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"Le sentiment d’appartenance est nécessaire à la démocratie"


Entretien de Jean-Pierre Chevènement avec Le Figaro Magazine, propos recueillis par Alexandre Devecchio et Eléonore de Vulpillières, vendredi 1er juillet 2016


Nous avions rendez-vous avec l’ancien ministre de l’Intérieur pour évoquer sa vision de l’Histoire de France. Le Brexit nous a fait dévier de notre chemin initial. Mais pour cet homme d’Etat, qui raisonne encore à l’échelle du temps long, tout se tient : le passé éclaire le présent.

L’apocalypse n’a pas eu lieu. Le Brexit, loin d’être le cataclysme annoncé est, pour Jean-Pierre Chevènement une chance de sursaut. Une nouvelle page de l’Histoire qui s’ouvre. L’Histoire, à l’entendre, c’est ce qui manque aux Français pour se réconcilier avec eux-mêmes. Pour mieux la défendre, l’ancien ministre de l’Education nationale a rédigé la préface d’un manuel scolaire à paraître *, qui fait la part belle à la chronologie et aux grands hommes. Jean-Pierre Chevènement y rappelle son attachement au « récit national » et signifie son refus de toute repentance. « L’incompréhension du présent naît fatalement de l’ignorance du passé. Mais il n’est peut-être pas moins vain de s’épuiser à comprendre le passé, si l’on ne sait rien du présent », écrit Marc Bloch dans Apologie pour l’histoire ou Métier d’historien. En disciple de l’auteur de L’Etrange Défaite, Jean-Pierre Chevènement scrute les siècles précédents pour mieux analyser les maux de notre époque. Il voit dans « la déconsidération de soi à laquelle nous nous sommes laissé réduire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », la cause profonde de la crise existentielle de l’Europe contemporaine.

Le Figaro Magazine: Avec le Brexit, une nouvelle page de l’Histoire de l’Europe s’ouvre-t-elle ?
Jean-Pierre Chevènement:
Certainement. Il faut repenser l’Europe à partir de l’exigence de la démocratie. Les Britanniques n’avaient qu’un pied dans l’Europe mais ils ont voulu conserver leur capacité à décider par eux-mêmes de ce qui les regarde. Ils sont attachés à leur Parlement. Ils ne veulent pas être régis de manière opaque par des anonymes qu’ils n’ont pas désignés. La démocratie vit dans les nations. Elle suppose un sentiment d’appartenance. La seule instance démocratique légitime dans l’Europe actuelle c’est le Conseil des chefs d’Etats et de gouvernement. Mais elle n’est pas outillée pour décider. Quant au Parlement européen, il gagnerait à procéder des Parlements nationaux. Il n’y a pas de « démos » européen. Personne ne connaît son « député européen ». Il faut faire un retour et un détour par les nations pour refonder démocratiquement l’Europe.

En second lieu, l’Europe telle qu’elle a été conçue par Jean Monnet et Jacques Delors (marché unique, monnaie unique) souffre de son économicisme : elle n’a jamais été une entité stratégique. Elle n’offre aucune protection face aux menaces et aux défis qui nous attendent. Je suggère une grande conférence pour revoir les traités, à la lumière de ces deux observations. Si ce n’est pas possible, il faudra saisir les Français par référendum.

L’Angleterre renoue avec son récit national disent les « Brexiteurs », la France souffre-t-elle de ne plus connaître son histoire ?
Sans une conception claire de son histoire, il est difficile pour un peuple de la continuer. Je suis très attaché au maintien du récit national, que je distingue du roman national. Je ne pense pas que l’Histoire de France ait besoin d’être romancée. Elle supporte la vérité. Elle a évidemment des zones d’ombre mais également des grandes taches de lumière. Elle possède un sens particulier. La France est une création politique, elle est le fruit de l’Histoire et aurait pu ne pas exister. Elle s’est définie en Europe indépendamment du Saint Empire romain germanique et de l’Angleterre dont le roi, par ses possessions sur le continent, a été longtemps un prince français (je pense bien sûr aux Plantagenêts). La révolution de 1789 couronne ce processus. La République en est le terme.

