Rédigé par Chevenement.fr le Jeudi 26 Avril 2007 à 20:30 | Lu 5870 fois
1.Posté par
Josette le 26/04/2007 22:51
Monsieur Chevènement, ce message avant votre passage sur Europe 1.
Je viens de lire "La fabrique du Crétin". Formidable découverte : TOUT Y EST : observation, diagnostic, remède(s).
INSTRUIRE, c'est éduquer : il faut revenir à un Ministère de l'Instruction Publique.
Retour drastique : -aux programmes -aux méthodes éprouvées,répétitives et progressives (Bravo à M. de Robien ,une fois n'est pas coutume, pour l'apprentissage de la lecture) -aux contrôles fréquents -aux examens sérieux : entrée en 6°,BEPC valable, un vrai Baccalauréat,... -orientation progressive à partir de la fin e la 5°, avec passerelles au long des parcours. -à une bonne formation des maîtres :coup d'arrêt au "pédagogol", et réforme en profondeur des IUFM ...
Gardons en tête l'opinion de Brighelli : ne jamais sous-estimer ses auditoires. En ZEP aussi on doit étudier "Marbeuf, Saint-Amant, Théophile de Viau.... page 96 du livre ! Car les enfants de ZEP sont comme les autres. Ils réclament seulement , comme tous, l'autorité et la compétence d'un maître qu'ils puissent admirer .
L'éducation -- décidément, je préfère l'instruction --est à la base de tout l'édifice social, ainsi que le pense Madame Royal.
Il s'agit de faire un sérieux retour en arrière qui permettra, j'en suis certaine ....un grand bond en avant !
Car, "le Crétin n'est pas une fatalité" Pas encore.
Amitiés
2.Posté par
Patrick le 27/04/2007 16:22
Mr Chevènement,
J'ai vu avec plaisir que vous aviez signé la pétition intitule " l'Appel pour la refondation de l'école" aux côtés de Jean Paul Brighelli,Natacha POLONY, Philippe Zemmour, Alain Finkielkraut etc et plus de 10000 autres personnes moins connues !
Ma question est très simple .
Comment expliquez vous votre initiative auprès des citoyens et de l'entourage "pédagogiste "de Me Royal . Je veux parler entre autres de Mrs Frakowiak inspecteur de l'éducation nationale et en charge de la commission éducation au PS et de Mr Meirieu , personnalités qui ne voient dans ces petitionnaires et ce mouvement de réflexion sur l'école actuelle (Appel pour la refondation de l'école ) que nostalgiques de l'école d'antan et d'affreux réactionnaires allergiques à la pédagogie dispensée dans les IUFM ?
Patrick Instituteur
3.Posté par
Charleston (de Paris) le 28/04/2007 22:22
Sur le système éducatif en France, on ne peut être que désolé par son aspect bricolé et artisanal. Il y a quelques belles réussites très isolées et un désir de culture générale louable. Mais les véritables réformes éducatives ne se font pas en France mais au Royaume-Uni et aux États-Unis. L'utilisation massive des ressources des sciences de l'information justifie l'existence du groupe Pearson. Il n'y a rien d'équivalent en France. Il y a bien un service public avec des personnes de qualité mais sans outils de qualité. Les locaux ne sont pas systématiquement équipés en projecteurs, les élèves n'ont pas d'accès facilités à Internet et à l'acquisition d'ordinateurs. Sur ce plan, seules les filières techniques tentent de lutter tant bien que mal mais le système est figé dans l'amateurisme des bonnes volontés. L'innovation pédagogique est réelle mais on ne la voit pas en France. Ce n'est qu'un discours fumeux. La tentation du retour en arrière est loubale face à ces gens mais vaine et sans avenir. La gauche ne dispose d'aucune forme interne de formation comme autrefois le PCF en avait une pour les ouvriers. Or, ce que la gauche ne comprend pas en France c'est que l'éducation est reconstruite par les innovations technologiques. Comme tout le reste de la société auparavant. L'éducation, c'est en cours. Cela nécessite le lancement d'entreprises de fabrication de systèmes éducatifs nouveaux. Les éditeurs