Dépêche AFP, mardi 16 août 2016, 10h34.
Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la direction de la Fondation pour l'islam de France, s'est dit lundi favorable à une "liberté" de tenues à la plage, mais estimé que les maires sont "fondés" à interdire le burkini en cas de "nécessité d'ordre public".
"Les gens sont libres de prendre leur bain costumés ou non. (...) Ma position, c'est la liberté sauf nécessité d'ordre public. Quand il y a la possibilité de heurts, comme il a pu s'en produire à Sisco en Corse, le maire de Sisco, comme le maire de Cannes, sont fondés à prendre des arrêtés. Ça fait partie des pouvoirs des maires qui sont chargés d'assurer la tranquillité publique", a déclaré l'ancien ministre de l'Intérieur sur Europe 1. "Il ne faut pas flatter les communautarismes (...). Il faut plus d'amitié civique", a-t-il ajouté. Le maire PS de Sisco (Haute-Corse) Ange Pierre Vivoni a interdit le port de burkini après qu'une rixe a éclaté samedi sur la plage alors que, selon des témoins, des touristes prenaient en photo plusieurs femmes qui se baignaient en burkini. Le 28 juillet, le maire Les Républicains (LR) de Cannes, David Lisnard, avait également pris un arrêté similaire, suivi le 5 août par le maire (LR) de Villeneuve-Loubet (Alpes-Maritimes), Lionnel Luca. Jean-Pierre Chevènement a également déploré la "polémique subalterne et stupide" suscitée par son conseil de "discrétion" aux musulmans.
le 16 Août 2016 à 16:35
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ActualitésDépêche AFP, lundi 15 août 2016, 12h28.
Paris, 15 août 2016 (AFP) - Pressenti pour prendre la tête de la Fondation pour l'islam de France, Jean-Pierre Chevènement estime que les musulmans "doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté" mais conseille la "discrétion" dans l'espace public "dans cette période difficile".
"Les musulmans, comme tous les citoyens français, doivent pouvoir pratiquer leur culte en toute liberté. Mais il faut aussi qu'ils comprennent que, dans l'espace public où se définit l'intérêt général, tous les citoyens doivent faire l'effort de recourir à la +raison naturelle+", explique l'ancien ministre de l'Intérieur dans une interview parue dans Le Parisien lundi. "Le conseil que je donne dans cette période difficile - comme le recteur de la mosquée de Bordeaux - est celui de discrétion", poursuit-il, alors que les polémiques se succèdent autour du port du voile et désormais du burkini. Début août, François Hollande avait évoqué son nom de façon informelle pour prendre la tête de la nouvelle Fondation pour l'islam de France, que l'exécutif veut remettre sur les rails. Relancer la fondation est "une bonne réponse à la poussée du terrorisme", estime M. Chevènement, répétant son intention de ne pas "se "dérober" à cette mission. Début août, il avait annoncé à l'AFP qu'il se prononcerait officiellement à la rentrée. Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Parisien, lundi 15 août 2016, propos recueillis par Jannick Alimi.
LA PRÉSIDENCE DE LA FONDATION
Le Parisien : Vous êtes pressenti pour présider la Fondation pour les oeuvres de l'islam de France. Allez-vous accepter ? Jean-Pierre Chevènement: Dès le début de cette année, nous avons eu, Bernard Cazeneuve, son cabinet et moi-même, plusieurs réunions sur le sujet. Car, dès 1999, j'avais, comme ministre de l'Intérieur, lancé une grande consultation sur l'islam de France. Le ministre de l'Intérieur m'a adressé une lettre le 26 avril, me proposant — et je pense qu'il n'a pas fait cette proposition sans l'avoir évoquée avec le Premier ministre et le président de la République — la présidence de cette fondation qui n'est pas encore constituée. J'apprécie beaucoup Bernard Cazeneuve pour sa modération, sa détermination, sa parole toujours maîtrisée. Vous allez donc dire oui ? Il s'agit d'une tâche d'intérêt public car les 4,1 millions de musulmans que compte la France doivent pouvoir exercer leur culte mais dans le respect de la laïcité et des principes de la République. Cette mission est tellement d'intérêt public qu'aucun responsable ne peut s'y dérober. Je ne m'y déroberai donc pas sauf si ma nomination devait entraîner des problèmes insolubles qui me forceraient à me retirer. Je dis à un certain nombre d'hommes politiques de l'opposition : il en va de l'intérêt du pays que cette fondation, d'ailleurs mise en place en 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, puisse enfin fonctionner. Comme le dit Omar Sy, nous portons tous le maillot bleu de l'équipe de France. Certains critiquent le fait que vous soyez une personnalité politique et un non-musulman... Ce que l'on me propose est la présidence de la Fondation pour les oeuvres de l'islam de France qui a une vocation d'intérêt général, et non de l'association cultuelle qui y sera adossée. Le futur président de la Fondation ne sera pas chargé de promouvoir l'islam. Je n'y ai aucun titre, je ne suis pas musulman, je suis un républicain laïc. La laïcité n'est pas tournée contre la religion, elle libère la spiritualité de toute emprise de l'Etat. Je n'entends nullement m'immiscer dans la sphère du religieux. ActualitésDépêche AFP, mercredi 3 août 2016, 13h59.
