Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Paris Match, 27 avril 2011.
Paris Match. Y a-t-il en France un réel “problème” de l’immigration ou bien les immigrés sont-ils les boucs émissaires de la crise?
Jean-Pierre Chevènement: L’immigration tient principalement à un déséquilibre démographique et aux inégalités de richesses. Notre société souffre : chômage de masse, précarité, paupérisation, dégradation du pouvoir d’achat. On stigmatise l’immigré, mais tous ces phénomènes ont une cause principale, les dérèglements du capitalisme financier. Le problème de l’immigration, c’est celui de la concentration de familles d’origine immigrée dans certains quartiers. Elle exacerbe les tensions identitaires et ralentit le processus d’intégration. Mais de génération en génération, celle-ci progresse. Et il est ridicule de faire des immigrés la source de tous les maux alors qu’ils effectuent des tâches dont beaucoup de Français autochtones ne veulent plus. Je rappelle que chaque année, 500 000 emplois ne trouvent pas preneurs ! Fermer temporairement l’espace Schengen, est-ce une solution adaptée à l’afflux de migrants? Je préférerais qu’on garde à Strasbourg les fichiers informatisés Schengen que l’on va déménager en Estonie. L’immigration cristallise le débat politique en tout cas… C’est pour éviter l’amalgame que j’avais créé la loi dite Réséda du 11 mai 1998, énonçant des principes fermes et justes sur le séjour des étrangers. Or, depuis que Nicolas Sarkozy est aux manettes, il ne se passe pas une session parlementaire sans qu’un nouveau projet de loi soit à l’examen. Tout cela ne sert à rien : le nombre de cartes de séjour a augmenté de 80 % par rapport à 2000 – 200 000 contre 114 000. On ferait mieux de créer des emplois, de casser les ghettos urbains, de mettre l’accent sur l’apprentissage du français et d’affirmer des valeurs – laïcité, égalité homme/femme, respect des lois de la République.
Rédigé par Chevenement.fr le 28 Avril 2011 à 07:45
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Commentaires (1)
Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat, débat sur le programme de stabilité 2011-2014, mercredi 27 avril 2011.
Monsieur le Président, Madame et Monsieur les Ministres,
Depuis le traité de Maastricht, la France a renoncé à sa souveraineté monétaire. On en voit aujourd’hui le résultat : l’euro fort convient à l’Allemagne du fait de sa spécialisation économique. Il convient moins bien à la France dont la croissance s’en trouve ralentie, le chômage maintenu à un niveau proche de 10 % et le commerce extérieur en déficit structurel (plus de 50 Milliards d’euros en 2010). Au prétexte que la zone euro, rassemblant dix-sept pays économiquement et politiquement hétérogènes, est fragile – il eût fallu s’aviser plus tôt de ce vice de conception initial – le gouvernement propose aujourd’hui au Parlement de renoncer à la souveraineté budgétaire de la France, à travers un document intitulé « programme de stabilité de la France 2011-2014 ». Ce document ne fait qu’anticiper les engagements du « Pacte de stabilité » dit Merkel-Sarkozy adopté par le Conseil de l’euro du 11 mars et entériné par le Conseil européen des 24 et 25 mars 2011. On assiste ainsi à ce paradoxe qu’une crise financière, privée à l’origine, va aboutir à une austérité publique généralisée et véritablement sans précédent : constitutionnalisation ou, en France, semi-constitutionnalisation par voie de lois organiques, de l’interdiction des déficits publics, nouveau décrochage des salaires, recul automatique de l’âge de la retraite. C’est pour sauver l’euro – dont ses promoteurs nous assuraient depuis des années qu’il nous sauverait des périls extérieurs – que le Conseil européen nous invite à « une coordination renforcée des politiques économiques pour la compétitivité et la convergence ». Cette coordination s’intègre dans le projet de réforme constitutionnelle préparé par le gouvernement dont le Parlement doit débattre avant l’été : Il s’agit essentiellement de mettre le budget de l’Etat en tutelle, en créant des « lois-cadres d’équilibre des finances publiques », dont les dispositions s’imposeront « de manière intangible » aux lois de finances et aux lois de financement de la Sécurité sociale. Le tout assorti d’un dispositif coercitif qui, in fine, pourra être adopté selon une règle de majorité inversée. Dépêche AFP, mercredi 27 avril 2011, 12h54.
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement s'est opposé mercredi à une modification du traite de Schengen, estimant que ses dispositions étaient suffisantes, dans un entretien au site internet de Public Sénat.
La Commission européenne va redéfinir les "conditions exceptionnelles" permettant aux Etats membres de Schengen de rétablir "temporairement" des contrôles à leurs frontières nationales, a annoncé mardi un de ses porte-parole, suite aux tensions entre la France et l'Italie sur l'immigration. "Faut-il revoir le dispositif de Schengen?", s'est interrogé l'ex-ministre de l'Intérieur, avant de répondre : "Il me semble qu'il y a dans l'article cinq des dispositions qui peuvent permettre d'introduire un minimum de viscosité aux frontières en cas d'afflux majeur". "Est-ce aujourd'hui le cas ? Je pense qu'on exagère beaucoup et on tend à faire, pour des raisons électorales, des immigrés le problème central de la société française", a ajouté M. Chevènement. "Avec un peu de bonne volonté, les gouvernements européens auraient pu trouver une solution humaine et décente aux problèmes qui se posent", a poursuivi M. Chevènement, jugeant qu'"on aurait pu se répartir facilement" les 20.000 migrants. En revanche, le sénateur de Belfort a estimé que "l'Italie n'avait pas à accorder des titres de séjour de six mois valables pour toute l'Union européenne" aux migrants. Dépêche AFP, mercredi 27 avril 2011,12h25.
