Carnet de Jean-Pierre Chevènement



A lire Jacques Delors*, la manière dont s’est construire l’Europe n’est pour rien dans nos actuelles difficultés.
« Il faut sans cesse rappeler, écrit Jacques Delors, que l’essentiel de la politique économique, la politique de l’emploi, la sécurité sociale et la répartition des revenus sont de la compétence nationale ». De là découle l’ordonnance : [après la campagne présidentielle] « il faudra d’abord faire le ménage chez nous, pour faire face au triple défi de la démographie, de la mondialisation et la mutation technologique. »

Libre-échangisme dogmatique, développement d’un capitalisme purement financier à travers la libéralisation des capitaux, boulimie de pouvoir de la Commission européenne, étiolement de la démocratique nationale, tout cela est allègrement passé à la trappe par l’ancien Président de la Commission européenne.

« Faire le ménage » ? Jacques Delors ne peut ignorer que dans l’Europe d’aujourd’hui aucun gouvernement ne maîtrise plus ni la politique monétaire, ni la politique douanière, ni même – pacte de stabilité oblige – la dépense budgétaire. Même en matière d’impôts, la mise en concurrence des systèmes fiscaux réduit fortement la liberté d’action des gouvernements nationaux. Ne parlons pas de la politique industrielle, vidée de l’essentiel de sa substance par la jurisprudence ultralibérale de la Commission en matière de concurrence.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 26 Mars 2007 à 12:40 | Permalien

Jean-Pierre Chevènement dédicacera La Faute de M. Monnet le 25 mars à 16h00 au Salon du Livre - Porte de Versailles à Paris.



Rédigé par Chevenement.fr le 24 Mars 2007 à 12:14 | Permalien

Tribune de Jean-Pierre Chevènement, France-Soir, 24 mars 2007.
Le cinquantième anniversaire du traité de Rome sera, à coup sûr, l’occasion de faire, encore une fois, tonner les orgues de la bienpensance européiste.


Comme si une rupture fondamentale n’était pas intervenue entre l’union douanière à Six de 1957 et le gonflement de la bulle libérale à laquelle l’Europe s’est progressivement identifiée depuis le début des années quatre-vingt-dix.

L’Europe a été pour nos prédécesseurs et pour nous-mêmes un projet ambitieux, porteur de paix, de croissance, de prospérité. Mais, au long des quinze dernières années, l’ambition s’est diluée, les partis pris dogmatiques, les dérives bureaucratiques et les dysfonctionnements se sont multipliés. Les citoyens européens, et ce serait une illusion de ne s’arrêter qu’aux cas néerlandais et français, ne se retrouvent plus dans une institution éloignée de leurs préoccupations, mais envahissante et tatillonne.

Perte de sens
Cette dégradation traduit, en premier lieu, une perte de sens. Le modèle d’origine, un marché commun, comportant une dose de préférence, avec des politiques volontaristes et structurantes, dans les secteurs commercial et agricole par exemple, a permis une croissance forte des échanges intra et extra communautaires et la sauvegarde des intérêts de ses membres. Dans la dernière décennie, on a privilégié, au nom de la globalisation, une attitude combinant la résignation et le dogme de la libre concurrence, parfois contre l’intérêt des entreprises et des consommateurs. Sur leur écran de contrôle, les institutions européennes n’ont plus retenu qu’un nombre restreint de données : dérégulation, privatisation, lutte contre l’inflation s’agissant de la BCE. Tout effort d’harmonisation fiscale et sociale est apparu contraire au dogme, la croissance n’est plus qu’une résultante, l’Union est un espace ouvert à tous vents, alors même que nos concurrents les plus « libéraux » ne répugnent pas à protéger d’artifices divers leurs propres intérêts.

Rédigé par redaction Chevenement.fr le 24 Mars 2007 à 11:35 | Permalien
M. Monti, ancien Commissaire européen à la concurrence, publie aujourd’hui dans le Figaro un article intitulé « Ma vérité sur l’affaire Alstom », intéressant à plus d’un titre :

1) D’abord il confirme que ce n’est pas M. Sarkozy qui est à l’origine du « sauvetage d’Alstom » en 2003. Dans le gouvernement Raffarin, le ministre de l’Economie et des Finances est alors M. Mer et je suis bien placé pour savoir que l’impulsion venait du Président de la République lui-même que j’avais alerté le 23 mai 2003 sur la situation critique d’Alstom.