Jean-Pierre Chevènement, pressenti pour prendre la tête de la Fondation pour l'islam de France, considère qu'il s'agit d'une "tâche difficile", mais à laquelle "on ne peut pas se dérober", car elle "répond à l'intérêt national", a-t-il indiqué mercredi à l'AFP.
François Hollande avait évoqué mardi soir de façon informelle l'ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, connu pour son attachement à la laïcité, pour prendre la tête de la Fondation pour l'islam de France. Le président a souligné la nécessité pour cette Fondation, créée en 2005 mais paralysée par des dissensions internes, d'exercer un contrôle notamment sur le financement de la construction des lieux de culte musulmans. "J'ai été pressenti par Bernard Cazeneuve (le ministre de l'Intérieur, ndlr) au mois de mars", a expliqué M. Chevènement par téléphone à l'AFP, affirmant qu'il communiquerait sa position officielle à la rentrée. "Je considère que c'est une tâche difficile, mais d'une importance très grande du point de vue de l'intérêt national. On ne peut pas refuser d'apporter sa contribution à cette tâche", a-t-il déclaré. "C'est une tâche difficile, mais à laquelle on ne peut se dérober", a-t-il insisté. "Il y a quatre millions de musulmans en France, pour la plupart Français, il faut qu'ils soient citoyens avec les droits que cela comporte, notamment la liberté de culte, et aussi bien entendu les devoirs", a-t-il estimé. La ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol a elle plaidé mercredi pour qu'une femme prenne la tête de cette fondation. Interrogé sur le sujet à l'issue du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll a refusé toute "polémique". "Il y a besoin d'une personnalité qui puisse être un médiateur fort, à la fois ferme sur les grands principes de la laïcité, et ouvert, pour permettre à l'ensemble des cultes d'assurer leur exercice dans le cadre de la République", a-t-il déclaré, assurant que M. Chevènement avait été évoqué "de manière très claire". "J'ai bien entendu Laurence Rossignol (...) mais je ne crois pas que sur ce sujet il y ait de modifications", a-t-il dit. Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité du matin de RFI animé par Frédéric Rivière, mardi 19 juillet 2016.
Verbatim :
Il faut porter un jugement nuancé. Les Français ont manifesté beaucoup de dignité. La minute de silence a été respectée dans tout le pays. Manuel Valls a été sifflé par une petite partie des personnes présentes sur la promenade des Anglais et ce n’est pas à leur honneur, car je pense que Manuel Valls fait son travail. C’est notre premier ministre et les reproches qui lui sont faits par certains leaders de la droite de ne pas avoir pris les moyens qu’il devait prendre ne sont pas argumentés. Lesquels fallait-il prendre ? Comment pouvait-on empêcher ce camion fou de semer la mort sur la promenade des Anglais ? L’individu n’était pas connu des services de renseignement. La tâche des pouvoirs publics est très difficile or il faut quelles que soient les opinions politiques, on fasse preuve d’un certain loyalisme, d’un certain légalisme. Il y a un président de la République, il y a un premier ministre, il y a un ministre de l’Intérieur auquel je veux rendre hommage parce qu’il a un travail considérable à faire tous les jours. Je trouve que les reproches qui sont faits sont des reproches tout à fait excessifs. On ferait mieux de réfléchir à la réponse collective que nous devons apporter à ce défi du terrorisme. Il y a effectivement des attentats, ce n’est pas nouveau, c’était prévisible, et ça va continuer, parce que nous sommes en présence d’un problème infiniment complexe qui met en jeu toutes les tensions de la société française et ne l’oublions pas, un monde musulman traversé de conflits, de convulsions, une guerre interne entre le terrorisme djihadiste et on pourrait élargir, mais pas trop élargir. Les actes du colloque du 18 avril 2016 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Carnet de Jean-Pierre Chevènement
J’apprends avec grande peine le décès de Michel Rocard. Il reste pour moi le jeune secrétaire général du PSU que j’ai connu au milieu des années 1960, quand j’ai crée moi-même le CERES, avant tout un militant sincère qui croyait à la force des idées et à bien des égards, l’espoir de sa génération.
