Carnet de Jean-Pierre Chevènement



Ainsi Serge Ravanel nous a quittés. « Il est mort en combattant » m’a confié sa femme, c'est-à-dire comme il avait vécu.


Entré en Résistance à l’âge de 22 ans, il n’avait jamais reculé devant les risques les plus fous, comme chef national des groupes francs. Le colonel Ravanel restera comme le libérateur de Toulouse en août 1944.

Ce qui frappait le plus chez Serge Ravanel c’était pourtant son caractère réfléchi, sa recherche constante de la meilleure solution. Je revois son beau visage, son regard à la fois profond et vif, j’entends son élocution posée, développant la méthode qui lui paraissait la plus appropriée : bref il montrait la meilleur des qualités qu’on prête aux polytechniciens.

Je l’ai vu appliquer toute son intelligence méthodique à la solution des problèmes de la recherche et de l’industrie françaises, quand il m’a fait l’honneur d’être à mon cabinet de 1981 à 1983. J’imagine très bien qu’il appliquait au combat les mêmes qualités. Les risques fous qu’il a pris ne l’étaient pas autant qu’ils le paraissaient : ils procédaient toujours, j’en suis sûr, d’une analyse complète et raisonnée des situations.

Serge Ravanel était viscéralement un patriote. C’est cela qui le motivait fondamentalement. J’ajoute qu’il ne séparait pas le patriotisme de la recherche d’un progrès collectif partagé. Il aimait la justice et la France d’un même élan.

Adieu, Serge. Nous perdons avec toi un grand Français et un grand Citoyen. Mais que dis-je ?

Nous ne te perdons pas, car tu restes, pour tous ceux qui t’ont connu, un immortel exemple de vertu républicaine.

(Billet à paraître dans La Jaune et la Rouge, la revue mensuelle des anciens élèves et diplômés de l'école Polytechnique)

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 29 Avril 2009 à 16:41 | Permalien | Commentaires (4)
Jusqu’à ses derniers jours, Serge Ravanel aura été un citoyen lucide, passionné par le destin de son pays, appliquant sa vaste intelligence à la recherche de solutions de progrès pour la société française.

Le Mouvement Républicain et Citoyen et tous ses amis s’inclinent devant cette haute figure de la Résistance et assurent son épouse de leurs sentiments de peine et de fraternité.
Mots-clés : résistance serge ravanel

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 27 Avril 2009 à 23:22 | Permalien | Commentaires (2)

Portrait de Jean-Pierre Chevènement par Philippe Plassart et Julien Tarby, paru dans Le Nouvel Economiste, 23 avril 2009, n°1473.


La crise fait revenir la Nation au premier plan et démontre sa solidité
Conversation sous forme de confession politique avec le “Che”. Sous les ors de la salle des pas perdus du Sénat.

On ne s'attendait pas à retrouver le “Che” dans un fauteuil de sénateur. S'il avoue s'y trouver “un peu par hasard”, suite à une déconvenue électorale dans son bastion belfortain, il semble y avoir trouvé assez vite ses marques, fort de sa longue expérience de la vie politique. Qu'on l'aime ou pas, Jean-Pierre Chevènement figure parmi les plus lourds de la politique française. Il fut la cheville ouvrière de l'alliance avec le PC et le concepteur des 101 propositions qui allaient amener Mitterrand au pouvoir. Depuis lors, sa vie politique a été ponctuée par trois démissions gouvernementales, une sécession corps et bien d'avec le Parti socialiste, une campagne prometteuse à la présidentielle de 2002 qui le plaçait au statut enviable de “troisième homme” mais qui finira dans les décombres de la poussée lepéniste à moins de 6 %...
Aujourd'hui, l'homme, outrage du temps passant, semble en avoir rabattu sur ses ambitions. Feinte ? “Même mort, je reviendrai”, prévient-il, reprenant la maxime latine devenue fétiche depuis sa résurrection post-comatique. Donnant la clé de sa longévité : “Pour survivre en politique, l'essentiel est d'être en harmonie avec soi-même et avec ce que l'on croit.” Et quand Jean-Pierre Chevènement, l'artisan des nationalisations de 1981, plaide aujourd'hui pour une politique industrielle et une programmation dans laquelle l'Etat aurait plus que son mot à dire, il prouve sa constance.
Par Philippe Plassart et Julien Tarby

Les actes du colloque du 14 février 2009 sont disponibles en ligne sur le site de la Fondation Res Publica.


