Pour Jean-Pierre Chevènement, le débat entre Ségolène Royal et François Bayrou a constitué «un beau débat républicain»

Bonjour,

Je souhaite évidemment la victoire de Mme Royal même si je ne suis pas totalement convaincu qu'elle puisse être, comme vous l'avez dit, l'instrument de "la ruse de la raison". Cependant, j'avoue ma perplexité suite à la possibilité d'un accord électoral avec l'UDF que vous avez annoncé sur les ondes. Lorsque que Mr Rocard avait proposé un rapprochement avec Mr Bayrou, vous l'aviez attaqué, à juste titre me semble-t-il, non pas sur le timing de sa proposition mais sur le fond à savoir un penchant libéral fortement prononcé et ancré historiquement.
J'aimerais comprendre ce que je n'ose croire être une volte-face de votre part, vous êtes en effet l'un des 2 ou 3 hommes politiques que prends au sérieux car conséquent.
Pourriez-vous l'expliquer ? S'agit-il uniquement de ruse, d'"audace stratégique"? Etes-vous prêt à gouverner avec l'UDF ou le futur "PD" ?
Merci pour votre réponse - dans la mesure du possible.

Sincèrement,
Nicolas

Ségolène Royal a su, dans le débat avec François Bayrou, tenir fermement sur le pacte présidentiel. A aucun moment elle n'a donné des gages à ceux qui espèrent des alliances de troisième force. Notamment sur l’Europe, l’attachement à la nation. Ella a su montrer que sa fermeté allait de pair avec un vrai dialogue républicain sur de nombreux sujets (évolution des institutions, crise des banlieues, éducation nationale, police de proximité...). Ségolène Royal mène sa campagne du deuxième tour par le haut, au niveau des idées, sans esprit de débauchage. Elle parle “républicain“. Elle est sereine. Face à un Nicolas Sarkozy crispé, allergique au débat démocratique, qui ne peut cacher ses attaches idéologiques.

Je ne vais pas prétendre répondre à Nicolas à la place de Jean-Pierre Chevènement. Franchement, je pense que la déclaration de Michel Rocard a donné une crédibilité au vote Bayrou et un repositionnement de certains électeurs sur le centre. Cette déclaration ne restera pas sans conséquense sur l'électorat de gauche et méritait bien, de ce fait, les attaques qu'on a connues et la juste réaction de Jean-Pierre Chevènement.
Aujourd'hui il faut faire gagner la candidate soutenue par le MRC et qui totalise au 1er tour 36% toute la gauche confondue. Il est tout à fait normal dans cette situation de déclencher une stratégie de reconquête des électeurs qui ont voté au centre. Et ça, la gauche ne sait pas le faire, se radicalise et est incapable de transcender les situations sans reniement et sans ralliement. Je crois que ce débat joue la carte de la démocratie, de la clarté, de la transparance et du respect des citoyennes et citoyens et particulièrement celles et ceux qui accordé leur vote au centre. Ségolène refuse ainsi, de cette manière, de prendre les électeurs au dépourvu. Il faut gagner pour éviter l'implosion de la gauche car ce ne pas de cette manière que sa refondation républicaine est attendue.

Ce qui est à l'ordre du jour dans l'immédiat, c'est la défense de la démocratie française, que montrent bien les pressions exercées pour empêcher un simple débat entre représentants de 2 forces politiques (représentées au Parlement) qui sont loin évidemment de tout partager (même si les convergences sont indiscutables-"Tout ce qui monte converge" disait le père P.Teilhard du Chardin).
Cela bien sur ne fera pas oublier à certains l'horizon républicain voire, pour une partie des progressistes, le legs du mouvement ouvrier et le socialisme.
Mais pour la semaine et les mois qui viennent les choses sont vraiment claires et l'enjeu électoral incontournable!!