Tribune collective de Jean-Pierre Chevènement, Marie-Françoise Bechtel, Éric Conan, Franck Dedieu, Coralie Delaume, Éric Delbecque, Estelle Folest, Jean-Pierre Gérard, Christophe Guilluy, Emmanuel Lévy, Michel Onfray, Jean-Philippe Mallé, Natacha Polony, Jean-Michel Quatrepoint, Claude Revel et Paul Thibaud, parue dans Le Figaro, vendredi 24 mars 2017.
Nous avons connu l'Europe balbutiante, puis l'Europe triomphante, le temps est maintenant venu de l'Europe affaissée que même les coups de boutoir d'un Trump ne réveillent pas. À ces phases d'une «construction» dont le ciment est aujourd'hui irrévocablement fissuré ont correspondu de la part des peuples d'abord l'indifférence, puisla résignation («c'est l'Europe»), enfin le rejet. Une seule certitude aujourd'hui: l'Europe ne va plus de soi. Trente années de dérégulation sur le marché et de mise sous contrôle des politiques nationales ont rendu ce constat aveuglant.
Le plus préoccupant dans l'affaire est l'incapacité de la classe politique dans son ensemble à répondre à cette nouvelle «crise de la conscience européenne». Les principaux partis de gouvernement se taisent ; ils ont enfin compris que l'invocation à «l'Europe mieux expliquée», à «l'Europe des projets», à l'Europe à laquelle «il faut redonner du sens», tout cela est dépassé. Mais ils n'osent franchir le pas vers une vision nouvelle. En face d'eux, les casseurs d'Europe prédisent un avenir de tumulte: dénonciations désordonnées et improductives, confondant dans un même opprobre le tout marché et l'immigration incontrôlée, chez le Front national. Insoumission fondée sur la révolte des peuples chez Jean-Luc Mélenchon comme si la seule désobéissance aux règles et directives les plus choquantes tenait lieu en soi d'horizon politique.
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europe
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 23 Mars 2017 à 22:12
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Dépêche AFP, jeudi 23 mars 2017, 11h49.
Paris, 23 mars 2017 (AFP) - L'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement "voterait plutôt" pour Jean-Luc Mélenchon s'il se plaçait dans la perspective de "la reconstruction de la gauche", mais pas s'il se place "du point de vue des intérêts de la France", a-t-il indiqué jeudi.
L'ancien président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) a regretté sur Europe 1 que la campagne pour l'élection présidentielle n'ait "pas véritablement commencé", estimant que les "affaires" portent "un grave tort" à "la démocratie républicaine". "Les électeurs expriment le rejet, beaucoup ne veulent pas aller voter, et ce n'est pas ce que je leur conseille", a-t-il dit, leur conseillant "de se placer d'un point de vue plus élevé". "Il y a ceux qui veulent privilégier la reconstruction de la gauche, si je me plaçais dans cette perspective, moi je voterais plutôt Mélenchon", a-t-il développé, tout en soulignant ne pas être d'accord avec lui sur "un certain nombre de choses". "Mais je trouve qu'il a du talent et qu'il est porteur d'une certaine capacité de renouvellement", a-t-il ajouté. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de Fabien Namias sur Europe 1 pour l'interview politique, jeudi 23 mars 2017.
Verbatim express sur Europe 1
Entretien de Jean-Pierre Chevènement à L'Express, propos recueillis par Anne Rosencher, 7 mars 2017.
L'Express: Que vous inspire la situation politique actuelle ?
Jean-Pierre Chevènement: Je suis très inquiet pour l'avenir de notre démocratie. Même si, pour des raisons d'opportunité, François Fillon a adouci son ton à l'égard de la justice, je comprends l'état d'esprit de ceux que choque la convocation judiciaire du candidat de la droite à deux jours de la clôture des parrainages. La date de cette convocation est de nature à fausser le fonctionnement normal de nos institutions, et je m'alarme des conséquences que cela pourrait avoir. Comment l'électorat qui avait choisi François Fillon va-t-il réagir si ce dernier est conduit à retirer sa candidature, ou ne peut valablement poursuivre sa campagne? Je crains qu'une partie de ces électeurs n'accepte pas ce glissement vers ce qu'on appelle le gouvernement des juges. Il y a une dizaine d'années, je m'étais alarmé dans une tribune au journal Le Monde que son directeur d'alors, M. Colombani, nous vante "la judiciarisation de l'espace public et le règne de l'opinion comme le sommet inégalé de la régulation des sociétés démocratiques, en passant par pertes et profits les ravages qu'exerce le préjugé". Je n'y voyais déjà rien de tel : "L'étroit concubinage de la justice et des médias a entraîné la désuétude du secret de l'instruction et de la présomption d'innocence, le tribunal devenant bien souvent pilori", écrivais-je. Je ne changerais pas un mot aujourd'hui. Etes-vous de ceux, dès lors, qui préconisent une trêve judiciaire le temps des campagnes ? Je pense que le Parquet national financier a pris son temps, contrairement aux juges qu'il a désignés. Une convocation deux jours avant la clôture des parrainages, voilà qui pose problème. Et n'en déduisez pas que je soutiens pour autant le programme économique de François Fillon, ni la regrettable confusion qu'il fait entre "islamique" et "islamiste". Ma réflexion porte sur le fonctionnement de notre démocratie : la république, c'est d'abord le suffrage universel et la sérénité avec laquelle les citoyens doivent pouvoir s'exprimer. Il y a quelques semaines, Marcel Gauchet mettait en garde contre la pluie d'opprobres qui pourrait s'abattre après l'affaire Fillon, pas seulement sur le personnel politique, mais aussi sur les médias et le pouvoir judiciaire. Craignez-vous également cette sorte de déréliction démocratique ? Oui, je la crains. On semble oublier que le Front national est tout de même à plus de 40 % au deuxième tour dans les sondages. Tout cela devrait imposer à chacun un minimum de déontologie et de sens des responsabilités. Source: L'Express Les actes du colloque du 12 décembre 2016 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Jean-Pierre Chevènement présente sa contribution à l'ouvrage collectif "Notre intérêt national. Quelle politique étrangère pour la France?", sous la direction de Thierry de Montbrial et Thomas Gomart, Editions Odile Jacob, janvier 2017.Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission Polonium, animée par Natacha Polony, sur Paris Première, mercredi 22 février 2017.Jean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission Répliques sur France Culture, animée par Alain Finkielkraut. Le thème était "Les nouveaux défis de la France", avec Pierre Lellouche.
Répliques 11 février 2017 (48.25 Mo)
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