de l’OTAN, au prétexte bizarre de faciliter l’émergence d’une « défense européenne ». Dépêche AFP, 26 mars 2011, 20h53.
Jean-Pierre Chevènement, président d'honneur du MRC, a appelé samedi les partis de gauche à "s'unir" pour refuser le "carcan réactionnaire" du pacte "de super-rigueur" et "la politique antisociale et anti-européenne" décidée par le Conseil européen de Bruxelles.
L'ancien ministre évoque dans un communiqué "le pacte léonin de super-rigueur concocté par Madame Merkel avec la complicité de M. Sarkozy, pacte qui vient d’être adopté à Bruxelles par le Conseil européen". Selon lui, "désormais, les budgets seront soumis à la Commission de Bruxelles avant de l’être aux Parlements nationaux ; l’interdiction des déficits sera constitutionalisée. Le report de l’âge de la retraite deviendra automatique". M. Chevènement appelle au nom du Mouvement Républicain et Citoyen "les partis de gauche en France à s’unir pour refuser ce carcan réactionnaire". Communiqué de presse de Jean-Pierre Chevènement, samedi 26 mars 2011.
Les difficultés financières du Portugal et l’appel au peuple fait par son Premier Ministre Jose Socrates, montrent que les gouvernements nationaux refusent de plus en plus de passer sous les fourches caudines du FMI et d’institutions européennes privées de toute légitimité démocratique pour leur imposer des politiques de « super-austérité à l’échelle continentale.
Les pays dits « périphériques » ne veulent pas d’une « l’aide européenne » contraignante qui entraînerait d’ailleurs un surcroît d’endettement pour les pays prêteurs et donc pour leurs contribuables comme l’Allemagne et la France. Le refus portugais occulte le pacte léonin de super-rigueur concocté par Madame Merkel avec la complicité de M. Sarkozy, pacte qui vient d’être adopté à Bruxelles par le Conseil européen : désormais, les budgets seront soumis à la Commission de Bruxelles avant de l’être aux Parlements nationaux ; l’interdiction des déficits sera constitutionalisée. Le report de l’âge de la retraite deviendra automatique. |
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