Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Marianne2.fr (2e partie), mercredi 4 janvier 2012.
Marianne2.fr: Pensez-vous que les deux premiers mois de campagne de François Hollande sont à la hauteur des attentes des électeurs ?
Jean-Pierre Chevènement: L’élection a lieu en avril-mai, dans quatre mois. Nous n’en sommes qu’aux hors d’œuvre. La campagne ne prendra vraiment figure qu’à la fin du mois de janvier, voire début février. François Hollande est aujourd’hui lesté par le programme socialiste élaboré il y a un an dans un autre contexte et par l’accord PS-Verts dont il essaie à juste titre selon moi de se défaire. J’imagine que certains de ses camarades ne lui rendent pas la tâche facile. Pour moi, François Hollande doit s’autonomiser car quand on est candidat à la présidence de la République, il faut être libre de ses mouvements vis-à-vis des Français. J’espère que le parti socialiste le comprendra. Cela n’enlève rien à la responsabilité de François Hollande, qui est d’ouvrir de claires perspectives en parlant un langage de vérité dans une situation de crise qui n’a probablement pas de précédent depuis 1945. Contrairement à ce qui se dit à gauche mais aussi à droite, la monnaie unique ce n’est pas l’Europe. La Grande Bretagne, la Scandinavie, la Pologne, la Suisse sont en Europe sans être dans la monnaie unique. Celle-ci prend l’eau elle est un vrai tonneau des Danaïdes pour les finances publiques. Personne ne sait que nous avons déjà investi 200 milliards d’euros dans son sauvetage qui est loin d ‘être acquis. Il est temps de faire preuve de plus d’imagination et de sortir des sentiers balisés par le Traité de Maastricht il y a 20 ans. Il faut reconnaître toutefois que la tâche est difficile pour François Hollande car il a été, tout comme Nicolas Sarkozy d’ailleurs, l’un des soutiens de Maastricht en 1992, du projet de constitution européen en 2005 et du traité de Lisbonne en 2008. Il a pour lui une intelligence certaine mais il lui faudra beaucoup de détermination pour trouver le juste équilibre entre les intérêts vitaux de la France et la poursuite sur des bases renouvelées du dessein européen qui lui tient justement à cœur.
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Rédigé par Chevenement.fr le 4 Janvier 2012 à 15:47
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Commentaires (3)
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'"Invité du matin" de RFI, mercredi 4 janvier 2012. Il répondait aux questions de Frédéric Rivière.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Marianne2.fr (1ère partie), mardi 3 janvier 2012.
Marianne2.fr: La BCE vient de prêter 489 milliards aux établissements bancaires à un taux très avantageux. Même si ce dispositif permettait de faire baisser le taux des emprunts souverains, il octroie aux banques la possibilité de réaliser des plus-values faciles avec un risque minimal. Est-il normal qu’à chaque étape de la crise, l’argent public, en l’occurrence celui de la BCE refinance les banques avant de laisser les états subir les ukase des agences de notation ?
Jean-Pierre Chevènement: C’est un effet peut-être pervers, mais peut-être aussi délibéré du dogmatisme qui a présidé à la définition de l’architecture de la zone euro : la Banque centrale peut prêter aux banques de manière illimitée mais elle ne peut pas prêter aux Etats, contrairement à ce qui se fait aux Etats Unis au Japon ou en Grande Bretagne. Cette règle résulte du fait que ce sont les Allemands, en l’occurrence Karl-Otto Pöhl, alors gouverneur de la Bundesbank, qui ont dicté les règles de la monnaie unique à Jacques Delors lequel les a fait ensuite entériner par le conseil européen de Madrid en juin 1989. Naturellement, le traité de Maastricht en décembre 1991 a repris cette rédaction. La BCE n’a qu’une seule mission, la lutte contre l’inflation. En d’autres termes, on a transposé à la monnaie unique européenne les règles régissant le Deutsche Mark et la Bundesbank allemande. A l’arrière-plan de ces règles c’est la hantise de l’inflation qui s’exprime, issu du traumatisme subi par les épargnants allemands en 1948, au moment de la création du Deutsche Mark, quand 85% de leurs avoirs en banque ont été confisqués. La psychorigidité allemande s’inscrit ainsi dans l’histoire particulière du pays. Mais la monnaie forte convient aussi à l’économie allemande du fait de sa puissance industrielle et de son tissu très développé de grandes entreprises et de PMI bénéficiant de positions monopolistiques à l’échelle mondiale (voitures haut de gamme, bien d’équipement, chimie fine). L’erreur, si erreur il y a eu, a été de considérer qu’une monnaie faite pour l’Allemagne car l’euro est un mark bis, pouvait s’appliquer aux autres pays européens. Reste que cette malformation congénitale a engendré les conséquences bizarres que vous avez décrites. Les banques peuvent emprunter à 1% à la banque centrale et prêter à 4-5-6% aux Etats.
