L’attentat terroriste du musée du Bardo n’a qu’un objectif : casser le développement réussi de la démocratie tunisienne, et l’espoir que celle-ci représente pour le monde arabe tout entier.

La France doit prendre la tête d’un mouvement de solidarité de toutes les démocraties à l’égard de la Tunisie blessée.

Blessée mais toujours debout ! Tous les démocrates de par le monde se reconnaissent dans le combat du peuple tunisien pour pouvoir construire librement son avenir, à l’abri des chantages de la terreur.

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque "L'Après-janvier : plus que jamais la République laïque", organisé par le "Comité laïcité et République", samedi 14 mars 2015.


Les attentats des 7, 8 et 9 janvier 2015 à Paris comportent une leçon essentielle : ils illustrent a contrario la pertinence de l’idéal laïc pour nous aider à relever le défi.


I - La laïcité n’est pas tournée contre les religions.

Définition de la laïcité : c’est la croyance en la raison naturelle et en la capacité des citoyens (formés par l’Ecole de la République) à s’entendre sur une idée du bien commun  (« Res Publica »), dans un espace public soustrait à l’empire des dogmes.

La laïcité n’est pas tournée contre les religions ; il y a une déontologie de l’Ecole laïque qu’on trouve dans la lettre de Jules Ferry aux instituteurs. Ne pas confondre laïcité à l’Ecole et liberté d’expression dans l’espace public. La seule limite à cette liberté c’est le refus de l’appel à la haine. Mais un professeur de dessin, à l’Ecole publique, ne peut caricaturer Mahomet.

Manifestation du 11 janvier 2015 :

Ce que signifie « Je suis Charlie » : je n’admets pas qu’on porte atteinte à la liberté d’expression » et non « Je suis sur la ligne éditoriale de Charlie ». Encore moins « Je suis contre l’Islam ».

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Public Sénat, samedi 28 février 2014. Il répondait aux questions de Nora Hammadi et débattait avec Marie-Monique Robin, Pierre Conesa et François-Bernard Huyghe.


Verbatim express :
Partie 1

  • Il faut distinguer deux périodes concernant la torture. Il y a la période de la guerre d'Algérie, où des officiers qui avaient perdu la guerre en Indochine, s'étaient jurés de ne pas la perdre en Algérie, et étaient prêts à utiliser tous les moyens. Ces colonels avaient théorisé une guerre contre-insurrectionnelle, et ce sont eux qui étaient derrière le putsch des généraux du 22 avril 1961. Mais il me semble qu'on ne peut pas imputer aux gouvernements français toutes ces dérives.
  • La deuxième période, c'est celle qui suit les Attentats du 11 septembre, où les Américains s'avisent qu'il y a une pratique française pendant la Guerre d'Algérie, dont ils pourraient s'inspirer. Je dis cela pour que l'on ne considère pas qu'il y ait un continuum. Je rappelle quand même que le général de Gaulle a dû faire face aux complots de ses officiers en 1961.
  • Le Patrioct Act a été voté dans le mois qui a suivi les Attentats. Ensuite, c'est une affaire d'application. Je pense que la France ne savait pas grand chose. Je rappelle que nous avions désapprouvés l'invasion de l'Irak.
  • La question de la torture est tranchée historiquement, et a tous points de vue. Elle a fait la preuve de son inefficacité.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France 5, samedi 28 février 2015. Il répondait aux questions de Franz-Olivier Giesbert et des chroniqueurs de l'émission "Les Grandes Questions".


Verbatim :

  • La République est un combat. On peut décrire le monde tel qu'il est, c'est à dire chaotique : crise économique, terrorisme, montée du Front National... Mais les valeurs républicaines sont d'abord des exigences. Ce que nous voyons doit nous conduire à offrir, notamment aux jeunes générations, des repères solides, clairs, de façon à pouvoir affronter victorieusement les différents problèmes.
  • Les repères de la République sont plus solides qu'on ne le croît. Prenons la liberté d'expression : qui pensait que le peuple français se mobiliserait comme il l'a fait, le 11 janvier ? Cela montre que les valeurs républicaines sont profondément ancrées dans le peuple français.
  • La laïcité est un concept tout à fait d'avant-garde. Elle n'est pas affirmée avec assez de clarté. C'est l'espace commun dans lequel tous les hommes, indépendamment des révélations auxquelles ils croient, peuvent débattre à la lumière de la raison naturelle.

