Agenda et médias



Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Parisien, dimanche 10 avril 2011.


"Le PS manque d'imagination"
Le Parisien: Le PS a adopté hier son programme pour 2012. Comment le jugez vous?
Jean-Pierre Chevènement.
Le PS reprend souvent des propositions anciennes. Les emplois jeunes ont été une très bonne idée en leur temps et cela le reste pour l'avenir. D'autres me convainquent beaucoup moins comme l'allocation d'autonomie car je demeure hostile à toute forme d'assistanat. Je doute de la faisabilité d'ensemble de ce projet. Si le PS veut réduire la dette publique dès 2014, comme il en a exprimé le souhait, il devra suivre la même politique de rigueur budgétaire que celle de Nicolas Sarkozy, et oublier ses promesses de recrutement de policiers, de gendarmes, d'enseignants...

Vous craignez une orientation qui ne se distingue pas assez de celle de Nicolas Sarkozy ?
La seule variable est fiscale. Certes, la fusion de l'impôt sur le revenu et de la CSG va donner naissance à un nouvel impôt, plus progressif, qui va conduire à un alourdissement de la pression fiscale pour les plus favorisés. Mais la réponse d'ensemble du PS n'est pas à la hauteur. La dette va s'accroitre si le PS ne prend pas la seule décision possible : agir sur l'euro dont il faut changer les règles. La grosse lacune de ce programme, c'est qu'il ne parle absolument pas de la monnaie unique dont le niveau surévalué écrase notre compétitivité et plombe notre croissance. Au moins Ségolène Royal, en 2007, promettait de réformer les missions de la Banque centrale européenne pour ajouter à la lutte contre l'inflation le souci de la croissance et de l'emploi. Là, disparu ! Je regrette cet impensé. La Banque Centrale relève stupidement ses taux. Le PS reste prisonnier du logiciel néo-libéral. Je ne vois aucune remise en cause alors que les socialistes, et la droite depuis 25 ans, nous ont enfoncés dans l'ornière. A eux maintenant de nous en sortir !

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à l'Union, 7 avril 2011.


De passage en Picardie, Chevènement face à l’avenir de la France
L'Union: Vous sillonnez le pays (1) pour présenter votre dernier ouvrage « La France est-elle finie ? ». Est-ce aussi la tournée d’un futur candidat à l’élection présidentielle ?
Jean-Pierre Chevènement: Non. Pour l’instant, je suis encore dans la phase de promotion de mon livre. Mais, il est évident que ce dernier offre une grille de lecture de la crise de longue durée qui frappe la France et dont il faudra bien sortir. Je n’en suis qu’aux préliminaires. Je n’ai jamais été obsédé par le fait de devenir président de la République et je n’ai pas gouverné ma carrière pour le devenir. Je n’ai été candidat en 2002 qu’en désespoir de cause. Je ne prendrai ma décision qu’à l’aulne des intérêts de la France.

Pourriez-vous soutenir un candidat du PS ou issue d’une autre formation ?
Il est temps pour la gauche de reprendre ses esprits, de redéfinir un programme et de changer de logiciel. Je vais attendre de savoir ce que proposent les candidats potentiels. Ceux du PS semblent persévérer dans la voie de l’intégration européenne et du fédéralisme budgétaire. C’est une impasse. Si l’un d’entre eux infléchit sa ligne (changement de politique économique et monétaire, nouvelle politique européenne et retour à des valeurs républicaines solides) et offre la possibilité de sortir de la crise, je le soutiendrai. Pour l’instant, je ne le vois pas. Ils veulent tous « réduire la dette » sans s’aviser de la nécessité de redresser l’Europe pour en faire une zone de croissance. Dans ces conditions, il faudra envisager une candidature représentant l’espace allant de Mélenchon à Villepin. Ce qui est décisif aujourd’hui, c’est de faire le choix d’une politique alternative pour offrir au pays une autre perspective. C’est dans ce cadre que peut apparaître l’originalité de mon offre.