Le président de la République s'est efforcé de dissimuler son impuissance en se présentant aux Français comme leur meilleur protecteur face à la crise. Derrière l'invocation rituelle de notre union avec nos partenaires européens, Nicolas Sarkozy s'est bien gardé d'évoquer les 5 points de PIB, soit 100 milliards d'euros dont, au terme du nouveau traité européen, il s'est engagé vis à vis de Mme Merkel à diminuer les dépenses publiques.
Nicolas Sarkozy, au sommet de ses talents de prestidigitateur, s'est efforcé de dissimuler qu'il n'était que le "junior partner" de Mme Merkel quant à la définition de la politique européenne face à la crise. Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Bourdin 2012 sur BFM TV et RMC mercredi 28 décembre 2011. Il répondait aux questions de Christophe Jakubyszyn.
Verbatim express
Dépêche AFP, mercredi 28 décembre 2011, 09h31.
Jean-Pierre Chevènement, candidat MRC à l'Elysée, a estimé mercredi que son concurrent socialiste François Hollande devait "s'affirmer comme un homme d'Etat" s'il voulait gagner l'élection présidentielle de 2012.
"Il faut que François Hollande prenne toute sa dimension et échappe, d'une certaine manière, au projet socialiste, aux accords PS-Verts, qu'il s'affirme comme un homme d'Etat", a lancé l'ancien ministre sur BFMTV-RMC. Selon M. Chevènement, "c'est cela qui peut le faire gagner" mais "pour y parvenir, il faut qu'il fasse encore beaucoup de chemin". Interrogé sur sa course aux parrainages d'élus pour pouvoir se présenter à l'élection, M. Chevènement, déjà candidat en 2002, affirme être à "la moitié de ce qui (lui) sera nécessaire", soit environ 250 promesses de signatures sur les 500 requises. M. Chevènement, à qui Lionel Jospin a imputé une partie de son échec en 2002, a par ailleurs expliqué qu'il était candidat dans le "but de faire bouger les lignes" et prôné un "protectionnisme européen", notamment pour faire baisser le niveau de la monnaie européenne, à son sens surévaluée par rapport au dollar. Dépêche AFP, vendredi 23 décembre, 12h58.
Jean-Pierre Chevènement, candidat MRC à l'élection présidentielle, a estimé vendredi que le texte de loi réprimant la négation des génocides, notamment arménien, voté par l'Assemblée nationale, "portait la marque chez les partis" de la "capitulation face aux lobbies".
"Les lois mémorielles, qu'elles soient de repentance ou d'ingérence, portent en elles-mêmes atteinte à la liberté d'expression, c'est-à-dire à la République elle-même", écrit le sénateur de Belfort dans un communiqué. Pour M. Chevènement, "le texte voté hier par l'Assemblée nationale porte la marque chez les partis de la perte du sens de l'intérêt national et de la capitulation face aux lobbies". L'Assemblée nationale a adopté jeudi une proposition de loi pénalisant la contestation de tout génocide, dont celui des Arméniens en 1915 dans l'Empire ottoman, provoquant la colère du gouvernement turc, qui a annoncé des représailles politiques et diplomatiques, et a rappelé son ambassadeur à Paris.
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Les lois mémorielles qu’elles soient de repentance ou d’ingérence portent atteinte à la liberté d’expression, c’est-à-dire à la République elle-même. Le texte voté hier par l’Assemblée Nationale porte la marque chez les partis de la perte du sens de l’intérêt national et de la capitulation face aux lobbies.
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