Carnet de Jean-Pierre ChevènementJean-Pierre Chevènement était l'invité de l'émission « Le Point des idées » sur LCI. Il répondait aux questions de Sonia Chironi et de Étienne Gernelle, dimanche 21 mars 2021.
Le passage de Jean-Pierre Chevènement peut être écouté en replay
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Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 23 Mars 2021 à 11:35
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ActualitésLes actes du colloque du 26 novembre 2020 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.
Hommage de Jean-Pierre Chevènement
La mort de François Nicoullaud attristera profondément tous ceux qui, comme moi, appréciaient non seulement le serviteur de l’État impeccable mais aussi l’homme de convictions, mettant son intelligence et sa probité au service de la paix.
S’il s’est illustré par ses brillantes qualités tout au long d’une carrière très riche, c’est sur la question de l’Iran, où il avait été ambassadeur pendant quatre ans (2001-2005) qu’il a donné toute sa mesure, montrant une connaissance approfondie du dossier et de la psychologie de ses acteurs, jusqu’à en devenir l’un des meilleurs spécialistes. Avec François Nicoullaud, auquel je veux associer sa femme Christiane, elle aussi prématurément disparue en septembre dernier, je perds un ami fidèle et la Fondation Res Publica un de ses meilleurs esprits.
Mots-clés :
François Nicoullaud
Hommage de Jean-Pierre Chevènement.
La disparition brutale d’Olivier Dassault est un drame pour sa famille et ses amis, mais également pour notre pays. Olivier Dassault était au croisement d’une saga familiale extraordinaire (petit-fils de Marcel et fils de Serge au sein d’une fratrie aux multiples dons) et d’une entreprise industrielle à la réussite éclatante (Dassault Aviation) dont le nom seul symbolise le succès de l’aéronautique militaire française. Je n’oublierai pas l’État dont le soutien constant a assuré le succès de cette entreprise pionnière dans toutes les technologies avancées.
Doté d’un charisme incontestable, Olivier Dassault se signalait par son ouverture d’esprit, sa sensibilité artistique et son amour de la France, pays qu’il avait servi aussi bien dans l’Armée de l’air qu’en tant que député. J’assure sa famille de ma grande tristesse et de toute ma sympathie.
Mots-clés :
Olivier Dassault
Tribune pour l'hebdomadaire "Le Point", parue le 2 mars 2021
Être libre en politique, c'est d'abord savoir « où on habite. » Tel se vit comme « citoyen du monde. » Je me vois, quant à moi, comme citoyen français. Partout chez lui, le premier n'habite nulle part. Je m'inscris pour ma part dans une Histoire, celle de la nation française. Cette appartenance à la France ne m'empêche pas d'appartenir à l'humanité. Au contraire, elle me le permet : c'est à travers la France que je peux prendre mes responsabilités vis-à-vis du monde. Aussitôt entends-je s'élever un cri : « Et l'Europe ? Que faites-vous, là-dedans, de l'Europe ? »
Certes, la France fait partie de la grande famille des nations européennes. Mais bien que la construction européenne ait été proposée - par la France justement - comme le moyen de surmonter l'antagonisme franco-allemand, au lendemain des deux guerres mondiales, je sais que le sentiment d'appartenance à l'Europe est encore loin d'atteindre chez les différents peuples européens, la force du sentiment d'appartenance nationale. Or c'est celui-ci qui permet l'exercice de la démocratie, c'est-à-dire l'acceptation provisoire par une minorité du fait majoritaire. À l'ignorer, l'Union européenne s'exposerait à de graves mécomptes. La construction de l'Europe est utile et même nécessaire dans un monde que domine de plus en plus la rivalité des États-Unis et de la Chine, mais la construction de ce « tiers acteur » ne peut se faire que d'une manière très pragmatique. Elle s'effectue dans la réalité de façon quelque peu désordonnée, selon une règle assez éloignée de la démocratie, proche du « consensus implicite ». Tribune pour le quotidien "L'opinion", parue le 3 mars 2021
L’expression « islamo-gauchisme » juxtapose deux concepts d’ordres différents : l’un religieux (« islamo »), l’autre politique (« gauchisme »). Cette expression est faite pour la polémique mais brouille les idées. Reprenons les choses par ordre : l’histoire d’abord.
