Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Inter, lundi 18 mai 2015. Il répondait aux questions de Léa Salamé.
Daesh, Syrie (Palmyre), Irak (Ramadi)
le 18 Mai 2015 à 08:40
|
Permalien
|
Commentaires (5)
Entretien de Jean-Pierre Chevènement paru dans la Revue des Deux Mondes, mai 2015. Propos recueillis par Valérie Toranian et François d'Orcival.
Revue des Deux Mondes : Vous symbolisez l’autorité depuis quarante ans. Tout le monde s’en réclame depuis quelques mois. La France toute entière semble devenue « chevènementiste ». Cela vous fait plaisir ?
Jean-Pierre Chevènement : Ça me fait sourire. Il ne suffit pas de récupérer les mots pour que l’énergie soit au rendez-vous. Ce qui manque, c’est la vue d’ensemble dans le temps et dans l’espace : la conscience de l’Histoire et en même temps la vision mondiale des problèmes. Je ne pense pas que ça puisse s’acquérir en un jour. C’est l’effet de la pratique et de la réflexion. Vous avez toujours incarné à la fois la République, l’autorité et la nation. Où en-sont ces valeurs aujourd’hui ? Notre pays n’a plus de lui-même une vision très claire. D’abord, il y a eu la France comme création politique qui « vient du fond des âges », selon la formule du général de Gaulle (Mémoires d’Espoir). Puis la France a pris conscience d’elle-même comme nation. Une nation devenue souveraine en 1789 ; la République est née trois ans après. Mais elle a mis beaucoup de temps à s’affermir et il a fallu attendre le général de Gaulle et François Mitterrand pour stabiliser son fonctionnement institutionnel. Je cite François Mitterrand car l’alternance a évidemment renforcé le crédit des institutions de la Ve République. J’ai toujours pensé qu’il était nécessaire que le président soit l’homme de la nation. Mais il faut aussi se demander comment, avec l’élection au suffrage universel, le président de la République peut demeurer l’homme de la nation, c’est-à-dire être l’élu de tous les Français. Peut-il transcender les conditions de son élection ? Il n’est pas évident que l’objectif du général de Gaulle ait été acquis. La présidence pourrait devenir et redevient d’ailleurs un enjeu dans le système des partis. Le quinquennat va-t-il dans le bon sens ? Je ne le pense plus. Tout ce qui donne au président une vue longue est bon et naturellement, le gouvernement doit procéder de l’Assemblée nationale : la démocratie doit fonctionner. Mais la France a besoin d’un Président de la République qui soit l’homme de la Nation. C’est ainsi qu’elle peut assumer son histoire. Nous avons atteint une limite. Une réflexion collective devrait être menée sur le sens de nos institutions, sans qu’il soit question de les changer ; il faut leur restituer leur place, leur autorité.
Mots-clés :
11 janvier 2015
attentat
autorité
civisme
daech
euro
europe
françois mitterrand
général de gaulle
institutions
intégration
irak
iran
islam
islamisme
laïcité
libye
mali
marseillaise
nation
patriotisme
programmes scolaires
quinquennat
république
septennat
service national
terrorisme
école
éducation
Les actes du colloque du 9 mars 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Discours prononcé à la Bibliothèque nationale de France, mercredi 12 mai 2015.
Je connaissais Claude Durand depuis 1969. Cela fait presque un demi-siècle ! Patron du Seuil, il avait accepté de publier un petit pamphlet de Jacques Mandrin, un pseudo pour trois des fondateurs du Ceres : Alain Gomez, Didier Motchane et moi-même. Ce pamphlet était intitulé « Socialisme ou socialmédiocratie ». Programme toujours actuel. Le titre plaisait à Claude Durand. Il n’y a pas de plus grande menace pour la République que la médiocrité. Reste à savoir si le socialisme en est l’antidote … Claude Durand ne le pensait sans doute pas.
Claude Durand était simplement un républicain, mais dans un sens aujourd’hui oublié : rigueur intellectuelle et exigence politique. Claude Durand était aussi un grand libéral au bon sens du terme. Il avait été formé à l’école de Pierre Mendès-France, le seul homme d’Etat de la IVe République qui était resté pour tous les gens de notre génération un exemple, le seul auquel on pouvait alors se référer. Mendès a écrit un petit livre : « La vérité guidait leurs pas ». Dans cette cohorte de républicains exemplaires, Claude Durand, a aujourd’hui trouvé sa place. Je n’ai revu et vraiment connu Claude Durand que trois décennies après, en 2002. A l’heure des bilans, autre manière de se projeter vers l’avenir, Claude Durand était cet instituteur républicain dont la France, aujourd’hui, a besoin pour se reconstruire mentalement à l’abri des impostures. Dans instituteur il y a « instituere » : mettre debout. Eh bien, Claude Durand mettait les hommes debout, et d’abord ses auteurs auxquels il insufflait confiance et courage. C’est ainsi qu’il m’a aidé à continuer le combat, combat des idées autant que combat politique. Avec « Défis républicains », « La France est-elle finie ? » et, dernièrement, « 1914-2014 : L’Europe sortie de l’Histoire ? ». Avec toujours un point d’interrogation. Il ne faut jamais désespérer.
