« La gauche est à refaire », Entretien de Jean-Pierre Chevènement, Le Parisien, propos recueillis par Philippe Martinat, mercredi 29 août 2007.
Le Parisien : La gauche peut-elle se relever de sa défaite?
Jean-Pierre Chevènement : Je trouve d'abord peu élégant de taper à bras raccourcis sur une candidate qui a quand même fait 47% des voix, soit 17 millions de suffrages. Ségolène Royal a fait une campagne courageuse, elle a su résister victorieusement à l'offensive pro-Bayrou menée de l'intérieur même du PS par les Gracques, Michel Rocard, Bernard Kouchner et quelques autres. Il faut examiner sérieusement ce qui s'est passé: il n'est pas vrai que la candidate a été désignée par les sondages. C'est la crise interne du PS après le rejet de la constitution européenne le 29 mai 2005 qui lui a ouvert un boulevard en la mettant en meilleure situation que ses concurrents. Faut-il réunir des assises de la gauche? La gauche est à refaire. Ce qui a manqué au PS en 2007, comme en 2002, c'est, outre une analyse solide de la globalisation, un projet à la fois original et crédible pour la France. La gauche doit à la fois assumer la nation et « penser mondial ». Le Mouvement républicain et citoyen (MRC), qui tiendra son université d'été les 8 et 9 septembre à Saint-Pol-sur-Mer (Nord), peut contribuer à redonner à la gauche ce logiciel puissant qui attirera vers elle les jeunes générations et lui permettra de reprendre pied dans les milieux populaires. Ce n'est pas le PS tel qu'il est, trop enlisé dans ses querelles de personnes, qui peut seul provoquer ce déclic. Il faut imaginer un nouvel Epinay (NDLR: le congrès fondateur du PS en 1971). Il y a place dans notre pays pour un grand parti de gauche républicain, progressiste, moderne. Ségolène Royal a dit, à juste raison, que c'était un effort de longue haleine.
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Rédigé par Chevenement.fr le 29 Août 2007 à 09:35
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On aimerait que, de retour de Bagdad, le théoricien du droit d’ingérence humanitaire, Bernard Kouchner, qui avait inspiré en 1989 une intervention en ce sens de François Mitterrand à l’O.N.U., et qui s’était à l’époque dépensé sans compter pour la cause kurde, tant en Turquie qu’en Irak, fasse, vingt ans après, le bilan réel de son activisme.
Faisons le compte :
1) la première guerre du Golfe (1991) : 100.000 morts selon, une évaluation de l’Etat-major américain à la fin des opérations, en mars 1991 ; 2) l’embargo maintenu pendant treize ans de 1990 à 2003 sur l’ensemble du peuple irakien, considéré comme solidaire du régime baathiste : 500.000 victimes, selon les estimations les plus mesurées, du fait de la malnutrition et des épidémies ; 3) l’invasion de l’Irak en 2003 : 30.000 morts selon les estimations américaines (sans doute minorées) ; 4) la guerre civile entre les « communautés » irakiennes (2003 – 2007) soit 400 à 500.000 morts selon une expertise scientifique anglo-américaine. Au bas mot, cela fait un million de morts. Je ne parle évidemment pas de l’aspect géopolitique : un boulevard ouvert à l’intégrisme, l’Irak brisé, face à un Iran désormais consacré comme la puissance dominante incontestée de la région, une « guerre des civilisations » dont on ne voit pas l’issue. M. Kouchner déclare avoir sous-estimé le fanatisme des Irakiens « quelle que soit leur communauté d’appartenance ». Qui osera encore parler de la responsabilité des hommes politiques ? Les idées valent à proportion inverse du sang versé. La modération n’est pas glorieuse mais elle est plus humaine. « Qui veut faire l’ange fait la bête » (Pascal). L’ingérence est médiatique. ActualitésDépêche Associated Press, 20 août 2007, 19h17.
Le voyage de Bernard Kouchner en Irak est "totalement inopportun", dénonce lundi l'ancien ministre socialiste Jean-Pierre Chevènement, qui estime qu'une semaine après la visite de Nicolas Sarkozy dans la propriété des Bush à Kennebunkport, la visite à Bagdad du ministre français des Affaires étrangères "vient témoigner de l'alignement de la France" sur la politique américaine.
