L’adoption par la voie parlementaire du traité de Lisbonne qui reprend l’essentiel d’un projet de Constitution européenne, rejeté à 55 % par le suffrage universel, le 29 mai 2005, sera bien évidemment un déni de démocratie.
L’incapacité du Parti socialiste à s’y opposer montre que le travail de refondation de la gauche sera difficile. Il est donc temps que, par delà des clivages périmés, tous les hommes et femmes de gauche et de progrès se rassemblent pour offrir à la France une autre perspective que celle d’une Europe inféodée, offerte aux concurrences les plus déloyales.
Toutes les critiques qu’on pouvait adresser à la « Constitution européenne » peuvent être faites au traité de Lisbonne :
- Les compétences transférées à l’Union (articles 3 à 6) sont innombrables (une quarantaine au moins). D’immenses domaines passent à la majorité qualifiée.
- Or, l’égalité fondatrice entre la France et l’Allemagne dans les votes au Conseil sera rompue par la prise en compte de la démographie : la France sera très vite l’otage de minorités de blocage et contrainte par des majorités qualifiées.
- A partir de 2014, la France pourra se trouver sans représentant à la Commission, en vertu du « principe de rotation strictement égale entre les Etats : la France égale Malte.
- Des pouvoirs très étendus seront transférés du Parlement français à la Cour de Justice de l’Union européenne, à qui est confiée l’interprétation des principes énoncés par la Charte des Droits fondamentaux.
- L’Europe par ailleurs restera un grand marché ouvert, offert à tous les coups, sans réelle capacité à se protéger. Le protocole n° 6 fait rentrer par la fenêtre « le principe de la concurrence libre et non faussée ». Les statuts de la Banque Centrale demeureront inchangés. L’Eurogroupe (protocole n° 3) n’est habilité qu’à « discuter » des responsabilités évanescentes qui lui sont conférées par les traités en matière de monnaie unique. Avec demain un euro à 1,5 voire 1,6 dollar, nous serons complètement désarmés.