Dépêche AFP, mardi 8 mars 2011, 12h12.


Chevènement veut renforcer les liens entre peuples français et algérien
Nouveau président de l'association France-Algérie, le sénateur Jean-Pierre Chevènement a affirmé mardi vouloir renforcer les liens entre les peuples français et algérien dans la perspective de la célébration en 2012 du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie.

"Le cinquantenaire de l'indépendance risque d'être pollué" par les contentieux du passé "et je veux qu'on garde les yeux rivés vers l'avenir", a déclaré l'ex-ministre socialiste à quelques journalistes. "L'objectif de l'association, créée en 1963 par le général de Gaulle, est de maintenir la fortification du lien franco-algérien", a-t-il ajouté.

Sur les mouvements sociaux qui touchent aujourd'hui l'Algérie après avoir défait des pouvoirs en Tunisie ou en Egypte, Jean-Pierre Chevènement s'est montré prudent en faisant valoir que son association ne travaillait pas "au niveau étatique" mais au profit des peuples.

Il a promis "une voix différente", en soulignant son attachement pour l'Algérie où il était sous-lieutenant dans la région d'Oran pendant la guerre.

"Il y a énormément de choses à faire et il nous faut essayer d'avoir des approches communes". Outre l'économie, "terrain principal" de coopération pour lequel les entreprises françaises devraient être davantage mobilisées, "si on pouvait se raconter l'Histoire d'une manière accessible" entre Français et Algériens, les liens s'en trouveraient resserrés, a-t-il estimé.

Ancien ministre socialiste de l'Industrie, de l'Intérieur et de la Défense, Jean-Pierre Chevènement a enfin indiqué prévoir un déplacement à Alger en mai et l'organisation d'un colloque en fin d'année à Paris.
Il est aujourd'hui président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

Rédigé par Chevenement.fr le 8 Mars 2011 à 12:34 | Permalien | Commentaires (3)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Nord Eclair, lundi 7 mars 2011.


"Il est des circonstances où le devoir doit parler"
Nord Eclair: Quel est le message principal que vous souhaitez adresser aux étudiants de l'Edhec ?
Jean-Pierre Chevènement: J'ai répondu à leur invitation pour présenter mon livre, La France est-elle finie ? (Fayard). Cet ouvrage est une réflexion sur quarante années de vie politique française ainsi qu'une plongée rétrospective dans le XXe siècle français, qui fut catastrophique et précipita notre pays dans une crise nationale de longue durée. Mais à travers une relecture de cette période, je souhaite avant tout « armer » nos concitoyens pour le XXIe siècle, afin de leur rendre la confiance sans laquelle aucune nation ne peut construire son avenir.

Vous vous montrez, comme toujours, très critique sur la politique européenne...
L'Union européenne s'est construite à partir d'un concept de marché et en acceptant, dans les années 1980 la dérégulation néo-libérale. Mon livre est une réflexion sur la manière de redresser l'Europe aujourd'hui, notamment en s'affranchissant de la dictature des marchés financiers, ou en modifiant les règles de fonctionnement de l'euro, ou encore en trouvant un moyen de s'en sortir à moindre frais en cas d'effondrement de la zone euro, que l'on ne peut pas exclure. L'Europe, pour devenir acteur de son propre destin, doit pouvoir résister à la domination conjointe des États-Unis et de la Chine. L'euro aujourd'hui est une variable d'ajustement entre le dollar et le yuan chinois.

Rédigé par Chevenement.fr le 7 Mars 2011 à 17:20 | Permalien | Commentaires (0)
Réponse à Malakine: la situation est aujourd’hui beaucoup moins désespérée qu’elle ne le paraissait le 18 juin 1940
Malakine, sur son blog, m’invite à aller plus loin que mon livre : « La France est-elle finie ? » pour répondre à ses interrogations, ce que je vais essayer de faire. Elles sont pertinentes, tellement même qu’il m’arrive de me les formuler à moi-même.

Je souhaite auparavant dissiper quelques malentendus. J’ai beaucoup d’admiration pour les intuitions et les analyses souvent pénétrantes et toujours stimulantes d’Emmanuel Todd. Il me semble cependant que l’exigence républicaine telle que je l’ai définie permet de dépasser l’opposition entre la « culture individualiste » et la « culture souche ». Je ne méconnais pas le temps long de l’Histoire qui ferait rouler chaque peuple indéfiniment dans son ornière. J’ai constaté depuis longtemps qu’il fallait un projet pour rassembler les Français. Je n’ironise pas, comme le croit Malakine, sur l’universalisme. Je crois avoir écrit que la République était universelle, à condition d’être pensée dans au moins trois dimensions : « l’intérêt national à long terme ne peut s’opposer à l’intérêt européen et celui-ci ne peut se définir dans l’oubli des intérêts généraux de l’Humanité » (p. 295). Je réserve donc ma douce ironie à l’illusion répandue chez les Français que leur culture est celle de l’Univers, ce qui les rend insensibles à l’existence d’autres cultures. Je ne crois donc pas professer « une conception holiste de la nation ». Les « valeurs de transmission » sont, pour l’essentiel, des valeurs d’éducation : les vrais républicains révèrent l’Ecole. La République est d’abord « enseignante ». S’identifiant à la fois à un projet et à la France, la République « modèle Valmy », est plus forte que tous les « holismes ». Voilà, je l’espère, dissipés quelques malentendus.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 1 Mars 2011 à 17:31 | Permalien | Commentaires (1)

