Jean-Pierre Chevènement était l'invité de la Matinale d'Europe 1, mardi 8 octobre 2019. Il répondait aux questions de Matthieu Belliard.


Verbatim

  • Matthieu Belliard : Manuel Valls parlait "d'apartheid ethnique", Gérard Collomb redoutait que l'on finisse par vivre "face à face" après avoir vécu "côte à côte" et Edouard Philippe mentionne des "dérives communautaires, une sécession insidieuse dont nous ne voulons pas". On a perdu beaucoup de temps, Jean-Pierre Chevènement ?

    Jean-Pierre Chevènement : Tous ces discours sont marqués d'un certain pessimisme, aucun ne dore la situation. Mais où sont les mesures concrètes qui auraient permis de traiter les problèmes liés à l'immigration ? L'immigration n'est pas qu'un flux entre pays d'origine et pays de destination. C'est un ensemble de problématiques complexes qu'il faut appréhender dans leur ensemble si l'on veut que ces flux migratoires soient correctement accueillis. Il y a un lien entre notre capacité d'intégration et l'immigration. Je suggérerais que l'on parle à la fois d'immigration et de la panne de l'intégration. Comment remettre en route la machine à faire des Français ? La France le veut-elle ? Les candidats à notre nationalité ont-ils cette volonté ? Comprennent-ils ce que cela implique ? Des droits, bien sûr, mais aussi des devoirs.

    Quand j'entends Edouard Philippe parler de quotas, à quoi va-t-on les appliquer ? Au regroupement familial ? C'est très difficile. Aux étudiants ? Nous voulons être attractifs. Les deux principales sources de l'immigration sont d'une part les visas touristiques, qui ont doublé depuis une bonne dizaine d'années : il y a en 4 300 000 par an. Qui peut s'assurer que ces touristes rentrent bien chez eux ? D'autre part, les demandes d'asile qui ont explosé et ont été multiplié par 2 en l'espace de 5 ans alors qu'elles diminuent dans les pays voisins. Il y a là des masses impressionnantes et nous ne sommes pas dotés des moyens de faire face à ces problèmes.

  • Le Président de la République dit qu'il lui manque un Chevènement.

    Il y a bien des jeunes Chevènement dans les générations qui viennent ! C'est au Président de la République de trouver l'homme idoine.

Rédigé par Chevenement.fr le 10 Octobre 2019 à 09:35 | Permalien | Commentaires (5)

Dépêche AFP, mardi 8 octobre 2019.


[AFP] Immigration : Chevènement critique "la culture du déni"
L'ex-ministre de l'Intérieur Jean-Pierre Chevènement critique une "culture du déni chez nos élites" qui sous-estiment selon lui les conséquences d'une immigration sans contrôle et sans intégration, porteuse des germes d'une "guerre civile", a-t-il dit à l'AFP.

Le débat au Parlement sur l’immigration "est utile s’il est suivi de mesures", a estimé le président de Res Publica, dont Emmanuel Macron, que son entourage qualifie volontiers de "chevènementiste", a loué les qualités en privé.

"Il faut faire comprendre à tout le monde que le vent a tourné et qu'on n'est plus dans l'autocensure", a poursuivi Jean-Pierre Chevènement, "et affirmer la vraie dimension du problème. D'une part aider les pays d'origine à se développer, à devenir des États de droit sûrs, à investir dans l'éducation et à maîtriser leur fécondité".

"Il faut aussi que les pays d'accueil puissent intégrer ceux qui veulent devenir Français", a-t-il poursuivi, évoquant "la panne de l’intégration". "C'est indispensable si on veut éviter que se créent des communautés enclavées, des territoires où la loi républicaine n'est plus reconnue, où on finit par s'accommoder de mœurs aux antipodes de nos principes, comme la polygamie ou la mise en tutelle des femmes ou la ségrégation".

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 14:00 | Permalien | Commentaires (7)

Les actes du séminaire du 2 juillet 2019 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du séminaire de la Fondation Res Publica : "Immigration et intégration - Table ronde autour de Pierre Brochand"
  • Introduction, par Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica
  • Une situation singulière, par Didier Leschi, directeur général de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII)

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 13:26 | Permalien | Commentaires (19)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité du 19h de Ruth Elkrief sur BFM TV, le lundi 7 octobre 2019.


Verbatim

  • Ruth Elkrief : Le débat sur l'immigration est-il légitime ? Est-il un cadeau fait à Marine Le Pen ? Une manière d'attiser des braises, comme l'a dit Mélenchon ?

