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Jean-Pierre Chevènement : « Un grand parti de gauche, ancré dans les couches populaires, capable de gouverner et donc structuré par un logiciel républicain »


Dans un entretien à paraître en juin dans la revue Utopie critique, Jean-Pierre Chevènement dessine les grandes lignes de la refondation de la gauche.


Extraits de l'entretien :
« Ségolène Royal, pendant sa campagne électorale, a cherché une mise à niveau du PS dans l’urgence. Je l’y ai aidée de mon mieux et je continuerai à le faire, non pas en direction d’une ouverture « centriste » qui n’avait qu’un intérêt tactique entre les deux tours, mais en vue de créer un grand parti de gauche, ancré dans les couches populaires, capable de gouverner et donc structuré par un logiciel républicain.
Il n’y a pas d’autre alternative. La social-démocratie en France n’a pas de sens en raison de l’émiettement syndical et de la tradition de séparation entre le politique et le syndical qui remonte à la Charte d’Amiens (1902). La jeunesse pourra alors s’engager dans ce grand parti de gauche qui est à construire avec elle.
Avec le MRC, je l’aiderai de mon mieux à trouver ses repères. Aucun parti de gauche ne peut se passer d’une grille de lecture du monde. Comprendre le monde pour le transformer, pour changer les règles du jeu de la mondialisation libérale reste un préalable à toute refondation réussie de la gauche française. »

(...)

« La gauche qui se dit antilibérale doit cesser de jeter l’ostracisme sur l’idée républicaine, comme elle l’a fait dans la dernière période. Nous avons toujours lutté pour aider la gauche à lutter contre ses mauvais démons : il y a urgence à redresser ses analyses sur des sujets essentiels comme la nation, l’Europe, la sécurité, les rapports avec les pays du Sud.
Il faut rompre avec les visions angéliques ou laxistes qui ont plombé la gauche face à N. Sarkozy : celui-ci a su récupérer et détourner des valeurs républicaines que la gauche n’aurait jamais dû laisser tomber en déshérence. C’est par ce combat idéologique intransigeant dans la gauche elle-même que commencera la reconquête. Rien n’est perdu. Tout est à reprendre. »

L'entretien intégral sera publié en juin dans Utopie critique et sur ce blog.


Rédigé par Chevenement.fr le Mercredi 23 Mai 2007 à 16:48 | Lu 7884 fois



1.Posté par C.Tasin le 23/05/2007 17:09
Merci de ce texte qui rappelle que la social-démocratie, comme le centre, comme l'extrême-gauche ne sont ni des tentations, ni des possibles. Bâtissons ce grand parti républicain, mais choisissons nos alliés et nos leaders.

2.Posté par Ardente Patience le 23/05/2007 22:19
Bien dit ! Monsieur Chevènement. Votre parcours et votre présence digne durant la campagne vous font honneur. Vous êtes précieux à la Gauche. Et puis ... ouf, ces histoires de social-démocratie ne me disaient rien qui vaille !

3.Posté par Alexis Bachelay le 25/05/2007 10:29
Bravo à Jean-Pierre Chevènement pour la campagne exemplaire qu'il a mené avec Ségolène Royal. Je partage son souhait de refonder un grand parti de gauche. Lui qui a activement participé au congrès d'Epinay, il sait comment il faut faire.
Alors maintenant, il faut avancer ! Le PS, le MRC, le PRG et aussi des Verts et des communistes doivent s'unir pour affronter la machine UMP.
POur ma part, j'essaye de contribuer modestement à cette réfondation dans les Hauts-de-Seine http://renover92.canalblog.com
Alors rejoignez-moi en en avant la gauche !

4.Posté par Di Girolamo le 25/05/2007 14:17

Jean Pierre Chevènement, vous nous dites :
« Comprendre le monde pour le transformer, pour changer les règles du jeu de la mondialisation libérale reste un préalable à toute refondation réussie de la gauche française. »