Actualités



Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur le projet de loi : « Contrôle des importations et des exportations des matériels de guerre et marchés de défense et de sécurité », mardi 1er mars 2011.


L’Europe passoire
Monsieur le Ministre,

Le Pentagone vient de souffler à EADS le contrat géant – 35 milliards de dollars – des 179 avions ravitailleurs de l’armée de l’air américaine, au bénéfice de Boeing. Le résultat était si peu attendu que le représentant démocrate de l’Etat de Washington où se trouvent, précisément à Seattle, les usines de Boeing, M. Jay Inslee, avait déjà dénoncé – par erreur – une décision néfaste et appelé à la remettre en cause !

Faut-il s’en étonner ? Pour un marché de défense de cette importance, le réflexe protectionniste a joué au plus haut niveau. Comme l’a fait justement remarquer le Président de notre Commission, M. Josselin de Rohan, le jeu n’est pas égal entre les deux rives de l’Atlantique : « Il n’y a pas d’équivalent en Europe du « Buy american Act ». La disproportion des moyens consacrés à la recherche constitue un handicap majeur … Les règles américaines sont telles qu’il faut, pour vendre un avion aux Etats-Unis, non seulement déployer sa production sur place mais disposer aussi sur le sol américain de filiales totalement contrôlées par des ressortissants américains – c’est la règle des ‘proxy boards’ ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 1 Mars 2011 à 17:28 | Permalien | Commentaires (0)

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat sur le projet de loi « Lutte contre la prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs », mardi 1er mars 2011.


Plutôt l’activisme que la mollesse
Monsieur le ministre,

L’adoption du présent projet de loi mettra enfin la France en conformité avec les obligations qui découlent de la résolution 1540 adoptée le 28 aout 2004 par le Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU).

On peut se demander pourquoi il aura fallu près de sept ans à la France pour réaliser cette mise en conformité, alors que dès la chute du régime taliban, en 2001, les services de renseignement américains faisaient savoir l’intérêt d’Al Quaida pour recueillir les éléments nécessaires à la confection d’une arme nucléaire.

C’est en 2003, après l’arraisonnement dans les eaux italiennes du cargo allemand BBC China transportant des centrifugeuses, que la Libye avait révélé les activités du réseau semi-privé du docteur Abdal-Quader-Khan pour approvisionner ses commanditaires à travers de multiples ramifications, en matière nucléaires, équipements, modes d’emploi permettant la réalisation, in fine, d’une arme nucléaire.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 1 Mars 2011 à 17:05 | Permalien | Commentaires (0)

Jean-Pierre Chevènement répondait aux questions de Pierre-Edouard Deldique dans l'émission "Idées" sur RFI, dimanche 27 février 2011.


"Ce n'est que pour éclairer l'avenir que j'ai découvert des gouffres"
L'émission est podcastée en deux parties ci-dessous, pour une durée totale de 45 minutes, et porte essentiellement sur les thèses développées dans "La France est-elle finie?", le dernier livre de Jean-Pierre Chevènement.

Rédigé par Chevenement.fr le 27 Février 2011 à 19:02 | Permalien | Commentaires (0)

Entretien de Jean-Pierre Chevènement, Nice Matin, 25 février 2011.