Mots-clés :
claude durand
Agenda et médiasJean-Pierre Chevènement était l'invité d'Europe 1, dimanche 3 mai 2015. Il répondait aux questions de Sonia Mabrouk et Patrick Roger.
Europe 1 - E1 Dimanche Soir (34.53 Mo)
Sur le Front National
Hier soir, lundi 27 avril, au journal télévisé de 20h00 sur France 2 :
Un titre m’interpelle : « l’Allemagne aime la France » et surtout le commentaire du présentateur Julian Bugier : « jamais la France n’a autant exporté en Allemagne : 67,7 milliards d’euros en 2014 ». J’avais gardé le souvenir d’un commentaire ironique de mon collègue allemand, Otto Von Lambsdorff me disant, en 1982, devant le déficit commercial français sur l’Allemagne, alors 28,5 Milliards de francs : « Le SME est un système de subventions à l’industrie allemande ». J’aime beaucoup « les Echos », un journal qui rapporte des faits. Effectivement, dans son édition du 27 avril, je trouve un petit article, en bas de la page 5, intitulé : « Exportations record en Allemagne en 2014 ». Mais à côté un petit graphique apparaît : Evolution de l’écart des échanges commerciaux entre la France et l’Allemagne : les exportations allemandes vers la France atteignent 102 Milliards d’euros en 2014. L’écart qui était de 28 milliards de francs en 1982 a bondi, 32 ans après, à 35 Milliards d’euros (1 euro = 6,57 FF), soit neuf fois plus. Sans commentaires. Comment pourrait-on illustrer mieux l’effet de la monnaie unique qui renforce les forts et affaiblit les faibles ? L’Allemagne aime la France, certes, mais à ce compte là, la France adore l’Allemagne ! Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France Culture, dimanche 26 avril 2015. Il répondait aux questions de Vincent Martigny et Thomas Wieder.
Entretien de Jean-Pierre Chevènement accordé à Marianne, vendredi 17 avril 2015. Propos reccueillis par Alexis Lacroix.
Marianne : La France ne mérite t-elle pas d'être aimée, car elle est le lieu par excellence où se déploie l'idée républicaine ?
Jean-Pierre Chevènement : Aujourd'hui, il est banal de se dire républicain, mais la cohérence même du concept échappe à la plupart. « La République est un grand acte de confiance », disait Jaurès. Or, aujourd'hui, les citoyens n'ont plus confiance dans l'intégrité des responsables politiques, et les responsables politiques ont perdu leur confiance dans le civisme des citoyens. J'ai été beaucoup attaqué pour avoir souligné qu'en matière de politique économique européenne la droite et la gauche conduisaient des politiques également désastreuses. Bien entendu, des différences existent entre ces deux familles politiques, mais les dirigeants qui sont issus de l'une comme de l'autre acceptent identiquement le corset européen qui limite leur marge d'action, y compris en dehors de l'économie. Un exemple lourd de sens : en Ukraine, les Européens, sous l'influence d'une partie des responsables américains, de Joe Biden à la CIA, se laissent entraîner à un affrontement qui eût été et serait encore parfaitement évitable avec la Russie. Ils conditionnent la levée des sanctions à l'application stricte des accords de Minsk dont la partie ukrainienne refuse de mettre en œuvre le volet politique (élections locales, révision constitutionnelle en vue de décentraliser le pays). On nous a dit : « L'Europe, c'est la paix ! » Ne serait-ce pas la guerre froide, et même parfois la guerre chaude, avec cette volonté purement idéologique d'exporter ses normes pour, ultérieurement, frayer la voie à l'Otan ? Pour remonter le courant, la France et l'Allemagne ont inventé le « format Normandie », mais celui-ci ne nous affranchit pas des décisions prises à 28. Or, l'européisme conduit à l'inféodation, c'est-à-dire à l'effacement de la France. |
Derniers tweets
Abonnez-vous à la newsletter
Dernières notes
Appel aux dons de la Fondation Res Publica
07/11/2024
Hommage à Jean-Paul Escande
19/10/2024
Actes du colloque de la Fondation Res Publica : "Laïcité : défis internes, défis externes"
09/09/2024
Hommage à Gérard Cureau
02/09/2024
Hommage à Louis Mermaz
19/08/2024
Derniers commentaires
Mots-clés des 30 derniers jours
|