Agenda et médiasEntretien de Jean-Pierre Chevènement avec Public Sénat, propos recueillis par François Vignal, paru sur Le Post, jeudi 7 janvier 2010.
L’ancien ministre Jean-Pierre Chevènement, ex-socialiste aujourd’hui président du Mouvement républicain et citoyen, éprouve « beaucoup de peine » après l’annonce du décès de Philippe Séguin. « J’aurais aimé que les Républicains des deux rives puissent s’unir pour proposer une perspective à la France face à la dérive libérale et européiste », dit-il.
Philippe Séguin était un fervent républicain, comme vous. Comme réagissez-vous à son décès ? Jean-Pierre Chevènement : J’éprouve beaucoup de peine. Nos chemins se sont croisés. Nous avons combattu ensemble le Traité de Maastricht au nom d’une certaine idée de la République et de la France. Il est dommage que nos chemins n’aient fait que se croiser. J’aurais aimé que les Républicains des deux rives puissent s’unir pour proposer une perspective à la France face à la dérive libérale et européiste à laquelle nous sommes confrontés. Quelles relations aviez-vous avec lui ? Nous sommes restés en contact jusqu’en 1995, quand il était Président de l’Assemblée nationale. Ensuite il a essayé de peser sur la campagne présidentielle de Jacques Chirac, avec le discours sur la fracture sociale. Mais Chirac ne l’en a pas récompensé, sauf avec une nomination tardive à la Cour des comptes, synonyme de fin de sa carrière politique. A ce moment là, sa voix a manqué à la France. Vous sentiez-vous parfois plus proche de lui que de certains camarades de gauche, notamment du Parti socialiste ? Philippe Seguin avait une fibre sociale, c’était un gaulliste de gauche. Sur beaucoup de sujets, nous nous étions trouvés. J’ai cherché à rassembler le plus largement autour du pôle républicain, lors de ma candidature à la présidentielle de 2002. Mais la vie politique est ainsi structurée qu’en de telles circonstances, nous ne nous retrouvions pas dans le même camp. C’est le lot du bipartisme largement factice. Recueilli par François Vignal Source : Le Post
Rédigé par Jean-Pierre Chevenement le 7 Janvier 2010 à 17:41
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Dépêche AFP, 7 janvier 2010, 12h06.
Jean-Pierre Chevènement, président du Mouvement républicain et citoyens (MRC), a salué en Philippe Séguin, mort jeudi, un "homme politique de grand talent", un "républicain et un patriote", tout en regrettant que "rien n'ait été possible entre les républicains des deux rives".
Le sénateur du territoire de Belfort, dit dans un communiqué avoir "appris avec beaucoup de peine" la mort de Philippe Séguin. "C’était un homme politique de grand talent, un orateur hors pair, un républicain et un patriote", affirme-t-il. Pour l'ancien ministre, également farouche partisan du non à Maastricht, Philippe Séguin "a symbolisé au moment du traité de Maastricht un projet et un destin républicains dans lequel la France aurait mieux trouvé son compte". "Son mérite est d’avoir essayé. J’avais voté l’exception d’irrecevabilité qu’il avait présentée devant l’Assemblée nationale. Je regrette que rien n’ait été possible entre les républicains des deux rives", affirme-t-il. "Depuis son retrait de la vie politique, Philippe Séguin a manqué à la France, il lui manquera hélas toujours", conclut M. Chevènement.
J’apprends avec beaucoup de peine le décès de Philippe Séguin. C’était un homme politique de grand talent, un orateur hors pair, un républicain et un patriote.
Il a symbolisé au moment du traité de Maastricht un projet et un destin républicains dans lequel la France aurait mieux trouvé son compte. Son mérite est d’avoir essayé. J’avais voté l’exception d’irrecevabilité qu’il avait présentée devant l’Assemblée nationale. Je regrette que rien n’ait été possible entre les républicains des deux rives. Depuis son retrait de la vie politique, Philippe Séguin a manqué à la France, il lui manquera hélas toujours. Entretien croisé entre Jean-Pierre Chevènement et Jean-Pierre Raffarin, L’Express, 24 décembre 2009, propos recueillis par Michel Feltin.
L'Express : Pour faire vivre ensemble des Provençaux et des Bretons, des Alsaciens et des Béarnais, la France a créé un Etat central fort. Cette unification a-t-elle abouti à l’écrasement des identités régionales ?
Jean-Pierre Chevènement : le grand historien Fernand Braudel disait : « la France a un nom : diversité ». Notre pays se situe en effet au carrefour des influences celtique, germanique et méditerranéenne. Plus qu’une donnée géographique, la France est donc une construction politique, qui s’est constituée à partir de l’Etat. Pour autant, je ne crois pas à la fable de l’uniformité française ! Notre pays reste panaché. Simplement - et heureusement ! - il y a des éléments d’unité. Comment ferais-je pour dialoguer avec M. Raffarin si nous ne disposions pas d’une langue commune ? Jean-Pierre Raffarin : Mon constat est le même : la France est incroyablement diverse. Quant à savoir si elle est un produit de la géographie, de l’histoire, voire un être moral - « une personne », disait Michelet - c’est une question ancienne. Personnellement, je crois qu’elle est un peu tout cela à la fois. Certes, la géographie est dominante. Certes, la monarchie, puis la République, ont recherché la centralisation. Mais j’observe surtout une succession de mouvements contraires, une alternance perpétuelle entre l’expression de la géographie - la diversité - et l’effet de l’histoire - l’unité. Agenda et médiasIl sera interrogé par Laurent Bouvet (professeur de science politique à l’Université de Nice et à Sciences Po), Pierre-Henri Tavoillot (maître de conférences en philosophie politique à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV), président du Collège de philosophie) et Eric Mandonnet (journaliste à «L’Express»).
L'émission dure 55 minutes, peut être écoutée sur France Culture et est podcastée sur le blog ci-dessous.
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Dans la crise de la globalisation financière qui s’est mise en place depuis le début des années quatre-vingt, la France se trouve « cornerisée ». Nous sommes pris par la logique de la monnaie forte – hier « le franc fort » (1983-1998) et depuis 1999, l’euro. Les Etats-Unis, pour remédier à leurs déficits, laissent se déprécier le dollar : celui-ci valait 1,20 euro en 2000. Il en vaut aujourd’hui 0,65.
Par ailleurs, la globalisation s’est développée à travers l’implantation des multinationales dans les pays à très bas coût salarial et de la complète libéralisation des mouvements de capitaux et de marchandises. La France, et avec elle la zone euro tout entière, est prise en étau entre la concurrence déloyale des pays à très bas coûts, au premier rang desquels la Chine, et la compétitivité retrouvée des pays de la zone dollar. Dans ces conditions il n’y aucune chance de pouvoir enrayer les délocalisations industrielles, la montée du chômage et le processus de déclin qui emporte l’Europe, avec en son coeur la zone euro. Débat d'orientation générale sur la réforme des collectivités territoriales, Sénat, 2 décembre 2009. |
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