Actes du colloque de la Fondation Res Publica :  L'Europe au défi de la crise
  • Ouverture du colloque par Sami Naïr, André Gauron et Anne-Marie Le Pourhiet

    Première partie du colloque : "Le fonctionnement de l'Union"
  • Débat avec la salle

    Seconde partie du colloque du 14 février 2009 : "L'Union est-elle économiquement et institutionnellement réformable ?"

Rédigé par Chevenement.fr le 19 Avril 2009 à 16:58 | Permalien | Commentaires (6)

Poursuite du cycle de colloques de la Fondation Res Publica lundi 27 avril 2009 à 18h à la Maison de la Chimie (28, rue Saint Dominique 75007 Paris). En voici le programme ci-dessous.


Colloque de la Fondation Res Publica : Crise du libre-échange mondial : comment en sortir ?
Avec la participation de :
  • Jean-Luc Gréau, économiste, auteur de La trahison des économistes (Gallimard, 2008)
  • Hakim el Karoui, banquier d’affaires, auteur de L’avenir d’une exception (Flammarion, 2006)
  • Jacques Sapir, directeur d'études à l'EHESS, auteur de Le nouveau XXIè siècle (Seuil, 2008).
  • Jean-Marc Daniel, professeur d'économie à l'ESCP-EAP et directeur de la revue Societal
  • Jean-Pierre Chevènement, président de la Fondation Res Publica

    Sur le sujet, voir le blog www.protectionnisme.eu.

    Inscrivez-vous à l'adresse électronique res-publica@wanadoo.fr (Merci de préciser vos nom et coordonnées complètes). Pour consulter les travaux de la Fondation Res Publica, fondation reconnue d'utilité publique par décret du 30 décembre 2005, une seule adresse : www.fondation-res-publica.org.

Rédigé par Chevenement.fr le 17 Avril 2009 à 11:00 | Permalien | Commentaires (3)

Article de Jean-Pierre Chevènement, paru dans la revue "Hors les murs" des anciens élèves de l'ENA, avril 2009.


Face à la crise, le retour du politique
Finie l’ère du tout marché, du principe de la concurrence libre et non faussée, de l’interdiction des aides d’Etat, de la prohibition des déficits et des endettements excessifs ! Depuis l’automne 2008, la « main invisible » censée réaliser l’optimum social pourvu que l’autorité publique ne s’en mêlât point n’inspire plus confiance. Les dieux du Marché sont tombés de leurs autels. Les grands prêtres se sont tu. La foule qui se prosternait à l’énoncé de vérités éternelles qui tombaient de leurs bouches a déserté leurs temples.

L’Etat est revenu avec ses gros sabots pour assurer plans de refinancement et plans de relance face à la dépression. C’est celle-ci qui a conduit, en catastrophe, les politiques, libéraux de doctrine ou fraîchement convertis, à changer de pied devant les foules éberluées.

« A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles ». C’est par centaines de milliards de dollars ou d’euros que s’énoncent les plans destinés à sauver les banques de la faillite. Les pays anglo-saxons ne reculent pas devant les nationalisations. D’autres, de tradition moins libérale, comme la France, se bornent paradoxalement à prêter à leurs banques à des taux presque usuraires pour qu’elles continuent de financer l’économie à des taux bien inférieurs. Comprenne qui pourra : La plus grande de nos banques par exemple qui continue de déclarer des bénéfices, s’endette à grands frais auprès de l’Etat et rachète dans le même temps des activités bancaires dans les pays voisins. Dans tout cela flotte comme un air d’improvisation. Les doctrinaires du désendettement public viennent maintenant expliquer qu’il y a « la bonne dette » à côté de la mauvaise, et que l’explosion des déficits n’est en fait qu’une illusion d’optique. Après les plans de refinancement viennent les plans de relance, dont l’effet paraît nul, tant le bruit sourd d’un effondrement continu monte des profondeurs de l’économie : deux millions et demi d’emplois supprimés aux Etats-Unis en quelques mois. Un million de chômeurs supplémentaires en Espagne en moins d’un an. En un trimestre, les ventes et la production d’automobiles plongent presque partout de 40 %.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 7 Avril 2009 à 17:16 | Permalien | Commentaires (2)

"Fallait-il revenir dans le commandement intégré de l'Otan que de Gaulle nous a fait quitter ?", débat entre Jean-Pierre Chevènement et Thierry de Montbrial (directeur de l'Institut français de relations internationales), Valeurs actuelles n°3775, du 2 avril 2009, pages 12 à 15.