2) M. Monti développe une argumentation spécieuse concernant l’entrée de l’Etat au capital d’Alstom. Il reconnait d’abord que la Commission européenne doit rester « strictement neutre quant au régime de propriété des entreprises –publique ou privée- » mais il admet aussi qu’au nom de la « concurrence », il s’oppose d’abord à l’entrée de l’Etat au capital d’Alstom, entamant ensuite une négociation tracassière avec M. Mer et le PDG d’Alstom, M. Kron pour « réduire les désavantages concurrentiels infligés aux autres producteurs européens » (c’est-à-dire Siemens pour l’essentiel). C’est alors qu’au printemps 2004, M. Sarkozy, devenu entre temps Ministre de l’Economie et des Finances, et escorté de Cécilia, fait, selon M. Monti, « irruption dans le dossier ».

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 23 Mars 2007 à 18:32 | Permalien

Chevènement croque Monnet, Denis Sieffert, Politis, 22 mars 2007, p.9.
Le directeur de la publication de Politis recommande la lecture du dernier essai de Jean-Pierre Chevènement, La Faute de M. Monnet (Fayard, 2006).


Pour Politis, « Chevènement croque Monnet »
Extrait :
"Un court et brillant essai sur « l’inspirateur » de la construction européenne.
« L’Inspirateur » : c’est de Gaulle qui avait ainsi surnommé Jean Monnet. On imagine l’accent de dédain qui devait accompagner cette drôle d’allégorie. Les deux hommes se sont beaucoup détestés. Il est vrai que, pendant la guerre, Monnet a tout essayé pour décrédibiliser aux yeux des Américains le chef de la France libre. Jean-Pierre Chevènement le raconte dans un court et brillant essai qu’il vient de consacrer à Jean Monnet".

Pour lire la suite, acheter Politis en kiosques ou l'article sur le site Internet de Politis.
La présentation de La Faute de M. Monnet figure ici. L'ouvrage peut-être acheté ici.

Rédigé par Chevenement.fr le 22 Mars 2007 à 14:34 | Permalien

Nicolas Sarkozy se targue fréquemment d’avoir « sauvé Alstom » en 2004.


Outre qu’il oublie que l’initiative revient pleinement à Jacques Chirac en mai 2003, alors que lui-même n’était encore que ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy oublie de rappeler les conditions mises par le Commissaire européen à la concurrence, M. Monti, à la montée de l’Etat, à hauteur de 20 %, dans le capital d’Alstom : à savoir la cession de 1600 millions d’euros d’actifs d’Alstom à un repreneur extérieur. C’est ainsi que les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire – tout ce qui reste de notre construction navale – ont été repris par le norvégien Aker-Yards, qui se révèle n’être qu’un Tapie des mers.

Le repreneur norvégien n’est qu’un financier assoiffé de plus-values. Il vient d’annoncer son intention de céder ses chantiers navals à des fonds de pension anglo-saxons, à commencer par ce fleuron que sont les Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire. Après Péchiney, Thomson, Arcelor, ce sont les Chantiers de l’Atlantique qui s’ajoutent au long cortège des grandes entreprises françaises bradées au capitalisme financier mondialisé. Encore bravo M. Sarkozy !

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 21 Mars 2007 à 13:18 | Permalien

Jean-Pierre Chevènement est l'invité de l'émission Face à nous, animée par Michel Grossiord en partenariat avec le Parisien / Aujourd’hui en France, entre 18h45 et 19h30 sur Public Sénat.


Mots-clés : public sénat

Rédigé par Chevenement.fr le 20 Mars 2007 à 13:46 | Permalien
« Contre le communautarisme » de Julien Landfried, un livre symbole de la vivacité du républicanisme civique
En écrivant « Contre le communautarisme » (Editions Armand Colin, mars 2007), Julien Landfried a mis le doigt sur ce qui mine depuis le début des années 1980 « le républicanisme civique » et par conséquent la France : la substitution à la figure traditionnelle du prolétaire de celle de la « victime », les juifs bien sûr, mais à leur suite les immigrés, les musulmans, les Arméniens, les Noirs, les homosexuels, les anciens colonisés, et bientôt les « minorités ethnico-linguistiques », chacune de ces catégories bénéficiant ou cherchant à bénéficier d’une « loi mémorielle » particulière ou d’un dispositif de reconnaissance le mettant à l’écart de l’espace républicain.

Le jeune et brillant essayiste décrit fort bien la destruction de cet espace commun, sous les coups de boutoir d’« entrepreneurs communautaires », en fait peu représentatifs de leurs communautés respectives, mais encouragés par la veulerie des politiques et la francophobie de nos élites mondialisées.

La livre de Julien Landfried est une mine de renseignements précieux sur une dérive qui affecte malheureusement autant la gauche que la droite différentialistes.

Rédigé par Jean-Pierre Chevènement le 20 Mars 2007 à 13:33 | Permalien | Commentaires (11)
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