scolaires largement subventionnés font du surplace national. L'éducation nationale est une trop lourde bureuacratie pour se réformer elle-même. Il faut en dissoudre son appareil central qui est lourd et improductif (recteur et inspecteur qui viennent de Napoléon et ont été "républicanisés" plutôt mal. La critique courante de la mauvaise maîtrise de langue française par les jeunes est aveugle du phénomène qui est mondial pour toutes les langues. Les jeunes sont attirés par l,expression sonore enregistrable et les images animées. Tout cela n'existait pas en 1900 moment clef de la fabrication du système fondé sur la lecture, l'écriture et la capacité de "compter". Valable pour une société rurale qui devenait urbaine industrielle, cette idée n'a aucun sens dans une société industrielle qui va vers les services. Il faut bien réfléchir sur ce que veulent les mots "industrie" et "services". L'idéal scolaire ets encore figé dans des moeurs rurales. Alors que la ruralité a complètement changé de sens et qu'elle ne repose plus sur des activités agricoles. On peut craindre que dans les technologies de l'éducation, comme dans les ordiinateurs, l'électricité ou le nucléaire, l'achat de brevets ou de savoir-faire extérieur devienne une nécessité. Le naufrage de nos universités témoigne d'une situation dramatique. Mais on a tort de croire que les prétendues Grandes écoles sont reconnues comme excellentes dans le monde et que le problème en est un de simple agrégation de forces dispersées. Sarkozy au pouvoir réglerait définitivement la question en relégant la France dans un statut néo-colonial face au monde anglo-saxon. La victoire de Royal nous donnerait le temps de réfléchir et d'élaborer une solution alternative ici en France, et ensuite en réseau en Europe. Mais rien n'est moins sûr. Il y a trop de débats de principe sur la laïcité dans l'éducation qui masquent les réels enjeux stratégiques. Il faut ici savoir distinguer morale et capital. L'éducation est une entreprise de services liés aux technologies de l'information. La morale devrait en être soigneusement distinguée. Pour la développer, comme le souhaitait Durkheim, un nouvel organisme intereligieux, séparé de l'école, devrait voir le jour autour des travaux de Régis Debray et de la médiologie. Un système scolaire laïque et républicain est essentiel pour donner une formation de qualité sans interférences religieuses. Par contre le débat moral est de plus en plus nécessaire à une époque où la technologie remet en question le statut de l'être humain qui avait été défini dans toutes les grandes religions. En France, le débat a été figé sur la laïcité qui n'est mencacée que par son propre immobilisme. Cet investissement dans les nouvelles technologies dans le système éducatif permettra en une génération de changer le système médiatique de télévision en particulier qui est dans les mains de gens qui ne doivent pas grand chose au système éducatif pour occuper leur poste. C'est cela qui ouvre des portes à des manipulations comme celles de Sarkozy. L'éducation est maintenant diffusée partout et le modèe français que nous avons ne l'a pas entendu.
Pas question de refuser de nouvelles technologies d'enseignement, bien au contraire ...Il faut vivre avec son temps, même et surtout si celui-ci va de plus en plus vite ...
MAIS :les bases initiales et primordiales restent, chacune sous ses deux volets :
LIRE : 1- savoir décrypter 2- comprendre, enrichir son vocabulaire et sa pensée
ECRIRE: 1-savoir crypter 2-exprimer de façon correcte et si possible élégante sa pensée
COMPTER: 1-savoir évaluer les quantités quelles qu'elles soient (unités) 2-raisonner, critiquer et conclure.
Et tout cela, l' ECOLE de Jules FERRY l'a réalisé, sans l'aide d'aucune technologie. L'important n'est pas la machine, c'est l'utilisateur !