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Rédigé par Chevenement.fr le 13 Mai 2010 à 22:46
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Commentaires (2)
Voici les principaux travaux que la Fondation Res Publica a conduits sur la zone euro et les questions monétaires.
Edito de Jean-Pierre Chevènement à Citoyens Militants, le bulletin du Mouvement Républicain et Citoyen, mai 2010.
Avec la crise grecque ce sont les illusions de Maastricht qui se sont révélées en plein jour. Le pari fait sur la monnaie unique était un pari sur le fédéralisme. Maastricht en ignorant les nations et les réalités qu’elles recouvrent était bâti sur le sable. Aujourd’hui il faut refaire l’Europe à partir des nations.
Ou bien la raison des nations triomphera et on pourra sortir de cette crise par le haut avec une initiative de croissance européenne qui tempérera la cure de rigueur excessive administrée à la Grèce. En d’autres termes, l’Allemagne qui exporte 50 % de sa production cessera de comprimer comme elle le fait depuis dix ans sa demande intérieure. Une politique de déflation salariale compétitive décidée unilatéralement ne constitue pas en effet une stratégie coopérative à l’échelle de l’Europe. Elle ne répond pas non plus à l’intérêt de l’Allemagne qui exporte plus de 40 % de sa production vers la zone euro. Ou bien donc une stratégie coordonnée de croissance pourra être définie à l’échelle de la zone euro ou bien à défaut de ce gouvernement économique intelligent de la zone euro, celle-ci à plus ou moins long terme sera vouée, à travers une récession générale, à l’éclatement. Celui-ci pourrait être maîtrisé à travers une monnaie commune réservée aux transactions extérieures, chaque pays retrouvant en interne sa monnaie et une marge de flexibilité. Agenda et médiasEntretien à Public Sénat, mercredi 5 mai 2010, 15h02.
Alors que la Grèce est en proie à de violentes manifestations, après l’annonce d’un plan de rigueur drastique, le sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre et président du MRC, Jean-Pierre Chevènement, préfère une « relance à l’échelle de la zone euro », plutôt que des plans de rigueur. Il dénonce les dirigeants européens qui « ne sont pas à la hauteur » et « enfermés dans une philosophie libérale hyper-orthodoxe ». Entretien.
Public Sénat : La commissaire européenne aux Affaires économiques, Olli Rehn, s’est prononcée, comme Angela Merckel, pour un renforcement du Pacte de stabilité et de croissance, suite à la crise grecque. Vous avez toujours milité au contraire pour son assouplissement. Avez-vous changé d’avis ? Jean-Pierre Chevènement : Je pense qu’il faut concevoir la zone euro comme une zone économique susceptible de bénéficier de politiques contracycliques. Les politiques keynésiennes ont réussi à chaque fois qu’elles étaient appliquées dans un cadre vaste. Plutôt que de multiplier les pactes de stabilité qui se traduisent par des plans de récession, il faudrait mieux concevoir des politiques économiques basées sur des relances à l’échelle de la zone euro. Il faut certes que la Grèce fasse des efforts pour rétablir ses comptes. Mais les grands pays devraient faire des efforts pour participer à la relance de l’économie à l’échelle européenne et mondiale. On ne peut pas programmer dans tous les pays de la zone euro des plans de retour à la rigueur sans que cela ne signifie une récession généralisée dont l’Allemagne fera les frais au final. Elle exporte plus de la moitié de sa production en Europe, donc elle n’a pas intérêt à ce que la croissance européenne soit mise en berne. Dépêche AFP, 30 avril 2010, 19h24.
Le sénateur Jean-Pierre Chevènement a appelé vendredi l'Allemagne à "rompre avec sa politique de déflation salariale" et à jouer son "rôle de locomotive de l'Europe", estimant qu'il est principalement de sa responsabilité d'empêcher "l'éclatement" de la zone euro.