Les résultats des cantonales vous confortent-ils dans votre analyse ?
Il y a eu une forte abstention révélatrice d’un grand scepticisme des Français devant les solutions offertes par les partis politiques et une poussée du Front national qu’il faut cependant relativiser. Elle se produit à l’occasion de cantonales où, traditionnellement, le FN est peu présent. Il faut raison garder. Reste que les Français sentent intuitivement que l’Europe, telle qu’elle a été construite sur un logiciel néo-libéral, a conduit à l’abandon de notre politique monétaire, à la disparition de toute protection aux frontières et à la concurrence faussée de pays à bas coûts sans législation sociale ou environnementale.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement au Progrès, 6 avril 2011.


"Le PS reste prisonnier du logiciel néolibéral et européiste"
Le Progrès: Considérez-vous qu’à l’occasion des cantonales il y a eu une recomposition du paysage politique ?
Jean-Pierre Chevènement:
Il y a certainement une montée du FN, certes à relativiser du fait de la forte abstention. Il y a une poussée de la gauche mais qui est plus due au Front de gauche et aux Verts qu’au PS lui-même. L’érosion assez forte de la majorité présidentielle est compensée par le maintien des divers droite. Le score de Marine le Pen rend possible que M. Sarkozy soit éliminé au premier tour de la présidentielle.

Y a-t-il une droitisation de l’électorat en France ?
La France vit depuis trente ans une crise profonde. La gauche, depuis le tournant libéral de 1983, a perdu de vue les couches populaires qui se tournent de plus en plus vers l’abstention ou vers les solutions démagogiques du FN. Celui-ci fait de l’immigration la source de tous les maux, exonérant la finance internationale de sa responsabilité, essentielle dans la crise du capitalisme financier. Du fait que la gauche n’offre pas une perspective réellement alternative, beaucoup de gens par désespoir se tournent vers les fausses solutions de Marine Le Pen.

Que pensez-vous du projet socialiste ?
Certaines propositions vont dans le bon sens, même si elles ne sont pas nouvelles, notamment les emplois jeunes et la réforme fiscale. Je réclame la création d’une banque nationale d’investissement depuis 1982 et je me réjouis de voir qu’elle est évoquée par le programme du PS mais quel sera son contenu ? Il y a déjà le Fonds stratégique d’investissement. Cependant les socialistes prétendent vouloir réduire la dette dès 2014. Mais, comment peut-on programmer beaucoup de dépenses supplémentaires, notamment des postes pour la justice, la police et l’Ecole, et en même temps réduire la dette ? Le PS est prisonnier du même logiciel néolibéral et européiste que celui qui l’a conduit à faire une politique aux antipodes des aspirations des couches populaires depuis les années 90.

Rédigé par Chevenement.fr le 7 Avril 2011 à 16:51 | Permalien | Commentaires (10)

Jean-Pierre Chevènement a reçu, samedi 2 avril 2011, le prix du livre politique 2011 pour "La France est-elle finie?" (Fayard, 2011).


"La France est-elle finie?", lauréat du Prix du livre politique 2011
La vidéo du discours de Jean-Pierre Chevènement lors de la remise de son prix est disponible sur le site de la chaîne LCP.

Extrait de la dépêche AFP :
"Le prix du livre politique, qui fêtait cette année ses 20 ans d'existence, est organisé par l'association Lire la société (Lire la Politique avant 2009) présidée par Luce Perrot.

Le jury du prix du livre politique, présidé par Jérôme Clément, président du théâtre du Châtelet, a couronné l'ouvrage de Jean-Pierre Chevènement "La France est-elle finie ?" parue aux Editions Fayard.

Ce livre a devancé "La dictature de l'urgence" (Editions Fayard) de Gilles Finkelstein, et "Nous nous sommes tant aimés ou la chanson d'une génération" (Editions Robert Laffont) de Jean-Pierre Jouyet, ancien ministre des Affaires européennes et président de l'Autorité des marchés financiers (AMF)."

Rédigé par Chevenement.fr le 3 Avril 2011 à 19:02 | Permalien | Commentaires (1)

Jean-Pierre Chevènement était l'invité de France24 jeudi 31 mars. Il répondait aux questions de Roseline Febvre.


Voir la première partie ci-dessus (et son verbatim sur le site de France24) et la seconde partie ci-dessous.

Intervention de Jean-Pierre Chevènement au Sénat lord du débat PPL Action publique locale, mercredi 30 mars 2011.