Vous préfacez un manuel scolaire et vous insistez sur l’importance du « récit national ». Comment définissez-vous cette notion ? En quoi diffère-t-elle du « roman national » ?
A la question « Quelle place réserver au roman national ? », le président du conseil supérieur des programmes, M. Lussault a éludé, par une réponse qui m’a franchement éberlué : « Ne comptez pas sur nous pour désespérer Billancourt » - évoquant ainsi les professeurs. Mais ceux que je connais sont demandeurs d’une Histoire de France structurée, appuyée sur une chronologie, jalonnée de personnages phares qui font repère. M. Lussault a rejeté le roman national mais il n’a pas évoqué le récit national pourtant nécessaire à la formation d’une conscience civique : celui-ci, qui tend pourtant à l’objectivité, serait-il à proscrire ?

Les programmes d’Histoire à l’école primaire font trop de place à des thématiques horizontales, comme par exemple l’art aratoire au long des siècles, les différentes manières de cultiver le sol etc., sans faire assez de place à l’Histoire de France. Après la chute de l’Empire romain, il faut évoquer la constitution d’un royaume franc avec Clovis, l’avènement de la Francie occidentale après le partage de Verdun, la construction de l’Etat capétien à partir de 987 avec Hugues Capet… Mais qui se souvient encore de cela ? Or le sentiment d’appartenance est nécessaire à la démocratie.

Pour bien comprendre la France il faut faire toute sa place à l’Histoire mais également à la géographie. La France est un isthme entre la Manche et la Méditerranée. De cette position géographique découlent, ainsi que l’avait vu Braudel, nos grands tropismes et nos grandes politiques. Nous sommes à la fois tournés vers le continent, vers l’océan - le grand large et les colonies -, et, par notre façade méditerranéenne, vers l’Orient et l’Afrique. De la situation géographique particulière de la France découle sa spécificité.

Dans votre préface, vous écrivez, « J’aimerais que l’on montre que l’effondrement de mai-juin 1940, avant d’être militaire a été politique : celui d’élites déboussolées… »
Le déboussolement du récit national au XXe siècle prend sa source dans la déconsidération du fait national. La première raison en est la suivante : aujourd’hui on refuse de voir qu’en 1914 la France était un pays agressé. L’ouvrage le plus cité au sujet du déclenchement de la Première Guerre mondiale est celui de Christopher Clark, Les Somnambules. Or ce livre dissimule les responsabilités de l’état-major allemand, imbu d’idées pangermanistes qui a conçu dès 1905 le plan Schlieffen, c’est-à-dire celui d’une guerre préventive qui consistait à mettre la France hors de combat en 6 semaines avant de se retourner contre la Russie. Ces faits sont occultés parce que la construction de l’Europe par Jean Monnet présupposait le discrédit des nations et de la nôtre en particulier.

Le deuxième reproche fait à la France concerne le traité de Versailles. La critique des réparations a été instruite par Keynes. Mais on oublie que ces réparations n’ont en fait pas été payées. Les plans d’étalement des paiements - plan Dawes en 1924, plan Young en 1929 - puis les moratoires décrétés par les chanceliers Brüning puis Hitler ont réduit à peu de chose les réparations dont l’Allemagne a dû s’acquitter. Un ultime arrangement est intervenu en 1950 au début de la Guerre froide.