Dès avant la prise du pouvoir en Iran par l’ayatollah Khomeiny, le sociologue et militant iranien Ali Shariati, mort en 1977, écrivait : « L’Islam a pris les devants en Afrique et en Asie, dans la lutte contre le colonialisme et l’Occident. Pourquoi ? Parce qu’il a été leur cible… L’Islam est dans le tiers-monde l’aliment social et idéologique le plus puissant pour faire face à l’Occident. C’est une arme formidable, une réserve immense de richesses morales et culturelles qui gît dans les profondeurs des sociétés musulmanes. » L’attachement à l’Islam est nécessaire, concluait Shariati, « pour mener cette bataille défensive et pour instaurer les bases de la société nouvelle ». Agenda et médiasUne tribune de l'association "Nation citoyenne" publiée dans Marianne, le 20 février 2021. Signée notamment par Jean-Pierre Chevènement.
Ni un parti, ni une écurie, l’association "Nation citoyenne" entend, dans le cadre de la présidentielle de 2022, contribuer à un projet de refondation républicaine au-delà des différences de sensibilités. Autour de colloques et d’ateliers, elle compte réunir des politiques de tous bords pour les faire dialoguer.
La « question républicaine » a été posée dès que la droite aussi bien que la gauche se sont détournées, l’une de l’héritage du général de Gaulle, l’autre de sa vocation sociale, pour se rallier, l’une comme l’autre, au néolibéralisme triomphant. Il nous faut à nouveau penser le « bien commun », à travers un projet de citoyenneté, face à l’importation de modèles communautaristes. Et cela dans un monde désagrégé et déboussolé, où la rivalité sino-américaine ne débouche sur un aucun projet de civilisation désirable et où la montée de l’obscurantisme dessine d’inquiétants « trous noirs ». Une note de Marie-Françoise Bechtel, conseiller d'État (h), ancienne vice-présidente de la Commission des lois de l’Assemblée nationale et vice-présidente de République moderne, sur les mémoires de Jean-Pierre Chevènement. Publiée sur le site de République moderne.
On ne présente plus JP Chevènement dont la présence dans la vie politique française se mesure non seulement à la durée mais à l’originalité. Pour preuve de cette présence, on pourrait citer non sans quelque malice les hommages qui lui sont rendus ici et là par tel ou tel homme politique parfois des plus inattendus. On pourrait aussi remarquer que le Président de la République le consulte, comme d’ailleurs le faisaient ses prédécesseurs, sur des questions sensibles : ainsi le veto français à la seconde guerre d’Irak l’avait-il rapproché de Jacques Chirac, l’affaire Alsthom avait-elle conduit Nicolas Sarkozy à l’écouter, et même François Hollande l’avait-il partiellement entendu sur la nécessité de reconstruire une relation avec la Russie. L’actuel Président semble se référer à sa vision plutôt en termes de principes que d’actions concrètes mais le discours du premier responsable de l’Etat fondé sur les valeurs républicaines n’est pas chose mineure. Comme la référence au Général de Gaulle, et toutes proportions gardées, la référence à la pensée et à l’action de JPC s’est ainsi installée dans notre paysage politique pour une raison analogue : l’attachement au dépassement des clivages en vue de l’unité de la nation républicaine. Or cette référence, même si elle n’est pas dominante, crée une petite musique dont le son croît au fur et à mesure que s’installe dans le pays le sentiment d’une coupure des élites avec la nation, l’idée que la classe politique n’a plus grand-chose à proposer faute de convictions fortes, et que le déclassement de la France tient largement à l’abandon d’une politique industrielle qui était précisément l’un des tout premiers combats menés par « JPC ».
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