Jean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, jeudi 12 février 2015. Il répondait aux questions de Patrick Roger, Catherine Nay, Olivier Duhamel et Serge July.


Verbatim

Partie 1

  • L'accord de Minsk 2 est une victoire du bon sens. C'est aussi une victoire de François Hollande, qui avait entrepris de longue date une sorte de médiation dans cette affaire.
  • Je m'étais rendu en Russie, au début du mois de mai 2014, pour rencontrer Vladimir Poutine, à la demande de François Hollande, avec une lettre de sa part que j'ai transmise à Vladimir Poutine. Nous avons eu un long entretien, en tête à tête, pour essayer de débroussailler cette question difficile, qu'on aurait pu éviter.
  • La crise ukrainienne est très largement née d'un mal-entendu. Dans le cadre du Partenariat oriental, l'UE a négocié avec l'Ukraine un accord d'association, c'est à dire de libre-échange, en « oubliant » qu'il y avait déjà un libre-échange entre la Russie et l'Ukraine, que ces deux économies étaient très intriquées, et que tout cela allait poser beaucoup de problèmes compte tenu de la situation financière difficile de l'Ukraine. Poutine m'a dit qu'il était allé en janvier 2014 à Bruxelles, pour demander à voir M. Barrosso, et puis d'autres, et on lui a répondu : « Mais cette affaire ne vous regarde pas ». Et je vais vous rapporter quelque chose qui vous surprendra, ce qu'on lui a répondu, c'est : « Allez vous faire foutre ! ». « L'Ukraine est un pays souverain, vous n'avez absolument rien à voir dans la négociation d'un accord d'association entre l'UE et l'Ukraine ».

Les actes du colloque du 15 décembre 2014 sont en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Que peut faire la France en Afrique subsaharienne ?"
  • Accueil de Jean-Pierre Chevènement, Président de la Fondation Res Publica.
  • Introduction aux complexités africaines, par Georges Courage, géographe, Directeur honoraire de recherches à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), auteur de « Les Afriques au défi du XXIème siècle » (Belin, 2014).
  • De la Françafrique à l'AfricaFrance, par Antoine Glaser, spécialiste de l’Afrique. Ancien directeur de la Lettre du Continent. Auteur de plusieurs ouvrages dont « AfricaFrance. Quand les dirigeants africains deviennent les maitres du jeu » (Fayard, 2014).
  • Qu'est ce que la France peut faire en Afrique ?, par Stéphane Gompertz, ancien Ambassadeur en Éthiopie (siège de l'Organisation de l'Unité Africaine), ancien directeur de la direction Afrique et Océan Indien au ministère des Affaires étrangères.
Mots-clés : afrique france

le 4 Février 2015 à 20:06 | Permalien | Commentaires (0)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement pour La Vie, le 3 février 2015. Propos recueillis par Pascale Tournier et Henrik Lindell.


"Le récit national a été brisé"
La Vie : Depuis les attentats à Paris, on reparle plus que jamais des valeurs républicaines, du besoin de sécurité et de la cohésion nationale. Aviez-vous raison avant tout le monde ?
Jean-Pierre Chevènement : J'ai toujours mis l'accent, dans les fonctions que j’ai exercées, sur le civisme, la cohésion sociale et nationale qui vont de pair. Les positions que j’ai prises sur l'école, la sécurité, une politique européenne engendrant une croissance continue du chômage, la montée des communautarismes, anticipaient de deux ou trois décennies...

Les attentats révèlent-ils un manque de cohésion nationale ?
Ces attentats sont le fait de gens qui sont nés et ont été élevés en France, mais qui ne se sentent pas Français. Bien sûr, il y a une résonance entre, d’une part, les plaies de la société française comme le chômage des jeunes et la délinquance, et, d'autre part, les conflits du Proche et Moyen-Orient. Mais cela n’excuse rien. Quand on voit le parcours d'Amedy Coulibaly, on découvre qu'il avait un BEP maintenance de l'audiovisuel, qu'il travaillait et qu'il avait un salaire de plus de 2000 euros par mois. Il ne faisait pas partie des jeunes les plus déshérités, loin de là. Il y a donc une dimension idéologique prépondérante.
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