Le troisième reproche fait à la France est de ne pas avoir su faire face à Hitler. Mais c’est oublier que les Etats-Unis n’ont pas tenu les engagements que Wilson avait pris vis-à-vis de Clemenceau en 1918 - les Etats-Unis ont conclu une paix séparée avec l’Allemagne, ils ont refusé de faire partie de la SDN, et n’ont donné aucune garantie à la France en cas de nouvelle agression allemande. C’est la grande faiblesse du traité de Versailles. Nous avons été prisonniers pendant vingt ans de la politique d’appeasement de la Grande-Bretagne qui nous a empêchés de réagir comme nous aurions dû le faire notamment au moment de la réoccupation de la rive gauche du Rhin en mars 1936. Bien sûr, la France a sa part de responsabilités, mais elle n’imaginait pas, à l’époque, réagir sans le soutien de son allié britannique. Blum a donné la même justification pour la non-intervention de la France en Espagne, durant la guerre civile. C’est aussi pour cela que Daladier a signé les accords de Munich en 1938, suivant le Premier ministre britannique Neville Chamberlain. Nous nous sommes acheminés vers une guerre que nous n’avons pas faite, la drôle de guerre, en 1939 - quand la Pologne a été envahie.

Les élites ont-elles failli ?
Un historien allemand, Ernst Nolte, développe la thèse selon laquelle l’Europe au lendemain de la Première Guerre mondiale, a été le théâtre d’une véritable guerre civile, entre le bolchevisme qui avait triomphé en 1917 à Saint-Pétersbourg, et le fascisme et le nazisme, qui en 1920 et en 1933 ont pris le pouvoir en Italie et en Allemagne. L’essentiel de cette guerre civile s’est joué entre l’Allemagne nazie et l’URSS communiste. Au fond, nos élites politiques et militaires ne voulaient pas d’une nouvelle guerre avec l’Allemagne. Elles souhaitaient que, si elle éclatait, ce fût entre l’Allemagne et l’URSS. C’est ce qui explique leur comportement, leur doctrine défensive imbécile, contradictoire avec notre politique étrangère de soutien aux pays de la Petite Entente (Tchécoslovaquie, Yougoslavie, Roumanie) et du refus d’un rapprochement avec l’URSS - quand cela était encore possible, c’est-à-dire avant la signature des accords de Munich.

C’est pourquoi je rappelle, après Marc Bloch aujourd’hui oublié, que notre effondrement en 1940, avant d’être militaire, a été politique.

La fameuse « étrange défaite » de Marc Bloch…
En effet, dans L’Etrange Défaite, Marc Bloch raconte que le 26 mai 1940, quinze jours après la percée de Guderian à Sedan, il entend un général français de haut rang, le général Blanchard, déclarer : « Je ne vois d’autre solution que dans la capitulation. » Aucun chef militaire ne devrait jamais prononcer ce type de jugement.

En sollicitant l’armistice par radio, le maréchal Pétain, a entraîné une démobilisation de l’armée française presque totale et une défaite sans précédent. Elle a entraîné la mise en captivité de près de 2 millions de ses soldats. Cette défaite a durablement et profondément marqué l’inconscient national.

Pourtant la France qui avait supporté le poids le plus lourd de la Première Guerre mondiale se trouvait en 1939 tragiquement isolée. Elle a des circonstances atténuantes : le pacte germano-soviétique, l’attitude des Etats-Unis, qui à l’époque pratiquaient le « cash and carry », celle de la Grande-Bretagne qui n’avait mis que 8 divisions en France et refusé l’intervention de sa chasse aérienne dans les moments difficiles parce qu’elle se réservait pour la bataille d’Angleterre.

En 1940, la France est donc seule. Cela n’excuse en rien la responsabilité des élites notamment militaires. Mais il me semble que notre peuple paie un trop lourd tribut à l’Histoire du XXe siècle telle qu’on la raconte.

Quand on étudie l’Occupation et le régime de Vichy on comprend que la rafle du Vél’d’Hiv ordonnée par Bousquet aurait été impossible sans la présence des troupes allemandes sur notre sol et de la Gestapo de Carl Oberg qui lui avait dicté sa volonté. Mais deux présidents de la République française en ont tiré la conséquence que la France, et non l’Etat français, en était responsable. C’est grave pour l’idée que la France peut se faire d’elle-même.

