Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Figaro, propos recueillis par Alexandre Devecchio, vendredi 29 septembre 2017 (version longue).


Alstom, Europe, Blanquer... mon entretien au Figaro
Le Figaro: Alstom et Siemens ont annoncé ce mardi leur mariage. Quelles peuvent être les conséquences de cet accord ?
Il faut appeler un chat un chat : une absorption est une absorption. Qui détient la majorité du capital d’une entreprise détient le pouvoir. Le reste est pipeau. Les engagements pris à quatre ans sont des chiffons de papier que le premier coup de vent boursier fera s’envoler. Parlementaire du Territoire de Belfort de 1973 à 2014 et maire de Belfort, pendant plus de 20 ans, ville mère d’Alstom, j’aurai connu un véritable Trafalgar en 2014 avec la vente d’Alstom-Energie à l’américain General Electric sous une présentation au demeurant falsifiée et aujourd’hui le Waterloo final avec le bradage d’Alstom-Transport à Siemens.

Deux coups majeurs portés à notre tissu industriel. On s’étonnera après cela du déficit de notre balance commerciale - plus de 60 milliards – alors que l’Allemagne dégage un excédent de plus de 250 milliards ! L’Etat vient de renoncer à monter au capital d’Alstom à hauteur de 20 % comme convenu avec Bouygues, en 2014, pour donner un peu de consistance aux trois « co-entreprises » créées avec Général Electric, notamment dans le domaine des turbines nucléaires. La présence de l’Etat au capital aurait en outre permis de fédérer l’actionnariat français pour créer un équilibre avec Siemens dans Alstom-Transport. Un peu de patriotisme économique aurait permis d’éviter ce naufrage, épilogue de la décomposition d’Alcatel-Alstom annoncée par son président, Monsieur Tchuruk quand il se faisait, il y a 20 ans, le prophète d’une « entreprise sans usine ». Mission accomplie !

Eléments de discours de Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation de l’Islam de France, à l’occasion d’un colloque international sur « l’organisation du culte musulman en France dans une perspective comparative », 27 et 28 septembre, l’Université de Strasbourg.


Je veux d’abord remercier le Président Deneken de nous accueillir ici, dans cette prestigieuse université de Strasbourg, ainsi que Monsieur le Professeur Messner, organisateur de ce stimulant colloque, et l’ensemble des intervenants et participants.

Le sujet est difficile, mais je tiens à le traiter devant vous sans fard, préférant vous dire des choses plutôt que de me réfugier dans la langue de bois. Ma réflexion n’est, bien évidemment, qu’une contribution à un débat qui doit rester ouvert.

I – Historique

1. Laïcité et Séparation

L’organisation du culte musulman en France ne peut se comprendre qu’à la lumière de la laïcité et du régime de séparation, formalisé dans la loi de 1905, qui en est l’aboutissement.

A vrai dire, ces deux notions ne se recouvrent pas absolument. Le mot laïque n’apparaît que dans les lois scolaires de Jules Ferry de 1880 à 1886, car il incombe à l’école de la République de former le citoyen, dans le respect de la liberté de conscience. Celle-ci a été affirmée par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 qui pose, dans son article 10, le principe de la libre expression des opinions, « même religieuses », sous réserve de l’ordre public. La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen contient en germe la séparation des Eglises et de l’Etat mais il est frappant de voir que la laïcité théorisée, sous la Révolution, par Mirabeau et Condorcet, n’apparait pas dans le texte de la loi de 1905. Il faudra attendre la Constitution de 1946 pour que la France soit constitutionnellement définie comme une « République laïque ».

Le régime des cultes en France s’inscrit donc dans « le modèle de la séparation » qui illustre pleinement le concept de la laïcité, tel qu’il a été forgé par le siècle des Lumières et la Révolution française. Il se distingue donc, dans son principe, du modèle « associationniste » ou « conventionnel », où l’Etat, sous des formes variables est resté lié à une religion d’Etat ou simplement à une religion dominante comme en Angleterre, au Danemark, en Grèce ou dans certains pays d’Europe orientale, ou encore en Allemagne, où les religions traditionnelles essentiellement protestante et catholique, bénéficient d’un substantiel « impôt ecclésial » (le « Kirschensteuer » dont le rapport avoisine les 15 milliards d’euros annuels).

