Le Progrès: Considérez-vous qu’à l’occasion des cantonales il y a eu une recomposition du paysage politique ?
Jean-Pierre Chevènement: Il y a certainement une montée du FN, certes à relativiser du fait de la forte abstention. Il y a une poussée de la gauche mais qui est plus due au Front de gauche et aux Verts qu’au PS lui-même. L’érosion assez forte de la majorité présidentielle est compensée par le maintien des divers droite. Le score de Marine le Pen rend possible que M. Sarkozy soit éliminé au premier tour de la présidentielle.
Y a-t-il une droitisation de l’électorat en France ?
La France vit depuis trente ans une crise profonde. La gauche, depuis le tournant libéral de 1983, a perdu de vue les couches populaires qui se tournent de plus en plus vers l’abstention ou vers les solutions démagogiques du FN. Celui-ci fait de l’immigration la source de tous les maux, exonérant la finance internationale de sa responsabilité, essentielle dans la crise du capitalisme financier. Du fait que la gauche n’offre pas une perspective réellement alternative, beaucoup de gens par désespoir se tournent vers les fausses solutions de Marine Le Pen.
Que pensez-vous du projet socialiste ?
Certaines propositions vont dans le bon sens, même si elles ne sont pas nouvelles, notamment les emplois jeunes et la réforme fiscale. Je réclame la création d’une banque nationale d’investissement depuis 1982 et je me réjouis de voir qu’elle est évoquée par le programme du PS mais quel sera son contenu ? Il y a déjà le Fonds stratégique d’investissement. Cependant les socialistes prétendent vouloir réduire la dette dès 2014. Mais, comment peut-on programmer beaucoup de dépenses supplémentaires, notamment des postes pour la justice, la police et l’Ecole, et en même temps réduire la dette ? Le PS est prisonnier du même logiciel néolibéral et européiste que celui qui l’a conduit à faire une politique aux antipodes des aspirations des couches populaires depuis les années 90.
Jean-Pierre Chevènement: Il y a certainement une montée du FN, certes à relativiser du fait de la forte abstention. Il y a une poussée de la gauche mais qui est plus due au Front de gauche et aux Verts qu’au PS lui-même. L’érosion assez forte de la majorité présidentielle est compensée par le maintien des divers droite. Le score de Marine le Pen rend possible que M. Sarkozy soit éliminé au premier tour de la présidentielle.
Y a-t-il une droitisation de l’électorat en France ?
La France vit depuis trente ans une crise profonde. La gauche, depuis le tournant libéral de 1983, a perdu de vue les couches populaires qui se tournent de plus en plus vers l’abstention ou vers les solutions démagogiques du FN. Celui-ci fait de l’immigration la source de tous les maux, exonérant la finance internationale de sa responsabilité, essentielle dans la crise du capitalisme financier. Du fait que la gauche n’offre pas une perspective réellement alternative, beaucoup de gens par désespoir se tournent vers les fausses solutions de Marine Le Pen.
Que pensez-vous du projet socialiste ?
Certaines propositions vont dans le bon sens, même si elles ne sont pas nouvelles, notamment les emplois jeunes et la réforme fiscale. Je réclame la création d’une banque nationale d’investissement depuis 1982 et je me réjouis de voir qu’elle est évoquée par le programme du PS mais quel sera son contenu ? Il y a déjà le Fonds stratégique d’investissement. Cependant les socialistes prétendent vouloir réduire la dette dès 2014. Mais, comment peut-on programmer beaucoup de dépenses supplémentaires, notamment des postes pour la justice, la police et l’Ecole, et en même temps réduire la dette ? Le PS est prisonnier du même logiciel néolibéral et européiste que celui qui l’a conduit à faire une politique aux antipodes des aspirations des couches populaires depuis les années 90.
Est-il possible de sortir de ce logiciel ?
Cela suppose que la France en Europe fasse entendre plus clairement sa voix, qu’elle prône une initiative européenne de croissance, une réforme des statuts de la banque centrale européenne pour que celle-ci puisse racheter des titres de dettes sur les marchés financiers comme le font les Américains.
L’orientation de la politique européenne, symbolisée par le « pacte de compétitivité » de Mme Merkel, nous conduit dans une impasse gravissime et vers une récession générale. M. Sarkozy ne fait rien pour redresser la barre. Et le PS n’a pas le courage de militer pour réformer les règles du jeu qu’il s’est laissé imposer dans les années 1980-1990. Les socialistes sont assis sur la glorification du « bon bilan » supposé des années 1997-2002 et se sont interdit toute autocritique et réflexion novatrice. Je m’en désole.
Vous entretenez le mystère quant à vos ambitions présidentielles. Pourquoi ?
Parce que j’attends de voir quel paysage se découvre et quelles voies sont offertes aux Français. Le moment est venu de changer de route et de changer l’Europe. S’il y a un candidat qui veut le faire, je l’appuierais. Si tel est n’est pas le cas, il faut trouver un candidat qui dans l’espace qui va de Mélenchon à Villepin, puisse offrir une politique réellement alternative à la France.
Qui est le plus proche de vous ?
Arnaud Montebourg dit des choses justes sur le fait que les candidats socialistes sont très proches les uns des autres et ne voient de salut que dans un surcroît d’intégration politique européenne. Mais je ne concours pas dans les primaires socialistes.
Recueillis à Paris par Nathalie Mauret
Cela suppose que la France en Europe fasse entendre plus clairement sa voix, qu’elle prône une initiative européenne de croissance, une réforme des statuts de la banque centrale européenne pour que celle-ci puisse racheter des titres de dettes sur les marchés financiers comme le font les Américains.
L’orientation de la politique européenne, symbolisée par le « pacte de compétitivité » de Mme Merkel, nous conduit dans une impasse gravissime et vers une récession générale. M. Sarkozy ne fait rien pour redresser la barre. Et le PS n’a pas le courage de militer pour réformer les règles du jeu qu’il s’est laissé imposer dans les années 1980-1990. Les socialistes sont assis sur la glorification du « bon bilan » supposé des années 1997-2002 et se sont interdit toute autocritique et réflexion novatrice. Je m’en désole.
Vous entretenez le mystère quant à vos ambitions présidentielles. Pourquoi ?
Parce que j’attends de voir quel paysage se découvre et quelles voies sont offertes aux Français. Le moment est venu de changer de route et de changer l’Europe. S’il y a un candidat qui veut le faire, je l’appuierais. Si tel est n’est pas le cas, il faut trouver un candidat qui dans l’espace qui va de Mélenchon à Villepin, puisse offrir une politique réellement alternative à la France.
Qui est le plus proche de vous ?
Arnaud Montebourg dit des choses justes sur le fait que les candidats socialistes sont très proches les uns des autres et ne voient de salut que dans un surcroît d’intégration politique européenne. Mais je ne concours pas dans les primaires socialistes.
Recueillis à Paris par Nathalie Mauret