Il faut, enfin, revenir sur le procès fait bien à la légère par Peter Sloterdijk qui prétend que la France a falsifié l’Histoire de la Seconde Guerre mondiale à travers le mythe gaulliste et la philosophie de l’engagement de Sartre. La relation franco-allemande devrait être fondée sur la perception commune que lors de la Seconde Guerre mondiale, nos deux pays ont touché le fond.

J’imagine parfois la situation d’un Allemand en 1945, quand la ruine morale s’est ajoutée à la ruine matérielle. Il était difficile de remonter la pente mais l’Allemagne l’a fait avec ténacité, courage et intelligence, jusqu’à recouvrer son unité et la place centrale qui est la sienne aujourd’hui en Europe. Il faudrait réécrire l’Histoire du XXe siècle. Je cherche l’historien qui pourrait faire ce travail essentiel, celui que Michelet ou Lavisse ont effectué au XIXe siècle. Pierre Laborie a semé des graines qui germeront.

Aujourd’hui, le pouvoir politique semble impuissant devant les crises économiques, sociales et culturelles qui s’accumulent. Sommes-nous de nouveau en train de vivre « une étrange défaite » ?
La situation actuelle n’est pas la même mais l’oubli de la France est plus prononcé aujourd’hui qu’il ne l’était en 1939. La déconsidération de soi à laquelle nous nous sommes laissés réduire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale est la toile de fond sur laquelle on doit lire la prodigieuse démission qui est non pas seulement celle de la France mais celle de l’Europe tout entière.

Vous préférez le concept de « conscience » à celui de « repentance »…
La repentance est un concept que je n’utilise jamais. Ce qu’on peut demander à un peuple, c’est la claire conscience de son histoire. Il existe une responsabilité individuelle, mais il n’y a pas de responsabilité collective. Il faut que le peuple ait conscience de son passé, pour qu’il puisse se construire un avenir.

L’Europe après le Brexit est à reprendre sur des bases nouvelles, appuyée sur ses nations et sur un projet politique. Il ne faut pas une Europe technocratique, gouvernée par des instances opaques qui ne procèdent pas du suffrage universel et de la confiance populaire. Il faut penser une autre façon de faire l’Europe, dans le prolongement de la France, et non pas en substitution.


Mots-clés : 1914-2014, 1940, brexit, europe, nation
le Vendredi 1 Juillet 2016 à 18:24 | Lu 6987 fois



1.Posté par Emmanuel GILQUIN le 01/07/2016 21:27
De quelques repentances oubliées volontairement et d'une malédiction.
Mon beau père, comme tant d'autres, n'a pas rejoint la France Libre, en souvenir des coups de rame généreusement distribués par les anglais pour les empêcher de monter à bord des chalutiers français réquisitionnés pour évacuer Dunkerque. Il parlait de l'eau glaciale et de ses copains qui y sont restés
Il est passé par l'Angleterre, et, comme presque tous, a été démobilisé en zone Sud.
Jamais on ne m'avait parlé de Mers el Kebir avant mon incorporation comme aspirant. Vous ne lirez nulle part que le navire bourreau, le Hood, qui a assassiné plus d'un millier de marins français désarmés, a été coulé par un seul très improbable obus du Bismarck.Les gens de mer, même anglais, ont parlé de malédiction.

2.Posté par Olivier BRANDENBURG le 01/07/2016 22:21
"La démocratie n'a jamais rien fait"-de Gaulle désabusé par son échec catastrophique au referendum de 1969 auquel JPC était hélas hostile et qui a replongé la France dans une démocrassouille archaïque dont nous payons le prix fort aujourd'hui.
Le seul régime politique au sens très large qui dure et vaille est le régime dit "mixte" ou "composé" déja prôné par Aristote et Saint Thomas d'Aquin.En dehors de lui,il n'y a qu'une chose:"Tolérance et apathie sont les dernières valeurs d'une société mourante"-Aristote toujours mais à l'ena et ailleurs on leur préfère de vieux schnocks qui se sont toujours trompés sur tout mais avec la main droite sur le coeur et la main gauche dans leur porte-feuille d'où comme l'avait bien vu Léon Bloy la meilleure définition de la Bourgeoisie "Avare et sentimentale" QUI A INVENTE CETTE DEMOCRATIE,"DU NEANT HABILLE EN POLITIQUE" comme la monnaie est devenue "du néant habillé en monnaie"-Jacques Rueff.
Tout le reste est insignifiant!.