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 29 Septembre 2017 à 14:12 | Permalien | Commentaires (1)
L'indépendance du Kurdistan irakien, prévue par le référendum du 25 septembre, marquerait la désintégration définitive de l'Irak, dont la population sunnite (Arabes et Kurdes réunis) n'équilibrerait plus la composante chiite. Les Arabes sunnites perdraient toute confiance dans un rééquilibrage fédéral de l'Irak.

L'indépendance du Kurdistan irakien ouvrirait de surcroît la voie à une déstabilisation générale du Moyen-Orient, à commencer par la Turquie, où la composante kurde de la population avoisine 15 millions de citoyens, sans parler de la Syrie (1 million) et de l'Iran (4 millions).

L'autonomie interne oui, l'indépendance non !

Aucun prétendu « droit à un Etat » ne peut justifier un nouveau cycle de guerres au Moyen-Orient.

Monsieur Kouchner raisonne en nationaliste kurde. Il a depuis la première guerre du Golfe, le mérite de la continuité. De combien de millions de morts encore faudra-t-il payer le mythe d'un Kurdistan indépendant ?
Mots-clés : irak kurdistan

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 25 Septembre 2017 à 15:11 | Permalien | Commentaires (4)

Jean-pierre Chevènement répondait aux questions d'Audrey Crespo-Mara à 8h15 sur LCI, lundi 4 septembre 2017.


Source: LCI

le 4 Septembre 2017 à 09:50 | Permalien | Commentaires (5)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, au séminaire de la Fondation Prospective et Innovation, Futoroscope de Poitiers, 25 août 2017.
Ce texte s'appuie sur un travail d'analyse des chiffres du commerce extérieur réalisé par la Fondation Res Publica : « Une vue d'ensemble sur les relations commerciales internationales ».


L’Europe face aux relations sino-américaines
Un grand merci d’abord à Jean-Pierre Raffarin et à sa Fondation « Prospective et Innovation » pour ce onzième colloque consacré à la Chine dont vous êtes devenu, Monsieur le Premier Ministre, le meilleur connaisseur parmi nos responsables politiques. Comment l’Europe peut-elle se positionner utilement dans la relation sino-américaine ?

I - L’imprévisibilité de Trump a ses racines dans les déséquilibres mondiaux croissants induits par la mondialisation.

L’accession de Donald Trump à la Présidence des Etats-Unis « rend tout et son contraire possible » (comme l’a fort bien dit le romancier américain Philippe Roth). Le bras de fer envisagé par Donald Trump avec la Chine et avec l’Europe, principaux fournisseurs de l’économie américaine, a jusqu’ici tourné court. L’approche de Trump qui entend redresser une situation américaine compromise, repose sur une vision économique qu’on peut trouver brutale et marquée d’un économicisme simplet. Essayons cependant d’en comprendre la logique : elle repose sur le constat bien réel d’un déficit commercial abyssal (719 milliards d'euros) que Trump voudrait réduire.

A – Analysons d’abord ce déséquilibre commercial dans lequel Trump voit, du point de vue des Etats-Unis, la principale menace à résorber.

1. L’excédent chinois sur les Etats-Unis atteint 330 milliards d’euros en 2016 (contre 100 en 2001). Il a donc triplé. Du point de vue des Etats-Unis, le taux de couverture des imports (435 milliards) par les exports (104 milliards) est de moins du quart ! Mais c’est la conséquence de la politique initiée et suivie par tous les gouvernements américains depuis Nixon-Mao, et surtout Deng-Xiao Ping-Reagan. Le déficit des Etats-Unis avec l’Allemagne est moindre mais reste conséquent : il atteint un peu moins de 50 milliards d’euros par an, avec l'Union Européenne, il atteint 128 milliards. Quant au déficit de l’Union européenne vis-à-vis de la Chine, il atteint 238 milliards d’euros en 2016, moindre donc de 100 milliards que le déficit américain. Le problème principal du point de vue de 


Donald Trump et de ses soutiens est donc celui du déséquilibre du commerce extérieur des Etats-Unis vis-à-vis de la Chine.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 2 Septembre 2017 à 16:02 | Permalien | Commentaires (1)

Actualités



Contribution de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre, Livre à paraître.