    Jean-Pierre Chevènement : Ce débat est légitime s'il est utile et si l'on s'écoute. Or, on ne s'écoute pas. Ce que dit Madame Le Pen des tensions sociales, des tensions entre "communautés", est malheureusement une réalité, mais on n'en parle pas. Pour autant, je ne pense pas qu'on réglera le problème par un référendum. On n'entend pas non plus Monsieur Mélenchon lorsqu'il dit une chose très juste : sans ses travailleurs immigrés, la France ne tournerait pas. Il faut avoir une vue globale de l'immigration. Si l'immigration pose problème, c'est que l'intégration ne marche plus. Depuis le 19ème siècle, la France est une terre d'immigration et tout s'est bien passé jusqu'à environ 1970. Depuis, ça ne va plus. L'intégration est en panne, les "communautés" se juxtaposent sans accepter de vivre selon la loi républicaine, le principe de laïcité est bafoué, on ne connaît pas l'égalité homme-femme.

  • Vous liez cela à l'immigration ?

    Par la force des choses. Des pays dont les moeurs, les coutumes, les règles, la religion ne sont pas les mêmes que les nôtres envoient des immigrés. Autrefois ils s'adaptaient à nos US et coutumes, aujourd'hui ils veulent garder les leurs.

  • Qui sont ces "ils" ?

    Certaines vagues récentes de l'immigration. Je ne mets pas en cause l'immigration ancienne et je ne mets pas en cause tous les immigrés d'aujourd'hui. Il y en a beaucoup qui s'intègrent, mais il y en a malheureusement beaucoup trop qui ne s'intègrent pas.

Rédigé par Chevenement.fr le 9 Octobre 2019 à 09:52 | Permalien | Commentaires (3)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "Ça vous regarde" consacrée à "Jacques Chirac, le jour d'après" sur LCP. Grand témoin, il répondait également aux questions de Myriam Encaoua au sujet du documentaire de David Pujadas, "Jean-Pierre Chevènement l'indomptable". Le vendredi 27 septembre 2019.


"Il faut sortir de l'ultra-libéralisme et revenir à la République"
Revoir l'émission sur le site de LCP


Verbatim

Sur Jacques Chirac

  • Myriam Encaoua : Jean-Pierre Chevènement, je rappelle que vous et Jacques Chirac vous êtes opposés à la guerre en Irak de François Mitterrand à l'époque, que vous étiez ministre de l'Intérieur dans le gouvernement Jospin lorsqu'il était Président de la République en 1997. Vous attendiez-vous à tous ces hommages de la part des Français ?

    Jean-Pierre Chevènement : Je crois que les Français avaient fini par l'aimer. En 1981 et 1988, ils lui ont marchandé leur confiance, il n'a pas fait des scores formidables. Mais avec le temps, ils se sont habitués à lui, ont aimé ce géant chaleureux et se sont attachés à lui. Il fait partie de notre histoire.

  • Pouvez-vous nous raconter votre première rencontre avec Jacques Chirac ?

    Ma première rencontre date du moment où Jacques Chirac venait d'être élu maire de Paris. J'allais à l'Hôtel de Ville voir mon ami Georges Sarre, qui présidait à l'époque le groupe socialiste, et ce dernier s'entendait très bien avec Chirac. Il m'a proposé de le rencontrer. Nous avons parlé notamment des questions militaires, nucléaires – un point sur lequel il avait une forte divergence avec Giscard –, et je me suis aperçu dans le feu de la conversation que nous avions beaucoup de convergences. Cela a créé un lien et nous sommes convenus de rester en contact.


Rédigé par Chevenement.fr le 30 Septembre 2019 à 09:33 | Permalien | Commentaires (2)

Diffusion de "Jean-Pierre Chevènement, l'indomptable", un documentaire écrit par David Pujadas et Émilie Lançon, une coproduction LCP / Particules productions / INA.
A suivre le lundi 30 septembre à 20h30 sur LCP.


C Particules Productions
C Particules Productions
"Un homme politique doit s’attendre à être souvent blessé. Mais il lui faut survivre. J’ai survécu." Jean-Pierre Chevènement

Combien sont aujourd’hui les grands personnages en politique, ceux dont la voix, les formules, les éclats ont laissé une trace ?
Combien sont ceux à avoir une pensée originale et à avoir perçu avant tous les autres les problématiques contemporaines dont le retour de la Nation et de la République, la revanche des peuples face à la mondialisation, l’échec des guerres d’ingérence, ou l’obsolescence du clivage droite/gauche ?

À 80 ans tout juste, Jean-Pierre Chevènement est une personnalité à part dans la vie politique française. Il est aussi un survivant.

Survivant d’une époque où les grands dirigeants politiques existaient par leur culture ou leur plume. Survivant d’un monde qui, de la guerre d’Algérie à la mondialisation triomphante, de mai 68 aux banlieues en passant par Épinay, Mitterrand ou le désenchantement européen, raconte encore l’Histoire avec un grand H. Survivant tout court, enfin, puisqu’après un coma de 8 jours, et alors que beaucoup le donnaient pour mort, “le miraculé de la République” trouvera la liberté nécessaire pour porter une candidature à la présidentielle.