3.Posté par Pierre Henri DREVON le 02/07/2016 13:41
phdrevon@hotmail.fr
À la lecture de cet article et d'autres contenant les propositions de J.P. Chevènement pour résoudre la crise de l'Europe, je suis obligé de me faire un certain nombre de réflexions :

J'entends M. Chevènement, et les "souverainistes" français, se réjouir du Brexit, taper à bras raccourcis sur l'Europe, nous expliquer que l'Europe supra-nationale est une folie, que le "peuple européen" n'existe pas...

Ils ont sûrement raison !

Mais alors, je suis obligé d'imaginer M. Chevènement expliquant à Hugues Capet, et surtout à Louis XI, que créer un "Royaume de France" était ridicule ! Qu'il n'existait pas de "demos français" !

Et il aurait eu raison en effet ! À cette époque il y avait clairement un peuple breton, un peuple auvergnat, un peuple aquitain, mais... PAS de peuple français ! Ils avaient d'ailleurs tous des dirigeants "légitimes". (et il a fallu un sacré moment pour créer ce peuple et cet "État Nation" CONTRE les dirigeants locaux !)

Et M. Chevènement aurait expliqué à Hughes et Louis XI que tout ce qu'il fallait, c'était une grande table, autour de laquelle asseoir tous les Ducs et Comtes, qui auraient fait uniquement des choses sur lesquelles ils étaient d'accord ! Une "France des projets" en somme.

Ainsi, PAS de "Roi de France", pas de Parlement, pas de gendarmerie ni de justice "royales"... Les Ducs d'Auvergne, d'Aquitaine, de Bretagne, et autres Comtes d'Artois ou de la Marche auraient très bien "coopéré" entre "États Souverains"...

Ainsi, il n'y aurait jamais eu de France, ni de Louis XIV, ni de révolution, ni de Napoléon, ni de de Gaulle... ni de J.P Chevènement ! (et ça nous aurait vraiment manqué !)

Il aurait d'ailleurs pu dire la même chose aux Allemands et aux Italiens au 19ème siècle... Pourquoi créer une Allemagne, une Italie ? Il n'y a pas de "démos allemand ou italien" ! (sans oublier d'ailleurs que l'unité allemande a bien commencé par le Zollverein !)

En même temps, il est vrai que sans France, Allemagne, Italie (et quelques autres), il n'y aurait pas eu non plus de première ni de seconde guerres mondiales... Il faut bien le reconnaitre.

Et bien, c'est exactement ce que J.P. Chevènement propose aujourd'hui (avec tous les "souverainistes" auto proclamés qui le suivent en rangs serrés).

S'imagine-t-il un instant que cette Europe entièrement dirigée par les Chefs d'États fera mieux que celle des "fonctionnaires de Bruxelles", nommés ne l'oublions par ces mêmes chefs d'états mais avec une (petite) autonomie ?

Imagine-t-il qu'autour de la "grande table de France", les Ducs et les Comtes auraient accepté quelque projet que ce soit qui aurait pu rogner un peu LEUR pouvoir et LEUR position ?

J'espère qu'il sait bien que non, mais que ce faisant il ne souhaite que (et va peut-être arriver à) tuer l'Europe, à faire en sorte qu'en effet elle n'existe jamais !

Grâce à lui et ses suivants, cette Europe qui a déjà commencé à se suicider en 1914 va "finir le boulot" en 2020 !