Le président d'honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a déclaré mercredi dans une interview à Public Sénat que sa candidature à l'élection présidentielle de 2012 apparaissait "de plus en plus comme une nécessité inéluctable".
Interrogé sur une éventuelle candidature, l'ex-ministre de l'Intérieur a déclaré : "J'y réfléchis de plus en plus, et je trouve qu'en l'absence d'offre alternative, la nécessité d'une candidature apparaît de plus en plus comme une nécessité inéluctable". Jean-Pierre Chevènement a déclaré à plusieurs reprises qu'il prendrait sa décision à l'automne. Le président du MRC Jean-Luc Laurent a par ailleurs, selon Le Parisien, envoyé le 14 avril une lettre à 600 élus locaux pour solliciter un "engagement de parrainage" envers M. Chevènement si celui-ci venait à être candidat, tandis que le conseil national du mouvement avait annoncé début février avoir mis sur pied "un comité de campagne 2012", au cas où. "Je sais que beaucoup de gens rêvent de la présidence de la République en se rasant le matin, ça n'a jamais été mon cas, je considère que c'est d'abord un impérieux devoir à l'égard du pays (...), ça ne peut être une satisfaction narcissique", a affirmé le sénateur du Territoire de Belfort. Invité à affiner ses déclarations, M. Chevènement a précisé : "Ecoutez, vous m'avez très bien compris, je parle français. (...) Si l'un des candidats socialistes bouge et fait entendre une différence sur le problème de l'euro, sur la perspective de l'Europe, qui aille dans le sens que nous prônons, à ce moment-là la porte sera ouverte pour une discussion". Mais, a t-il ajouté, "il est évident que s'ils (ndlr: les candidats socialistes) sont tous sur la même ligne, il n'y aura pas de discussion valable". Interrogé sur le risque d'un nouveau "21-avril", M. Chevènement a estimé que "les Français ont le droit au débat, je pense que s'il y avait encore plus de candidats, ça aurait été mieux. Il y en avait 16, c'était beaucoup, mais s'il y en avait eu 40, ç'aurait encore été mieux." Entretien au site Internet de Public Sénat, 27 avril 2011.
L’ex-ministre de l’Intérieur ne voit pas l’utilité d’une modification du traité de Schengen. « On tend à faire, pour des raisons électorales, des immigrés le problème central de la société française », affirme le président d’honneur du MRC. Il estime « qu’il faudrait arrêter » la guerre en Libye. « On est en train de passer insensiblement de la responsabilité de protéger les populations civiles, à l’ingérence pure et simple » affirme le sénateur du Territoire de Belfort, qui voit sa candidature à la présidentielle comme « de plus en plus inéluctable ». Il ajoute : « Je sais que beaucoup de gens rêvent de la présidence de la République en se rasant le matin, ça n’a jamais été mon cas. Je considère que c’est d’abord un impérieux devoir à l’égard du pays ». Entretien.
Public Sénat: Faut-il revoir les accords de Schengen, comme le demandent Paris et Rome ? Jean-Pierre Chevènement: Je pense qu’avec un peu de bonne volonté, les gouvernements européens auraient pu trouver une solution humaine et descente au problème qui se pose, s’agissant notamment des réfugiés libyens ou sahéliens (…) qu’on aurait pu se répartir facilement. S’agissant des tunisiens, ils n’ont pas de raisons politiques de venir en Europe, ce sont des raisons économiques qui les poussent. C’est donc un plan d’aide économique à la Tunisie et à tous les pays de la rive sud de la méditerranée qui est nécessaire. Maintenant, faut-il revoir le dispositif de Schengen ? Il me semble qu’il y a dans l’article 5 des dispositions qui peuvent permettre d’introduire un minimum de viscosité aux frontières en cas d’afflux majeur. Est-ce aujourd’hui le cas ? Je pense qu’on exagère beaucoup. Et on tend à faire, pour des raisons électorales, des immigrés le problème central de la société française, alors qu’elle connait des difficultés sur le plan de la croissance, du chômage, des inégalités et naturellement il y a un malaise qui se cristallise sur l’immigration. Je ne dis pas qu’il n’y a pas de problèmes qui se posent. Mais il y a quelque chose de malsain, de morbide, dans cette focalisation absurde. (…) Je pense qu’il y a quand même un arrangement à trouver entre les différents pays européens pour résoudre le problème de ceux qui sont particulièrement concernés. Je pense aux libyens – du fait de la guerre qui sévit en Libye, qu’il faudrait d’ailleurs arrêter – et du point de vue des sahéliens (…). La répression continue en Syrie contre les manifestants au régime. Faut-il que la France s’engage en Syrie comme elle l’a fait en Libye ? Il faudrait s’engager partout à ce moment-là. On peut condamner ce qui se passe en Syrie et apporter un traitement humain à ceux qui voudraient quitter ce pays, mais on ne peut pas intervenir partout, ça n’a pas de sens. En Libye on est en train de passer insensiblement de la responsabilité de protéger les populations civiles, à l’ingérence pure et simple. Quand on détruit les appartements ou les bureaux du conseil des ministres libyen à Tripoli, on n’est plus dans la protection des civils. Je pense qu’il faut maintenant revenir à un processus politique, on ne peut pas continuer comme ça. (…) Que l’affaire soit à nouveau soumise au conseil de sécurité de l’Onu. (…) Je pense que le moment est venu de reprendre ses esprits. M. Bernard-Henri Levy nous a engagés dans une opération dont il n’a peut-être pas mesuré toutes les conséquences. ActualitésPoursuite du programme de colloques de la Fondation Res Publica lundi 16 mai 2011 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.
Avec la participation de :
Les actes du séminaire du 15 novembre 2010 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Les actes du colloque du 17 janvier 2011 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
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