"Je trouve que cette visite de M. Kouchner à Bagdad apparaît comme un voyage à Canossa, quand les empereurs venaient, repentants, à genoux dans la neige, confesser leurs fautes au pape", a critiqué l'ancien député-maire du Territoire de Belfort sur Europe-1. "On a l'impression, huit jours après la visite de M. Sarkozy à M. Bush, que M. Kouchner vient témoigner de l'alignement de la France. Disons que le bénéfice du non-alignement de la France sur la politique américaine au moment de l'invasion de l'Irak est gaspillé", a encore estimé celui qui avait démissionné en 1991 de son poste de ministre de la Défense pour protester contre l'engagement de Paris au côté de Washington dans la guerre du Golfe. En 2003, "la France avait acquis aux yeux du monde arabe et du monde musulman une certaine stature et là, nous retombons lourdement du côté de ceux qui ont plus ou moins soutenu cette équipée", a-t-il poursuivi, après avoir souligné que "ce n'était pas le moment pour la France de faire ce geste (...) important", le jugeant "totalement inopportun". Arrivé dimanche en Irak, M. Kouchner a été reçu lundi par le président Jalal Talabani et a rencontré d'autres responsables irakiens. Il a souhaité que les différentes communautés irakiennes soient associées à la lutte contre la violence, plaidant également pour une participation accrue des Nations unies. C'est le premier voyage d'un haut responsable gouvernemental français depuis l'intervention américaine en 2003. --------- Ecouter l'intervention de Jean-Pierre Chevènement sur Europe 1 ci-dessous (lundi 20 août 2007, 18h15) Le quotidien Le Monde publie depuis le début de l'été une série d'articles intitulée «Rétrocontroverse» qui revient sur certains clivages politiques et intellectuels majeurs depuis 30 ans. Les positions de Jean-Pierre Chevènement y apparaissent souvent singulières.ActualitésLes franchises inadaptées, Des propositions de gauche pour s’attaquer au déficit de la Sécurité sociale, tribune de Ladislas Polski, médecin, secrétaire national à la santé du MRC, Libération, 2 août 2007.
D’ici quelques semaines, le Fonds monétaire international (FMI) devrait nommer à sa direction Dominique Strauss Kahn. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) a déjà choisi pour la diriger Pascal Lamy.
De sorte que les deux institutions phares du système capitaliste mondialisé auront à leur tête un socialiste français. Ceux-ci sont-ils devenus « maîtres du monde » ? De deux choses l’une : où bien ce système est devenu fou, ou bien ces deux personnalités n’étaient point socialistes. A vous de choisir l’hypothèse la plus vraisemblable.
Il peut arriver à Nicolas Sarkozy d’avoir de bonnes idées : revaloriser le rôle du Parlement, excessivement abaissé dans nos institutions, ou encore revoir la « gouvernance » des universités, aujourd’hui frappée de débilité. Mais sur un point essentiel, Nicolas Sarkozy s’est révélé incapable de desserrer les contraintes européennes. Dans le projet de traité baptisé par antiphrase « simplifié », il a fait toutes les concessions : Haut représentant pour la politique extérieure, Charte des droits fondamentaux d’essence fédéraliste, qui va donner d’immenses pouvoirs à la Cour de Justice de l’Union européenne, pondération des votes au Conseil par la démographie, rompant ainsi la parité entre l’Allemagne, la France et les autres « grands pays ».
En échange de ces concessions, quelle contrepartie a-t-il obtenu, sur le gouvernement économique de la zone euro, par exemple ? Rien ! A la timide demande exprimée par Jean-Pierre Jouyet d’une discussion de la politique de change par les gouvernements, avec quelle hauteur M. Trichet n’a-t-il pas répondu ! Sur ce sujet capital, le silence quand ce n’est pas la désinformation règnent en maîtres. On nous explique ainsi dans la presse que les bénéfices des entreprises françaises explosent, et que, par conséquent, elles n’ont pas besoin d’un euro plus faible. Ces commentateurs oublient de rappeler que nos entreprises font, pour l’essentiel, leurs bénéfices à l’étranger. Le monde du travail en France est le grand oublié… Mais au bout du chemin, il se rappellera au bon souvenir de ces messieurs… et de M. Sarkozy, s’il ne fait rien. Enfourcher la rossinante des critiques bruxelloises pour combattre la politique de Nicolas Sarkozy est une tentation dont la gauche doit se prémunir. On entend certains socialistes se réfugier sous les jupes de la Commission et reprendre ses attaques, pour prendre à Paris des habits d’opposants.
Mais la gauche aurait tout à perdre à se confondre avec la critique libérale qu’on entend exprimer à Bruxelles ou à Berlin. Elle aurait tout à perdre à déplorer le déficit budgétaire français au nom du carcan du pacte de stabilité européen, à rejeter le volontarisme industriel national au nom de la libre concurrence communautaire, ou à critiquer la capacité d’action et les atouts propres à la France dans les relations internationales.
Les responsables de la gauche n’ont pas à se transformer en exilés de Coblence, et à reprendre les fatwas de la Commission contre la politique française dès lors qu’elle sort – si peu que ce soit - des sentiers battus de l’orthodoxie monétaire, du dogme de la concurrence ou de la paralysie communautaire. Si la gauche se laissait enfermer dans cette posture, elle se couperait du peuple ! La crédibilité d’une opposition vraiment républicaine ne consiste pas à faire flèche de tout bois, mais à s’arrimer à un projet exigeant qui donne cohérence à la critique démocratique. |
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