Jean-Pierre Chevènement face à la rédaction de Nice Matin
En réserve de la République, mais certainement pas sur la touche. Avec des convictions toujours aussi ancrées, Jean-Pierre Chevènement sème en ce moment les petits cailloux qui lui permettront « le moment venu » de s’aventurer sur le chemin tortueux qui mène à l’Élysée. Ses cailloux à lui, ce sont ses idées, égrénées au fil des 310 pages de son nouveau livre au titre évocateur, La France est-elle finie ?. Souveraineté, République, Nation : des valeurs majuscules que Chevènement défend inlassablement, rencontre après rencontre, dédicace après dédicace comme hier après-midi à Nice. Malade d’« une France qui ne s’aime plus », pourfendeur d’une « gauche française ralliée au néolibéralisme », le sénateur du Territoire de Belfort n’exclut pas d’incarner lui-même la « candidature alternative » qu’il appelle de ses vœux. Un brin superstitieux (« en 2001, je m’étais déclaré un 4 septembre, le jour de la proclamation de la IIIe République »), il se décidera avant la fin de l’année. « Il faut qu’un espace s’ouvre », confie avec un ton professoral celui qui rappelle avoir réuni sur son nom « un million et demi de Français au premier tour de la présidentielle de 2002 ». Déçu de ne pas bénéficier d’une exposition médiatique plus forte, enrageant de « ne même plus figurer dans les sondages où apparaissent des gens que je ne connais même pas », Chevènement croit autant en ses idées qu’à son destin. Mais où diable se situe-t-il sur l’échiquier politique ? « Au dessus ». Tout est dit, sans modestie de façade. Pour lui, c’est sûr, « l’avenir est ouvert ». Et puis, glisse-t-il au détour d’une question, « j’ai atteint l’âge où on peut devenir président de la République… »

Denis Carreaux, rédacteur en chef.
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« La dérégulation de l'économie a provoqué la désindustrialisation de la France »

Nice-Matin: La France serait-elle en meilleure santé si la gauche vous avez écouté en ne prenant pas le tournant de la rigueur en 1983 et en refusant le traité de Maastricht ?
Jean-Pierre Chevènement: La crise de la France est ancienne, elle date de l’après Première guerre mondiale. Mais, dans les années 80-90, la gauche, en choisissant de passer un compromis avec le néolibéralisme triomphant, a accepté la dérégulation et la libéralisation des mouvements de capitaux qui expliquent largement les délocalisations de ces dernières années. Elle a mis le doigt dans un engrenage qu’on pouvait éviter à l’époque : la France pesait encore assez lourd en Europe pour imposer un système d’économie mixte.

La crise du capitalisme financier vous donne, en quelque sorte, raison 25 ans plus tard…
C’est la dictature de l’actionnariat qui l’a emporté, une dérégulation de l’économie qui a provoqué la désindustrialisation de la France. Quand j’étais ministre de l’Industrie, celle-ci pesait 30 % de la valeur ajoutée contre 13 % aujourd’hui. Comment un pays dont la base productive se rétrécit à ce point peut préserver ses retraites ou son assurance-maladie ?

Une critique de l'essai d'Alain Minc (Un petit coin de paradis, Grasset, 160p.), Jean-Pierre Chevènement, Le Point, 24 février 2011


"Minc nous administre un traitement euphorisant à forte dose de morphine"
Que nous dit Alain Minc dans « un petit coin de paradis » ? Dans cet essai brillant et incisif, il nous décrit une Europe idyllique, paradis des libertés, ayant réussi à inscrire la religion dans la seule sphère privée et à faire naître un « espace démocratique commun », plus juste et finalement plus riche socialement que les Etats-Unis eux-mêmes, véritable modèle de vertu prosélyte, qu’il s’agisse d’environnement, d’aide publique au développement ou de gouvernance collective. La clarté d’esprit et le talent d’exposition d’Alain Minc ne sont plus à vanter. Il y a du Voltaire dans cet homme-là ! Mais, patatras ! L’environnement mondial est féroce. C’est l’objet des trois derniers chapitres -les plus percutants d’ailleurs- de ce petit livre : nous sommes et nous serons de plus en plus seuls, dans ce monde de brutes que nous préparent les grands pays « émergents ». Comment l’agneau européen, qui ne peut, sauf à se renier, devenir loup, pourra t-il préserver son précieux modèle, dont il n’y a aucune chance qu’il puisse faire école ?

Cette contradiction nous fait voir le grand désarroi idéologique des européistes, soixante cinq ans après que Jean Monnet a inspiré l’idée que l’Europe naîtrait du marché.

Alain Minc reconnait bien volontiers que l’Europe d’aujourd’hui ne se définit plus par aucun dessein cohérent. Elle est « un animal sartrien sont l’existence précède l’essence ». Même l’expression de Jacques Delors de « Fédération d’Etats Nations » lui parait « impropre » pour la décrire. Elle est devenue une machinerie si complexe, depuis la chute du mur de Berlin, avec l’élargissement à l’Est et la création de l’euro qu’elle ne peut plus être comprise qu’« en phase ave la cybernétique », une « incroyable horlogerie » sans « Grand Horloger », capable de trouver en elle-même, selon l’auteur, sa propre régulation. Et de donner quelques exemples de crises surmontées : l’échec du projet de Constitution européenne en 2005, la crise financière de 2008, celle de l’euro en 2010. L’Europe trouverait ainsi dans chaque crise le moyen de progresser toujours plus. Puissance du mythe !
Mots-clés : alain minc europe g2

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 24 Février 2011 à 15:57 | Permalien | Commentaires (0)
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