Enfourcher la rossinante des critiques bruxelloises pour combattre la politique de Nicolas Sarkozy est une tentation dont la gauche doit se prémunir. On entend certains socialistes se réfugier sous les jupes de la Commission et reprendre ses attaques, pour prendre à Paris des habits d’opposants.
Mais la gauche aurait tout à perdre à se confondre avec la critique libérale qu’on entend exprimer à Bruxelles ou à Berlin. Elle aurait tout à perdre à déplorer le déficit budgétaire français au nom du carcan du pacte de stabilité européen, à rejeter le volontarisme industriel national au nom de la libre concurrence communautaire, ou à critiquer la capacité d’action et les atouts propres à la France dans les relations internationales.
Les responsables de la gauche n’ont pas à se transformer en exilés de Coblence, et à reprendre les fatwas de la Commission contre la politique française dès lors qu’elle sort – si peu que ce soit - des sentiers battus de l’orthodoxie monétaire, du dogme de la concurrence ou de la paralysie communautaire. Si la gauche se laissait enfermer dans cette posture, elle se couperait du peuple ! La crédibilité d’une opposition vraiment républicaine ne consiste pas à faire flèche de tout bois, mais à s’arrimer à un projet exigeant qui donne cohérence à la critique démocratique.
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 1 Août 2007 à 16:45
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Il y a moins de deux mois encore Premier Ministre, Dominique de Villepin, à peine mis en examen, est aussitôt condamné, lynché, exécuté. Vae Victis ! Cette République peut-elle être qualifiée d’irréprochable ?
Mon intuition m’a toujours dit que dans l’affaire Clearstream, l’aspect industriel (les règlements de comptes -via M. Gergorin- entre MM. Forgeard et Camus pour prendre la tête d’EADS) l’emportait sur la dérive politique ultérieure dont, pourtant, j’ai été, moi aussi, la victime. Mais ces manigances sont beaucoup moins médiatiques…. Contre la franchise médicale, par Dr. Elie Arié, Le Monde, 21 juillet 2007.
Comme toujours certains prennent leurs désirs pour la réalité. Ainsi Le Monde du 17 juillet utilise-t-il à contresens le mot de « retrait » que j’ai prononcé s’agissant de mes fonctions de maire de Belfort. Je ne me suis pas, pour autant, retiré de la vie politique. Au contraire, en me dégageant d’un terrain miné où la conjonction de la droite et du PS belfortain ne m’a laissé et ne me laissait aucune chance d’être élu, j’ai retrouvé une entière liberté de mouvement pour animer au niveau national le courant républicain civique qui manque à la gauche autant qu’à notre pays.
Actualités
Lire l'article de Sylvia Zappi dans l'édition du Monde datée du 16 juillet 2007 sur le site Le Monde.fr.
Editorial de Jean-Pierre Chevènement pour Belfort-Mag de Juillet 2007.
Compte tenu du résultat de l’élection législative dans la deuxième circonscription du Territoire de Belfort, j’ai décidé de mettre un terme au mandat de maire que le suffrage universel m’avait confié en mars 2001, il y a plus de six ans.
Elu maire pour la première fois en mars 1983 et ayant exercé continûment depuis lors cette fonction, sauf de juillet 1997 à mars 2001, période où des responsabilités gouvernementales prenantes m’empêchaient de le faire et où M. Jackie Drouet m’a relayé dans les fonctions de Premier Magistrat, j’ai considéré que le moment de la relève était venu. Carnet de Jean-Pierre ChevènementOn m’interroge souvent, par les temps qui courent, sur la politique « d’ouverture » pratiquée par Nicolas Sarkozy à l’égard de certaines personnalités « de gauche ». Je n’y ai que partiellement répondu.
Si je désapprouve les débauchages intervenus avant les élections législatives, qui visaient clairement à affaiblir la gauche, je modulerai mon jugement au cas par cas s’agissant des nominations auxquelles le nouveau Président de la République a procédé depuis lors et à plus forte raison des missions qu’il a distribuées.
J’ai déjà dit que le rapport sur la mondialisation confié à Hubert Védrine me paraissait pouvoir éclairer utilement le débat public sur le principal défi auquel la France est confrontée. Pour le reste, le Président de la République est dans son rôle qui est de rassembler, en utilisant de préférence des personnalités compétentes. Les responsables socialistes qui acceptent les charges que Nicolas Sarkozy leur confie révèlent simplement à quel point le social-libéralisme qu’ils professent généralement se distingue peu du libéralisme. Nicolas Sarkozy est un révélateur de la décomposition intellectuelle de la superstructure du Parti socialiste. Pour lui résister, il eût fallu que le socialisme restât la critique du capitalisme et que ses chefs y crussent. Dès lors que le capitalisme financier mondialisé est devenu l’horizon intellectuel de beaucoup de responsables socialistes, je ne me sens même pas capable de leur reprocher de tomber du côté où ils penchent. Nul ne pourra relever la gauche s’il prétend faire l’économie d’une critique du capitalisme globalisé contemporain, tel qu’il s’est installé depuis que Mme Thatcher et M. Reagan ont pris le pouvoir dans les pays anglo-saxons, au début des années quatre-vingts. Le malheur des temps veut que la gauche française soit elle-même venue « aux affaires » dans ces années-là. Sans une relecture lucide des trois décennies écoulées, et les démissions politiques, intellectuelles et morales qui les ont accompagnées, il n’y aura pas de refondation crédible de la gauche dans notre pays.
Yves conteste le soutien que le MRC et moi-même avons apporté à Ségolène Royal pendant la campagne. Qu’eût-il fallu faire ? « Affirmer le courant républicain, répond Yves, comme une alternative sérieuse » ? Mais cela aurait supposé, cher Yves, un soutien à ma candidature en novembre 2006 dont le MRC n’a pas été capable, pour des raisons dont je ne lui fais d’ailleurs pas grief.
Alors quelles possibilités nous restaient-elles offertes ? Soutenir Nicolas Sarkozy ? Disparaître ? J’aimerais convaincre Yves que nous avons fait ce que nous devions faire. Pour ma part, je suis très content d’être du côté des perdants. Pour le moment. |
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