Les actes du colloque du 14 décembre 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Rédigé par Jean Pierre Chevenement le 14 Février 2016 à 20:31
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Les actes du colloque du 23 novembre 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Les actes du colloque du 26 octobre 2015 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Un article de Jean-Pierre Chevènement paru dans la revue Le Débat, n°186, septembre-octobre 2015.
Remis au Premier ministre, M. Jean-Marc Ayrault, le 1er février 2013, le rapport de M. Thierry Tuot prônant une société « inclusive » (1) a souvent été confondu avec des contributions parallèles prônant clairement l’adaptation du pays d’accueil (la France, en l’occurrence) aux migrants dans leur diversité, c’est-à-dire, pour parler clair, l’acceptation du communautarisme. Ces contributions suscitèrent à l’époque un fort rejet qui frappa indirectement le rapport de M. Tuot. Celui-ci, à première lecture, ne le méritait pas. Il tranche par une certaine juvénilité sur la grisaille des rapports administratifs. Cette juvénilité tient à certains bonheurs de style mais, plus profondément, à une forme d’indignation mal contenue devant la détresse du monde. L’indignation est nécessaire, à coup sûr, mais ne saurait cependant remplacer l’analyse.
Le rapport Tuot est à cet égard révélateur d’un certain « esprit du temps » qui n’a guère changé et continue d’inspirer l’action des pouvoirs publics, même si ceux-ci, à l’époque, ont pris clairement leurs distances, en publiant le 11 février 2013 une « feuille de route du gouvernement » intitulée « Politique d’égalité républicaine et d’intégration ». Cette feuille de route reprend assez timidement quelques-unes des mesures suggérées par M. Tuot (modernisation des foyers de travailleurs migrants, « carrés confessionnels » dans les cimetières, généralisation du label « diversité » dans les administrations, promotion de la diversité dans les médias) mais vide de leur substance la plupart de ses autres propositions (ainsi la territorialisation de la politique d’intégration sous la responsabilité d’un EPIC (Établissement public industriel et commercial) manifestant de la part de M. Tuot une claire distanciation vis-à-vis du rôle et de l’action des préfets). Surtout, la feuille de route du gouvernement revient très nettement au concept d’intégration que M. Tuot suggérait d’abandonner pour y substituer l’ambition d’une « société inclusive ». Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Causeur, propos recueillis par Daoud Boughezala, Elisabeth Lévy et Gil Mihaely, janvier 2016.
Causeur : Dans cette « France d’après » - attentats et régionales - vous dénoncez les politiques qui ont échoué pendant trente ans. Or, après les avoir accablés et renvoyés presque dos à dos, vous les appelez à former « un gouvernement de salut Public »…
Jean-Pierre Chevènement : Je les appelle à changer et à rompre avec les erreurs anciennes qui nous ont conduits là où nous en sommes. Ces erreurs qui remontent aux années 1980 ont une matrice commune : la perte de confiance en la France et dans l’Etat-nation comme cadre de souveraineté, de responsabilité, de démocratie et de citoyenneté. L’arrimage du franc au mark porte en lui le renoncement à la souveraineté monétaire. Ensuite vient le grand acte de dérégulation néolibérale : l’Acte unique permettant la libération totale des mouvements de capitaux sans aucune harmonisation préalable de la fiscalité de l’épargne. Corrélativement, il y a l’abandon de l’Etat stratège : la Commission européenne devient l’Autorité Européenne de la Concurrence et absorbe les politiques industrielles. Avec Schengen (1985), nous avons reporté le contrôle de nos frontières sur des pays périphériques comme la Grèce qui ne sont pas outillés pour les protéger. Enfin, l’abandon de notre politique étrangère indépendante a abouti à la réintégration dans l’OTAN et à notre alignement sur les Etats-Unis, notamment au Moyen Orient. Mais toutes ces « erreurs » n’ont pas seulement été faites d’en haut. L’ouverture, c’était aussi une aspiration des peuples, légitime si on songe que beaucoup de sociétés étaient bloquées. Longtemps ces décisions dérégulatrices ont joui de l’assentiment de la majorité écrasante de la classe politique… et du peuple ! Je n’ai pas parlé de politique « illégitime » mais d’une politique de facilité correspondant au triomphe du néo-libéralisme et à l’explosion de l’idéologie libérale-libertaire – entamés en France depuis mai 68. Les hommes politiques ont suivi cette idéologie au lieu de précéder. N’ayant pas correctement anticipé l’évolution des choses, ils nous ont mis à la remorque d’une Europe totalement opaque, antidémocratique, technocratique et frappée d’aboulie. Quand on voit le projet de traité transatlantique, on se demande s’il y a un pilote dans l’avion ! Intervention de Jean-Pierre Chevènement lors des obsèques d’Edmonde Charles-Roux, Cathédrale de Marseille, samedi 23 janvier 2016.