Je rectifie à ma manière :
Comprendre le monde collectivement (ensemble des citoyens) dans un cadre officiel d’expertises et de débats est le fondement de la démocratie, cette démocratie là étant en soi le premier acte "anti " libéral annonçant la volonté politique de maîtriser notre destin plutôt que de le subir.
Dans cet effort de compréhension collective , les partis politiques ont toute leur place mais pas LA place , leur rôle étant bien de participer aux débats et aux expertises et de l’enrichir en défendant la part de la population qu’ils représentent.
C’est l’état, en l’occurrence le chef de l’état, président de la République qui est garant du bon fonctionnement de ce débat public (c'est son rôle essentiel) qui doit être visible et participatif grâce à l’utilisation des médias (télé publique notamment), et doté de moyens humains d’animation, d’encadrement, de communication ….
Cet espace public d’expertise amont et de débat est le lieu vivant d’exercice de la citoyenneté, de l’égalité républicaine (la parole du citoyen est prise en compte), le laboratoire de recherche national du projet politique, le lieu du brassage social, véritable université populaire, boîte à idées de la diversité des ressources humaines,accélérateur des prises de consciences collectives….
Tant que ce lieu n’existera pas et que nous vivrons en perpétuel guéguerre de partis cherchant à gouverner par alternance nous resterons dans le cadre d’une compréhension éclatée , morcelée, sectorisée du monde , et dans la gestion des événements .
C’est de maîtrise globale dont nous avons besoin
« changer les règles du jeu de la mondialisation libérale » ne se fera pas tranquillement par la réforme , mais d’un coup, d’un seul,en changeant les règles du jeu du fonctionnement politique et en créant un véritable outil citoyen du débat et de l’expertise publique.
C’est dans cette refondation démocratique que le PS et les autres partis trouveront leur place ; c’est une refondation que le Ps ne peut par nature, mener à bien tout seul : la compréhension ne pouvant émerger que du débat contradictoire.

5.Posté par Snyck le 25/05/2007 21:18
"Couches populaires" ; où cela commence et où cela finit-il ?
Quelle traduction sociologique ?
Quelle potentialité dans les urnes ?
Cela me parait réducteur avec une grille de lecture qui exclut a priori bon nombre de ceux susceptibles de nous rejoindre.
Là , franchement , j'ai un peu de mal à comprendre .
S'agit-il de capter l'électorat squeletique du PC et un peu au delà?
Re-créer une dynamique "Epinay" à 36 ans de distance.
Le discours de 2002 me plaisait plus personnellement. Plus consensuel sûrement , plus ancré dans les réalités. JPC avait à l'époque 5 ans d'avance.Bref " d'accordpour les couches populaires" mais allons au-delà et ne cherchons pas à nous substituer au P.C. Ce n'est ni necessaire ni suffisant , trop exclusif.

6.Posté par Philippe BAUMEL le 25/05/2007 23:36
Le charme discret du social-libéralisme
Par Philippe Baumel,

Le social-libéralisme est une maladie sénile de la social-démocratie. Un de ses symptômes a été mis en évidence par la participation de personnalités dites « de gauche » au gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Qu’est-ce que le social-libéralisme ? C’est d’abord une idée. C’est d’abord l’idée que le libéralisme a définitivement gagné, que le capitalisme est le seul système viable. C’est aussi l’idée qu’il faut accompagner le capitalisme de bonnes œuvres, de compassion et d’ingérence humanitaire. Mais le social-libéralisme c’est aussi une sociologie. C’est un ensemble de personnalités de talent qui sont souvent passées du communisme le plus orthodoxe dans les années 1960 au néolibéralisme décomplexé à partir des années 1980. Une certaine extrême-gauche était ainsi partie à la recherche de l’Empire rouge du Président Mao… en chemin elle a découvert Chicago – temple d’une nouvelle doctrine, le néolibéralisme – et la Californie du (futur) Président Reagan – laboratoire de « l’initiative personnelle » et du « free market » -…

Pour le social-libéral, le capitalisme ayant gagné, il faut substituer la compassion à la Révolution… Le marché mondial doit être accompagné de bons sentiments et d’un zeste de « gouvernance ». Que le « capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jaurès) les indiffère puisque l’humanitaire est là… Peu à peu, le socialiste devient l’ennemi du social-libéral. Ils sont tous deux le produit de la même histoire mais le premier garde, aux yeux du second, une tare rédhibitoire : il veut changer le monde et pense pouvoir y parvenir. « C’est ainsi ! » lui répond le social-libéral en lui enjoignant de cesser de penser un autre monde qui ne pourrait être que… totalitaire. Le socialiste veut penser l’alternative au néolibéralisme quand le social-libéral vit lové au sein du système néolibéral…Le socialiste sait que le capitalisme a aussi son lot de crimes dans l’Histoire. Le social-libéral, par un renversement complet de ses valeurs, pense l’inverse.

