Verbatim express :
Alstom
Alstom
- Je constate qu'en matière d'industrie, nous allons de démantèlements en démantèlements.
- On nous dit qu'Alstom est aujourd'hui trop petit dans la mondialisation. Mais n'oublions pas qu'Alstom faisait partie d'un grand groupe, la Compagnie Générale d'Electricité, qui comportait également Alcatel, dans les télécommunications, Nexans, les Chantiers de l'Atlantique, et d'autres filiales encore.
- Si on sépare Alstom de sa branche énergie, il ne restera que la banche transports, dont le chiffre d'affaires est de 6 milliards d'euros. On dire alors que c'est encore trop petit. La France serait devenue trop petite, on peut brader tout cela, cela n'a plus aucune espèce d'importance.
- Je crois qu'il faut absolument combattre ce point de vue, car il est important que la France garde des centres de décision.
- Je crains beaucoup d'autres interventions du même genre par la suite.
- Le cauchemar de 2003, lorsque l'État s'était porté au secours d'Alstom, c'est le fruit des erreurs de gestion des dirigeants de l'époque, qui ont racheté des turbines à gaz fabriquées en Suisse qui ne marchent pas, qui ont mis l'entreprise quasiment en faillite.
- Si l'on regarde par rapport à Siemens ou General Electrics, la France avait un conglomérat tout à fait aussi important. Mais d'opérations en opérations, avec la théorie du one player comme ils disent, c'est à dire « un métier, une société », on a des sociétés trop petites. Ce sont les mêmes qui nous ont expliqué qu'il fallait des entreprises sans usines. Ces théoriciens du libéralisme nous font beaucoup de mal.
- Alstom fait des bénéfices (4 à 5% de rentabilité), a des commandes (50 milliards, environ 3 ans d'activité), donc ce n'est pas du tout une entreprise au bord du gouffre. Pourquoi se jeter dans les bras de General Electrics, si ce n'est pour faire monter le cours de l'action ? C'est une opération financière, intéressante pour les actionnaires, et du point de vue des dirigeants, qui seront sûrement beaucoup mieux rémunérés si le siège social est à l'étranger plutôt qu'en France, puisque les habitudes, qui sont déjà très mauvaises en France, sont encore pires dans un certain nombre d'autres pays étrangers comme les États-Unis ou la Suisse.
- Comment faire pour maintenir les centres de décisions en France ? L'État peut-être présent à travers la Caisse des Dépôts. Qu'est-ce qui empêche de créer une golden share, comme dans les pays anglo-saxons ? Une golden share, c'est un droit de veto qui est accordé à l'État, du point de vue de l'intérêt général, sur les décisions qui sont prises.
- Quand on voit les erreurs de gestion de la direction d'Alstom, on se dit qu'il vaudrait quand même mieux qu'il y ait un regard plus objectif, qui soit jeté par des gens qui se préoccupent vraiment de l'intérêt de la France, de son tissu industriel.
- Siemens ressemble davantage à Alstom qu'à General Electrics. GE ne fabrique pas de turbines à vapeur, Alstom et Siemens en fabriquent. Alstom recevrait l'ICE de Siemens, qui viendrait s'ajouter au TGV... mais je pense que le choix n'est pas soit GE soit Siemens : nous avons peut-être la possibilité d'une solution qui préserverait la nationalité française du capital. Sans exclure l'adossement à un groupe étranger, on pourrait faire monter au capital Areva, ou Safran, de façon à préserver une majorité au capital française.
- Safran travaille déjà en coopération avec GE sur les moteurs d'avions, et ça se passe très bien, c'est une très belle réussite industrielle.
- Montebourg se plaint, à mon avis à juste raison, de ne pas avoir été mis au courant des négociations. Il y avait lieu de se cabrer.
- L'État a un point de vue à faire valoir. Ce n'est pas un intérêt parmi d'autres : c'est le point de vue des intérêts de la France. Réduire le déficit du commerce extérieur, défendre l'emploi, les salariés : tout cela, c'est à l'État républicain de s'en assurer.
- On ne peut pas dire : « j'assume le démantèlement d'Alstom » ou de tel autre. Cela, excusez-moi de vous le dire, c'est le langage des généraux de 1940.
Plan de stabilité
- L'affaire était bizarre : il y a déjà eu un vote de confiance il y a 15 jours, et là, en plus, il y avait deux documents dont le plan de stabilité, qui découlait du TSCG. Les députés MRC avaient voté contre le TSCG, il était normal qu'ils votent contre le plan.
- Du point de vue de la compétitivité, le pacte de compétitivité n'est pas formidable : les quelques centimes que les entreprises pourront gagner sont immédiatement annulés par la moindre variation du cours de l'euro, qui est déjà beaucoup trop cher. De plus, ce plan est indiscrimé : toutes les entreprises, la grande distribution, les banques, peuvent y prétendre.
- Je pense qu'il faut absolument faire baisser la valeur de la monnaie pour que l'économie française puisse respirer.
- Il faut ramener l'abstention et les votes contre des députés de gauche à de justes proportions : c'est un coup de semonce qui ne signifie pas qu'ils ne font pas confiance au gouvernement et à Manuel Valls, qui a beaucoup de qualités, mais qui doit aussi écouter ce qu'il lui est dit par la représentation parlementaire.
Sur le Sénat
- Personne ne sait jamais comment les grands électeurs, qui élisent les sénateurs, vont voter. Il n'est pas possible de prédire que le Sénat basculera automatiquement à droite au moment des prochaines élections sénatoriales, en septembre.