Pour la première fois, Jean-Pierre Chevènement revient sur les grands moments de sa vie. Avec d’autres grands témoins – Hubert Vedrine, Ségolène Royal, Louis Gallois, Jacques Attali… il raconte comment il a fait basculer la gauche et accompagné François Mitterrand dans sa conquête, comment il a créé le fameux logo du poing et de la rose, mais aussi ses démissions retentissantes et ses formules choc. Comment ses convictions, jugées ringardes à l’époque, sont au cœur des débats aujourd’hui.

Il revient aussi sur l’aventure de la présidentielle de 2002, sur le 21 avril qui hante toujours la gauche, et confie sa part de vérité. Et de regrets.

Documentaire suivi d’un débat animé par Jean-Pierre Gratien..

Documentaire écrit par David Pujadas et Émilie Lançon (52 minutes)
Réalisation Émilie Lançon
Produit par David Pujadas et Mathilde Pasinetti
Une coproduction LCP / Particules productions / INA
Rediffusions prévues le dimanche 6 octobre à 18h, le lundi 7 octobre à 00h30, et le lundi 23 octobre à 20h30.

Rédigé par Chevenement.fr le 29 Septembre 2019 à 15:31 | Permalien | Commentaires (3)

Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Hommage de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur sous Jacques Chirac


Jacques Chirac aimait les Français. Et ceux-ci, après lui avoir longtemps marchandé leur confiance, ont fini par l'aimer lui aussi, car ils avaient compris que c'était avant tout un homme profondément généreux.

De lui l'histoire retiendra surtout qu'il s'est refusé à ce que la France cautionne, en 2003, l'invasion et la destruction de l'Irak qui ont ouvert la voie à un nouvel essor de l’extrémisme islamiste et pour finir à Daesh.

Plus que le "choc des civilisations", il disait craindre le choc des incultures.

Avec le Musée des Arts Premiers à Paris, il a laissé à la France et au monde un vivant témoignage de son universalisme. Car Jacques Chirac était certes un patriote mais il était avant tout un homme profondément humain.
Mots-clés : jacques chirac

Rédigé par Chevenement.fr le 26 Septembre 2019 à 12:52 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission Lenglet déchiffre sur LCI, dimanche 8 septembre 2019


"La réindustrialisation du pays est la condition de base du rétablissement de nos équilibres fondamentaux"
Revoir l'émission sur le site de LCI


Verbatim

  • François Lenglet : Jean-Pierre Chevènement, vous êtes un gouvernement à vous tout seul : cinq fois ministre, vous êtes républicain, de gauche, aux idées qui ont souvent paru iconoclastes mais qui semblent, avec le recul du temps, avoir été bien souvent visionnaires. Vous êtes aussi un intellectuel, vous avez écrit de nombreux ouvrages. Cette semaine, l'actualité, c'est cette incroyable affaire du Brexit qui a rendu ingouvernable la démocratie la plus ancienne de la planète. Boris Johnson s'est vu mis en échec par le Parlement qui refuse une sortie de l'UE sans accord et des élections anticipées. Pourquoi les Anglais veulent-ils sortir de l'UE ?

    Jean-Pierre Chevènement : Ils l'ont décidé par référendum : c'est la force de Boris Johnson. Mais il se heurte à un Parlement qui lui est hostile. Pourquoi veulent-ils quitter l'UE alors qu'ils ont demandé à y entrer après que de Gaulle a refusé ? D'un point de vue géopolitique, en entrant dans le marché commun, la Grande-Bretagne s'est donné des moyens d'influence. Si l'on prend par exemple l'Acte unique, ratifié en 1987, on sait que Thatcher y a joué un rôle très important. Jacques Delors le reconnaît lui-même, il a tenu compte des vents dominants. Aujourd'hui, les Britanniques se demandent qui décide dans cette machine opaque.

    Ils disent vouloir reprendre le contrôle de leur destin et c'est bien normal, c'est la définition de la démocratie. Cela fait 3 ans cependant que cette situation dure, je ne vois pas comment échapper à des élections anticipées à bref délai. Le peuple britannique est très attaché aux prérogatives de son Parlement mais il faut bien reconnaître que ce Parlement ne sait plus très bien ce qu'il veut ! La seule solution honnête aujourd'hui est une dissolution.

  • Pensez-vous que l'Europe a commis des fautes avec Londres dans la façon dont elle a négocié cette affaire ?

    L'Europe a été très surprise. Il faut dire que le Premier ministre britannique d'alors, Cameron, a été lui -même très surpris. Le problème est réellement l'opacité de l'Europe, des décisions qui sont prises sans que les Parlements en aient réellement connaissance et qui échappent totalement aux citoyens. Peut-être que cela devrait amener ceux qui se disent Européens à réfléchir à la manière de concilier l'Europe et la démocratie. Les Britanniques ont voté pour le Brexit pour plusieurs raisons : l'attachement à leur Parlement, mais aussi l'immigration, plutôt du côté de la Pologne.

Rédigé par Chevenement.fr le 10 Septembre 2019 à 09:57 | Permalien | Commentaires (5)
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