Bernard Kouchner fait partie de ceux qui ont soutenu la guerre en Irak. Proche de la revue « Le meilleur des mondes », il estime désormais que l’avenir de l’Occident passe par la Maison Blanche. Comme son ami André Glucksmann, il est de ceux qui pensent que la chute de Saddam Hussein valait bien quelques centaines de milliers de morts, que la Russie de Vladimir Poutine peut être traitée comme le Lesotho et qu’il y a beaucoup d’intérêt à suivre les fulgurances de la pensée bushiste…Bref, dans la novlangue kouchnérienne, la guerre c’est la paix et la paix c’est la guerre. Loin est le temps où Bernard partait à la pêche à la langouste avec Fidel ! Loin est le temps où, l’index pointé en l’air, Bernard donnait des leçons d’orthodoxie marxiste à un Fidel faussement incrédule… Bernard a trouvé une nouvelle doctrine – le néolibéralisme – une nouvelle Moscou – Washington – et de nouveaux camarades : Nicolas Sarkozy, Patrick Devedjian…

Les appareils, les solidarités générationnelles, les amitiés personnelles (auxquelles on ne peut ramener l’histoire des peuples) ont longtemps camouflé cette réalité. Bernard était au PS. Il y était mal mais il y était. Bernard Kouchner vient de rendre un grand service à la gauche en la quittant. Il nous permet de nous interroger collectivement : Quelle est la mission du socialisme ? Qu’est ce que la gauche ? Est-il possible de continuer à ne pas clarifier ce que nous sommes, ce que nous voulons ?

Qu’on n’en veuille pas au socialiste que je suis de me méfier de l’idéologie compassionnelle. Je suis, comme tous les Français, attentifs aux causes humanitaires, mais je ne vois pas pourquoi je jugerais Bernard Kouchner avec moins de sévérité parce qu’il y a 40 ans, il était au Biafra. Je lui laisse à lui le soin de mettre de l’ordre dans sa conscience. Pour Bernard Kouchner, il n’y a pas de différence fondamentale entre ce qu’il pense et ce que pense Nicolas Sarkozy. Pour nous, si ! Voilà, au fond, et simplement, ce qui différencie le social-libéral du socialiste.


7.Posté par vero le 30/05/2007 16:07
Vous nous dites ci-dessous, que la jeunesse pourra s'ivestir dans un grand parti de gauche, dont vous seriez à nouveau cet homme providence qui en serait l'instigateur. quand avez vous souhaiter laisser votre place à cette jeunesse qui vous a appeller de ces voeux en 2002, à prendre sa part en politique ? Mais les places étaient déja occupés par votre noyautage MRCiens depuis plus de 20 ans. Trop belles ces places, probablement, pour ne pas les laisser à cette jeunesse à laquelle vous pensez aujourd'hui ? Avec tout le respect que j'ai pour vous, vos qualités, vos indéniables compétences, vos visions avant gardistes, aujourd'hui, Monsieur, comme en 2002, sachez faire ce vous prôner, et prenez gentiment votre retraite...
Cordialement

Dans un entretien à paraître en juin dans la revue Utopie critique, Jean-Pierre Chevènement dessine les grandes lignes de la refondation de la gauche.
Extraits de l'entretien :
« Ségolène Royal, pendant sa campagne électorale, a cherché une mise à niveau du PS dans l'urgence. Je l'y ai aidée de mon mieux et je continuerai à le faire, non pas en direction d'une ouverture « centriste » qui n'avait qu'un intérêt tactique entre les deux tours, mais en vue de créer un grand parti de gauche, ancré dans les couches populaires, capable de gouverner et donc structuré par un logiciel républicain.
Il n'y a pas d'autre alternative. La social-démocratie en France n'a pas de sens en raison de l'émiettement syndical et de la tradition de séparation entre le politique et le syndical qui remonte à la Charte d'Amiens (1902). La jeunesse pourra alors s'engager dans ce grand parti de gauche qui est à construire avec elle.
Avec le MRC, je l'aiderai de mon mieux à trouver ses repères. Aucun parti de gauche ne peut se passer d'une grille de lecture du monde. Comprendre le monde pour le transformer, pour changer les règles du jeu de la mondialisation libérale reste un préalable à toute refondation réussie de la gauche française. »

8.Posté par Claire Strime le 07/06/2007 11:51
« Un grand parti de gauche, ancré dans les couches populaires, capable de gouverner et donc structuré par un logiciel républicain »

serait-ce possible au moyen du puputsch en préparation tel que "révélé" par un "grand quotidien du soir" pas encore décolombanisé?




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