Toute la bataille se joue sur la compétence supposée de M. Sarkozy.
Celui-ci s’est accaparé abusivement la « valeur travail ». Mais cet accaparement n’aurait pas été possible s’il n’y avait dans le discours de M. Sarkozy une once de vérité : face au défi de la mondialisation, la France ne peut faire l’économie de l’effort. Ce que relevait déjà justement l’accord MRC-PS du 9 décembre 2006, en soulignant la nécessité d’élever les taux d’activités dans notre pays.
Mais il est facile de déconstruire le discours de Nicolas Sarkozy. Ségolène Royal n’est pas contre l’effort. Elle est pour un effort justement partagé : relèvement des salaires et taxation des profits. Au contraire Sarkozy, en proposant d’exempter de charges sociales les heures supplémentaires, ne vise qu’à supprimer un salaire différé (retraite, assurance-maladie). La dévalorisation du travail en France comme dans les pays avancés (l’Allemagne, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne) est la conséquence de la mondialisation libérale qui met en concurrence les territoires et les mains-d’œuvre. Mondialisation libérale dont Nicolas Sarkozy est le candidat, quoi qu’il dise et fasse pour le dissimuler. Voilà l’énorme subterfuge qui se niche au creux du discours de M. Sarkozy : il ne dit pas ce qu’il fait et trompe le peuple avec des amusettes.
Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 2 Mai 2007 à 20:46
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Jean-Pierre Chevènement est l'invité de Thomas Hugues sur i>Télé mercredi 2 mai à 18h20 pour un débat avec Valérie Pécresse.
L'émission peut être regardée sur le site d'i>Télé en direct.
Un tableau comparatif à faire circuler très largement sur vos blogs ou par courrier électronique.Dans cette fin de campagne, la violence de la posture de Nicolas Sarkozy est ce qui me frappe le plus : il va en Corse et traite de « lâches » les poseurs de bombes encagoulés. Personnellement, cela ne me gêne pas du tout !
Mais dans sa bouche, c’est un langage tout à fait nouveau : on se souvient que Nicolas Sarkozy a longuement négocié avec Talamoni et le FLNC pour proposer aux Corses en juillet 2003 un statut dérogatoire avec pouvoir législatif. La majorité de nos compatriotes corses a rejeté la proposition de Nicolas Sarkozy par référendum.
Mais les poseurs de bombes encagoulés jouent aujourd’hui un tout autre rôle dans la bouche de Nicolas Sarkozy. Il les mets du côté de Mme Royal avec en prime les casseurs de la gare du Nord : « je ne sollicite ni leur approbation, ni leurs applaudissements ». Théâtralise-t-il, insinuant que Mme Royal leur courrait après ? Outrance, manipulation, imposture, nous sommes là en présence de la démagogie traditionnelle d’une certaine droite. La pire. Celle qui fait peur à juste titre. Où est donc la « démocratie irréprochable » dont Nicolas Sarkozy ose encore se targuer ? Les vérités du «Che», propos recueillis par François Soudan, Jeune Afrique, n°2416, 29 avril 2007 (pages 26 à 28).
L'hebdomadaire est disponible en kiosques ou peut être acheté sur Internet.
Les parachutes dorés et les patrons voyous seraient, selon M. Sarkozy, les fruits tardifs de la contestation soixante-huitarde. Mais Mai 68 n’a quand même pas inventé le capitalisme financier mondialisé !
M. Sarkozy oublie de dire que l’autorité, le travail, le mérite sont des valeurs républicaines que la droite a laissé choir.
En 1968, c’est la droite (à l’époque Edgar Faure) qui a supprimé l’éducation civique. C’est la gauche en 1985 (moi-même en tant que ministre de l’Education Nationale) qui l’a rétabli dans les écoles et les collèges. C’est sous Valéry Giscard d’Estaing qu’on a institué les retraites anticipées à cinquante ans, dans la sidérurgie notamment. Casse que M. Sarkozy déplore aujourd’hui. Mais qui a fait d’Usinor une société luxembourgeoise, Arcelor aujourd’hui achetée par le groupe indien Mittal, sinon M. Mer, et les gouvernements auxquels appartenaient M. Sarkozy ? Celui-ci ferait bien d’en revenir à son bilan de 2002 à 2007. La droite n’a aucun titre pour revendiquer le travail, le mérite, l’autorité. Elle a donné trop de mauvais exemples, à commencer par M. Sarkozy lui-même quand il a déclaré revenir au ministère de l’Intérieur en 2005 pour mieux se protéger de ses amis. Ce n’était pas là donner une grande leçon de ce qu’est le service de l’Etat ! M. Sarkozy fait diversion sur le terrain idéologique et croit pouvoir donner des leçons de morale républicaine à Ségolène Royal. Il retarde en fait de 40 ans. Il se croit en juin 1968 quand la droite pouvait gagner les élections en agitant l’épouvantail de quelques voitures brûlées à la télévision. Grâce à M. Sarkozy, le nombre d’incendies de voitures a doublé de 2002 à 2007 (de 22 000 à 45 000 par an). Si ce n’est la faute de mai 68, c’est celle de Voltaire et de Rousseau ! Permanence des vieux schémas réactionnaires… Jean-Pierre Chevènement est l'invité d'Aymeric Caron sur i>Télé dimanche 29 avril de 8h15 à 8h25.
L'émission peut être regardée sur le site d'i>Télé en direct.
Déclaration à l'AFP, samedi 28 avril 2007.
Jean-Pierre Chevènement, président d’honneur du MRC, salue «un beau débat républicain. Il a permis de faire progresser la compréhension des Français entre eux. Sans reniement, sans ralliement, sans allégeance, ce débat a bien servi la cause de la démocratie française, ainsi que le souci d’une société plus solidaire. Il n’a pas occulté les différences de fond, sur l’Europe par exemple. Celles-ci doivent continuer à nourrir le débat entre toutes les familles de pensée d’ici le deuxième tour, et au-delà».
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