Chevènement pour une « rupture », samedi 5 septembre 2009, propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï.
Le MRC tient son université d'été à Toulouse ce week-end. Jean-Pierre Chevènement fait le point sur la rentrée politique à gauche.
La dépêche du midi : Etes-vous favorable aux primaires proposées par le PS ? Jean-Pierre Chevènement : S'il s'agit de désigner le candidat socialiste, le MRC n'en sera pas. S'il est question de choisir ensemble le candidat de la gauche, nous y participerons. Dans ce cas, il faudra que les partis de gauche puissent approuver une charte d'orientation politique, et que des millions de sympathisants puissent s'exprimer. Quoiqu'il arrive, le MRC pèsera en 2012. N'avez-vous pas noté un coup de barre à gauche du PS? Les socialistes me semblent enfermés dans l'horizon du social-libéralisme. Ils n'imaginent pas ce qu'on pourrait faire pour rompre avec la domination des marchés financiers qu'ils ont contribué à installer dans les années quatre-vingt. Il faut qu'il y ait, comme au congrès d'Epinay, une rupture avec la pratique antérieure. Vous ne semblez pas apprécier le vent en poupe des Verts... Il y a beaucoup de complaisance à leur égard et de Cohn-Bendit en particulier. Leur score aux européennes est surfait. Les commentateurs oublient toujours qu'il y a eu 60% d'abstentions, et que les écologistes, s'ils ont réalisé 16% des exprimés, n'ont totalisé que 6,3% des inscrits. Le PS, aussi bien que Sarkozy leur font la cour par opportunisme. Les problèmes de fond ne sont pas traités. Votre projet républicain est-il adapté aux temps actuels ? Clemenceau disait déjà que la République est une idée toujours neuve. C'est encore vrai aujourd'hui. Les propositions que nous faisons dans l'ordre national et international sont cohérentes : planification de la transition énergétique, réindustrialisation du pays à partir d'un grand ministère de l'Industrie et de la Recherche, nationalisation des banques au prorata des concours apportés par l'Etat, réglementation des marchés financiers. La priorité est à la politique. Nous en appelons aux citoyens. Il faut une refondation républicaine de la gauche. Agenda et médiasEntretien à La Voix du Midi, jeudi 3 septembre 2009.
L'entretien est disponible ci-dessous au format PDF.
Dépêche AFP, 3 septembre 2009, 13h02.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyen (MRC), s'est déclaré jeudi favorable à la taxe carbone "sous réserve qu'on rembourse les ménages défavorisés", afin que cette mesure environnementale ne devienne pas "anti-sociale".
"Je suis pour, sous réserve qu'on rembourse les ménages défavorisés", notamment ceux "qui habitent dans les zones péri-urbaines", a-t-il dit sur France Culture. "Il ne faut pas qu'une mesure environnementale devienne une mesure anti-sociale", a-t-il poursuivi. Le sénateur de Belfort a jugé qu'il y avait "énormément de complaisance vis-à-vis des Verts dans les médias mais aussi dans les forces politiques". "On fait la fête à M. Cohn-Bendit, les yeux doux à Mme Duflot", "sur le fond c'est une catastrophe pour le PS", a-t-il dit, alors que Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, est invitée à l'Elysée par Nicolas Sarkozy jeudi en fin d'après-midi sur la taxe carbone. "Il y a eu 60% d'abstention aux européennes. Si vous ramenez le pourcentage des Verts à ce qu'il est réellement par rapport aux électeurs inscrits, c'est à peine plus de 6%", a-t-il affirmé. Jean-Pierre Chevènement répondait aux questions d'Hubert Huertas dans "En toute franchise". L'entretien est podcasté sur le blog.Voici la version définitive du programme de l'université d'été du Mouvement Républicain et Citoyen qui se tient les 5 et 6 septembre 2009 à Toulouse sur le thème : "Face à la crise, la désuétude du modèle social-démocrate, l’actualité du modèle républicain".Développements de Jean-Pierre Chevènement, après son intervention à l'université d’été du Parti socialiste à La Rochelle, samedi 29 août 2009. (Ce texte n’est pas celui de l’intervention de Jean-Pierre Chevènement. Il la nourrit et la développe)
Première thèse : Le cycle néo-libéral se ferme
Le problème de la gauche aujourd’hui est que, confrontée à la grande crise du capitalisme financier, qu’elle a non seulement laissé s’installer mais fortement contribué à mettre ou à maintenir en selle en Europe, en France après 1983, en Grande-Bretagne avec Tony Blair, en Allemagne avec Gerhard Schröder, et en Italie avec Romano Prodi, elle se bat les flancs sans voir quoi d’autre mettre à la place. C’est une crise de l’imagination qui n’est pas sans lien avec une pratique politique opportuniste qui a éloigné de la gauche les couches populaires. Pour beaucoup de femmes et d’hommes se disant « de gauche », la dictature de l’actionnariat à travers les marchés financiers régentant l’allocation du capital, la production, les échanges et la reproduction sociale paraît être aujourd’hui inévitable et comme procédant de la nature des choses. Sans doute la gauche sociale-libérale peut-elle imaginer quelques correctifs à la marge (RMI, CMU) mais la domination des marchés financiers qui s’est installée depuis trente ans sur les décombres du fordisme, du keynésianisme, de l’Etat-providence et des régulations nationales, semble borner son horizon. Cette gauche doit donc penser l’impensable : qu’il puisse y avoir un « au-delà » du capitalisme financier, que les marchés financiers ne bornent pas l’horizon de l’Humanité, que ce sont les peuples et les nations qui font l’Histoire et qu’il est temps de remettre celle-ci consciemment en marche. A une gauche digne de ce nom, il faut donc penser et proposer un dépassement du capitalisme financier à travers des mesures concrètes réalistes et convaincantes. C’est ainsi seulement qu’elle pourra surmonter le discrédit qui est le sien dans les couches populaires, convaincues aujourd’hui que le social-libéralisme n’a été et ne peut être qu’une stratégie d’accompagnement de la mondialisation financière honnie. Bref, il lui faut être crédible et elle ne peut l’être, comme après Epinay, qu’à partir d’une autocritique, qui vaille rupture aux yeux du plus grand nombre, avec la pratique antérieure. ActualitésIl s'exprimait sur le thème "Penser l'avenir" aux côtés notamment de Benoît Hamon, Cécile Duflot et Betrand Delanoë (son intervention débute à partir de la 20ème minute de la vidéo).
La première partie de la discussion est accessible ici (s'y expriment en particulier Michel Wievorka, Jean-Baptiste Prévost, Jean-Claude Ameisen, Jacques Lévy).
Il était interrogé par la Fondation Terra Nova à la Rochelle au cours de l'université d'été du Parti socialiste.
Via le Live Blog de Terra Nova.
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