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La France et la Grande-Bretagne, un pôle pour faire exister l’Europe dans le monde multipolaire


Original en français de la tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans The Guardian, 26 mars 2011.


La France et la Grande-Bretagne, un pôle pour faire exister l’Europe dans le monde multipolaire
Deux grands choix qui ont modelé la politique étrangère française depuis soixante ans ont écarté la France et la Grande-Bretagne l’une de l’autre : celui de la construction européenne, selon la conception de Jean Monnet au lendemain de la seconde guerre mondiale, et celui de l’indépendance nationale voulue par le Général de Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Ces deux choix étaient d’ailleurs contradictoires : le premier, celui d’une Europe intégrée, n’est compréhensible que parce que la France, ayant failli périr deux fois dans la première partie du XXème siècle (en 1914-1918 et en juin 1940), en était arrivée à douter si profondément d’elle-même qu’elle a voulu faire de l’Europe un substitut à la nation (1). Or la Grande-Bretagne ne pouvait accepter de s’effacer ainsi dans une « Europe supranationale ».

Ce n’était d’ailleurs pas non plus la conception du Général de Gaulle qui ne croyait pas à la supranationalité, mais voulait bien faire « l’Europe des nations ». Au-delà, il définissait son objectif comme étant l’émergence d’une « Europe européenne », actrice de son propre destin. C’est là que le bât blessait avec la Grande-Bretagne attachée à sa « relation spéciale » avec les Etats-Unis d’Amérique.

Les cartes sont en train d’être rebattues : La crise de la monnaie unique aujourd’hui, reflète l’impasse de l’Europe supranationale. L’Allemagne se disait fédéraliste à l’époque où elle était divisée. Le projet français de noyer la réunification allemande dans une Europe fédérale (c’était l’objet du traité de Maastricht), a aujourd’hui fait long feu. Cela était prévisible depuis longtemps.
Curieusement, c’est le moment historique qu’a choisi le Président Sarkozy pour faire réintégrer la France à l’organisation militaire de l’OTAN, au prétexte bizarre de faciliter l’émergence d’une « défense européenne ».

La diplomatie française a donc doublement « la gueule de bois » comme disent les amateurs d’alcool: l’Allemagne a entraîné l’Europe (en tout cas la zone euro) dans une surenchère de rigueur qui conduit à une régression économique et sociale dont on ne voit pas l’issue. La France n’ose pas contester vraiment la politique de Madame Merkel, parce qu’elle hésite à remettre en cause des règles du jeu des traités européens d’essence néo-libérale que François Mitterrand a acceptées au départ en pensant pouvoir les changer le moment venu, mais qui se révèlent aujourd’hui tout à fait inadaptées et impossibles à modifier substantiellement : la monnaie unique est une monnaie surévaluée qui asphyxie toutes les économies européennes, en dehors de celle de l’Allemagne. L’euro est une variable d’ajustement entre le dollar et le yuan chinois : la zone euro est prise dans les tenailles du G2 (la « Chinamérique »). Il est tout à fait improbable que le G20 arrive à desserrer cette tenaille : l’Europe, marché offert, se désindustrialise et, à l’échelle mondiale, se marginalise.

De même, en vertu des règles posées à Maastricht, la Banque Centrale Européenne ne se croit pas autorisée à intervenir sur les marchés de la dette pour casser la spéculation et sauver l’euro. Celui-ci semble condamné, si les règles du jeu n’en sont pas profondément modifiées. Peut-être n’est-il pas trop tard pour réfléchir à une organisation monétaire de l’Europe qui organise la coopération entre la Grande-Bretagne et l’Europe continentale. Mais cette occasion viendra à son heure…

Au moment où son projet européen bat de l’aile, la France s’est mise à la remorque de la politique extérieure américaine. Mais les Etats-Unis se soucient de moins en moins de l’Europe. Ils sont de plus en plus tournés vers le Pacifique et obsédés par la montée inéluctable de la Chine. La diplomatie française a provisoirement perdu ses marques par rapport aux deux grands projets qui l’avaient vertébrée depuis un demi siècle, mais elle pourrait les retrouver assez vite si elle revenait à la conception d’une « Europe des nations » à la mode gaulliste, l’ « Europe européenne » n’ayant plus aujourd’hui le même sens qu’à l’époque de la guerre froide.

