Projet d’intervention de Jean-Pierre Chevènement lors de l'université d'été du MRC, Belfort, dimanche 7 septembre 2008 (seul le prononcé fait foi). Le discours intégral est disponible en format audio à la fin de l'article.
I – Le ralliement à contretemps de la gauche au libéralisme.
La crise de la gauche en France et en Europe tient pour l’essentiel, à mon sens, au fait qu’elle s’est progressivement résignée à accepter comme une fatalité la domination du capital financier, la dictature de l’actionnariat et la loi des multinationales qui, au nom de la globalisation, mettent en concurrence les territoires et les mains-d’œuvre. La mondialisation est une stratégie. Les « armées de réserve industrielle » des pays à bas coûts de production pèsent sur les salaires et la protection sociale en France et en Europe occidentale, mais les pays émergents comme la Chine ne sont pas les premiers responsables de cette régression. Le capitalisme financier qui les domine, eux aussi, n’a pas attendu l’émergence de ces pays pour opérer, dès les années quatre-vingt, le grand renversement du partage de la valeur ajoutée entre le travail et le capital au profit de ce dernier. C’est ce capital financier qui met en œuvre la stratégie de la globalisation. Le chômage a été le principal moyen utilisé pour opérer une véritable déflation salariale, ainsi en France à partir de 1983. La dérégulation qui a suivi s’insérait dans un dessein libéral néo-conservateur, né dans le monde anglo-saxon et mis en œuvre à partir de la victoire électorale en Grande-Bretagne de Mme Thatcher en 1979 et de M. Reagan aux Etats-Unis, l’année suivante. Cette volonté de déréglementation généralisée théorisée au départ par des économistes comme Friedrich Hayek et Milton Friedman, a correspondu à la volonté des Etats-Unis d’ouvrir les marchés aux produits de leurs multinationales et à leurs investissements, en cassant l’intervention des Etats dans l’économie et en faisant reculer partout, y compris à domicile, l’Etat providence. Cette politique a été mise en œuvre, au niveau mondial, par le GATT, devenu OMC en 1994, et par les politiques d’ajustement structurel du FMI. Elle a été relayée par l’Europe libérale à travers l’Acte Unique de 1987 et le traité de Maastricht de 1992. Elle a enfin été parachevée politiquement par le rapprochement entre les Etats-Unis et la Chine, et l’ouverture de celle-ci aux multinationales dans les années 78-80, et surtout par l’implosion du communisme en 1989-91, suivie de l’application de thérapies de choc libérales aux ex « pays socialistes ». Pour la première fois depuis 1914, l’économie de marché coïncidait à nouveau avec les limites de la planète. C’est ce capitalisme financier qui n’a pu se développer et ne peut se survivre qu’avec le soutien de l’Hyperpuissance américaine qui se débat aujourd’hui dans d’insolubles contradictions.
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Rédigé par Chevenement.fr le 7 Septembre 2008 à 14:09
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Commentaires (20)
Article écrit par Eric Haquemand, Le Parisien, samedi 6 septembre 2008.
«Etiam mortuus redeo… » : « Même mort, je reviens… » Jean-Pierre Chevènement le dit avec érudition mais conviction : à 69 ans, l’heure de la retraite n’a pas sonné. Pour la première fois dans sa (très) longue carrière, l’ancien ministre de François Mitterrand est candidat aux élections sénatoriales du 21 septembre dans le Territoire de Belfort.
Lire la suite de l'article sur le site du Parisien. Entretien de Jean-Pierre Chevènement à l'Alsace, 5 septembre 2008.
Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de la Défense et président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) se prononce en faveur d’un retrait progressif des troupes françaises en Afghanistan.
L'Alsace : Faut-il maintenir une présence française en Afghanistan ? Jean-Pierre Chevènement : Le seul objectif qu’on puisse se donner, c’est d’aider l’Afghanistan à devenir un État digne de ce nom. À mes yeux, la tâche des soldats français devrait se borner à former les soldats afghans. Les Américains ont pollué le dossier afghan dès le départ. Doublement. D’abord en ne mettant pas les moyens — ils ont envoyé 8 000 hommes en Afghanistan contre 140 000 en Irak, pays qui n’avait rien à voir avec les attentats du 11 septembre. Ensuite, en déclenchant avec l’ensemble du monde musulman ce qui a été ressenti comme une guerre de civilisation. George Bush parle de guerre contre le terrorisme mais il faut distinguer, en Afghanistan, les tribus pachtounes qui forment la majorité de la population et Al-Qaïda et ses alliés qui ne représentent qu’une petite minorité. Vous êtes donc favorable au retrait des troupes françaises ? Je ne demande pas un retrait immédiat et total mais un retrait progressif. La nouvelle administration américaine, après les élections de novembre, va redéfinir les objectifs. Il est dommage que nous soyons totalement à la remorque de l’Amérique. On voit là tout le danger de la réintégration de la France dans l’organisation militaire intégrée de l’Otan. C’est le plus sûr moyen de se faire entraîner dans des guerres qui ne sont pas les nôtres. L’Afghanistan n’a jamais été dans la zone des intérêts prioritaires de la France. Cette guerre n’a rien à voir avec les intérêts de la France. Faut-il, comme le dit ministre de la Défense, que le gouvernement afghan discute avec les talibans qui « ne sont pas dans le djihad » ? Il n’y a pas de talibans modérés mais il faut engager la discussion avec la guérilla pachtoune pour la séparer d’Al-Qaïda et de Ben Laden. On ne peut pas faire passer un pays du Moyen âge au XXIe siècle à coup de bombes guidées par laser. On n’exporte jamais ses valeurs à la pointe des baïonnettes. On devrait le savoir depuis la Révolution française. Pour Nicolas Sarkozy, si on laisse tomber l’Afghanistan on déstabilise le Pakistan… Le Pakistan a aussi ses propres problèmes et la bombe nucléaire pakistanaise est avant tout dirigée contre l’Inde. En fait on peut toujours trouver de bonnes raisons pour justifier un engagement militaire. Avec cette déclaration de Nicolas Sarkozy, nous sommes dans le grand n’importe quoi. Propos recueillis par Céline Mazeau Dépêche AFP, mercredi 3 septembre 2008, 16h03.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), a déclaré mercredi que la brutale mutation de Dominique Rossi, patron des forces de sécurité en Corse, "était tout à fait dans la veine de la bande dessinée de Pétillon".