Ils pourront être contents : jamais un Allemand ne décidera pour des Français, jamais un Grec ne décidera pour un Polonais... Jamais un Roumain ne pourra concurrencer un Français.

Alors qu'aujourd'hui pourtant, ils trouvent tout à fait normal qu'un Breton décide pour des Lyonnais, qu'un Lyonnais décide pour des Aquitains, et que les Auvergnats aient concurrencé les bistrots parisiens...

Mais ne nous trompons pas : le choix n'est pas entre "L'Europe existe" OU "Les États Nations" existent !

Si l'Europe n'existe pas, la France, l'Allemagne, et tous les autres États Nations, eux, n'existeront plus non plus !

Alors, l'Histoire s'écrira ailleurs.

Sans nous... et sans tout ce que nos ancêtres et l'Europe ont inventé dans tous les domaines.

Je suis surpris que J.P. Chevènement prête la main à un tel projet d'euthanasie de l'Europe et de tout ce qu'elle représente.

P.S. Je sais quelle pourrait être la réaction de M. Chevènement (le "sentiment d'appartenance" existait confusément AVANT la création des Nations...), mais je lui suggérerais de penser à ceci : QUI lui a dit qu'aujourd'hui, les Européens n'ont pas déjà un "sentiment d'appartenance" (pas si confus que ça) à cette "Nation européenne" qui n'existe pas encore formellement ? De quel droit les priverait-il de cette Nation européenne qu'ils appellent de leurs vœux ? Je sais bien que l'UKIP, le FN, Pegida, le FPÖ n'en veulent pas... Mais je n'imagine pas J.P. Chevènement les rejoindre !

4.Posté par Patrick LENORMAND le 03/07/2016 22:32
"Si l'Europe n'existe pas, la France, l'Allemagne, et tous les autres États Nations, eux, n'existeront plus non plus !" .. Comment peut-on écrire cela !
La France existait avant l' U.E. et existera après (comme beaucoup d'autres pays d'ailleurs !).
Evidemment l'Europe existera toujours mais avec une autre organisation entre les nations (voir par exemple traité présenté par DLF).
Lors du brexit on a vu les professionnels du scénario catastrophe en action. Le peuple il faut en effet lui faire peur pour que le système constitue !
Monsieur Chevenement 2017 c'est bientôt .. Rentrez dans le combat avec les patriotes.

5.Posté par Yvon GRINDA le 05/07/2016 15:46
La contre-argumentation faite ( ci-dessus ) de la construction de la France pourrait être judicieuse si elle n’oubliait pas ( volontairement ? ) la syncrétisation effectuée par la Révolution française.

La force de notre peuple n’est pas seulement celle de la juxtaposition d’ethnies d’envahisseurs, de migrants ou de religions, mais bien au delà : l’intégration de la force vive de leurs pensées de leurs désirs d’avenir en un mot savoir forger un destin commun à tous ceux qui sont nés sur son sol ( même Charles III tenait ce langage à Rollon au traité de St Clair sur Epte en 911 ) . (1)(2).

L’Europe que l’on nous propose n’est pas celle de telle ou telle nation …c’est pire : celle d’une conception d’un monde anglo-saxon celle d’un mercantilisme ayant pris modèle sur la Ligue hanséatique …….face à une latinité dont nous sommes peu ou prou les seuls héritiers….d’une certaine valorisation de l’homme dans une structure administrative (critiquable ou pas ) , mais en se référant à l’humain et non aux choses.

Depuis des millénaires la Méditerranée et ses trois grandes religions ( et même les mécréants imprégnés pas elles ) se sont posés ces questions.

Fernand Braudel ayant été cité, je me permets de rajouter qu’il a su insuffler, ( lui le jurassien ) à toute une génération du Lycée Bugeaud à Alger , l’amour de cette Méditerranée
mère des civilisations.
On ne créé pas un peuple européen à travers , comme il est dit .. « un économicisme » sous prétexte de mondialisation.