Edmonde s’est éteinte mais la lumière qui brillait dans son regard, joyeuse, étincelante d’intelligence, ne nous quittera pas. Ce prénom – Edmonde – assez rare, ses parents le lui avaient donné en hommage à l’ami et voisin de sa grand-mère un autre fils de Marseille, le poète Edmond Rostand. Elle était ainsi prédestinée : non seulement à l’écriture mais bien plus encore, à être elle-même une héroïne de scène ou de roman. Dans Edmonde, il y avait du Cyrano : une audace de bretteur et surtout le panache !
J’ai connu Edmonde par Gaston Defferre auquel me liait depuis le Congrès d’Epinay une solide amitié. C’était l’époque où ils se sont mariés et je ne puis m’empêcher d’essuyer une larme en me remémorant ici même, dans cette cathédrale de la Major, les obsèques de Gaston, en 1987. Gaston, qu’Edmonde a consacré dans un beau livre L’Homme de Marseille, cette ville qu’elle et lui avaient passionnément aimée … Car Marseille jouait un grand rôle dans la vie d’Edmonde et réciproquement Edmonde jouait un grand rôle à Marseille. Je revois ici même le chapeau de Gaston : un Adieu plein de ferveur et d’émotion. Maintenant, c’est à toi Edmonde qu’il faut dire adieu, à la femme exemplaire, libre et engagée, que tu as été tout au long de la vie.
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edmonde charles-roux
Jean-Pierre Chevènement était l'invité du Grand Journal sur Canal+, jeudi 28 janvier 2016.Entretien à L'Est républicain, Propos recueillis Philippe Piot, jeudi 28 janvier 2016.
L'Est républicain ; En 1985, ministre de l’Education nationale, vous avez fixé l’objectif d’amener 80 % d’une classe d’âge « au niveau du bac ». Ce slogan a souvent été compris comme « 80 % de bacheliers ». Quelle différence faites-vous entre les deux formules?
Jean-Pierre Chevènement : J’ai en effet fixé, en 1984, lors de la Conférence de presse de rentrée, un objectif ambitieux au système éducatif : porter de moins de 40 % à l’époque à 80 % la proportion des jeunes poursuivant leurs études jusqu’au niveau du baccalauréat, c’est-à-dire la terminale (niveau IV) comme en Allemagne, aux Etats-Unis, au Japon ou en Suède. Cet objectif, qui a été atteint en France à la fin des années 1990, n’a pas toujours été bien compris. J’avais dit très explicitement « jusqu’au niveau du bac » et beaucoup de commentateurs trop pressés ont traduit « au bac ». Telle n’était pas mon intention. J’ai toujours considéré que l’école de la République devait concilier à la fois la quantité et la qualité. Je n’aurais jamais donné des consignes de laxisme comme certains de mes successeurs en demandant d’abaisser à 9 la moyenne requise pour obtenir le baccalauréat. Le but n’était pas de « faire du chiffre », mais de démocratiser l’accès au baccalauréat selon le principe de « l’élitisme républicain » : permettre à chacun d’aller au bout de ses capacités. |
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