Est-ce ce chemin que dessinent les accords franco-britanniques de Londres de novembre 2010 ? Il est sans doute trop tôt pour le dire, si souhaitable qu’en soit la perspective. Les relations avec les Etats-Unis d’Obama ne sont pas vraiment une pomme de discorde entre nos deux pays. La Grande-Bretagne cherche à les influencer en se tenant proche d’eux. Et la France poursuit le même objectif par une démarche inverse : l’indépendance, mais dans l’alliance. L’OTAN oui, mais à condition de ne pas compromettre notre influence dans les pays arabes.

Les Etats-Unis n’ont accepté que de donner un « coup de main » limité à la France et à la Grande-Bretagne en Libye. Nos deux vieilles nations doivent, ensemble, relayer le leadership américain en prenant soin de rester dans le cadre de la légalité internationale (la protection des civils) et en rassemblant le maximum de pays arabes, africains et plus généralement émergents, autour d’une politique dont le but ne peut être que de réunir les conditions de l’autodétermination du peuple libyen. Respectons la volonté de démocratie qui s’exprime dans le monde arabe. C’est ainsi que nous préparerons au mieux l’avenir d’une grande Europe démocratique des nations allant de la Méditerranée jusqu’à la Russie. La Grande-Bretagne et la France peuvent jouer ensemble un rôle moteur, non pas tant pour maintenir notre statut que pour permettre à l’Europe d’exister comme « pôle » dans le monde multipolaire de demain.

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1) « La France est-elle finie ? » par Jean-Pierre Chevènement - Editions Fayard - Paris - Janvier 2011

=> voir l'article en anglais


Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le Lundi 28 Mars 2011 à 10:19 | Lu 3933 fois



1.Posté par eva R-sistons, pseudo le 29/03/2011 04:50
"JP Chevènement est-il fini" pour faire une analyse pareille, pour renier la politique extérieure traditionnelle de la France ? Couple anglais à la place de l'Allemand ? Ou couple franco-allemand et se tourner vers la Russie ? Pour un monde multipolaire équilibrant l'Empire anglo-saxon... Eva

2.Posté par Philippe GASSIE le 31/03/2011 02:12
eva R-sistons j'espère que ce pseudo n'a rien à voir avec un Évariste visionnaire mort à 28 ans...

Si tel était le cas, permettez à un de ces vieux qu'ont de l'âge, de rappeler qu'en Mathématiques, un problème insoluble dans un sens peut être très facilement résolu en le prenant dans l'autre, sans allusion sexuelle, et sauf le respect que je vous dois.
Le retournement d'alliance de la Prusse sous Louis XV moralement indéfendable, lui fut très profitable.

Cela dit grand merci pour ce texte en français. L'article du Guardian m'ayant provoqué de l'urticaire.

1ère remarque : quel appauvrissement de la langue!
2éme remarque: J'ai fait de nombreux contre-sens.

Quoique...
Rien que les titres :
La France et la Grande-Bretagne, un pôle pour faire exister l’Europe dans le monde multipolaire
ou
France and Britain – a new special relationship
Verflucht, das ist nicht das selbe, comme dirait Éva.

Je sais cela n'est pas juste ma chère Éva, certes je vous dois le pot de l'amitié, mais "za soulage...".

Finalement, c'est peut-être le "lecteur du Guardian" qui n'a pas eut accès à la pensée du Che.
Encore que le "lecteur du Guardian" pourrait aisément se traduire en français par "bobo", "gauche-caviar" voire "social-pute" ou "routard en patins à roulettes", etc. Faible perte...