Le souverainisme n’est pas une tare puisqu’à plus ample informé, dans une démocratie, le peuple est souverain.

Cela implique à travers la conscience de son passé, celle de son histoire en en assumant les « lumières mais aussi les zones d’ombre ».
Oui, la conscience est préférable à la repentance : pourquoi les français d’Algérie devraient-ils être repentis de ce qu’a fait Charles X en 1830 en Algérie, alors que beaucoup d’entre eux sont issus des résidents surveillés de la révolution de 1848, de la Commune de 70 et des exilés alsaciens voulant rester français ? (sur ce point et sans idée préconçue sur Napoléon III : celui-ci était favorable à une autonomie)

La structure administrative de notre pays instaurée pas Louis XI , (3) l’officialisation de la langue française imposée par François Ier, la vente par Napoléon aux USA de la Louisiane (12 états des USA ! ) , sont des faits :
On aurait pu hériter de bien plus :
- Avec une Angleterre phagocytée comme le fut la Bourgogne par le premier,
- Une colonisation si le second avait dénié financer l’expédition de Christophe Colomb
- Une Amérique francophone si le troisième n’avait pas rendu exsangue la France.

Par delà tous ces bouleversements (que beaucoup de nos enfants ignorent par manquement à l’enseignement de listoire ) il y a des liens qui nous unissent et parmi eux , hérités de notre latinité, notre langue :
René Lévesque , feu 1er Ministre du Québec, avait pour habitude de dire : « A travers une langue c’est la vision du monde que l’on véhicule »

Il n’y a que les valeurs qui survivent : certaines finissent dans l’obscurantisme. Celles qui sont partagées par le plus grand nombre (pompeusement appelées universelles) doivent êtres défendues inlassablement.
L’une d’entre elles parmi d’autres s’appelle Laïcité. Sous ce vocable beaucoup d’européens n’ont pas du tout les même attentes car n’ayant pas eu le même vécu.

Notre pays , lui, est riches de ses échecs ( nombreux parce qu’il a toujours su répondre présent aux évènements)
Il a donc un devoir d’éducation pour éviter le pire qui se profile.

__________________________

(1) De surcroît en demandant aux Vikings de parler françois et changer leur noms.
(2) Souvenez vous de la réaction salutaire de Georges Marchais répliquant à un article des Izvestia disant que l’Allemagne constituait un peuple alors que la France ne pouvait y prétendre.
(3) Roi préféré de François Mitterrand.

_______________________

6.Posté par Pierre Henri DREVON le 05/07/2016 19:22
phdrevon@hotmail.fr
@Patrick Lenormand :

"La France existait avant l' U.E. et existera après" me dites-vous.

Certes, la France existait "avant", dans un monde d'États Nations où chaque pays était "imbriqué" avec les autres à hauteur de 10% maximum... (un peu de commerce extérieur, pas de marché de capitaux, pas de formations internationale, peu d'échanges culturels...)

"Après" l'U.E., la situation sera TRÈS différente ! Car nous aurons des États Nations bardés de frontières, mais... dépendant les uns des autres à hauteur de 50% au moins de TOUT ! (biens, services, capitaux, culture, innovation, formation...)

Tout ce que j'ai voulu dire avec cette expression qui vous a fait sursauter, c'est que ces "nouveaux" États Nations n'auront RIEN de commun avec les "anciens", et que personne (je dis bien personne, même pas J.P. Chevènement) ne sait comment ça fonctionnera !

7.Posté par Pierre Henri DREVON le 05/07/2016 19:50
phdrevon@hotmail.fr
@Yvon GRINDA :

Votre argumentation me semble appuyée sur 2 points bien différents, et si je peux partager le premier (partiellement au moins), je récuse assez fortement le second...

1 / Votre premier point me rappelle qu'un peuple, ce n'est pas simplement "des gens qui sont nés au même endroit" mais tout un ensemble de valeurs communes... Je vous en remercie, mais je m'en doutais un peu.

