Une tribune de Jean-Pierre Chevènement, parue dans Le Parisien, édition du 2 septembre 2018.
Dans toute démission, dans celle de Monsieur Hulot comme dans d’autres, il y a la forme et il y a le fond.
La forme en a surpris plus d’un, à commencer sans doute par le Président de la République. Puis-je rappeler un souvenir ? A deux reprises, sur la politique industrielle et sur la guerre du Golfe, François Mitterrand m’a demandé de surseoir à ma démission de plusieurs jours et même de plusieurs semaines. « Vous n’allez pas démissionner la nuit, comme Rocard ? » m’avait-il ainsi interrogé le 29 janvier 1991. Nous sommes convenus que la passation de pouvoirs à l’Hôtel de Brienne se ferait le surlendemain et François Mitterrand connaissait ma décision depuis le 7 décembre 1990 ! Aujourd’hui tout se gère à l’aune de la « communication ». Monsieur Hulot était pour le Président Macron une splendide prise médiatique. Il a plutôt une bonne tête. Depuis Ushuaia, l’émission qui l’a rendu célèbre, il jouit de la faveur de l’opinion. De surcroît, Monsieur Hulot n’est pas vraiment un « Vert ». Il était là pour permettre au gouvernement de gérer cette petite frange de l’opinion qui met la notion vague d’écologie au sommet de ses priorités. Soyons clairs : que les questions environnementales et la préservation des biens communs à toute l’humanité (eau, air, sol, etc…) soient d’une importance primordiale, je suis le premier à en convenir. Mais il en va tout autrement de l’idéologie des Verts qui est une forme de millénarisme : depuis 1945, l’humanité a substitué à son horizon le mythe de la catastrophe en lieu et place de celui du progrès. En réaction au nazisme, le philosophe allemand Hans Jonas a inventé le « principe de précaution ». Ce principe, inscrit dans notre Constitution, n’a rien de scientifique. Un gouvernement qui voudrait l’appliquer pleinement ne devrait pas se borner à abandonner le projet de Notre-Dame-des-Landes. Il lui faudrait fermer toutes les usines non seulement nucléaires mais chimiques, renoncer aux grands projets d’infrastructures, multiplier les conflits avec les agriculteurs et les entrepreneurs à force de réglementations tracassières. Tel n’était pas l’état d’esprit de Monsieur Hulot. Depuis qu’on sait qu’il ne trouvait plus le sommeil, l’opinion s’interrogeait : que cachait depuis six mois ce chantage public et permanent à la démission ? Comment se terminerait ce ballet d’hésitations ? Sur quel grand sujet le ministre choisirait-il de tomber ? Depuis quelques jours, on respire : ce n’était que la chasse et la présence d’un « lobbyste » à l’Élysée ! Comme si les politiques ne passaient pas une grande partie de leur temps à écouter – et d’ailleurs à juste titre – les représentants des intérêts particuliers, leur tâche étant de faire prévaloir, in fine, l’intérêt général.
Rédigé par Chevenement.fr le 3 Septembre 2018 à 08:51
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Commentaires (2)
Communiqué de Jean-Pierre Chevènement suite à la démission de Nicolas Hulot du gouvernement.
La démission de Nicolas Hulot du gouvernement est la dernière figure d’un ballet d’hésitations contraire aux intérêts de l’Etat et devenu lassant depuis longtemps. La réception des chasseurs à l’Elysée n’est qu’un prétexte. En République, la concertation et l’écoute des intérêts particuliers sont normales avant la décision politique qui doit être guidée par le souci de l’intérêt général. Ce sont les soi-disant écologistes qui depuis trop longtemps se comportent comme un véritable lobby installé au cœur de l’Etat. Ils inspirent en matières énergétique, industrielle et agricole, des politiques qui sapent la compétitivité de la France. Celle-ci est le principal problème que nous avons à résoudre, comme en témoigne le déficit (75 milliards d’euros) de notre balance commerciale. Il est temps de se recentrer sur l’essentiel.
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ActualitésLes actes du colloque du 27 février 2018 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Carnet de Jean-Pierre ChevènementCommuniqué de Jean-Pierre Chevènement.
J'ai écrit à Monsieur Bruno Le Maire en date du 4 mai 2018 pour lui demander où en étaient les engagements pris par General Electric en 2015 lors du rachat de la branche énergie d'Alstom.
La réponse qui vient de tomber n'est pas satisfaisante. Les engagements pris, même dans un univers ultra-libéral, doivent être tenus, pacta sunt servanda. Ce n'est pas nuire à l'attractivité de la France que de faire respecter l'autorité de l’État. Représentant spécial de la France pour la Russie, président de la Fondation Res Publica, Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission "Le Débat" présentée par Raphaël Kahane sur France 24. Il débattait avec Jean De Gliniasty, directeur de recherche à l’IRIS, ancien diplomate, et Sylvain Kahn, professeur à Sciences Po, chroniqueur à Explicite.
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Jean-Pierre Chevènement était l'invité de Zemmour & Naulleau sur Paris Première, mercredi 30 mai 2018 (à partir de 1h52).
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Communiqué de Jean-Pierre Chevènement suite au décès de Serge Dassault
Serge Dassault a su faire fructifier l'héritage que lui avait transmis son père Marcel Dassault en maintenant ou en mettant à la tête de son groupe des responsables de grands talents. Il a su à la fois développer une activité militaire et une activité civile, les avions d'affaires. Comme ministre de la Défense, j'ai homologué en 1990 le premier exemplaire très contesté du Rafale. Serge Dassault m'a téléphoné pour me remercier, politesse rare chez les industriels de l'armement.
J'adresse à sa femme, ses enfants et sa famille mes condoléances attristées.
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Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RT France, jeudi 3 mai 2018. Il répondait aux questions de Stéphanie de Muru.
Verbatim :
Après la rencontre du Président Macron et du Président Poutine à Versailles le 29 mai 2017, le Président Macron a redéfini la politique française notamment vis-à-vis de la Syrie en souhaitant une formule inclusive, c’est-à-dire comprenant toutes les parties, y compris les représentants du gouvernement de Damas. Cela rompait avec la politique antérieure, qui nous a mis dans une position que l’on ne peut que regretter. C’est ce changement qui m’a fait accepter la proposition d’Emmanuel Macron de reprendre la mission de Représentant spécial de la France pour la Fédération de Russie. Je me suis rendu à plusieurs reprises en Russie, à Moscou, pour favoriser la relation franco-russe et mettre de l’huile dans les rouages. Je suis également allé en Sibérie pour l’inauguration des installations gazières de Yamal dans le cadre du projet franco-russe très important entre Novatek et Total. Je suis allé à Moscou les 25 et 26 avril derniers porteur d’un message du Président Macron au Président Poutine : le Président a le souhait de réduire nos divergences et de marquer nos convergences, qui sont nombreuses. J’ai rencontré le ministre de l’Economie, le vice-ministre des Affaires étrangères ainsi que d’autres responsables russes à la tête de grande entreprises publiques. Je crois très profondément à l’intérêt tout particulier de la relation franco-russe : c’est une relation spéciale qui vient de loin dans l’histoire et répond à de profondes affinités culturelles. Je veux croire qu’il y a des fondamentaux pour notre politique, notamment notre politique étrangère. |
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