Pour aller plus loin dans l’effort de péréquation des ressources des collectivités territoriales
La proposition de loi déposée par les sénateurs communistes et du parti de gauche nous donne l’occasion de revenir sur l’évolution de la fiscalité locale, suite à la suppression de la taxe professionnelle par la loi de finances pour 2010, et plus généralement sur l’insuffisance des mécanismes de péréquation entre les collectivités locales, compte tenu de l’écart de potentiel fiscal par habitant : celui-ci varie du simple au double pour les régions, du simple au quadruple pour les départements, et de un à mille entre les communes !

La péréquation devrait permettre de corriger les inégalités les plus choquantes. Or, l’insuffisance des recettes fiscales des collectivités locales après la suppression de la taxe professionnelle ne le permet guère. C’est le principal mérite de la proposition de loi qui nous est soumise d’abonder très significativement – 18 Milliards d’euros – le montant des ressources fiscales perçues par les collectivités locales. Sans doute le rapporteur de la Commission des Finances, M. Charles Guené, puis vous-même, Monsieur le Ministre, avez fait observer que cet alourdissement de la fiscalité des entreprises va à l’encontre de l’objectif recherché par la suppression de la taxe professionnelle. Certes, mais le montant de la taxe fixé à 0,3 % peut être ramené à 0,2 voire 0,1 % : cela représenterait encore 6 Milliards d’euros, beaucoup plus que les sommes que la loi de finances prévoit de consacrer à la péréquation.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 30 Mars 2011 à 18:39 | Permalien | Commentaires (0)

Poursuite du programme de colloques de la Fondation Res Publica lundi 4 avril 2011 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.


Colloque de la Fondation Res Publica: Radiographie des entreprises françaises
Avec la participation de :
  • Laurent Faibis, président du groupe Xerfi
  • Michel Volle, économiste, auteur de "Prédation et prédateurs" (Economica, 2008) et de "E-conomie" (Economica, 2000)
  • Jean-Luc Gréau, économiste, auteur de "La trahison des économistes" (Gallimard, 2008), membre du Conseil scientifique de la Fondation Res Publica
  • Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

Rédigé par Chevenement.fr le 30 Mars 2011 à 13:11 | Permalien | Commentaires (4)

Original en français de la tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans The Guardian, 26 mars 2011.


La France et la Grande-Bretagne, un pôle pour faire exister l’Europe dans le monde multipolaire
Deux grands choix qui ont modelé la politique étrangère française depuis soixante ans ont écarté la France et la Grande-Bretagne l’une de l’autre : celui de la construction européenne, selon la conception de Jean Monnet au lendemain de la seconde guerre mondiale, et celui de l’indépendance nationale voulue par le Général de Gaulle après son retour au pouvoir en 1958. Ces deux choix étaient d’ailleurs contradictoires : le premier, celui d’une Europe intégrée, n’est compréhensible que parce que la France, ayant failli périr deux fois dans la première partie du XXème siècle (en 1914-1918 et en juin 1940), en était arrivée à douter si profondément d’elle-même qu’elle a voulu faire de l’Europe un substitut à la nation (1). Or la Grande-Bretagne ne pouvait accepter de s’effacer ainsi dans une « Europe supranationale ».

Ce n’était d’ailleurs pas non plus la conception du Général de Gaulle qui ne croyait pas à la supranationalité, mais voulait bien faire « l’Europe des nations ». Au-delà, il définissait son objectif comme étant l’émergence d’une « Europe européenne », actrice de son propre destin. C’est là que le bât blessait avec la Grande-Bretagne attachée à sa « relation spéciale » avec les Etats-Unis d’Amérique.

Les cartes sont en train d’être rebattues : La crise de la monnaie unique aujourd’hui, reflète l’impasse de l’Europe supranationale. L’Allemagne se disait fédéraliste à l’époque où elle était divisée. Le projet français de noyer la réunification allemande dans une Europe fédérale (c’était l’objet du traité de Maastricht), a aujourd’hui fait long feu. Cela était prévisible depuis longtemps.
Curieusement, c’est le moment historique qu’a choisi le Président Sarkozy pour faire réintégrer la France à l’organisation militaire de l’OTAN, au prétexte bizarre de faciliter l’émergence d’une « défense européenne ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 28 Mars 2011 à 10:19 | Permalien | Commentaires (3)
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