Vous citez le discours de Charles III à Rollon, vous auriez pu aussi citer les discours de Frédéric de Prusse aux Allemands ou de Garibaldi aux Italiens ! Ils ne sont pas moins magnifiques. (Et étrangement semblables !)

Et c'est là que mon accord avec vous n'est que partiel... Car déjà, vous considérez que "Notre" peuple tire sa force de " l’intégration de la force vive de leurs pensées de leurs désirs d’avenir"... C'est très beau, mais vous semblez considérer que "Notre" peuple est unique sur ce plan ? Les "autres" ne le font pas ? Ces Européens dont je vous dis que le "Démos" existe déjà, ne sont pas sensibles à ça dans leur sentiment d'appartenance ?

2 / Et c'est alors que ça se gâte vraiment ! Dans ces "valeurs" qui font un peuple, vous affirmez clairement que certaines sont plus "hautes", plus "belles" que d'autres et sont justement... celles du peuple français !

D'ailleurs, vous le confirmez vite : le peuple français est "le seul héritier" des Latins ! Les "autres" (vous précisez bien "Anglo-Saxons") sont eux mus par des valeurs "mercantilistes" (depuis même la Ligue Hanséatique !), plaçant "les choses avant l'humain" ! (alors que "Nous" ferions l'inverse)

Bref, pour conclure, je comprends bien en effet que nanti de ce mépris abyssal pour les autres peuples, et de ce complexe de supériorité pour le vôtre, vous n'imaginiez pas un seul instant de construire quoi que ce soit avec "ces gens là".

Mais votre "souverainisme" n'est alors rien d'autre que de la xénophobie ordinaire, très ordinaire hélas.

Ce que n'a jamais été, je le crois, celui de M. Chevènement.

8.Posté par Yvon GRINDA le 17/11/2017 13:17
Ma réponse tardive à l’intervenant précédant m’attriste profondément.
Affirmer qu’il y a des degrés civilisationnels différents serait donc « xénophobe » !
Cela reviendrait à admettre après des millénaires que le génotype des humains serait variable suivant les ethnies : manière habile de taxer de racisme tout individu en désaccord avec vous . Biologiquement la race n’existe pas
(bien placé pour l’affirmer puisque professionnel en la matière) : ce serait stupide et de surcroît révulsant.
Par contre une autre position serait d’avoir une approche dite « environnementaliste » qui estime qu’une empreinte dès le plus jeune âge puisse conditionner des attitudes dans l’âge adulte ( cf Jean Piaget ).

Les civilisations se suivent, naissent et meurent. Entre temps elles apprennent les unes des autres : les latins des grecques, les grecques des mésopotamiens, les européens des arabo-andalous, eux même des extrême-orientaux…etc…
Tout ne vaut pas tout.
Il existe une hiérarchie des valeurs universelles. La révolution française a essayé d’y apporter sa contribution, .. et particulièrement face à l’impérialisme des religions (de toutes les religions).
Quant aux anglo-saxons ils sont héritiers de l’église réformée face au catholicisme et pour l’Europe du sud nos trois frères latins ont oublié la notion de l’Etat-Nation qui est par définition laïque et le dernier rempart contre la puissance de l’argent.

Les mots peuvent être des facteurs de division et employer le mot de xénophobe mène à l’escalade verbal pour stigmatiser et en arriver à l’usurpation des mots , comme actuellement : « génocide » « fascistes » « nazis »
« colonialistes » ….et pour d’autres : « mécréants ».
La France est un des rares pays a se rendre compte que le communautarisme est le vrai danger de toute république. Prêter une oreille complaisante à ceux qui exacerbent les manichéismes de toutes sortes, c’est favoriser l’émergence des populismes …. «populisme » lui même terme discriminant qui peut être combattu ...par l’éducation, l'éducation , et encore l’éducation..

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