Certes, dès 1978, François Furet la déclarait-elle « terminée », depuis qu’à la fin du XIXe siècle, la IIIe République avait été instituée sur des bases solides. Mais l’historiographie de gauche ne partageait pas ce point de vue : qu’elle fut communiste, socialiste, radicale et même mitterrandienne. 1989 fut aussi l’année de la chute du mur de Berlin, deux ans avant celle de l’URSS. Et la tentation était grande de faire de la défaite de la révolution d’octobre 1917, une défaite de la révolution française dans sa phase jacobine et terroriste. Un grand publiciste français dans la mouvance de François Furet déclara ainsi : « Je suis pour la Révolution française, jusqu’aux « Feuillants »».
Dans les années précédentes, le Professeur Ernst Nolte, dont je salue la présence, avait cherché à montrer que le national-socialisme ne pouvait se comprendre dans son époque que comme réplique au bolchevisme. A travers le concept de guerre civile européenne, il européise le national-socialisme en le rattachant au fascisme et même à l’Action française, omettant le fait que celle-ci n’a jamais pu l’emporter en France par la voie électorale, mais seulement de façon d’ailleurs partielle à la faveur d’une défaite et d’une capitulation, auxquelles elle s’était résignée de bon cœur, derrière son maître, Charles Maurras. Ce faisant Ernst Nolte évacue trop vite, à mon sens, la question de la filiation pangermaniste du national-socialisme. Il réduit celui-ci à un antibolchevisme et fait la part trop belle aux émotions bourgeoises et petites-bourgeoises qui pouvaient le faire comprendre, sinon le justifier.