Il faut que "l'Allemagne rompe avec la politique de déflation salariale qu'elle mène depuis dix ans ans et choisisse de jouer son rôle de locomotive de la zone euro", a affirmé le président du Mouvement républicain et citoyen sur France info. Selon lui, "l'Allemagne n'a pas trouvé le bon équilibre entre le souci de la compétitivité sur les marchés mondiaux" et "son appartenance à l'Union européenne et à la zone euro". "L'Allemagne est devenue le numéro un européen et privilégie ses propres intérêts", a-t-il assuré. Tout en restant "critique" à l'égard de la monnaie unique, l'ancien ministre estime qu'il faut chercher "une issue par le haut" à la crise. "Sinon il y aura un processus d'éclatement de la zone euro, parce qu'on n'aura pas su trouver une dynamique d'ensemble, et là, c'est la responsabilité principale de l'Allemagne" qui "fait plus de la moitié de ses exportations vers l'Union européenne". "Il faut que l'Allemagne fasse bouger le curseur et que la France l'y aide", a estimé M. Chevènement, pour qui "il faut avoir une politique économique coordonnée pour l'ensemble de zone euro". "On ne peut pas laisser partir la Grèce" de la zone euro car "après, c'est le Portugal, c'est l'Espagne, c'est l'Italie. Et pourquoi pas la France ? Il ne resterait rien du tout", lance-t-il. Il répondait pendant 7 minutes aux questions de France Info sur la crise de la zone euro et sur l'actualité.
L'émission peut être écoutée en podcast ci-dessous ou sur le site de France Info.
France Info 30 avril 2010 (2.97 Mo)
Les actes du colloque du 14 décembre 2009 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Libération, mercredi 14 avril 2010. Si l'Allemagne n'était pas prête à soutenir sa demande intérieure, ce serait l'assurance d'une catastrophe économique et sociale généralisée. Elle ne peut tourner le dos à l'Europe sous prétexte de compétitivité sur les marchés.
L’accord avec la Grèce auquel est parvenu le Conseil Européen des 25 et 26 mars est fragile. Les marchés financiers peuvent continuer à danser la sarabande. Le sauvetage d’un pays qui ne pourrait plus emprunter sur les marchés financiers n’est prévu qu’« en dernier recours » et à l’unanimité. La Grèce devra donc continuer d’acquitter des taux d’intérêt plus de deux fois supérieurs à ceux de l’Allemagne (6 % au lieu de 3 %). Combien de temps cela pourra-t-il durer ? Surtout l’intervention du FMI – au conseil duquel les Etats-Unis disposent d’une minorité de blocage – reste nécessaire, , à hauteur du tiers des prêts consentis. Et aussi l’accord de l’Allemagne. C’est un système à double clé !
Le résultat n’est pas brillant : chacun sent bien que derrière la Grèce, d’autres pays peuvent se sentir visés. C’est toute la zone euro qui est fragilisée. Madame Lagarde a justement souligné que la politique allemande basée depuis dix ans sur une déflation salariale compétitive et sur un excédent commercial qui se réalise pour plus de la moitié sur le reste de l’Europe, n’était plus soutenable. Certes les cigales méditerranéennes se plaignent que « la fourmi n’est pas prêteuse », comme si elles l’ignoraient quand elles ont accepté les rudes disciplines de Maastricht. Evidemment la zone euro n’est pas homogène : il y a les pays du Nord et les pays du Sud et ce n’est pas la même histoire économique. Ce n’est pas la même culture. Chaque pays a son propre modèle et l’Europe est faite de nations, irréductibles les unes aux autres où les divergences de politique économique redoublent plutôt qu’elles ne corrigent les différences de structures. L’article 125 du traité de Lisbonne interdit l’entraide mutuelle. Etrange conception de la solidarité dans une Europe qui selon la déclaration de Robert Schumann de 1950, devait réaliser « une union toujours plus étroite entre ses peuples ». |
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