Interrogé en marge du Comité de liaison de la gauche, l'ancien ministre de l'Intérieur a jugé que "la manière dont le ministère de l'Intérieur a réagi était tout à fait dans la veine de la bande dessinée de Pétillon", en allusion à "L'enquête corse" de René Pétillon, où le détective Jack Palmer se trouve aux prises avec les indépendantistes. Dominique Rossi a été muté à l'IGPN après la brève occupation par des nationalistes de la propriété de l'acteur Christian Clavier, un proche de Nicolas Sarkozy. "C'est évidemment une sanction injustifiée", a estimé M. Chevènement. Mais le patron du MRC se dit "insurgé" par une autre affaire": "l'absence de réaction des pouvoirs publics à l'exigence des indépendantistes formulées lors des Journées d'été en juillet dernier que la BNP ne fasse plus de prêts aux non-résidents pour l'acquisition d'une maison". "Même M. Clavier ne pourrait plus avoir un emprunt pour acquérir sa villa, mais il n'en avait peut être pas besoin!", a-t-il lancé. Pour lui, "la BNP s'est couchée. L'Etat n'est pas intervenu, ni le préfet, ni le ministère des Finances, ni la commission bancaire. Il n'y a eu aucune réaction des pouvoirs publics par rapport à cette mesure anti-républicaine et le ressort même du système mafieux", a-t-il déploré. Alors que limogeage du responsable des forces de sécurité en Corse provoque un tollé, Jean-Pierre Chevènement était l'invité de RTL Soir. L'ancien ministre de l'Intérieur a parlé d'une gestion "pétillonnesque" de la police nationale, en référence au dessinateur de la BD "L'enquête Corse".
RTL-02092008.mp3 (3.05 Mo)
Voici le programme final de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen qui se tient les 6 et 7 septembre à Belfort sur le thème : l'état de la gauche et les perspectives de sa refondation.
Le programme est téléchargeable ci-dessous au format PDF.
Dépêche AFP, dimanche 31 août 2008, 17h17.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républician et citoyen (MRC), a exorté dimanche le PS à "se reprendre", estimant que lors de son université d'été à La Rochelle "il a donné le sentiment de se désintéresser des questions de fond".
"Le PS a donné le sentiment de se désintéresser des questions de fond, qu'il s'agisse de la crise économique mondiale ou des risques d'une nouvelle guerre froide sur notre continent", a déploré M. Chevènement dans un communiqué. En outre, selon lui, "le débat sur l'Europe qui avait traversé le parti socialiste lui-même, a été refermé". "Il est temps que le PS se reprenne pour refonder la gauche sur des bases républicaines et offrir au peuple français une alternative véritable au fondamentalisme de marché dont l'échec est partout visible", a-t-il conclu. Intervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque organisé à Poitiers, le 21 août 2008, par la Fondation « Prospective et Innovation » sous la présidence de M. Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre, sur le thème « La Chine vue de l’Inde : Une lecture politique des relations Inde-Chine ».
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres, Mesdames, Messieurs, Le fait est là : La Chine a creusé l’écart. Depuis 1979 et le tournant opéré par Deng Xioping (« Peu importe qu’un chat soit blanc ou noir, l’important est qu’il attrape des souris »), le PIB de la Chine a été multiplié par sept. Le PIB chinois aux taux de change courants, pèse aujourd’hui 3.100 milliards de dollars et se rapproche de celui du Japon (5.000 milliards de dollars). Ce développement a été tiré par les multinationales qui représentent plus de 60 % des exportations chinoises. Il s’inscrit naturellement dans le cadre du rapprochement entre la Chine et les Etats-Unis, entamé dès 1972 par la visite à Pékin du Président Nixon à Mao Tsetoung. Il y a une alliance de fait qui s’exprime par le soutien que la Chine, avec ses réserves libellées en dollar et placées en bons du Trésor américain, apporte au cours du dollar. Les firmes multinationales américaines mais aussi japonaises et européennes captent environ 70 % de la valeur ajoutée par la maîtrise qu’elles conservent encore de la technologie et de la distribution. Cette alliance est naturellement tissée de rivalités. Quoi qu’il en soit, la Chine est devenue, vis-à-vis de tous les pays de l’Asie orientale, le premier client et le premier fournisseur, y compris vis-à-vis du Japon. Sa croissance agit comme un formidable moteur pour le développement de toute la région. Notons que dans le même temps (les trente dernières années), la croissance du PIB indien a été sensiblement moins rapide que celle de la Chine. Le PIB indien pèse environ trois fois moins que le PIB chinois, même si la croissance indienne, largement tirée par les services aux entreprises, a eu tendance à s’accélérer nettement ces dernières années. |
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