Happés par le « court termisme » et affolés par l’instantanéité, notre civilisation disparaitrait sans le ressourcement dans la longue durée, c’est-à-dire dans l’Antique, ce passé principiel. Comment notre civilisation pourrait-elle encore nourrir un projet et l’envie d’un bel avenir, si elle laissait se tarir ses sources les plus profondes ? On définit souvent la civilisation occidentale comme « judéochrétienne ». Et certes on connaît peu de civilisations qui n’aient été, ou ne soient soutenues, par une religion, chrétienne, islamique, hindouiste, bouddhiste, etc.

S’il n’est nullement dans mon propos de vouloir diminuer ce que la civilisation occidentale doit à l’Ancien et au Nouveau Testaments, j’observerai cependant que la deuxième religion de France, l’Islam, si elle n’ignore ni Moïse ni Jésus, vise cependant à « clore le cycle des prophéties ». Ce n’est pas une modeste ambition. Nous nous en accommoderons, dans notre société sécularisée et d’abord par la compréhension de ce que le Christianisme et l’Islam se sont développés, depuis quinze siècles, dans une si profonde interaction que ce dernier, lui aussi, fait désormais partie de notre identité moderne. Il est encore plus décisif que les musulmans déclarent s’accommoder de la laïcité et ainsi admettre le principe de l’autonomie du jugement individuel, contribuant à une lecture ouverte de leurs textes sacrés et à l’émergence d’un Islam de progrès.

L’identité républicaine de la France puise à d’autres sources que la source vetero ou néotestamentaire. Faut-il rappeler à nos concitoyens que les sources de notre civilisation ne sont pas seulement à Jérusalem mais aussi à Athènes et à Rome ? C’est la mission de l’Ecole républicaine de transmettre cet héritage.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 2 Septembre 2017 à 15:36 | Permalien | Commentaires (1)

Les actes du colloque du 29 mai 2017 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica: "Où va la Turquie?"
  • L’islam politique en Turquie: histoire et situation actuelle, par Thierry Zarcone, directeur de recherches au Centre National de la Recherche Scientifique à Paris (Groupe Sociétés Religions Laïcité), coéditeur du Journal d’Histoire du Soufisme, auteur de « La Turquie de l’empire ottoman à la République d’Atatürk » (Gallimard; 2005) et « Le Soufisme » (Gallimard; 2013)
  • La politique étrangère de la Turquie, par Jana J. Jabbour, enseignante à Sciences Po Paris, docteure associée au CERI, co-fondatrice de Samar Media, auteure de « La Turquie. L’invention d’une diplomatie émergente » (CNRS éditions ; 2017)
  • La crise des relations entre la Turquie et l’Union européenne, par Didier Billion, directeur adjoint de l’IRIS, spécialiste de la Turquie, auteur de « La politique extérieure de la Turquie. Une longue quête d’identité » (L'Harmattan; 1997), « La Turquie vers un rendez-vous décisif avec l'Union européenne » (IRIS/PUF; 2004), « L’enjeu turc » (Armand Colin; 2006)

le 23 Août 2017 à 10:40 | Permalien | Commentaires (0)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



J'apprends avec beaucoup d'émotion la mort de Gonzague Saint Bris.

Les lettres françaises perdent un écrivain talentueux, un historien soucieux de faire revivre les personnages les plus divers illustrant l'histoire de la France.

Nous perdons aussi un infatigable animateur de la culture, celui de la Forêt des Livres. Pour ma part je perds un ami.

Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 8 Août 2017 à 21:33 | Permalien | Commentaires (0)
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