Le choc Chevènement-Montbrial sur l'Otan dans Valeurs actuelles
Valeurs actuelles : Pour clarifier le débat, pourriez-vous résumer d’emblée les raisons dirimantes qui fondent votre opposition ou votre accord avec le retour de la France dans les structures intégrées de l’Otan ?
Jean-Pierre Chevènement :
Ces raisons peuvent tenir en une phrase : notre monde devenant de plus en plus multipolaire, la France a moins que jamais intérêt à se fondre dans une alliance unipolaire. J’ajoute que les raisons qui ont conduit le général de Gaulle à faire sortir la France du commandement intégré de l’Otan à l’époque d’une confrontation Est-Ouest dominante sont plus que jamais valables dans une époque devenue multiconflictuelle…

Thierry de Montbrial : Etant tout aussi attaché que Jean-Pierre Chevènement à garder intactes les marges de manoeuvres de la France, j’estime que celle-ci n’a rien à gagner à une confrontation directe avec les Etats-Unis. Bien sûr que le monde a changé depuis 1966 et le retrait de l’organisation intégrée de l’Otan ! L’Europe aussi. Elle s’est élargie, et j’estime que, vis-à-vis de ses partenaires d’Europe orientale, la France est davantage entendue quand elle s’exprime dans un cadre atlantique que lorsqu’elle est isolée. Je reviens de Pologne où j’ai pu constater que notre changement d’attitude face à l’Amérique est un puissant facteur de compréhension entre nos deux pays.

Jean-Pierre Chèvenement : On retient avec raison qu’en sortant de l’organisation intégrée, de Gaulle voulait nous éviter d’être pris en otages dans une possible confrontation nucléaire Est-Ouest. Mais on oublie qu’il entendait plus généralement faire en sorte que la France ne soit pas entraînée dans des guerres qui ne seraient pas les siennes. Ce qui s’applique parfaitement à la situation présente.

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Acteurs publics, numéro 53, avril 2009.


Entretien de Jean-Pierre Chevènement à Acteurs publics : "L’administration perd ses moyens et ses compétences"
Le sénateur du Territoire-de-Belfort rejette une partie des orientations du rapport Balladur qui place l’échelon régional au cœur de l’organisation territoriale. En période de crise, il appelle le gouvernement à tourner le dos aux "vieilles lunes" libérales et à se montrer pragmatique. Sévère sur la RGPP, qu’il juge "technocratique", l’ancien ministre de l’Intérieur déplore aussi la valse des préfets.

Acteurs publics : Le gouvernement va travailler sur une réforme des collectivités locales basée sur le rapport Balladur. Approuvez-vous les conclusions de l’ancien Premier ministre et de son comité ?
Jean-Pierre Chevènement :
Le rapport Balladur part d’une idée simple qui est de favoriser deux échelons : la région et l’intercommunalité. Je vous rappelle qu’historiquement, la République a fondé l’organisation du territoire sur les communes et les départements. C’est donc un changement d’orientation radical qu’on nous propose.

L’échelon régional n’est-il pas aujourd’hui le plus pertinent ?
De toutes les collectivités, la région est la plus récente, la moins enracinée et sa pertinence n’est pas toujours évidente. Quant à l’intercommunalité, pour avoir donné un élan vigoureux à cette forme de coopération [allusion à la loi Chevènement de 1999 renforçant l’intercommunalité et créant notamment les communautés d’agglomération, ndlr], je pense qu’il est erroné de la considérer comme un niveau de collectivité territoriale parmi d’autres. L’intercommunalité n’est qu’une coopérative de communes. Je suis inquiet à l’idée de l’élection de son président au suffrage universel. Ce choix délégitimerait les maires. Cette élection, même par fléchage, comme le propose le comité Balladur, et même la mission du Sénat sur l’organisation et l’évolution des collectivités locales, va introduire un nouvel esprit, inévitablement plus politicien. Les maires maîtriseront moins bien la représentation de leur commune. Et dans le même temps, le gouvernement va priver les intercommunalités de leur principale ressource, la taxe professionnelle. Cela manque de logique, sauf si on veut casser l’investissement public.

Le rapport Balladur fait donc fausse route ?
Tout n’est pas mauvais dans ce rapport, mais nous devons procéder avec beaucoup de précaution. Il faut d’abord achever la carte des intercommunalités avant d’envisager une autre étape. Et surtout, il ne faut pas affaiblir ni dévaloriser la commune et les maires, ni casser le département.
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