Il est devenu ensuite un acteur incontournable du Parti Socialiste. Il a campé, en 1977, au congrès de Nantes, une opposition entre deux cultures du socialisme, l’une jacobine, l’autre autogestionnaire et décentralisatrice. Cette opposition qui m’a toujours parue un peu factice a gouverné nos relations sans nuire à leur cordialité .Sa culture était plus mendésiste que mitterrandienne. Les Français ont aimé sa sincérité. Ils ont apprécié la compétence du premier ministre. Michel Rocard n’a pas été Président de la République mais il restera comme une figure idéologique majeure du socialisme français dans la seconde moitié du XXème siècle. J’exprime à sa famille et à ses proches toute ma sympathie et ma tristesse
Mots-clés :
michel rocard
Entretien de Jean-Pierre Chevènement avec Le Figaro Magazine, propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières, vendredi 1er juillet 2016
Nous avions rendez-vous avec l’ancien ministre de l’Intérieur pour évoquer sa vision de l’Histoire de France. Le Brexit nous a fait dévier de notre chemin initial. Mais pour cet homme d’Etat, qui raisonne encore à l’échelle du temps long, tout se tient : le passé éclaire le présent.
L’apocalypse n’a pas eu lieu. Le Brexit, loin d’être le cataclysme annoncé est, pour Jean-Pierre Chevènement une chance de sursaut. Une nouvelle page de l’Histoire qui s’ouvre. L’Histoire, à l’entendre, c’est ce qui manque aux Français pour se réconcilier avec eux-mêmes. Pour mieux la défendre, l’ancien ministre de l’Education nationale a rédigé la préface d’un manuel scolaire à paraître *, qui fait la part belle à la chronologie et aux grands hommes. Jean-Pierre Chevènement y rappelle son attachement au « récit national » et signifie son refus de toute repentance. « L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. Mais il n’est peut-être pas moins vain de s’épuiser à comprendre le passé, si l’on ne sait rien du présent », écrit Marc Bloch dans Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien. En disciple de l’auteur de L’Etrange Défaite, Jean-Pierre Chevènement scrute les siècles précédents pour mieux analyser les maux de notre époque. Il voit dans « la déconsidération de soi à laquelle nous nous sommes laissé réduire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », la cause profonde de la crise existentielle de l’Europe contemporaine. Le Figaro Magazine: Avec le Brexit, une nouvelle page de l’Histoire de l’Europe s’ouvre-t-elle ? Jean-Pierre Chevènement: Certainement. Il faut repenser l’Europe à partir de l’exigence de la démocratie. Les Britanniques n’avaient qu’un pied dans l’Europe mais ils ont voulu conserver leur capacité à décider par eux-mêmes de ce qui les regarde. Ils sont attachés à leur Parlement. Ils ne veulent pas être régis de manière opaque par des anonymes qu’ils n’ont pas désignés. La démocratie vit dans les nations. Elle suppose un sentiment d’appartenance. La seule instance démocratique légitime dans l’Europe actuelle c’est le Conseil des chefs d’Etats et de gouvernement. Mais elle n’est pas outillée pour décider. Quant au Parlement européen, il gagnerait à procéder des Parlements nationaux. Il n’y a pas de « démos » européen. Personne ne connaît son « député européen ». Il faut faire un retour et un détour par les nations pour refonder démocratiquement l’Europe. En second lieu, l’Europe telle qu’elle a été conçue par Jean Monnet et Jacques Delors (marché unique, monnaie unique) souffre de son économicisme : elle n’a jamais été une entité stratégique. Elle n’offre aucune protection face aux menaces et aux défis qui nous attendent. Je suggère une grande conférence pour revoir les traités, à la lumière de ces deux observations. Si ce n’est pas possible, il faudra saisir les Français par référendum. |
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