Cela dit, JPC a tort de croire à des pouvoirs posthumes ou magiques de Jean Monnet, petit commis du Grand Capital, destructeur et non conquérant, et en tous cas sans descendance. Les intellectuels médiocres, mémé-confiture et autres amis du désastre sont d'une autre couvée.

Où est-elle la CEECA ? Y'a plus d'charbon, y'a plus d'acier. Et quand Mittal a racheté Arcelor pour ses brevets et méthodes, nous avons appris qu'il s'agissait d'une société luxembourgeoise. Si tous les contribuables rackettés pour ces malheureux actionnaires des 200 familles devaient se retourner dans leur tombe, quel séisme !
En même temps, c'est cela l'Europe du IV° Reich : on liquide et on s'en va.

Cela dit, JPC a tort de croire que les partis ne servent à rien. Très bien la présidence d'honneur, mais le cambouis est inhérent à la mécanique. Au lieu de conférences sur la Res Publica sur le squpposé des anges, la recherche des 500 parrainages nettement, parait plus urgente. Y'a donc personne dans ce parti pour proposer une traduction correcte?

Cela dit, JPC a tort de croire que la "penséecharlesdegaulle" peut casser des briques.
A l'échelle historique, les douze ans de croissance forcenée d'une IV° interventionniste, nationalisante, appuyée sur des services publics forts et une V° injuste, suicidaire et libre-échangiste seront-elles jugées comme le souhaitent les bénéficiaires provisoires de la décadence?

3.Posté par TOTO KOP le 02/04/2011 23:13
De Gaulle ceux méfier de la Grande Bretagne , pour lui s était le satellite des USA , il doit être dans le vrai ou bien ses le contraire , dans les 2 sens quand ont y regarde de plus prêt l un ne va pas sans l autre
Qui a crée la bourse qui ruine l économie planétaire ? les anglais , qui est le plus grand paradis fiscal sur la planète ? les anglais avec la City et les tout les iles anglo saxon sont ds paradis fiscaux non 2 belle ile anglos normande , Jersey et sa petite sœur , les 2 iles qui renferme le plus de banque aux mettre carrée ses bien simple tous travail pour les banques, 250 000 000 000 transit chaque année sur ces iles , personne n en parle un vrai scandale
Les Anglais n ont pas attendue l Europe pou serrez le KIKi a sont peuple et il faut taire les manifs qui commence a ceux profiler la bas , qui est le pays qui profite pleinement des subvention de l UE sans faire partie du marcher commun ? l Angleterre notre soit disante allié , l Angleterre ceux moque de la France , il rachète des village entier en France et passe leur vacance et sa s arrête la
L UE a interdit a la Poste d avoir des taux a 5 % aux nom de la concurrence , a peine Sarkosy a privatisez la Poste que d un coup ont voit pulluler des publicité de banques faire des Taux a 5 % , et qui sont ils ? des banque anglaise SVP madame , foutage de gueule et fumisterie , l Angleterre a fait nombres de guerres a la France pour avoir le droit sur le capitalisme , ils ont crée de toute pièce le petit du capitalisme le libéralisme qui asphyxie toute les économie mondial et spécule sur les matière 1 er
L Empire Britannique économiquement et militairement nous entraine dans toute leur aventure , et ont devrez s alliée encore plus avec eux ?
Ses une plaisanterie tout le bordel vient de chez eux et personne n en parle , leur empire est entrain de crever , il s accroche et nous faut qu ont coule avec eux ??? ses pas sa pour moi la République et le Socialisme , que leur système tombe et qu il le reface a neuf .............
Et je souhait bien du courage aux sujets de sa majesté , nous ont as déjà Sarkosy ses pas un cadeaux
Salutation merci pour l allocution pour une fois je ne serrez pas d accords a 100 % comme pour la Libye je ne suis pas avec le FDG sur ceux point ( ont ne peut pas être d accord sur tout ) m enfin je comprend ya des choix a faire et tout va très vite dans un monde un peu fou enfin un peu lol , Fraternellement ............

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